Explorant beaucoup la musique anglaise ces derniers temps, j'ai eu l'occasion d'essayer les deux concertos de
Pitfield évoqués ci-dessus, et je rejoins la recommandation.
L'histoire du second,
The Student, est intéressante : un concerto de poche initialement prévu pour permettre aux étudiants passant un concours de jouer un concerto dans son intégralité au lieu de devoir se contenter d'un mouvement. Hélas, il semblerait que ce surnom ait été jugé condescendant et joué en sa défaveur : c'est l'"œuvrette" qui ne contente ni professeurs, ni impétrants, un comble ! Il faut dire que ce n'est ni très long ni très profond, et bien que les variations se multiplient, la position reste globalement la même : triviale. Ne boudons pas les plaisirs apportés, touefois : thème joyeux, valse, appels de flamenco.
Le
concerto pour piano No. 1 est autrement plus conséquent : le premier mouvement fait penser aux foucades de
Poulenc. Le second, mon préféré par la variété de ses climats, s'ouvre sur des airs de mystère avant d'incessants d'allers-retours truffés de notes étrangères, suivis de moments héroiques ou délicieusement romantiques. Le finale respire la joie de vivre et reprend le fameux thème héroique dans une grande péroraison de tout l'orchestre.
Comme le signale
gluckhand, l'accueil fut glacial ("sous-Liszt", "académique") et cela semble parfaitement immérité. Certainement pas une œuvre majeure, mais son total anonymat est assez injuste.
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Le concerto de
Garūta sent son
Tchaikovsky. "tradition russe sentimentale et mélodique" me semble parfaitement approprié, recommandé aux amateurs de cette école qui découvriront une bien belle chose.
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Ma contribution originale sera autour d'
Erik Chisholm, un compositeur qui m'a séduit d'emblée (son
concerto pour violon et les
Pictures from Dante sont particulièrement saisissants, mais hors de propos dans de ce fil).
Son
concerto pour piano No. 1, sous-titré
Pìobaireachd, est écossais en diable, chaque mouvement étant basé sur un thème traditionnel. La déclamation initiale du hautbois donne à entendre une cornemuse, les cordes ont ce petit air "violonneux" (
fiddle), c'est fort entraînant. Atmosphère de fête pour le II ; mystère, plainte dans le lointain et clair-obscur pour un III.
Adagio qui est décidément mon mouvement préféré (je pense à des passages du main gauche de
Ravel dans certaines "indécisions"). Retour à la lumière et au débordement d'énergie dans l'
Allegro con brio, qui préfigure le
concerto pour piano No. 3 de
Bartók dans son usage des percussions ou ses tournoiements digitaux.
Le
concerto pour piano No. 2, sous-titré
Hindustani, va chercher son inspiration beaucoup plus loin, en Inde. Basé sur des raga, on trouve de nombreux équilibres vacillants, et la rencontre entre les codes de la musique occidentale (et ses sonorités typiques dans le cas d'un concerto pour piano) et le cadre mélodique indien est fort intrigante. Le premier mouvement, le plus long et contrasté, est tour à tour spectaculaire, majestueux, inquiétant et martial. Le deuxième, un thème et variations, est imprégné d'une trouble sensualité, même si cela n'exclut pas quelques épisodes plus expansifs dans le premier tiers. Trilles, mélodie entêtée à la main gauche, on pense au dernier mouvement du
Beni Mora de
Holst et son pouvoir hypnotique. Le III est festif, évoquant de lointains échos de
Khatchatourian.* Envoûtant.
Enfin, pas un concerto à proprement dit, mais ma plus pièce préférée pour la configuration piano/orchestra dans ce catalogue ? La
Dance Suite déborde d'énergie ! Un
reel piqué de dissonances, un air de cornemuse sur fond de nocturne, une marche joviale flirtant avec la parodie, et un nouveau
reel tellement souriant que cela semble forcé (les rugissements de l'orchestre vers 2:10 rappellent l'ambivalence du
Tom O'Shanter d'
Arnold). Un régal !
*Ça me fait vraiment bizarre d'utiliser la graphie française...
