Radio France - Le temps retrouvé

Radio France organise plusieurs concerts à huis clos à l'auditorium, ils sont diffusés sur arte et sur France Musique. Le premier était samedi dernier avec le philhar sous la direction de Nagano. Ce soir, ce sera la national avec Gatti.

Qu'en pensez-vous ?

Le premier avec Nagano était beau mais triste comme le COVID

En tout cas belle pioche de RF qui récupère en passant Daniel Harding 🤭

Zarmosas a écrit:

Le premier avec Nagano était beau mais triste comme le COVID

Pour moi qui étais dans la salle, je peux confirmer que c'était un peu triste. Mais j'ai adoré le Cantus pour Britten de Arvo Pärt. Une merveille.

Comment tu as fait pour y être si c'était à huis clos?

Xavier a écrit:

Comment tu as fait pour y être si c'était à huis clos?

J'ai été invité.

Donc c'est à huis-clos sauf pour les copains

Si Radio-France veut retrouver son public, elle ferait bien de lui permettre de revenir. A la décharge de la maison, rien n'est simple et les annonces confuses du gouvernement n'aident pas, mais ce genre de petit passe-droit est horripilant.

J'ai quand même couvert le concert pour être d'équerre avec mon éthique personnelle.

Le trompettiste avait une sorte de poche plastique sur son instrument pour la symphonie de Honegger avec Gatti (très belle d'ailleurs, la symphonie).



Sinon, on l'a dit, mais les programmes sont bien construits et intéressants. Pourquoi ne pas faire entrer un peu de public pour les concerts après le 22 juin ?

Pour le 14 juillet, le National devrait jouer dans la Cour carrée du Louvre ou aux Invalides, avec public.

— L'ONDIF aussi s'est mis aux concerts diffusés en ligne : https://www.orchestre-ile.com/bachtolive/concert/bachtolive-1

mickt a écrit:

Pourquoi ne pas faire entrer un peu de public pour les concerts après le 22 juin ?

Ce sera bien le cas : ouverture des réservations cette après-midi. Places à 10€. https://www.maisondelaradio.fr/lauditorium-re-ouvre-au-public

Merci pour l'info!

Il ne reste déjà plus beaucoup de choix de places pour le concert Martinu-Bartok-Roth.
Et apparemment celui du 2/07 est même déjà complet…

Merci Mickt. Ils ont dû remettre des places en vente pour Roth, je viens d'en acheter une. Enfin !

Sur le billet, il est inscrit que le port du masque est obligatoire pour accéder à Radio France et à l'intérieur du bâtiment.
J'imagine que ça veut dire qu'on peut le retirer une fois qu'on est à sa place dans la salle. (j'espère…)

Probablement pas !

En tout cas tous les concerts pour l'instant ont port du masque obligatoire. (et c'est cohérent avec ce qu'on sait des modes de diffusion du virus)

Je recommande les jetables (en réalité réutilisables en les laissant reposer 24h), on respire très bien, on s'y habitue sans problème.

Testé hier mon premier concert avec masque, ça se passe très bien.

Dans ce cas pourquoi ne vendre qu'un siège sur deux?

Et pourquoi ne pas avoir rouvert toutes les salles dès la fin du confinement?

Et les gens ne toussent pas encore plus avec un masque?

Bon finalement seuls les deux premiers concerts ont été mis en vente aujourd'hui (et ont l'air complets), les suivants le seront "prochainement" (la précision coutumière de Radio France).

Les masques me paraissent vraiment nécessaires. Autant il y a des mesures absurdes (feu les "plages dynamiques"), autant le port du masque fait consensus pour ce genre de rassemblements. La distanciation aussi, mais les salles vont pousser pour pouvoir remplir le plus possible et présenteront le masque comme une garantie. Donc il faut s'habituer. Mais quand on est assis, sans parler, dans un endroit pas trop chaud, on l'oublie finalement assez vite (même si ça continuera à déranger certains).

Autre mesure : la prise de température (j'arrive généralement à vélo et en sueur   ). Et on demande aux spectateurs d'arriver plus de 30 minutes avant le concert, un des dadas de Radio France.

mickt a écrit:

Les masques me paraissent vraiment nécessaires. Autant il y a des mesures absurdes (feu les "plages dynamiques"), autant le port du masque fait consensus pour ce genre de rassemblements.

Moi je veux bien mais… jusqu'à quand?
Jusqu'à ce que la planète soit débarrassée de tous les virus?

Jusqu'à quand, je ne sais pas. Au moins cet hiver j'imagine. On ne sait pas comment va évoluer l'épidémie, il va falloir encore quelques mois. Si le masque est le prix à payer pour reprendre un certain nombre d'activités d'ici là, je trouve ça acceptable. Et il faut bien se dire que si l'épidémie reprend de manière importante, ou si des clusters de propagation sont détectés dans des salles de spectacles, de nouvelles restrictions suivront (je ne parle même pas des procès qui pourraient être faits aux producteurs de spectacles).

Xavier a écrit:

Moi je veux bien mais… jusqu'à quand?

Il est possible que ça devienne la norme : l'épidémie reste sur un plateau aux USA, continue de croître au Brésil, menace de repartir en Chine, de nouveaux foyers, certes localisés, sont apparus en France… Je vois mal les pouvoirs publics ou les salles annoncer la suppression des masques en intérieur cet été… et à partir de l'automne, comme on ne sait pas si le virus va revenir (vu qu'il circule mondialement et que toute la population n'a pas été immunisée, c'est très possible, même dans le cas où il ne muterait pas !), je doute qu'on nous demande de les enlever.

À mon avis on en a pour un an au moins – et ça restera peut-être la tradition ensuite, je n'en sais rien. Je ne vois pas trop la fenêtre sanitaire ou politique pour demander d'arrêter ce type de précaution qui ne coûte pas cher…

Citation :

Jusqu'à ce que la planète soit débarrassée de tous les virus?

On a maintenant des données vastes et fiables sur la propagation de ce virus : il est très contagieux, mais en milieu ouvert, il ne se propage pas si facilement. En revanche, l'épidémie monte en flèche dans les lieux fermés. À ce titre, il est très raisonnable d'exiger le port du masque en intérieur. Je suis le premier à détester mettre des trucs sur mon visage, j'ai exprimé ma prudence face à certaines mesures sanitaires peut-être disproportionnées, mais c'est à mon sens une précaution vraiment indispensable.
Et c'est mieux que de fermer toutes les salles de spectacles dans deux semaines parce qu'on y a localisé de nouveaux foyers !

Xavier a écrit:

Dans ce cas pourquoi ne vendre qu'un siège sur deux?

Il n'y a pas matériellement de raison, mais c'est le protocole demandé. De la même façon que dans les lieux accueillant le public, on désinfecte très régulièrement avec des produits virucides normés, alors qu'on sait très bien que le toucher n'est qu'un mode de transmission très minoritaire du virus (il faut vraiment qu'en l'espace de quelques heures, quelqu'un éternue, dans sa main, la frotte quelque part, qu'on mettre notre main au même endroit, puis qu'on se frotte les yeux) ; ce n'est pas une gastro, ça se transmet vraiment par les gouttelettes, et pas pas l'air ni par le toucher.

Donc précaution sans doute inutile, oui : avec les masques, on pourrait remplir la salle. Mais ça assure un peu plus de sécurité au cas où le voisin ajusterait mal son masque par exemple.

Citation :

Et pourquoi ne pas avoir rouvert toutes les salles dès la fin du confinement?

Il fallait le temps de s'organiser, tout de même. Mettre en place les protocoles et les programmations. Voir aussi si l'épidémie ne repartait pas, ça ne servait à rien d'engager des frais pour refermer.

Citation :

Et les gens ne toussent pas encore plus avec un masque?

Je porte un masque toute la journée au travail + dans les transports (nombreux avec mes balades, en tous coins de l'Île-de-France) : non, ça ne fait pas tousser. Tu imagines, si les soignants passaient leur journée à suffoquer. On respire très bien à travers les masques chirurgicaux (moins à travers les masques en tissu évidemment). Et si l'on tousse, c'est retenu par le masque, donc pas de risque (et ça fait toujours moins de bruit que la bouche ouverte comme dans 95% des toux entendues au concert).

mickt a écrit:

Autre mesure : la prise de température (j'arrive généralement à vélo et en sueur   ). Et on demande aux spectateurs d'arriver plus de 30 minutes avant le concert, un des dadas de Radio France.

En principe ça ne doit pas changer ta température. Mais oui, ça va être drôle, quand on va nous dire « désolé, vous n'entrez pas aujourd'hui, retentez demain ».

Surtout que la température n'est qu'un symptôme tardif, partiel, non exclusif… Vraiment une mesure symbolique et contre-productive. Mais là encore, il faut essayer de rassurer le public, d'autant que ceux qui peuplent les salles de spectacle sont véritablement en première ligne des risques s'ils sont infectés !

Heureux sont ceux qui ne portent pas de lunettes.

C'est ce que j'allais dire!

DavidLeMarrec a écrit:

Je porte un masque toute la journée au travail + dans les transports (nombreux avec mes balades, en tous coins de l'Île-de-France) : non, ça ne fait pas tousser. Tu imagines, si les soignants passaient leur journée à suffoquer. On respire très bien à travers les masques chirurgicaux (moins à travers les masques en tissu évidemment). Et si l'on tousse, c'est retenu par le masque, donc pas de risque (et ça fait toujours moins de bruit que la bouche ouverte comme dans 95% des toux entendues au concert).

Non mais je parlais des vieux qui respirent déjà mal en temps normal…

Et pour la température: effectivement, si tu as un début d'angine ou même de rhume avec un petit peu de fièvre et que tu te fais recaler alors que tu as payé ta place…

Écoute, si tu as une angine (donc que tu tousses), un rhume ou de la fièvre, tu portes un masque en toutes circonstances dès lors que tu entres en contact des gens, et le mieux est de rester chez soi et le cas échéant de se faire tester. Je rappelle que le virus prend dans la majorité des cas des formes très peu, ou pas, symptomatiques. Si tous ceux qui ont "juste un petit quelque chose" refusent de surcroît de porter un masque, on ne se sortira jamais d'affaire.

Il y a la question de la place qu'on a payée : là ça serait bien que les salles proposent un remboursement ou un échange. Je n'ai vu cet aspect abordé nulle part pour l'instant, mais il faudrait inciter les spectateurs qui ont des symptômes à renoncer au concert sans qu'ils soient pénalisés, via une procédure simple.

La température à Radio France sera mesurée par "caméra thermique". Comment va-t-on annoncer aux fiévreux qu'ils sont recalés : évacuation discrète (genre kidnapping qui passe inaperçu) ou manu militari ?

Pour les lunettes laver les verres au liquide vaisselle les rend moins susceptibles à l'embuement (les miens en tout cas).

mickt a écrit:

Écoute, si tu as une angine (donc que tu tousses), un rhume ou de la fièvre, tu portes un masque en toutes circonstances dès lors que tu entres en contact des gens, et le mieux est de rester chez soi et le cas échéant de se faire tester. Je rappelle que le virus prend dans la majorité des cas des formes très peu, ou pas, symptomatiques. Si tous ceux qui ont "juste un petit quelque chose" refusent de surcroît de porter un masque, on ne se sortira jamais d'affaire.

Il y a la question de la place qu'on a payée : là ça serait bien que les salles proposent un remboursement ou un échange. Je n'ai vu cet aspect abordé nulle part pour l'instant, mais il faudrait inciter les spectateurs qui ont des symptômes à renoncer au concert sans qu'ils soient pénalisés, via une procédure simple.

Oui, c'est de ça que je parlais, pas de refuser de porter un masque.
Mais si on recale des gens (sans les rembourser) alors que d'autres passent et ont peut-être le virus…

Ca paraît logique de rester chez soi s'il y a un doute, mais quand on a acheté son billet un an à l'avance, on ne peut pas savoir que tel jour on aura de la fièvre...

On est quand même sur un sacré degré de détail lorsqu'on considère qu'il est très possible que lesdits concerts ne puissent tout simplement pas se tenir, entre les décrets ministériels, les artistes qui seront bloqués ou malades, les orchestres qui feront faillite…

La caméra thermique, je vois assez bien comment ça va être : ils vont la sortir pour le premier concert, et puis ils vont ensuite « oublier » de mettre quelqu'un derrière l'écran. Ainsi on rassure les gens mais on évite le désordre inutile.

DavidLeMarrec a écrit:

Probablement pas !

En tout cas tous les concerts pour l'instant ont port du masque obligatoire. (et c'est cohérent avec ce qu'on sait des modes de diffusion du virus)

Apparemment, dans les salles de cinéma, dès demain, on pourra retirer le masque une fois assis…
https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/confinement/deconfinement-pas-de-limitation-50-de-remplissage-pour-les-cinemas-et-salles-de-spectacle-6876990

Pourquoi pas à Radio France?

(celui qui me répond "parce qu'il n'y a que des vieux" a gagné)

EDIT: bon j'ai lu trop vite, il est bien écrit "salles de cinéma et de spectacle"...

Alors la distanciation se justifie. Moi ça me paraît franchement risqué vu ce que j'ai pu lire sur les modes de transmission (mettre les gens à côté avec les masques serait plus efficace… et moins onéreux !). Je dirais bien « ils doivent savoir ce qu'ils font », mais j'étais là en mars, donc je n'ai plus cette candeur.

Xavier a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Probablement pas !

En tout cas tous les concerts pour l'instant ont port du masque obligatoire. (et c'est cohérent avec ce qu'on sait des modes de diffusion du virus)

Apparemment, dans les salles de cinéma, dès demain, on pourra retirer le masque une fois assis…
https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/confinement/deconfinement-pas-de-limitation-50-de-remplissage-pour-les-cinemas-et-salles-de-spectacle-6876990

Pourquoi pas à Radio France?

(celui qui me répond "parce qu'il n'y a que des vieux" a gagné)

EDIT: bon j'ai lu trop vite, il est bien écrit "salles de cinéma et de spectacle"...

Pour les concerts théoriquement à huis clos, le public présent n'a pas gardé son masque très longtemps. mais bon là avec plus de monde, je pense que ce sera plus rigoureux.

J'ai fait quatre concerts depuis jeudi dernier ( ), et tout le monde a très sérieusement conservé son masque, sans râler.

DavidLeMarrec a écrit:

J'ai fait quatre concerts depuis jeudi dernier ( ), et tout le monde a très sérieusement conservé son masque, sans râler.

Ayé, le fauves sont lâchés . Mes premiers concerts / spectcles post confinement commencent le 1er juillet

En vrai, j'en ai fait un jeudi parce qu'il y avait du Jaëll et que c'était une des pianistes chouchoutes depuis des années. Et le reste, c'était hier pour la Fête de la Musique, des micro-concerts de 30 minutes (Trio de Smetana, Trio n°1 de Mendelssohn, Impros de Bartók couplées avec du Broadway).

DavidLeMarrec a écrit:

Alors la distanciation se justifie. Moi ça me paraît franchement risqué vu ce que j'ai pu lire sur les modes de transmission (mettre les gens à côté avec les masques serait plus efficace… et moins onéreux !). Je dirais bien « ils doivent savoir ce qu'ils font », mais j'étais là en mars, donc je n'ai plus cette candeur.

Juste avant de rajouter mon edit, j'allais écrire "on n'est plus à un revirement près"... Ils ont été plus rapides que moi.

Les concerts de Pascal Rophé (avec les percussionistes des deux orchestres) et Renaud Capuçon ont été hier. Celui de Capuçon est déjà complet, mais il reste des places pour Rophé. Des places ont été rajoutées pour le concert de F-X Roth demain.

On connaît la distribution du concert du 14 juillet, mais pas le lieu ni les éventuelles conditions d'accueil du public : Eun Sun Kim à la direction (elle a été nommée récemment à la tête de l'Opéra de San Francisco), avec Fatma Said, Yoncheva, Tézier, Bernheim Gabetta, Batiashvili, Buniatishvili. Pas de frère Capuçon à l'horizon.

Je suppose qu'il y a du monde au concert Roth ce soir ? Un lieu de ralliement ?

Il n'y aura pas d'entracte et on se fera expulser par la force des baïonnettes dès le dernier applaudissement entendu. Quelque part dehors, mais où ?

Oh, dommage. Dans le coin Nord entre la pelouse et la gare, peut-être ?

On peut tenter

Déconfinement musical réussi ce jeudi, en brillante compagnie. Le National et F-X Roth ont donné un beau, rare et flamboyant programme C.P.E. Bach/ Martinů/ Bartók. Le bis de Cédric Tiberghien : les Trois petites chansons folkoriques du district de Csik de Bartók. Prise de température à l'entrée : comme l'écrivait David ça ne sert sans doute pas à grand-chose, mais la caméra thermique est un gadget plutôt impressionnant. Public masqué (ce n'est pas hyper agréable, mais pour moi ça reste très largement supportable). Un siège sur deux mis en vente et salle comble, 600 spectateurs tout de même. Ambiance chaleureuse malgré la distance et les masques. Bravo Radio France !

https://www.francemusique.fr/emissions/le-concert-de-20h/francois-xavier-roth-dirige-l-orchestre-national-de-france-martinu-bach-et-bartok-84803

En outre le CPE, très intéressant (étrange thème très disparate et franchement roboratif du premier mouvement ), sonnait remarquablement (sans vibrato !) pour un orchestre non spécialiste.

mickt a écrit:

Prise de température à l'entrée : comme l'écrivait David ça ne sert sans doute pas à grand-chose, mais la caméra thermique est un gadget plutôt impressionnant.

Oui, impressionnant de voir qu'on a 34,8° et qu'on tient debout.

Sinon, ambiance moitié déprimante moitié agréable, public très calme et attentif, heureux d'être là.

Très agréablement surpris par le Martinů, j'ai beaucoup pensé à Bartok et la Musique pour cordes dans le 1er mouvement, par l'effectif mais aussi le langage harmonique.
Piano intégré au I et vraiment soliste au II, à nouveau plus intégré dans le final.
On peut s'interroger sur l'intérêt du dispositif double orchestre à cordes, alors que souvent les deux groupes font la même chose, ou presque.
On peut le vérifier sur la partition: http://petruccimusiclibrary.ca/files/imglnks/caimg/0/00/IMSLP450741-PMLP733019-Martinu_-_Double_concerto_for_strings,_piano_and_timpani.pdf
Content aussi d'entendre le Divertimento de Bartok, pas souvent donné.
Le CPE Bach m'a ennuyé bien comme il faut. (mais c'était bien joué)
Les cordes de l'ONF ne m'ont pas du tout semblé rouillées.

Xavier a écrit:

Le CPE Bach m'a ennuyé bien comme il faut. (mais c'était bien joué)

L'œuvre la plus intéressante du concert.

Citation :

Les cordes de l'ONF ne m'ont pas du tout semblé rouillées.

Oui, c'était même vraiment mieux que leurs concerts (vraiment décevants, il faut dire) de la saison passée, il n'y avait pas de difficulté de mise en place, de cohésion, on sentait qu'ils avaient bien bossé en amont.

Les concerts Hannigan et Macelaru sont ouverts à la réservation. J'ai pris une place pour le premier, mais franchement, le programme de Macelaru, qu'il se le garde... Barber OK, mais cette suite de Carmen, quel intérêt ?

Puisqu'apparemment tu ne connais pas la Carmen-Suite de Bizet / Chtchédrine, je te conseille vraiment de la découvrir (j'en avais touché un mot ici), c'est largement plus intéressant que la version symphonique de l'Adagio de Barber!

Merci d'avoir signalé, c'est gentil ! J'ai pu me prendre le concert Chtchédrine pour emmener un bizuth et le concert Hannigan pour des amis, avec de très bonnes places. (premier rang de la corbeille la plus en face, c'est luxe, un rang pour soit très proche et en hauteur)

Stolzing a écrit:

Les concerts Hannigan et Macelaru sont ouverts à la réservation. J'ai pris une place pour le premier, mais franchement, le programme de Macelaru, qu'il se le garde... Barber OK, mais cette suite de Carmen, quel intérêt ?

Attention, ce n'est pas une suite de Carmen (à quoi bon en effet, mais on pourrait comprendre le souci de s'adresser au grand nombre, de proposer un programme de fête), mais la recomposition de Chtchédrine, un redéploiement des thèmes pour cordes seules et percussions… La section « Tu n'y dépendrais de personne » (le motif orchestral du final de l'acte II – à mon avis la meilleure trouvaille de tout l'opéra) y est répétée de façon assez grisante !

Si tu n'as jamais essayé, c'est vraiment une expérience. (même si ça passe très bien au disque ; je n'ai pas trouvé la plus-value folle lorsqu'ils l'ont donné à Garnier)

Stolzing a écrit:

… cette suite de Carmen, quel intérêt ?

Entendue une fois à Pleyel, j'en garde un excellent souvenir ! C'est dansant, magnifiquement orchestré, très original… Et c'est une très bonne porte d'entrée pour initier un profane à la musique classique.

Mes impressions sur le concert de Roth:

La Symphonie en sol majeur de Carl Philipp Emmanuel Bach (fils de) qui commence ce programme est pleine d'audace. Avec ses rythmes soutenus, ses phrases aux conclusions abruptes, ses modulations étonnantes, cette absence de menuet mais surtout, cette tension émotionnelle inspirée de l'Empfindsamkeit allemand. L'orchestre en petite formation joue avec des musiciens qui semblent le plus près possible les uns des autres dans ces circonstances. Cela a un effet sur la cohésion de l'ensemble dans le premier mouvement sautillant, noté Allegro di molto. François Xavier Roth transmet l'énergie nécessaire de ces pages, sans baguette mais avec force gestes et mouvements, plein de grâce et de clarté. On apprécie la netteté et les équilibres trouvés dans le deuxième mouvement, Poco adagio. La tenue des cordes du National y est admirable, surtout du côté des graves qui sont marquants lorsqu'ils marquent les fin de phrases. Enfin, le troisième mouvement est une ode au dynamisme et aux contrastes. Mais surtout, une pluie de contrechants délicieux utilement mis en valeur par le chef. Fabuleuse entrée en matière.

Changement d'ambiance avec le Double concerto pour 2 orchestres à cordes, piano et timbales de Bohuslav Martinů, interprété avec la complicité du pianiste Cédric Tiberghien. Martinů, de nationalité tchèque, compose cette œuvre en 1938, à une époque où son pays subit les agressions de l'Allemagne nazie. Cette ambiance pesante se ressent dans sa musique. Mais aussi sur le plateau où l'orchestre se place en fond de scène pour laisser de la place au pianiste sur le devant, et permettre ainsi de changer de formation, sans avoir à modifier le plateau. Dans le premier mouvement Poco allegro, le piano se détache peu de l'orchestre. Le son est dense, gros, la tension est exacerbée, Tiberghien a un jeu dur parfois métallique, parfaitement adapté à l'ambiance de cette musique opaque. Tout cela est contrebalancé par les jeux de lumières sur la scène. La tension est à son comble, et on admire les nuances, surtout lorsqu'elles partent dans d'élégants fortissimos. Le deuxième mouvement dépeint une ambiance sombre et tragique avec des cordes incandescentes rappelant le son d'une sirène. La cadence du pianiste est étrange mais jouée de manière claire et articulée, et cela contraste avec le doute exprimé par la partition. Le final est empreint d'un sentiment d'urgence, le chef veille à ce que la tension ne retombe jamais dans cette étrange musique, le rythme est soutenu et le pianiste s'extrait enfin de l’orchestre et nous fait profiter de ses beaux graves. Une résolution étrangement calme en revanche pour une musique vraiment haletante. Le bis du pianiste, plein de trilles et de mélodie bien phrasée, avec force couleurs, est un contraste intéressant par rapport au double concerto. Et Cédric Tiberghien excelle dans les deux registres.

En 1939, juste avant le début de la guerre, Béla Bartók compose son Divertimento pour orchestre à cordes suite à une commande de Paul Sacher, dans un climat de grande inquiétude. Inquiétude qui se ressent dans sa musique. Qu'elle est loin l'époque de Mozart où le divertimento était léger au sein de petits ensembles. Pour le compositeur, le divertimento désigne une musique angoissante car elle fait ressentir l’angoisse de l’auteur qui doit retourner à la guerre. Et c'est tout le programme de cette œuvre. Le premier mouvement, noté Allegro non troppo, bien que dansant, ne cesse de troubler par ses dissonances. La fougue du chef emporte tout dans la façon de gérer le tempo, le rythme, mais aussi l'équilibre des plans sonores. Le deuxième mouvement offre un univers mystérieux, fait de multiples questions et réponses, où les pupitres se mettent à dialoguer avec éloquence. Cela permet de constater que les cordes du national n'ont aucunement perdu leurs vertus durant le confinement. Le troisième mouvement, Allegro assai, est quant à lui un festival de danse, empli de contretemps et de syncopes. Roth maintient constant le rythme et fait danser l'orchestre avec beaucoup de maîtrise. Saluons également le beau solo de Sarah Nemtanu au violon.