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| | Votre dernier film visionné | |
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Auteur | Message |
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Rubato Mélomane chevronné

Nombre de messages : 11423 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 8 Juil 2020 - 16:55 | |
| Toujours dans le genre " traversée de l'Amérique d'est en ouest en chariots" il y a Brigham young (l'odyssée des Mormons.) Hathaway / 1940. ... avec la participation de Vincent Price. 
Dernière édition par Rubato le Mer 8 Juil 2020 - 17:45, édité 1 fois |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 11906 Age : 46 Localisation : De retour dans le neuf-quatre... Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 8 Juil 2020 - 17:24 | |
| • Michel Gondry: Eternal Sunshine of the Spotless MindAvec Jim Carey, Kate Winslet, Kirsten Dunst, Mark Ruffalo... Focus Features, 2004Film quasi culte, si j'ai bien compris. Mais pas du tout pour moi, malheureusement: c'est typiquement le genre de scénario auquel je suis totalement incapable de m'accrocher - de fait, j'ai décroché au bout de 3/4 d'heures. (D'ailleurs, les deux romans de Vian dont le film s'inspire m'étaient pareillement tombés des mains.) Je pense que ça tient essentiellement à deux choses: d'une part, ce principe de glissements constants entre «imaginaire» et réel et, d'autre part, le registre dans lequel ça s'inscrit, à savoir la comédie romantique américaine - ou, pour le dire autrement: des concepts narratifs à la Mulholland Drive dans l'univers de Nuits blanches à Seattle. Le problème étant que j'ai autant de difficultés à simplement comprendre ce genre de concepts (je pense qu'il n'est pas exagéré de parler de rationalisme borné, dans mon cas) qu'à m'intéresser à ce genre d'univers (hors classiques hollywoodiens des années 30 à 60.) Ce qui m'a un petit peu intéressé, cela dit, c'est le contre-emploi de Jim Carey (c'est bien la première fois que je le trouve, non seulement supportable, mais même intéressant.)
Dernière édition par Benedictus le Ven 10 Juil 2020 - 15:01, édité 1 fois |
|  | | Xavier Père fondateur

Nombre de messages : 85825 Age : 39 Date d'inscription : 08/06/2005
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 8 Juil 2020 - 17:28 | |
| - Benedictus a écrit:
Ce qui m'a un petit peu intéressé, cela dit, c'est le contre-emploi de Jim Carey (c'est bien la première fois que je le trouve, non seulement supportable, mais même intéressant.) Tu as vu Man on the moon? |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 11906 Age : 46 Localisation : De retour dans le neuf-quatre... Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 8 Juil 2020 - 17:32 | |
| Oui, c'est même un des films les plus éprouvants que je me sois forcé à regarder jusqu'au bout: Jim Carey + Miloš Forman, ouille. (Et Danny De Vito en prime, comme si ça ne suffisait pas déjà.) |
|  | | Emeryck Mélomane chevronné

Nombre de messages : 10502 Age : 22 Localisation : Paris/Reims. Date d'inscription : 27/07/2012
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 8 Juil 2020 - 22:50 | |
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|  | | arnaud bellemontagne Gourou-leader

Nombre de messages : 20991 Date d'inscription : 22/01/2010
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 8 Juil 2020 - 22:52 | |
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|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 11906 Age : 46 Localisation : De retour dans le neuf-quatre... Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 9 Juil 2020 - 0:18 | |
|  Vincent Lagaf? Punaise, je crois que je n'en avais pas entendu parler depuis les années 90... Mais tu as vraiment regardé ce truc? Ou tu as juste trouvé ça comme prétexte à un pastiche (assez hilarant) d'une certaine critique cinématographique? |
|  | | Xavier Père fondateur

Nombre de messages : 85825 Age : 39 Date d'inscription : 08/06/2005
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 9 Juil 2020 - 1:17 | |
| Le film et l'affiche existent vraiment? |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 11906 Age : 46 Localisation : De retour dans le neuf-quatre... Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 9 Juil 2020 - 2:36 | |
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|  | | Rubato Mélomane chevronné

Nombre de messages : 11423 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 9 Juil 2020 - 8:38 | |
| Non, non, on n'est pas le 1er avril! |
|  | | Parsifal Mélomane chevronné

Nombre de messages : 6568 Age : 29 Date d'inscription : 06/01/2011
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 9 Juil 2020 - 9:57 | |
| - Emeryck a écrit:
- Bon, oui, je viens relever un peu le niveau :
Cyril Sebas : Le baltringue 2010

 Incontestablement un fleuron (français) du septième art : un scénario d'une rare ampleur dramatique, aux enjeux particulièrement fouillés constamment accompagné par un humour des plus fins et parcimonieux. Le baltringue est un flamboiement baroque : le dispositif du réalisateur et de son alter-ego que semble révéler le titre est ici porté à l'infini par toute une série référentielle d'ordre à la fois cinématographique et télévisuel et poussé jusque dans une zone d'indiscernabilité où le réalisateur mène son devenir-baltringue de scène en scène, par des sortes de bouquets d'inanité sans cesse renouvelés ; faux raccords, incohérences : ce film place encercle le spectateur par le spectre de ses propres ornières cinématographiques et ouvre alors la possibilité d'un autre cinéma : d'une société du spectacle à bout de souffle, ce film nous prend par la main et nous emmène dans une zone cinématographique nouvelle : subversion du bon goût que l'on pourrait apparenter à une déterritorialisation du tuning automobile reterritorialisé en cinéma-pur. En somme, Le baltringue peut choquer par son audace mais il est absolument évident qu'il pose les prolégomènes d'une génération de cinéma français - et peut-être même de cinéma tout court, dont l'étendard est porté par le sensationnel Vincent Lagaf. Merci pour cette belle découverte, ça a l'air très riche en effet, je pense que je le mettrais au programme du cours d'analyse filmique pour que les étudiants découvre une proposition de cinéma différente, plus libre, plus stimulante et provocatrice que la facilité des produits hollywoodiens formatés! On n'en pouvait attendre moins de l'auteur de La Zoubida, subtile mais courageuse chanson sociale sur les difficultés quotidienne des jeunes issus de l'immigration: /watch?v=WFd5AsAl_0k Face à la mondialisation culturelle, consommons local! |
|  | | Emeryck Mélomane chevronné

Nombre de messages : 10502 Age : 22 Localisation : Paris/Reims. Date d'inscription : 27/07/2012
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 9 Juil 2020 - 10:07 | |
| - Benedictus a écrit:
Vincent Lagaf? Punaise, je crois que je n'en avais pas entendu parler depuis les années 90...
Mais tu as vraiment regardé ce truc? Ou tu as juste trouvé ça comme prétexte à un pastiche (assez hilarant) d'une certaine critique cinématographique? Oui, il voulait se lancer au cinéma d'après ses déclarations. En fait, pour avoir un peu plus de contexte : le film devait se faire avec un autre réalisateur mais le réalisateur et le premier assistant ont successivement quitté le navire peu avant le début du tournage ; du coup, ils ont mis un réalisateur un peu à l'arrache ; en fait, même Lagaf trouve ce film vraiment très mauvais. Oui, je l'ai regardé (et entièrement, en plus - mais avec des amis ; d'ailleurs, ils vont me maudire, maintenant) ; mais je me suis dit que c'était plus drôle d'écrire un truc de ce genre plutôt que parler de tous les défauts du film - qui sont en nombre assez considérable. |
|  | | Emeryck Mélomane chevronné

Nombre de messages : 10502 Age : 22 Localisation : Paris/Reims. Date d'inscription : 27/07/2012
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 9 Juil 2020 - 10:11 | |
| - Parsifal a écrit:
- Emeryck a écrit:
- Bon, oui, je viens relever un peu le niveau :
Cyril Sebas : Le baltringue 2010
 Incontestablement un fleuron (français) du septième art : un scénario d'une rare ampleur dramatique, aux enjeux particulièrement fouillés constamment accompagné par un humour des plus fins et parcimonieux. Le baltringue est un flamboiement baroque : le dispositif du réalisateur et de son alter-ego que semble révéler le titre est ici porté à l'infini par toute une série référentielle d'ordre à la fois cinématographique et télévisuel et poussé jusque dans une zone d'indiscernabilité où le réalisateur mène son devenir-baltringue de scène en scène, par des sortes de bouquets d'inanité sans cesse renouvelés ; faux raccords, incohérences : ce film place encercle le spectateur par le spectre de ses propres ornières cinématographiques et ouvre alors la possibilité d'un autre cinéma : d'une société du spectacle à bout de souffle, ce film nous prend par la main et nous emmène dans une zone cinématographique nouvelle : subversion du bon goût que l'on pourrait apparenter à une déterritorialisation du tuning automobile reterritorialisé en cinéma-pur. En somme, Le baltringue peut choquer par son audace mais il est absolument évident qu'il pose les prolégomènes d'une génération de cinéma français - et peut-être même de cinéma tout court, dont l'étendard est porté par le sensationnel Vincent Lagaf. Merci pour cette belle découverte, ça a l'air très riche en effet, je pense que je le mettrais au programme du cours d'analyse filmique pour que les étudiants découvre une proposition de cinéma différente, plus libre, plus stimulante et provocatrice que la facilité des produits hollywoodiens formatés!
On n'en pouvait attendre moins de l'auteur de La Zoubida, subtile mais courageuse chanson sociale sur les difficultés quotidienne des jeunes issus de l'immigration: /watch?v=WFd5AsAl_0k
Face à la mondialisation culturelle, consommons local! Oui, je pense que c'est de toute façon un film qui va s'imposer naturellement dans ce genre de cours. Vraiment, ce film est très drôle (malgré lui, bien sûr) : l'histoire est simple mais il y a un nombre impressionnant de scènes absolument inutiles, des références qui ne servent à rien, des blagues absolument lourdingues ; il y a aussi un gars qui est sensé être un méchant russe, du coup, il fait un accent russe (enfin, à la française, quoi') mais il ne le fait que dans sa première apparition mais dans les autres, il estime sans doute qu'on a compris et il parle normalement. Mais le point capital de ce film, c'est qu'on a le droit à Lagaf avec des cheveux ! Pour donner une indication, ce film a 1.7/10 (bah oui, on doit mettre au minimum 1/10) sur Sens Critique et est le film français le plus mal noté de toute la plateforme.  |
|  | | Emeryck Mélomane chevronné

Nombre de messages : 10502 Age : 22 Localisation : Paris/Reims. Date d'inscription : 27/07/2012
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 9 Juil 2020 - 10:27 | |
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|  | | Emeryck Mélomane chevronné

Nombre de messages : 10502 Age : 22 Localisation : Paris/Reims. Date d'inscription : 27/07/2012
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 9 Juil 2020 - 10:28 | |
| Merci pour toutes vos recommandations sur le western, je vais chercher et voir (dans un laps de temps variable) tout ça.  |
|  | | Emeryck Mélomane chevronné

Nombre de messages : 10502 Age : 22 Localisation : Paris/Reims. Date d'inscription : 27/07/2012
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 9 Juil 2020 - 23:37 | |
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|  | | Oriane Mélomaniaque

Nombre de messages : 1829 Age : 29 Localisation : Orléans-Paris Date d'inscription : 21/07/2013
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 10 Juil 2020 - 0:34 | |
| Titanic (1997) de James Cameron. Je m'attendais à revoir un navet absolu mais culte. Les blagues sont toujours aussi nulles, les effets spéciaux ont vieilli, certains passages sont mièvres, le propos est caricatural ... Toutefois on ne voit pas le temps passer. Des personnages attachants, quelques bonnes répliques, et un bon sens du rythme en font un film prenant. |
|  | | Eusèbe Mélomaniaque

Nombre de messages : 1452 Age : 44 Localisation : Paris/ Lille Date d'inscription : 23/09/2014
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 10 Juil 2020 - 0:46 | |
| Je suis tombé par hasard sur un western mineur sur Arte, The man from Colorado d’Henri Levin. Si la mise en scène est assez classique, le propos en est original, assez anti-belliciste (le personnage joué par Glenn Ford souffre d’un symptôme post traumatique) et élaborant une intéressante opposition entre le droit et la justice. Vraiment chouette |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 11906 Age : 46 Localisation : De retour dans le neuf-quatre... Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 10 Juil 2020 - 1:44 | |
| La Peine du talion, en français, c'est bien ça? Il est sur ma liste de westerns à voir... du coup, je vais le remonter de quelques places. |
|  | | Prosopopus Mélomane averti

Nombre de messages : 441 Age : 37 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/11/2017
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 10 Juil 2020 - 8:02 | |
| Oui, La peine du talion c'est pas mal du tout, ça mélange plusieurs autres films plus prestigieux (il y a un peu de Duel in the sun de Vidor) mais avec une économie et une énergie typique de la série b. Glenn Ford en fait un peu trop (sous sa couche de maquillage) dans ce rôle torturé mais tout le reste du casting est top. Dans mon souvenir le final paroxystique était pas mal du tout.
Dernière édition par Prosopopus le Ven 10 Juil 2020 - 19:01, édité 1 fois |
|  | | Rubato Mélomane chevronné

Nombre de messages : 11423 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 10 Juil 2020 - 11:48 | |
| - Benedictus a écrit:
- La Peine du talion, en français, c'est bien ça? Il est sur ma liste de westerns à voir... du coup, je vais le remonter de quelques places.
Tout dépend de ta liste, car ce n'est quand même pas un "incontournable". |
|  | | Parsifal Mélomane chevronné

Nombre de messages : 6568 Age : 29 Date d'inscription : 06/01/2011
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 10 Juil 2020 - 12:08 | |
| - Oriane a écrit:
- Titanic (1997) de James Cameron.
Je m'attendais à revoir un navet absolu mais culte. Les blagues sont toujours aussi nulles, les effets spéciaux ont vieilli, certains passages sont mièvres, le propos est caricatural ... Toutefois on ne voit pas le temps passer. Des personnages attachants, quelques bonnes répliques, et un bon sens du rythme en font un film prenant. Tiens moi aussi je suis allez au cinéma le voir, ce n'était pas une découverte j'avais déjà vu le film en DVD et j'en avais pensé a peu prés la même chose que toi sauf qu'a aucun moment je n’ai eut l'impression de regarder un navet c'est quand même impressionnant et absolument brillant d'un strict point de vue spectaculaire et l'histoire est bien menée, mais effectivement propos caricatural et passage mièvre autant dire que pour un film qu'on a présenté comme l'héritier des grand films épiques hollywoodien ou internationaux de Autant en Emporte le Vent a David Lean je n'était pas particulièrement impressionné, ça faisait un peu parent pauvre. Alors je ne sais pas si c'est l'effet cinéma avec le grand écran, mais je vais être beaucoup plus enthousiaste, je pense que c'est un très grand chef d’œuvre. Le propos sur les classes sociales est caricatural au possible, l'histoire d'amour utilise toutes les cordes déjà utilisé dans le domaine de la romance et ne lésine pas sur les envolées lyriques avec surcharge de glucose (mais je ne pense pas que ça soit bien différents de ce que l'on trouve dans des textes aussi révéré que Roméo et Juliette ou Cyrano de Bergerac), il y a des personnages de méchants très méchants (enfin un surtout) et le film est construit sur des oppositions très simples, basiques même le fameux 'upstairs/downstairs' pour marquer les différences de classes, le ciel et l'océan. Reste que ce film exemplifie pour moi parfaitement ce qu'a dit Umberto Eco a propos du Casablanca de Curtiz: un cliché est kitsch mais cent clichés deviennent sublime (ou quelque chose d'approchant). Ce film aligne des situations naïves, des personnages sans nuances taillés d'une pièce, une musique sentimental au possible avec Céline Dion qui plus est! Cameron aligne tout ça sans aucune honte et sans la moindre trace de second degré. Mais c'est justement parce qu'il est totalement premier degré, littéral au possible, qu'il est aussi dépourvu de toute prétention parce que c'est totalement sincère, s'il y a naïveté elle est parfaitement authentique et l'émerveillement littéral et enfantin e la caméra, et on le devine de James Cameron (qui est véritablement un auteur complet sur ce qu'il a écrit, réalisé et co-produit) devant la beauté de la mer, le mouvement des vagues, des mouettes et des dauphins auxquels vient se mêler celui de la formidable machine qu'était le Titanic est parfaitement communicatif. Je n'ai pas trouvé que les effets spéciaux avaient si mal vieilli que ça (mais il faut dire aussi les trucages qui se laisse un peu découvrir en tant que tel qu'on sente le factice ne me dérange pas, dans la limite du raisonnable bien sur), au contraire j'ai été plutôt étonné de la facilité avec laquelle le numérique est intégré avec les maquette et décors 'grandeur nature', le naufrage était mon moment préféré lors de mon premier visionnage et je trouve qu'aussi bien en terme de spectacle, l'ébahissement qu'on ressent devant l'énormité de la catastrophe, et d'implication dramatique ça reste absolument inégalé depuis. La mise en scène de Cameron est quand même formidable de bout en bout, la fluidité avec laquelle il passe d'un espace a l'autre, d'un personnage a l'autre, des scènes de contemplation a l'action dramatique la plus intense, sa capacité a gérer le cadre épique spectaculaire et pour tout écrasant avec sa reconstitution minutieuse et ses grandes scènes d'action et l'intimisme d'une histoire d'amour en maintenant toujours l'équilibre entre les deux est aussi une marque de son très grand talent. Et son obsession pour l'élément liquide (présente dans presque tout ses films) s'épanouit lorsqu'il s'agit de filmer la montée des eaux qui envahissent le navire et s'infiltre dans les couloir et les cabines. Ça compte sans doute au rang des clichés mais j'aime aussi beaucoup la structure en flashback, d’abord parce que j'aime bien les récit dans le récit et la mise en scène des conteurs et du pouvoir des histoires sur les lecteurs/spectateurs/auditeurs, ensuite parce que cette manière de naviguer entre présent et passé de faire renaitre le passé a partir des ruines, des traces qu'il a pu laissé est finalement trés romantique. Et même si c'est hyper sentimental il y a des moments magiques et proprement déchirant: ce fondu enchainé sur le couple bras étendu face au couché de soleil a l'avant du navire laisse la place a l'épave et les deux personnages deviennent deux silhouette fantomatique qui ne survivent que quelques instant en surimpression avant de disparaitre définitivement. Si on est rentré dans le film a ce moment là on a presque oublié le sujet et le destin inévitable du Titanic ce fondu et cette surimpression sont cruelle et dans le même temps très beau. Bref d'avoir été admis dans un club avec 20 ans de retard, je vois bien ce qui peut gêner dans ce film, mais l'efficacité narrative incontestable du scénario, la sincérité total du propos et le talent de Cameron emporte toutes les réserves que j'ai pu avoir auparavant. Une petite remarque juste j'ai toujours beaucoup aimé Di Caprio, mais ici son côté très juvénile m'a un peu gêner là ou Kate Winslet arrive a donner une certaine maturité à son personnage. |
|  | | Oriane Mélomaniaque

Nombre de messages : 1829 Age : 29 Localisation : Orléans-Paris Date d'inscription : 21/07/2013
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 10 Juil 2020 - 12:59 | |
| Après l'avoir revu, je n'ai pas du tout pensé que c'était un navet, au contraire ! C'est un très bon film de genre, haletant alors même qu'on connaît l'issue de l'histoire, et émouvant. Je crois que le propos est plus subtil que prévu : de gros méchants, certes, mais qui ne périssent pas tous dans cette sorte de naufrage du patriarcat qu'est le naufrage du Titanic (résultat de la spéculation, de la vantardise et de l'ambition démesurée des hommes, comme on nous le rappelle à plusieurs reprises ; d'ailleurs ainsi qu'on pouvait s'y attendre, ce sont surtout des papas qui coulent avec le navire  ). Ce n'est pas un drame si simpliste que ça, malgré ses grosses ficelles. Et il reste jouissif à regarder. |
|  | | Parsifal Mélomane chevronné

Nombre de messages : 6568 Age : 29 Date d'inscription : 06/01/2011
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 10 Juil 2020 - 13:15 | |
| Oui il y a le propos féministe caractéristique de Cameron (et Rose est un beau personnage), et effectivement il n'y a pas vraiment de rétribution morale. Disons que ce n'est pas l'aspect le plus développé, je me suis un peu demandé ce qu'un Visconti aurait pu tirer du naufrage du Titanic comme métaphore de la fin de monde, le naufrage littéral de la classe dirigeante avant 1914. Cette dimension n'est pas absente du film mais elle reste en filigrane elle n'est pas vraiment traité, mais ce n'est pas très grave Cameron a surtout voulu faire un grand mélodrame romanesque, une sorte de Bildungsroman racontant une émancipation féminine sur fond de catastrophe. Autre chose que j'ai énormément aimé et que j'ai trouvé très émouvant sans que ça soit vraiment lié au mélodrame de Rose, c'est tout l'amour qui a été visiblement mis dans la reconstitution minutieuse du Titanic et qui doit culminer dans la destruction de ce décors, ça donne aux images spectaculaire de la catastrophe une mélancolie supplémentaire, une sorte de respect funèbre dans la manière filmé qui n'est pas totalement lié au contenu narratif mais plus au sentiment qui ont du traversé toute l'équipe du film au moment de mettre en scène la destruction de tous leurs efforts. Je ne sais pas si tu as ressenti ça aussi, mais moi ça m'a vraiment frappé. En tout cas jouissif a regarder c'est bien le mot! |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 11906 Age : 46 Localisation : De retour dans le neuf-quatre... Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 10 Juil 2020 - 13:44 | |
| Je ne l'ai vu qu'une fois, mais au cinéma, et peu après sa sortie (j'étais jeune, et prêt à beaucoup de concessions.) - Parsifal a écrit:
- a aucun moment je n’ai eut l'impression de regarder un navet
Pas pendant tout le film, certes, mais pas non plus à aucun moment, quand même. (Rien que quand Céline Dion se met à chanter, déjà...) - Parsifal a écrit:
- effectivement propos caricatural et passage mièvre autant dire que pour un film qu'on a présenté comme l'héritier des grand films épiques hollywoodien ou internationaux de Autant en Emporte le Vent a David Lean je n'était pas particulièrement impressionné
Voilà, tu as exactement résumé ce que j'en avais pensé à l'époque (sauf que j'aurais mis peut-être écrit «passage mièvre» au pluriel.) |
|  | | Parsifal Mélomane chevronné

Nombre de messages : 6568 Age : 29 Date d'inscription : 06/01/2011
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 10 Juil 2020 - 13:57 | |
| oui c'est une faute de ma part, ça devrait être au pluriel. Non même Céline Dion ça ne tient pas du navet, je n'aime pas la chanteuse mais dans ce cadre, avec ces personnages, cette histoire, cette mise en scène, je trouve que ça fonctionne parfaitement. Ce n'est pas une musique que j'écouterais hors film (contrairement au BO d'un John Williams, d'un Jerry Goldsmith, d'un Bernard Herrmann ou d'un Korngold) c'est sur mais elle convient parfaitement au lyrisme très direct recherché par Cameron, je comprend que l'on adhère pas (Dieu sait que je n'étais pas particuliérement bien disposé a l'égard de la musique d'Hornet et de Celine Dion  ) Et non je n'ai aucun moment eut l'impression de regarder un navet, tout est parfaitement cohérent et justifié dramatiquement et esthétiquement, transcendé par une authentique vision de metteur en scène qui arrive a combiner une ampleur épique qui ne parait jamais forcé, et quelque chose de plus intime. Non vraiment je pense que le film mérite tout a fait le qualificatif de chef d'oeuvre, en tout cas de réussite majeure rien que pour sa sincérité absolu et le bonheur de faire du cinéma, émerveillement devant le prodige technique du Titanic, et de sa résurrection cinématographique qui traverse presque chaque plan. Je comprend qu'on puisse être un peu dégouté par l'aspect bluette, mais à côté il y a tellement plus a prendre dans ce film! |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 11906 Age : 46 Localisation : De retour dans le neuf-quatre... Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 10 Juil 2020 - 14:26 | |
| - Parsifal a écrit:
- Non même Céline Dion ça ne tient pas du navet, je n'aime pas la chanteuse mais dans ce cadre, avec ces personnages, cette histoire, cette mise en scène, je trouve que ça fonctionne parfaitement.
Mon intolérance à Céline Dion m'aveugle probablement. (Pour ma part, si je disais «le scénario et la mise en scène fonctionnent très bien avec Céline Dion», ce serait clairement une vacherie.) - Parsifal a écrit:
- Ce n'est pas une musique que j'écouterais hors film (contrairement au BO d'un John Williams, d'un Jerry Goldsmith, d'un Bernard Herrmann ou d'un Korngold)
C'est rassurant pour toi. - Parsifal a écrit:
- Dieu sait que je n'étais pas particuliérement bien disposé a l'égard de la musique d'Horner
Je ne m'en étais pas avisé, mais après un coup d'œil au palmarès du gars, en effet, c'est du lourd. (Il faut dire aussi qu'il semble souvent sollicité pour des films déjà assez boursouflés par eux-mêmes.) |
|  | | Oriane Mélomaniaque

Nombre de messages : 1829 Age : 29 Localisation : Orléans-Paris Date d'inscription : 21/07/2013
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 10 Juil 2020 - 14:55 | |
| J'ai la B.O. de Titanic, Céline Dion incluse, et je la réécoute de temps en temps. |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 11906 Age : 46 Localisation : De retour dans le neuf-quatre... Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 10 Juil 2020 - 14:58 | |
| Je t'aime bien quand même.  Mais c'est vraiment parce que c'est toi. |
|  | | Emeryck Mélomane chevronné

Nombre de messages : 10502 Age : 22 Localisation : Paris/Reims. Date d'inscription : 27/07/2012
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 10 Juil 2020 - 15:54 | |
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|  | | Emeryck Mélomane chevronné

Nombre de messages : 10502 Age : 22 Localisation : Paris/Reims. Date d'inscription : 27/07/2012
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 10 Juil 2020 - 23:33 | |
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|  | | Xavier Père fondateur

Nombre de messages : 85825 Age : 39 Date d'inscription : 08/06/2005
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 11 Juil 2020 - 5:06 | |
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|  | | Emeryck Mélomane chevronné

Nombre de messages : 10502 Age : 22 Localisation : Paris/Reims. Date d'inscription : 27/07/2012
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 11 Juil 2020 - 16:42 | |
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|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 11906 Age : 46 Localisation : De retour dans le neuf-quatre... Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 11 Juil 2020 - 17:06 | |
|  Ah oui, probablement mon Fellini préféré (avec Amarcord)! |
|  | | Emeryck Mélomane chevronné

Nombre de messages : 10502 Age : 22 Localisation : Paris/Reims. Date d'inscription : 27/07/2012
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 11 Juil 2020 - 17:33 | |
| - Benedictus a écrit:
Ah oui, probablement mon Fellini préféré (avec Amarcord)! C'est le prochain que je vais voir, je pense ; moi je crois que je préfère Otto e mezzo - quelle originalité - mais en fait, c'est le premier que j'ai vu, en plus c'était dans la salle Langlois de la cinémathèque (c'est-à-dire écran immense), et j'ai été extrêmement surpris car je m'attendais à un truc dans le genre de Ladri di biciclette.  |
|  | | Emeryck Mélomane chevronné

Nombre de messages : 10502 Age : 22 Localisation : Paris/Reims. Date d'inscription : 27/07/2012
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 11 Juil 2020 - 22:59 | |
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|  | | Parsifal Mélomane chevronné

Nombre de messages : 6568 Age : 29 Date d'inscription : 06/01/2011
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 11 Juil 2020 - 23:22 | |
| La suite aussi de James Whale, La Fiancée de Frankenstein est excellente également! Plus humoristique mais on accentue encore plus l'opposition entre le monstre et la société, l'oppression de la norme sur tout ce qui "dévie". |
|  | | Xavier Père fondateur

Nombre de messages : 85825 Age : 39 Date d'inscription : 08/06/2005
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 12 Juil 2020 - 0:08 | |
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|  | | Emeryck Mélomane chevronné

Nombre de messages : 10502 Age : 22 Localisation : Paris/Reims. Date d'inscription : 27/07/2012
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 12 Juil 2020 - 9:46 | |
| - Parsifal a écrit:
- La suite aussi de James Whale, La Fiancée de Frankenstein est excellente également! Plus humoristique mais on accentue encore plus l'opposition entre le monstre et la société, l'oppression de la norme sur tout ce qui "dévie".
D'accord, merci, j'ignorais qu'il y avait une suite ! Il y a d'autres choses bien/intéressantes dans sa filmographie ? car j'ai l'impression d'avoir déjà vu son nom autre part. |
|  | | Parsifal Mélomane chevronné

Nombre de messages : 6568 Age : 29 Date d'inscription : 06/01/2011
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 12 Juil 2020 - 9:53 | |
| Ah oui James Whale c'est fondamental pour le cinéma fantastique! a la Universal il a fait quelques grand film outre Frankenstein, il y a donc sa suite La Fiancée de Frankenstein (et comme Xavier je le trouve encore meilleur), L'Homme invisible, et The Old Dark House. J'ai un plutôt bon souvenir de son Homme au masque de fer, mais j'avais vu ça enfant (et pas revu depuis) bon ce n'est sans doute pas du même niveau que ses films fantastiques. |
|  | | Xavier Père fondateur

Nombre de messages : 85825 Age : 39 Date d'inscription : 08/06/2005
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 12 Juil 2020 - 21:50 | |
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|  | | xoph Mélomane chevronné

Nombre de messages : 3356 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 12 Juil 2020 - 22:17 | |
| Jacques AudiardSur mes lèvresJ’ai beaucoup aimé ce film. Emmanuelle Devos : presque transparente, diaphane, dont la blancheur ne se résoudra pas, à éponger les traces de café de son invisibilité, et pourtant si charnelle, en plein corps, en pleines lèvres. Ou encore, gauche, sourde, balourde, gourde, mais savante et femme de « pouvoirs ». Des gros plans qui reflètent, dans leur confusion, l’impossibilité à saisir mais construisent un récit dont les ellipses ou lacunes reflètent des déficiences (celle de la surdité, et en miroir celle d’un hors-la-loi). La mise à « découvert » d’un secret qui se retourne en manipulation. Et finalement quoi ? deux mains qui se touchent … « Je vous dirai du bout des lèvres "Je vous aime du bout du cœur". Et nous pourrons vivre mon rêve. Mon rêve » comme le chante Barbara  |
|  | | Emeryck Mélomane chevronné

Nombre de messages : 10502 Age : 22 Localisation : Paris/Reims. Date d'inscription : 27/07/2012
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 12 Juil 2020 - 23:21 | |
| Jean Grémillon : Pattes blanches 1949 On retrouve dans ce film de Grémillon les lieux de Remorques : le Finistère, le vent sonore et il y a même un escalier comme celui que Jean Gabin gravit par vents et marées. Ce film est cependant nettement moins réussi : le scénario m'a semblé assez maigre ou en tout cas un peu poussif, et c'est peut-être parce que le film se focalise sur trop de personnes à la fois et se perd un peu dans les dynamiques qu'il met en place - j'ai l'impression que Grémillon fonctionne plutôt sur des tous petits groupes, souvent des couples et parfois des trios, bien sûr. Ici, la trame est de nature très sociale avec des jeux systématiques de quiproquos de classe : le personnage de Suzy Delair assez modeste mais qui se prend pour une bourgeoise, le patron du bistrot qui essaie de la faire passer pour sa tante ; et à côté de ça, on a la femme de chambre qui a une relation avec le propriétaire du château (un peu décati) ; enfin, bref, c'est un peu bordélique et ça n'est pas toujours très utile... Je n'ai pas non plus aimé beaucoup la fin qui me semble un peu exagérée. Les personnages féminins sont également assez caricaturaux : on a le droit à la bonne qui a extrêmement internalisé la domination patriarcale qui se rabaisse tout le temps, toute timide (mais qui est montrée positivement) ou sinon, c'est l'exact opposé : une femme très affirmée et assez libre (mais montrée négativement). On n'est clairement pas au niveau des meilleurs Grémillon. |
|  | | Xavier Père fondateur

Nombre de messages : 85825 Age : 39 Date d'inscription : 08/06/2005
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 13 Juil 2020 - 2:31 | |
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|  | | Xavier Père fondateur

Nombre de messages : 85825 Age : 39 Date d'inscription : 08/06/2005
 | |  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 11906 Age : 46 Localisation : De retour dans le neuf-quatre... Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 15 Juil 2020 - 2:55 | |
| • Robert Altman: Gosford ParkAvec Maggie Smith, Michael Gambon, Kristin Scott Thomas, Kelly Macdonald, Clive Owen, Helen Mirren, Eileen Atkins, Alan Bates, Derek Jacobi, Stephen Fry, Bob Balaban… USA Films / Capitol Films / The Film Council, 2001Quel film magnifique! Où l’on retrouve un peu tous les tropismes habituels d’Altman: la capacité à donner un rythme sans temps morts et une continuité narrative fluide à un récit polyphonique, le sens «thématisé» de la construction spatiale (ici avec cette articulation majeure entre les deux étages qui pose une nette conscience de classes, mais une articulation non binaire, attentive aux passages de l’un à l’autre, et aux circulations à l’intérieur de chaque niveau - on pense beaucoup à La Règle du jeu), la virtuosité sans académisme ni tape-à-l’œil dans l’usage des mouvements de caméra et du montage, une direction d’acteurs brillante (avec un rendu assez paradoxal: on a l’impression de naviguer sans cesse entre quasi-improvisation et direction au cordeau), le propos social corrosif et l’humour souvent cruel. Mais ce film possède aussi quelques spécificités qui en font toute la saveur. Déjà, une qualité esthétique en parfaite adéquation avec son référent: aussi bien les moyens proprement cinématographique (le grain photographique, les éclairages - les contrastes, à l’étage des domestiques, entre les clairs-obscurs et les lumières crues sont particulièrement réussis) que les décors, les costumes et jusqu’aux accessoires saisissent à merveille cet univers d’une country house aristocratique anglaise de l’entre-deux-guerres - mais juste ce qu’il faut, sans jamais donner cette impression d’une esthétisation qui deviendrait son propre but (ce qui m’agace souvent dans les films de James Ivory, par exemple.) À cet égard la scène du repas de chasse me semble particulièrement réussie, en ce qu’elle combine parfaitement le raffinement (le disque de musique de chambre sous la folie) avec les détails triviaux ou brutaux (le nettoyage du verre de jus de tomate brisé au milieu des pas boueux.) Ensuite, l’intelligence du scénario: là aussi, il y a un équilibre idéal - entre le whodunit à la Agatha Christie et la chronique sociale. D’un côté, l’impératif de réalisme imposé par la seconde empêche la première composante de virer à l’exercice de style luxueux mais artificiel et un peu vain (à la façon des superproductions Hercule Poirot / Peter Ustinov - que je revois toujours avec plaisir, au demeurant.) De l’autre, la composante «agathachristienne» impose sa nécessité narrative à la description sociale, empêchant celle-ci de s’épancher dans un propos didactique fastidieux (ce qui fait que j’ai vite décroché de la série Downtown Abbey, du même scénariste): la description sociale se développe par une série de notations (tantôt explicites, tantôt allusives) sur les différents aspects des rapports de domination de classe qui fonctionnent tous comme autant d’indices de l’intrigue «policière» (et ce, avec d’autant plus d'acuité que le nœud de l’énigme réside finalement dans le hors-champ du film, à savoir la condition ouvrière féminine.) Enfin, il y a ces fabuleux acteurs britanniques - qu’il faut absolument écouter en VO, tant leurs accents, leurs intonations, leurs phrasés et jusqu’à leurs placements vocaux et leurs timbres participent en profondeur au propos du film: à l’égal de la construction spatiale de l’image et des lumières, le grain de leurs voix déploie, sur la base d’un puissant antagonisme de classes (il y a vraiment deux registres langagiers et vocaux distincts selon les deux étages), tout un feuilletage plus fin de distinctions de classes, de générations ou d’origines géographiques. Par ailleurs, j’ai trouvé particulièrement intéressante, en termes de posture physique, de gestuelle et de regard, la façon différenciée dont les acteurs répondent au dispositif-Altman (deux caméras en même temps et qui bougent, peu de repères scénographiques): d’une part, les acteurs venus du cinéma (surtout les personnages aristocratiques) qui semblent souvent perdus et fébriles (ce côté « papillons dans la lumière » qu’ont souvent les all stars casts d’Altman, comme dans Prêt-à-Porter ou Cookie’s Fortune) et d’autre part l’aplomb des acteurs venus du théâtre (surtout les domestiques.) Je n’aurais que deux très, très légères réserves à faire. D’une part, je trouve que les deux personnages américains nuisent un peu au film: d’abord ils nuisent au réalisme, à travers une «réflexivité cinématographique» à grosses ficelles (le name dropping d’acteurs hollywoodiens au téléphone), leur aspect factice à force de caricature (l’accoutrement du producteur lors de la partie de chasse) et l’introduction d’une «tension sexuelle» pas très utile (entre Kristin Scott Thomas et Ryan Phillippe - le seul acteur que j'ai trouvé plutôt mauvais); ensuite, ils sont les vecteurs de notations sociales assez grossières par rapport à la subtilité de l’ensemble, que ce soit en recyclant le vieux topos collet-monté british vs. sans-gêne américain ou en forçant à expliciter lourdement ce qui n’a pas besoin de l’être (quand la femme de chambre dit à l’acteur qui s’est fait passer pour un valet « On ne peut pas être à la fois d’un côté et de l’autre.») D’autre part, la musique, sans handicaper le film, n’en est clairement pas le point fort. Côté musique «diégétique», les numéros musicaux d’Ivor Novello (Jeremy Northam) ont tendance à prendre un peu trop de place à mon goût (cinq chanson, ça fait peut-être beaucoup.) Côté musique «extra-diégétique», la partition de Patrick Doyle semble ne jamais trouver son vrai registre (ça hésite entre des ponctuation d’arpèges dramatiques très cinéma-américain-années-2000, des touches de musique classique à l’anglaise et des paraphrases des chansons d’Ivor Novello): elle est suffisamment discrète pour n’être pas gênante, mais on regrette un peu qu’elle ne participe pas plus activement à l’atmosphère du film. Mais à part ça, j’ai adoré ce film. |
|  | | Eusèbe Mélomaniaque

Nombre de messages : 1452 Age : 44 Localisation : Paris/ Lille Date d'inscription : 23/09/2014
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 15 Juil 2020 - 10:18 | |
| La référence à la Règle du jeu se confirme, si les souvenirs de ce film sont bons, par une séquence de chasse. Pas revu depuis sa sortie en salles, mais tu le donnes envie d’y jeter à nouveau un œil. |
|  | | Emeryck Mélomane chevronné

Nombre de messages : 10502 Age : 22 Localisation : Paris/Reims. Date d'inscription : 27/07/2012
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 15 Juil 2020 - 12:28 | |
| François Ozon : Été 85 2020 Dans ce film, Ozon aborde un genre qu'il n'avait (je crois) jamais abordé auparavant : le teen movie. Ce projet cinématographique vient de l'intersection de plusieurs projets plutôt anciens du cinéaste : d'une part, s'approprier le teen movie dans son versant gay qui a été particulièrement important pour lui (notamment Stand by me de Rob Reiner et My own private Idaho de Gus van Sant) et d'autre part, adapter un roman qu'il voulait voir adapté à l'écran depuis longtemps : Dance on my grave d'Adan Chambers. Malgré cette nouvelle composante de la mosaïque filmique ozonienne, ce film occupe une place assez centrale au sens où l'on retrouve beaucoup d'échos à ses autres films : la relation entre réalité et fiction avec prise sur le récit comme dans Dans la maison - sauf qu'ici, l'histoire est déjà passée (et non pas en cours) mais il s'agit de la raconter au spectateur - ; de manière plus succincte, on retrouve le travestissement d'Une nouvelle amie qui n'est ici aussi pas très loin de l'idée de deuil mais qui donne un aperçu sur l'acceptation des sexualités queer à l'époque --- notamment dans la scène où David dit à Alex qu'il serait sexy dans une robe et ce dernier répond par un refus absolument épidermique ; on retrouve également dans ce film un rapport au temps qui est constant dans la filmographie du réalisateur : bien sûr, déjà, le film se passe en 1985 et puis il y a toujours ce caractère assez spécifique des films estivaux où le temps est comme élastique mais chaque fois fini. D'ailleurs, même au sein des films estivaux, ce film occupe une place assez différente, je trouve : le film a été tourné au Tréport et hérite de cet aspect non-solaire (même si la pellicule Super16 donne un aspect granuleux profondément organique et qui rappelle aussi les films de l'époque), presque granitique avec ses plages de galets, le ciel voilé et aussi les rues escarpées du village, un peu sombres. L'aspect solaire se présente cependant sous les traits d'une romance flamboyante entre deux adolescents (d'ailleurs portée par un très beau duo d'acteurs formé de Félix Lefebvre et Benjamin Voisin) : l'un tout juste sorti de seconde, seize ans, un peu timoré et l'autre très affirmé, plus extraverti (notamment à travers ses tenues), dix-huit ans. Le film traduit avec beaucoup de naturel des questionnements adolescents notamment cette sorte d'exploration et circonscription (souvent par la mort) des possibles (cela rappelle beaucoup les films de Gregg Araki et surtout ceux du début des années 90) : il y a notamment cette scène où David (le plus âgé) explique à Alex que lorsqu'il roule à moto, il n'a pas l'impression d'aller vite mais aperçoit la vitesse et que son rêve de la rattraper (les scènes de moto sont d'ailleurs très référencées). Il y a également une énorme subjectivité du personnage d'Alex qui cerne la totalité du film : tout d'abord, dans la manière de raconter l'histoire, c'est un peu le chef d'orchestre du récit et puis les questionnements ou répliques sont parfois assez naïves mais sonnent toujours juste dans cette perspective ; l'histoire a d'ailleurs un élan très romantique et un peu pudique/retenu par moments (notamment la scène de sexe évoquée mais où l'on referme la porte devant le spectateur). Il y a également beaucoup de petits motifs très signifiants qui sont plutôt bien vus : le peigne aux allures de couteau rappelle cette proximité de la mort (d'autant plus que la coiffure du duo central est assez signifiante elle aussi puisqu'elle est calquée sur celle de River Phoenix (qu'Ozon admire beaucoup) dans My own private Idaho et leur définit donc une identité cinématographique) ; il y a également le don du casque de David à Alex qui fait écho à la scène au début du film où David attache le bateau d'Alex au sien. Ce film est pour moi vraiment une belle réussite d'Ozon et m'a beaucoup touché. |
|  | | Emeryck Mélomane chevronné

Nombre de messages : 10502 Age : 22 Localisation : Paris/Reims. Date d'inscription : 27/07/2012
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 15 Juil 2020 - 12:55 | |
| Philippe Garrel : Le sel des larmes 2020 Ce film a été une très grande déception - même si ce n'était pas complètement surprenant. Comme je le disais récemment, j'avais bien aimé les derniers films de Philippe Garrel (qui étaient cependant une demie heure plus court, en général). Ici, ce film a bien une trame qui tourne autour du rapport au père mais qui est absolument inintéressante ; de plus, il y a un nombre assez impressionnant de choses malvenues ou dont on ne comprend pas tellement pourquoi elles sont là. Tout d'abord, il y a une voix-off absolument inutile et particulièrement laide (la voix ne sonne pas) - il y a notamment une scène où c'est extrêmement sensible : la voix-off annonce l'annonce au personnage principal de la mort de son père et vingt seconde après, c'est effectivement ce qu'il se passe. On a également l'impression de quelque chose d'assez artificiel ou de déréalisé : comme si le réalisateur était resté bloqué dans les années 70 - il y notamment cette scène en boîte de nuit pas du tout crédible. Les dialogues sont également complètement quelconques, le montage est plat, la photo est plutôt lisse ; je n'ai même pas retrouvé l'aspect intimiste que j'aime d'ordinaire chez Garrel. En plus, le personnage principal m'a profondément irrité puisqu'il est absolument imbuvable mais personne ne le remet en place - et ce n'est même pas la question de dépeindre un connard qui me pose un problème car certains films le font très bien mais là, c'est juste irritant et plat. Bon, quelques mots pour finir sur le reste : la fin est d'un ridicule sans nom (peut-être le film peut-être vu comme un crescendo de ridicule...) et la musique de Jean-Louis Aubert est vraiment pas terrible : c'est sans aucun doute le plus mauvais Garrel que j'ai vu ; d'ailleurs, l'ambiance dans la salle était particulière, très plaisante et conviviale car on était six ou sept personnes dans la salle et tout le monde riait des énormités du film.
Dernière édition par Emeryck le Dim 19 Juil 2020 - 19:43, édité 1 fois |
|  | | Emeryck Mélomane chevronné

Nombre de messages : 10502 Age : 22 Localisation : Paris/Reims. Date d'inscription : 27/07/2012
 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 15 Juil 2020 - 23:01 | |
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 | Sujet: Re: Votre dernier film visionné  | |
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