Votre dernier film visionné

Benedictus a écrit:

Cololi a écrit:

Ah parce qu'en art il y des gens qui savent ce qui est bon ou pas ?

Oui: toi, par exemple, qui nous assénait bravement, quelques messages plus haut, que «Et oui Chose, Bidule et Machin, c'est 100 fois mieux que Trucmuche et Tartempion.»

Cololi a écrit:

Ce que tu es en train de me faire c'est juste m'expliquer qu'il y a une culture légitime, et qu'il fût de bon ton que je m'y plia.

Ce n'est évidemment pas ce que Prosopopus a écrit, comme tout un chacun pourra le constater.
(Quand est-ce que tu te décideras à répondre à ce qu'on te dit vraiment plutôt qu'à ce que tu fantasmes que les autres pensent quand ils ne sont pas d'accord avec toi?)

Cololi a écrit:

Je vais vous laisser entre personnes qui possèdent cette culture, ce n'est pas mon cas.

Franchement ??
1 / J'ai dit précisément que je trouvais certains très surestimés. C'est tout. Je n'ai jamais prétendu que cela soit une vérité.
2 / Prosopopus (mais il n'est pas seul) : "Mais c'est toi qui parles de "surestimés" ou de "légende" cela dépasse la simple subjectivité comme avis".

En réalité ... je vais le prendre aux mots : effectivement la valeur d'une oeuvre n'est pas subjective ! Elle est objective dans la mesure où l'on peut en décrire (partiellement) le processus de valorisation.
Il n'y a pas de valeur esthétique en soi, il n'y a que des processus socio-historiques de valorisation. Donc, cela dépasse largement le "sujet" ... donc la subjectivité ... mais ça n'autorise nullement à prétendre à une hiérarchie en dehors de tout cadre social et historique ... or toute oeuvre d'art est un produit social et historique ... et les jugements sur ces oeuvres aussi.

.

Je n'ai pas été assez clair pardon.
Mais c'est toi qui parles de "surestimés" ou de "légende" cela dépasse la simple subjectivité comme avis. Quand je disais cela je voulais dire que ton propre avis n'est pas très subjectif et surtout je ne le trouvais pas très mesuré. Tu semblais émettre l'idée que certains réalisateurs surestimés sont aimés parce qu'il faut les aimer et que leur talent ne relève que de "légendes". Sur cela je disais juste que ce n'est pas, à mon sens, le cas des gens qui apprécient Hitchcock, Hawks ou Ford. Je ne pense pas honnêtement qu'il y ait d'arrière-pensée dans le fait d'aimer leurs films.

Le plaisir que je prends devant Les 39 marches, L'ombre d'un doute de Hitchcock, Rio bravo ou La dame du vendredi de Hawks ou My darling clementine de Ford n'est en rien feint ou nourri d'arrière-pensée.

Je ne pense pas qu'il y ait de réalisateurs vraiment surestimés (pas plus qu'il y ait de compositeurs ou de peintre surestimés) chacun occupe une place relativement cohérente par rapport à son influence et à son oeuvre. On peut évidemment le regretter ou trouver dommage que ce soit un tel plutôt qu'un autre.
Par contre, là où tu as raison c'est qu'il ne faut pas que quelques figures s'arrogent l'ensemble de la gloire de l'époque et qu'elles finissent par camoufler d'autres talents, mais je ne trouve pas que ce soit le cas en matière de cinéma.

Prosopopus: j'ai l'impression que tu utilises "subjectif" pour "objectif", ça peut clairement créer un malentendu.

Oui, je la retente.

Cololi dit qu'il se contente d'être subjectif en disant que untel ou untel est surestimé, que c'est son avis, d'accord je comprends.

Là où je le trouve (un peu) de mauvaise foi et dépassant cette prétendue subjectivité c'est lorsqu'il dit que le talent d'untel ou untel a été imposé par des "légendes". Légendes qu'il faudrait dépasser pour découvrir enfin des bons films. A partir de là je trouve qu'il émet un jugement objectif qui me semble faux. On ne se force pas à aimer Hawks et Hitchcock, en tous cas pas moi. Je ne pense pas que leur talent soit une "légende", une sorte de fausse vérité colportée pour des raisons socio-historiques qui m'échappent.

Chouette ! Un top américain années 40-50

Alors moi ça donne (aujourd'hui ... ça changerait probablement demain, mais il y a quand même des constantes) :

Tout ce que le ciel permet (Sirk) 1955
Duel au soleil (Vidor) 1946
Johnny Guitar (Ray) 1956
Elle et lui (McCarey) 1957
La Garce (Vidor) 1949
Feuilles d'Automne (Aldrich) 1956
Mirage de la vie (Sirk) 1959
Assurance sur la mort (Wilder) 1944
Le Château du dragon (Mankiewicz) 1945
Young at Heart (Douglas) 1954

Il faut que je réessaye Duel au soleil, j'en attendais tellement que j'avais été un peu déçu à la première vision.
Et je me rends compte que j'ai oublié Chantons sous la pluie de mon côté qui doit être un de mes films préférés.

Je note une certaine appétence pour le technicolor flamboyant et pour le versant mélodramatique (surtout chez deux réalisateurs relativement virils comme Aldrich et Douglas, c'est amusant...)

Oui et encore, j'hésite à remplacer Assurance sur la mort, parfois, par une romance en noir et blanc, l'histoire de changer ...

Technicolor et mélodrame(a queen), c'est tout moi.

J'ai trouvé qu'Aldrich et Douglas avaient réussi brillamment leur mélodrame, avec une facilité et une sincérité surprenantes, en reprenant les codes respectueusement, et un sens narratif très juste dans les deux cas. Curieux de voir que quelqu'un comme Preminger échoue là dedans, par comparaison.

Prosopopus a écrit:

Oui, je la retente.

Cololi dit qu'il se contente d'être subjectif en disant que untel ou untel est surestimé, que c'est son avis, d'accord je comprends.

Là où je le trouve (un peu) de mauvaise foi et dépassant cette prétendue subjectivité c'est lorsqu'il dit que le talent d'untel ou untel a été imposé par des "légendes". Légendes qu'il faudrait dépasser pour découvrir enfin des bons films. A partir de là je trouve qu'il émet un jugement objectif qui me semble faux. On ne se force pas à aimer Hawks et Hitchcock, en tous cas pas moi. Je ne pense pas que leur talent soit une "légende", une sorte de fausse vérité colportée pour des raisons socio-historiques qui m'échappent.

C'est bien là notre désaccord : il n'y a pas d'essence de l'oeuvre, mais seulement sa valorisation sociale et historique.

C'est du post déconstructivisme, non ?

Francesco a écrit:

C'est du post déconstructivisme, non ?

Je ne sais pas

Mais c'est ce que je crois profondément. Pour une raison assez simple : c'est que je ne vois pas sur quoi ça pourrait reposer d'essentiel. Et je crois évidemment bcp à l'histoire.
Et les conséquences (me) font mal aux fesses : Die Meistersinger von Nürnberg ... n'est pas essentiellement supérieur à une chanson des 2Be3
Ca fait mal, mais je ne vois pas ce qui pourrait justifier l'inverse.

Après j'ai mes préférences comme ttlm.

Bavo Defurne : Sur le chemin des dunes        2011

 +
Il s'agit du premier long-métrage du cinéaste flamand Bavo Defurne (qui a également réalisé Souvenir avec Isabelle Huppert). Ici, comme dans Souvenir, on a affaire à un film très stylisé, à ceci près qu'il s'agit ici d'une stylisation purement visuelle alors que dans Souvenir, elle avait complètement prise sur la narration, c'est moins le cas ici. Dans ce film, on suit un adolescent qui se cherche : il aimerait être s'exprimer mais on le rabroue souvent à coup de normes, du coup, il s'évade, il dessine, il observe puis il tombe amoureux de son voisin, mais ce dernier part. Visuellement, le film fait beaucoup penser à certains films américains des années 50-60-70 aux couleurs très prononcées (je pense à certains Sirk et à certains Hitchcock), c'est ici notamment le cas du jaune qui est une constante ; j'ai trouvé ça pas mal, ça donne l'impression que tout est très rigide, presque figé - en opposition avec les tentatives d'échappée du personnage principal, notamment dans les dunes. Malheureusement, je suis resté un peu sur ma faim car le film ne propose pas tellement de choses en plus de ça (par contre, je crois que je n'ai jamais vu autant de tendresse dans le traitement d'un personnage, c'est assez beau) et du coup, je me suis tout de même un peu ennuyé.

Cololi a écrit:

Et les conséquences (me) font mal aux fesses : Die Meistersinger von Nürnberg ... n'est pas essentiellement supérieur à une chanson des 2Be3
Ca fait mal, mais je ne vois pas ce qui pourrait justifier l'inverse.

Supérieur selon certains critères, si!
Inférieur selon d'autres. (la popularité supérieure des uns, au moins pendant la période de l'effet de mode)

De même que sur certains critères objectifs on pourrait te démontrer qu'au moins, les cinéastes que tu juges surestimés font de bons films, bien faits.

Xavier a écrit:

Cololi a écrit:

Et les conséquences (me) font mal aux fesses : Die Meistersinger von Nürnberg ... n'est pas essentiellement supérieur à une chanson des 2Be3
Ca fait mal, mais je ne vois pas ce qui pourrait justifier l'inverse.

Supérieur selon certains critères, si!
Inférieur selon d'autres. (la popularité supérieure des uns, au moins pendant la période de l'effet de mode)

De même que sur certains critères objectifs on pourrait te démontrer qu'au moins, les cinéastes que tu juges surestimés font de bons films, bien faits.

Mais je ne dis pas le contraire. C'est bien pour cela que je précisé "essentiellement".
Et justement ces critères formels m'intéressent très peu. Car passent à côté de l'essentiel. Pourquoi Schubert est aussi génial ... alors que les procédés qu'il utilise sont simples ... et que ttlm peut les imiter avec des études de musique (et une oreille) appropriées.

Je vais même être plus précis :

pourquoi la modulation (il me semble qu'il s'agit de ça) dans l'Andantino de la 20° sonate juste avant la reprise du thème principal est à tomber par terre ? Pourtant on la voit arriver !
(vous avez 5h)

Prosopopus a écrit:

Ça n'a rien à voir mais j'en profite pour un petit top 10 "légitimité et cinéma américain des années 40-50"

1. My darling clementine de Ford
2. All that heaven allows de Sirk
3. Rendez-vous de Lubitsch
4. L’extravagant Mr Deeds de Capra
5. L'appât de Mann
6. La nuit du chasseur de Laughton
7. Casablanca de Curtiz
8. Cry of the city de Siodmak
9. Les bas-fonds de San Francisco de Dassin
10. Règlements de comptes de Lang
11. Association criminelle de Lewis

Francesco a écrit:

Chouette ! Un top américain années 40-50

Alors moi ça donne (aujourd'hui ... ça changerait probablement demain, mais il y a quand même des constantes) :

Tout ce que le ciel permet (Sirk) 1955
Duel au soleil (Vidor) 1946
Johnny Guitar (Ray) 1956
Elle et lui (McCarey) 1957
La Garce (Vidor) 1949
Feuilles d'Automne (Aldrich) 1956
Mirage de la vie (Sirk) 1959
Assurance sur la mort (Wilder) 1944
Le Château du dragon (Mankiewicz) 1945
Young at Heart (Douglas) 1954

Chouette bis!
(mais juste pour le plaisir des liste j'en ferais deux, un pour les années 40, un pour les années 50 )

1. Citizen Kane/La Splendeur des Amberson/Macbeth, Orson Welles
2. It's A Wonderful Life, Capra
3. L'Ombre d'un doute, Hitchcock
4. L’Héritière, Wyler
5. A Woman's Face, Cukor
6. Clunny Brown, Ernst Lubitsch
7. La rue rouge, Lang
8. Casablanca, Curtiz
9. The Ghost and Mrs Muir, Manckiewicz
10. Sea Hawk, Michael Curtiz (j'ai hésité avec le roman de Mildred Pierce, mais le film d'enfance l'emporte)  

(Bon en vrai le seul top cinéma valable pour les années 40 devrait être un top du cinéma britannique!)

1. Touch of Evil, Orson Welles
2. Les Mirages de la vie, Sirk
3. Fenêtre sur cour, Hitchcock
4. Sunset Boulevard, Wilder
5. Soudain l'été dernier, Manckiewicz
6. The Searchers, Ford
7. Traquenard, Nicolas Ray
8. La Captive aux yeux clairs, Howard Hawks
9. L'Odyssée de l'African Queen
10. Ben Hur, William Wyler

Yves Boisset : Le saut de l'ange        1971


J'ai été un peu déçu par ce Boisset qui est un véritable prototype d'un film qui viendra six ans après : Le juge Fayard dit "Le shériff". On y trouve déjà cette histoire de magouilles politiques (même si ici, il y a le contexte électoral) et notamment l'implication du SAC qui s'occupait d'éliminer tous les gens qui gênaient (aucune intervention de Raymond Marcelin, ici - qui a fait censurer les mentions du SAC dans Le juge Fayard dit "Le shériff") ; l'histoire ne surprend pas vraiment : on a simplement une suite de règlements de compte entre les deux camps en lice ; heureusement, la narration est dynamique donc on ne s'ennuie pas vraiment même si on a l'impression de faire un peu du sur-place - là où Le juge Fayard avance bien et se suit avec plaisir. Là où le film n'est pas incroyable, c'est sur sa direction d'acteurs : je n'ai vraiment trouvé aucun acteur convaincant dans ce film ; les scènes censées se dérouler en Thaïlande ou au Vietnam sont également vraiment pas terribles, vraiment très cheap ; heureusement, on n'a pas le droit à un nappage de racisme (que le film évoque, d'ailleurs, lorsque le commissaire chargé de l'enquête dit "il faut retrouver ces chinois" - ce ne sont bien sûr pas des chinois). J'ai bien aimé la musique de François de Roubaix, sinon.

Attendez, alors un double 40 et 50

1940
Duel au soleil Vidor (1946)
La Garce Vidor (1949)
Assurance sur la mort Wilder (1944)
Le Château du dragon Mankiewicz (1945)
Péché Mortel Stalh (1945)
Arise My Love Leisen (1940)
Ma Femme est un grand homme Potter (1947)
L'Œuf et moi Erskine (1947)
Rebecca Hitchcock (1940)
This Love is Ours Dieterle (1945)


1950

Tout ce que le ciel permet (Sirk) 1955
Johnny Guitar (Ray) 1956
Elle et lui (McCarey) 1957
Feuilles d'Automne (Aldrich) 1956
Mirage de la vie (Sirk) 1959
Young at Heart (Douglas) 1954
Le Secret Magnifique (Sirk) 1954
Au Fond de Mon Coeur (Donen) 1954
La Colline de l'Adieu (Henry King) 1955
Une Femme en enfer (Daniel Mann) 1955

Francesco a écrit:

Duel au soleil Vidor (1946)
La Colline de l'Adieu (Henry King) 1955

Jennifer Jones
(Mais du coup, comme mélos de Vidor et de Dieterle tu aurais pu mettre Ruby Gentry et The Portrait of Jenny.)

1930
Visages d'Orient, Franklin (1937)
L'Impératrice Rouge, Sternberg (1934)
Marie-Antoinette Van Dyke (1938)
Zaza (Cukor) 1938
Stolen Holiday (Curtiz) 1937
La Vieille Fille (Goulding) 1939
Femmes Cukor (1939)
Les Hauts du Hurlevent Wyler (1939)
Ville sans loi Hawks (1935)
Le Chant du Printemps Robert Z. Leonard (1937)

Benedictus a écrit:

Francesco a écrit:

Duel au soleil Vidor (1946)
La Colline de l'Adieu (Henry King) 1955

Jennifer Jones
(Mais du coup, comme mélos de Vidor et de Dieterle tu aurais pu mettre Ruby Gentry et The Portrait of Jenny.)

J'essaye de ne pas être entièrement guider par mon goût pour certaines actrices bien connues pour ne pas "'mollir sur les effets" comme disait joliment Tavernier à propos de Jones.

Luc Besson : Le dernier combat        1983

 +
Initialement, le premier film de Besson devait être Subway mais étant trop coûteux, Besson écrit ce film (qui devait être moins onéreux - environ 600000 francs - mais le budget n'a pas du tout été tenu car on s'est finalement retrouvé à plus de trois millions de francs) à la place, inspiré d'un de ses courts-métrages intitulé L'avant-dernier. Le film est assez étonnant en regard de ce qui se fait à l'époque en France : le film est dans une tonalité post-apocalyptique constante, en noir et blanc et à quelques mots près, sans aucun dialogue - d'ailleurs, il se complait un peu là-dedans et ne pousse pas les choses très loin ; le film se déroule après une catastrophe à laquelle peu de gens ont survécu et ceux qui y ont survécu ne peuvent plus parler ; un homme erre et trouve refuge chez un médecin avec lequel il commence à se lier d'amitié mais entre temps, un autre homme aux ambitions meurtrières le pourchasse ; en fait, de manière générale, tout le monde est un peu asservi et/ou violent dans le film. Il y a par conséquent quelque chose d'assez beau dans la relation entre l'homme et le médecin dont le ton tranche avec la morosité et la violence ambiantes ; d'ailleurs, dans le rôle du médecin, Jean Bouise est vraiment très bon, tranchant clairement avec le niveau des autres comédiens (Pierre Jolivet, Jean Reno) et, pour une fois, il a un rôle un peu de premier plan - et ce n'est pas son cachet qui a fait exploser le budget ! J'ai trouvé vraiment dommage que le film se réfugie un peu derrière sa radicalité ; et surtout que la musique de Éric Serra soit aussi envahissante et par moments, complètement à côté de la plaque.

Sur le coup, j'ai cru à un fake, mais non...
(En fait, c'est le nom de Fritz Wepper - l'adjoint de Derrick! - sur l'affiche qui m'a fait tiquer.)

Benedictus a écrit:

Sur le coup, j'ai cru à un fake, mais non...
(En fait, c'est le nom de Fritz Wepper - l'adjoint de Derrick! - sur l'affiche qui m'a fait tiquer.)

Pourquoi ça serait un fake ? 

Ben, je sais pas, un film de Luc Besson (il est vrai que je maîtrise mal sa filmographie... ) avec Jean Bouise et l'adjoint de Derrick, l'image de l'affiche, tout ça paraît très improbable.

Benedictus a écrit:

Ben, je sais pas, un film de Luc Besson (il est vrai que je maîtrise mal sa filmographie... ) avec Jean Bouise et l'adjoint de Derrick, l'image de l'affiche, tout ça paraît très improbable.

C'est vrai que c'est curieux de trouver Bouise ici, et d'ailleurs on le retrouve dans tous les films du réalisateur jusque Nikita, je crois - qui lui est dédié puisqu'il est mort avant la première projection du film. Et en plus, tu dis ça sans avoir entendu la musique qui est un cas à elle toute seule... 
Sinon, je ne connais rien de Besson (à part Subway que j'ai vu il y a très longtemps) mais ça ne m'attire pas plus que ça - j'en regarderai sans doute d'autres par la suite, par curiosité.

Et puis un premier film qui s'appelle le dernier combat ... C'est quand même marrant.

Emeryck a écrit:

Benedictus a écrit:

Ben, je sais pas, un film de Luc Besson (il est vrai que je maîtrise mal sa filmographie... ) avec Jean Bouise et l'adjoint de Derrick, l'image de l'affiche, tout ça paraît très improbable.

C'est vrai que c'est curieux de trouver Bouise ici, et d'ailleurs on le retrouve dans tous les films du réalisateur jusque Nikita, je crois - qui lui est dédié puisqu'il est mort avant la première projection du film. Et en plus, tu dis ça sans avoir entendu la musique qui est un cas à elle toute seule... 
Sinon, je ne connais rien de Besson (à part Subway que j'ai vu il y a très longtemps) mais ça ne m'attire pas plus que ça - j'en regarderai sans doute d'autres par la suite, par curiosité.

Tu as sans doute vu le meilleur avec Nikita justement (enfin dans mon souvenir, ça fait longtemps que je ne les ais pas revu).



Bon allez si je suis honnête j'aime bien Le Cinquième élément qui graphiquement bénéficie des apports d'artiste comme Moebius ou Mézières, et puis Jeanne d'Arc est toujours l'occasion d'un grand fou-rire : /watch?v=lUWXnvifnc0
(je sais pas ce qui est le plus comique l'extrait, ou les commentaires énamourés des fanatiques du roman national en dessous de la vidéo).

Pierre Granier-Deferre : Paris au mois d'août        1966


Ce film est une adaptation du roman homonyme de René Fallet où un homme manque le train qu'il devait prendre pour partir avec sa femme en vacances, il se retrouve donc seul à Paris en plein mois d'août et rencontre par hasard une jeune femme anglaise qui cherche sa destination, il décide alors de l'accompagner et une brève passion naît entre eux, chacun d'entre eux sachant qu'elle sera interrompue ou modifiée par la fin des vacances d'été. Pour une fois, Granier-Deferre ne filme pas comme un manche (il faut dire que le très beau noir et blanc l'aide pas mal) et nous offre de plutôt belles vues du Paris des années soixante ; à mon sens, c'est un peu le seul intérêt du film, puisque la romance est très anecdotique (même si bien filmée) et surtout assez problématique - le personnage féminin est écrit de manière un peu stupide/superficielle, on a aussi le droit bien sûr au classique "bah, pourquoi crois-tu que je te parle ? bah oui, c'est pour du sexe !" (bon, c'est pas dit comme ça, mais c'est l'idée) et puis on a le droit à aussi quelques passages du genre "pourquoi tu n'as pas envie ? allez..." ; aucun d'entre eux étant de manière critique, bien sûr, on est quand même chez Granier-Deferre. Sinon, les acteurs/trices sont plutôt pas mal, notamment les seconds rôles qui ont de la présence.

Todd Solondz : Wiener-dog        2016

 +
Je ne connaissais pas du tout ce réalisateur et n'attendais pas grand-chose de ce film, j'ai en fait été très agréablement surpris : le film semble très inspiré par Au hasard Balthazar de Bresson puisque les personnages du film gravitent autour d'un animal (ici un chien mais pas un âne) qui est un peu un révélateur de la vie de chacun des quatre protagonistes. Cependant, il y a une différence majeure avec le film de Bresson : le film du réalisateur américain est beaucoup plus ironique - peut-être un peu trop systématiquement, d'ailleurs - et assez drôle ; même dans ce qu'il veut raconter sur les gens, il est beaucoup plus frontal (notamment dans le premier épisode avec le couple qui n'a vraiment aucune affection pour le chien ; à le rendre "pratique", quitte à dire que la stérilisation de la chienne ne pose aucun problème, que c'est tout à fait naturel, etc.). Le film se compose de quatre parties, chacune avec des protagonistes différents, toujours plus gés, le chien étant le dénominateur coâmmun. On peut reprocher à ce film sont cynisme un peu facile, mais c'est tout de même vraiment drôle, la plupart du temps ; ça m'a en tout cas donné envie d'explorer la filmographie de ce réalisateur - même si j'ai un peu peur que ce cynisme quasi-misanthrope soit quelque chose de généralisé.

J'adore ce réalisateur et ce film en particulier!

Je te conseille en particulier Welcome to the dollhouse, Happiness et Life during wartime. Palindromes est super bizarre avec son côté Lynch.
Mais oui, c'est souvent très très cynique.

Pour ceux qui s'intéressent au court métrage (Parsifal, je suppose que tu connais au moins de nom le Poitiers Film Festival), la 44e édition du Poitiers Film Festival aura lieu du 26 novembre au 3 décembre

https://lyriqueinfo.blogspot.com/2021/11/apres-une-edition-numerique-en-2020-le.html


Xavier si tu veux déplacer tu peux, mais en fait je ne savais pas trop ou poster ça

Cela dit, je n'ai pas vu le film, mais la plupart des amateurs d'animaux (je suis un fervent enthousiaste) te diront qu'effectivement la stérilisation est une nécessité, y compris pour la santé de l'animal, surtout quand c'est une femelle.

C'était un message de la SPA ...

Francesco a écrit:

Cela dit, je n'ai pas vu le film, mais la plupart des amateurs d'animaux (je suis un fervent enthousiaste) te diront qu'effectivement la stérilisation est une nécessité, y compris pour la santé de l'animal, surtout quand c'est une femelle.

C'était un message de la SPA ...

Oui, ce n'était pas exactement ce que je voulais dire : ici, le petit garçon pose plein de questions à sa mère (c'est un enfant, quoi') qui n'y répond absolument pas, elle se contente de lui dire "oui oui, c'est bien", sans même parler des scènes où le couple hurle sur le chien alors qu'ils ne s'en occupent pas.

André Téchiné : Hôtel des Amériques        1981

 +
Je crois qu'il s'agit du film de Téchiné qui m'a le plus séduit jusque-là : habituellement, je peine à passer le cap de l'admiration technique et suis la plupart du temps peu sensible à l'histoire - dont j'apprécie la narration en général mais ses préoccupations me semblent un peu lointaines. Ici, même si j'ai quelques réserves, l'histoire me semble beaucoup plus proche et, par conséquent, les procédés formels de signification me semblent beaucoup plus incarnés - celui que j'ai trouvé vraiment plaisant à suivre, c'est l'évolution de la couleur de la tenue du personnage de Catherine Deneuve, à la fois rouge et vert et parfois bleu foncé qui traduit effectivement le fait qu'elle soit constamment partagée entre son défunt mari et le personnage de Patrick Dewaere. J'ai beaucoup aimé aussi le traitement spatial des personnages, notamment à travers les différentes propriétés des personnages - notamment cette immense bâtisse dont le personnage de Deneuve est à présent propriétaire, qui (pour moi) apparaît comme très terrienne contrairement au petit appartement du personnage de Dewaere avec vue sur la mer - il y a notamment cette scène où le personnage de Deneuve ne veut pas que les murs de l'appartement soient repeints en bleu ; ce film illustre vraiment subtilement les élans contraires et pourtant concourants de ces deux personnages qui vont se rencontrer par un hasard (qui est aussi une blessure puisqu'il s'agit d'un accident de la circulation) ; je crois que l'aspect un peu pudique (certain(e)s diront timoré) décuple sa beauté. Je vais jouer ma rengaine habituelle de fanboy de Nuytten mais sa photo est absolument somptueuse (les scènes nocturnes sont splendides), la mise en scène de Téchiné est remarquable de subtilité et bien sûr Deneuve et Dewaere sont tous les deux très bons.

J'avais beaucoup aimé ce film (à sa sortie ), mais contrairement à toi, je trouve qu'il y a d'autres beaux films de Téchiné, les Roseaux sauvages par exemple. Films qu'il me faudrait revoir, il est vrai.

xoph a écrit:

J'avais beaucoup aimé ce film (à sa sortie ), mais contrairement à toi, je trouve qu'il y a d'autres beaux films de Téchiné, les Roseaux sauvages par exemple. Films qu'il me faudrait revoir, il est vrai.

En fait, je n'ai pas encore vu Les roseaux sauvages : je procède (quasiment) par ordre chronologique - à part pour La fille du RER que j'ai vu en tout premier et Barocco que je n'ai pas encore vu. Du coup, c'est bien, ça me laisse penser que j'ai encore de (très) belles choses à découvrir dans la filmographie de Téchiné.

Je trouve qu'Hôtel des Amériques est le film qui lui permet de trouver son ton pour ceux à venir, tout ce qui vient après est à mon sens le meilleur de son oeuvre, de Rendez-Vous en 85 jusqu'à Les Egarés en 2003, tout ce que j'ai vu m'a enthousiasmé. Son chef d'oeuvre est à mon sens J'embrasse pas.
Par contre tu as commencé par celui que j'aime le moins , La fille du RER est le seul que j'avais trouvé franchement raté.

Prosopopus a écrit:

La fille du RER est le seul que j'avais trouvé franchement raté.

Oui, clairement. 

Gilles Grangier : Le désordre et la nuit        1958


Il me semble que c'est seulement le deuxième film de Gilles Grangier que je vois, le premier étant Archimède le clochard que j'avais trouvé pas si mal ; en revanche, j'ai trouvé celui-ci nettement moins bon. Sur fond d'une histoire de trafic de drogue, le patron d'un night-club se fait éliminer en pleine forêt ; on suit alors l'enquête sur cette affaire dont l'inspecteur en charge est interprété par Jean Gabin (qui ne se foule pas trop...), il va naturellement interroger la dernière femme avec laquelle il entretenait une liaison : il s'agit d'une jeune allemande venue en France pour faire des études de français, accro à la drogue. La relation qui se noue entre cette jeune femme et le vieux Gabin est assez cringe puisque ce dernier tombe amoureux d'elle... et elle, on va bien sûr accentuer sa fragilité, son irrationalité, etc. En plus de cela, l'intrigue est assez vite éventée parce que dès qu'intervient le personnage de la pharmacienne, on se doute bien que... Du coup, il ne reste plus grand-chose : quelques seconds rôles assez plaisants (Darrieux, Frankeur) et une ambiance qui n'est pas tout à fait désagréable ; en somme, dommage que tant de paresse ait contaminé le film...

Victor Erice : El espíritu de la colmena        1973


J'avais découvert Erice il y a quelques années avec El sur (sorti dix ans après ce film) ; j'avais beaucoup apprécié ce dernier, notamment grâce à la prise qu'avait l'imaginaire sur le récit. Ici, cette prise est décuplée et pourtant, je trouve le film moins bon : j'ai eu l'impression, malgré toute sa beauté, que le film ne sait pas tellement où aller et fait un peu du sur-place. Dans ce film, on trouve déjà la jeune Ana Torrent qui jouera également le rôle principal dans Cria cuervos de Carlos Saura quelques années après - d'ailleurs, d'un point de vue thématique, ces deux films ont pas mal de similitudes, ce qui n'est guère étonnant car on parle de deux films espagnols des années soixante-dix, autrement dit durant les dernières heures de Franco et de sa dictature. Le point de départ du film est la projection du film Frankenstein de Whale, cela a beaucoup de sens quand on sait à quel point ce film questionne le rapport à l'autre, le préjugé et donc certains mécanismes du fascisme ; Ana voit donc ce film qui est projeté dans son village, elle est extrêmement marqué par la scène qui est sans doute la plus marquante du film (celle de la rencontre entre la créature et la petite fille au bord du lac) et ne la comprend pas bien ; elle demande à sa sœur qui lui dit "mais non, personne ne meurt, ce sont des trucs de cinéma, ça n'existe pas" et Ana est alors comme hantée par cette scène et prétend voir l'esprit de la créature à proximité de son village ; s'enchaînent alors de manière assez indistincte les séquences rêvées d'Ana et les moments de la vie quotidienne ; malgré la légère impression de sur-place que j'ai évoquée ci-dessus, je dois dire que le film est tout de même assez inventif et surtout, d'une grande beauté : le personnage d'Ana parlera bien sûr aux cinéphiles.

Claude Lelouch : Robert et Robert        1978

 +
J'avais été assez agréablement surpris par le dernier Lelouch que j'avais vu (La bonne année), je ne savais pas trop à quoi m'attendre ici ; sur le papier, ça semblait pas mal - et le film commençait bien - : on suit deux timides, l'un plus vieux (Charles Denner), qui est peut-être un peu plus à l'aise que le plus jeune (Jacques Villeret) et le prend un peu sous son aile à la suite de rencontres répétées, notamment à l'agence matrimoniale que tous deux fréquentent assidûment. Dans un premier temps, le film est assez rafraîchissant car les dialogues et les situations sont très libres et c'est assez amusant (notamment les séquences où Villeret essaie de devenir agent de la circulation - dommage que ça soit abandonné en cours de route...) mais le film accumule les longueurs et dérive parfois vers des trucs complètement invraisemblables - le passage de Villeret à la télé à la fin... Comme d'habitude, on a le droit à des renvois (sans intérêt) à d'autres films de la filmographie de Lelouch - ici, encore une fois, on a le droit à Un homme et une femme, décidément, il ne le lâche jamais, ce film... C'est dommage que le scénario soit aussi court car il y a tout de même un bon casting (au-delà de Denner et Villeret, on a aussi Brialy qui est assez bon).

Michel Boisrond : Le chemin des écoliers        1959


Il s'agit d'une adaptation du roman homonyme de Marcel Aymé, écrite notamment à l'aide d'Aurenche et Bost ; je ne connaissais pas du tout ce réalisateur mais j'ai trouvé vraiment ça vieille école : j'ai vraiment eu l'impression que tous les personnages masculins avaient besoin de constamment montrer qu'ils avaient toujours de l'autorité et qu'ils étaient virils, j'ai trouvé ça vraiment pénible ; la scène finale entre Bourvil et Delon aurait pu être vraiment belle si elle n'était pas parasitée par ça - et je ne parle même pas du personnage de Ventura... Sinon, j'ai trouvé l'histoire complètement anecdotique - et assez improbable - : le film se passe durant la seconde guerre mondiale, un lycéen (joué par un Alain Delon de quasiment 25 ans mais admettons) est l'amant d'une femme dont le mari a été déporté ; parallèlement, il se fait de l'argent grâce au marché noir et à un trafic de champagne - mais du coup, il doit évidemment mentir à ses parents sur ses véritables occupations. Sinon, la réalisation est assez plate, et l'image d'épinal des français sous l'occupation, ça fait sourire. Malgré ça, j'ai tout de même aimé la prestation de certains acteurs notamment Bourvil.

Kathryn Bigelow : Near dark        1987

 +
Il s'agit du premier long-métrage complètement réalisé par Bigelow et c'est un film assez curieux - même si ce mélange des genres s'était déjà fait auparavant. En fait, ce film mélange western et film de vampires ; du coup, ça l'amène à considérer de manière assez différente puisqu'en fait, ici, le vampire n'est pas une figure très isolée, déshumanisée : il s'agit ici de gens d'apparence tout-à-fait normale et qui ressentent des choses assez variées. Ce qui est amusant, également, c'est que le film conserve également son côté western (initialement, ça devait être un western mais le genre n'ayant plus trop le vent en poupe, le producteur a conseillé à la réalisatrice de se tourner un peu vers le film de vampires qui était alors beaucoup plus en vogue), mais c'est un western très urbain : par exemple, à la fin, on a une scène d'affrontement en duel, filmée comme dans un western, mais elle se passe la nuit en pleine rue. Malgré ces qualités qui rendent le film assez intéressant, l'histoire, sans être complètement ennuyeuse, n'est tout de même pas des plus originales et je trouve ça assez dommage.

François Ozon : Action vérité        1994


Ce court-métrage est assez court (environ quatre minutes) et il n'y a pas de mensonge sur la marchandise : Ozon filme une brève partie d'action ou vérité entre pré-adolescents ; le sujet n'est pas dépourvu d'intérêt car ce jeu a parfois une place particulière (potentiellement problématique, d'ailleurs) dans l'adolescence et vis-à-vis des préoccupations d'Ozon, ça a du sens. Malheureusement, difficile de rendre la chose vraiment intéressante en quatre petites minutes : ça se suit sans déplaisir mais sans intérêt particulier non plus et difficile d'en dire beaucoup de choses.

François Ozon : Regarde la mer        1997

 +
Ce moyen-métrage d'une cinquantaine de minutes est assez amusant lorsque l'on le replace dans la filmographie de François Ozon : il annonce déjà une scène de Sous le sable et peut-être l'esprit (en moins déjanté) de Sitcom. Encore une fois, l'écriture est remarquable, sans fioriture mais avec un grand sens de la suggestion : une femme rejoint sa maison de vacances sur l'île d'Yeu avec sa très petite fille, elle reçoit un matin la visite d'une jeune femme qui lui demande si elle peut camper dans son vaste terrain et ce qui va intéresser Ozon, c'est bien sûr l'évolution de cette relation. Elle est d'abord un peu froide, puis très axée autour de la petite (qui n'a même pas un an et la mère demande donc à la jeune femme de la garder) ; la jeune femme est très mobile - comme en témoignent les nombreuses scènes où l'autre femme vient la cueillir devant sa tente - contrairement à l'autre et il y a une sorte de drôle de passion effusive (mais souterraine) qui naît entre les deux femmes. Ça fait un peu "bizarre pour du bizarre" mais je trouve que d'un point de vue dramatique, ça se tient très bien : il n'y a quasiment pas de temps morts, ça raconte quelque chose et c'est assez varié en terme de tonalités ; en plus, cet aspect bizarre tient assez bien en haleine. J'ai également beaucoup aimé la façon dont Ozon filme les paysages, les très belles maisons écarlates aux portes et volets bleus, les plages avec des touffes d'herbes occasionnelles et les forêts qui les avoisinent. On pense parfois à L'inconnu du lac de Guiraudie ; ce moyen-métrage est une belle découverte, à ranger à côté de Une robe d'été dans les réalisations d'Ozon qui ne sont pas des longs-métrages.

Anne Fontaine : Gemma Bovery        2014


Ce film confirme que la notion de subtilité est difficilement compatible avec le nom d'Anne Fontaine et ne fait que renforcer mon impression que Fontaine est en fait une véritable boomeuse - et je crois que son dernier film confirme cette impression, bien que je ne l'ai pas encore vu... Ici, le film nous raconte l'histoire d'un boulanger fanatique de Flaubert (qui sera bien sûr joué par Fabrice Luchini) vivant en Normandie (bien sûr !) et voyant arriver ses nouveaux voisins, les Bovery, Charles et Gemma ; bon, ok, vous le voyez venir : le film va jouer au jeu des différences avec le livre célébrissime de Flaubert - mais je ne l'ai pas (encore) lu alors... ; d'ailleurs, si vous n'aviez pas bien compris, au générique initial apparaît "Emma Bovery" puis vient le G devant Emma... Ce qui est véritablement édifiant dans ce film, c'est la réification du personnage de Gemma Bovery (interprétée par Gemma Arterton) qui n'est véritablement qu'un objet, dans tous les sens possibles : d'abord, bien sûr, male gaze à donf (j'avais assez rarement (?) vu ça, il n'y a à peu près aucun plan de Gemma où on ne sent pas un regard pervers et souterrainement intentionné) mais je vais citer une scène qui représente bien la subtilité négative d'Anne Fontaine : à un moment, Gemma vient à la boulangerie du personnage de Luchini, voilà, la culture française authentique de la campagne, blabla ; du coup, il lui propose de voir comment on fait le pain, elle accepte bien sûr et là, on a un plan sur Gemma puis immédiatement sur Luchini (ou plutôt sa doublure) qui pétrit la pâte lentement - et ce n'est qu'un exemple parmi d'autre mais c'est sans doute le plus ridicule. Au-delà du male gaze omniprésent, le personnage de Gemma sert également d'objet de différenciation : à travers elle, on voit bien que son mari est un méchant alors qu'au contraire, le personnage de Luchini est un gentil (en plus, vous voyez, c'est un artisan un peu doux-rêveur : un poète, finalement) alors que le gars, vous voyez, il a ce regard pervers à la Luchini, c'est tout juste s'il se lèche pas les lèvres après chaque passage de Gemma et il essaie de mettre des bâtons dans les roues à tous ceux qui s'approchent de Gemma - qui sont (également) insupportables ; c'est assez hallucinant : ça aurait pu être quelque chose de très bien si c'était à charge mais en fait, là, c'est juste premier degré. En plus, il y a un discours sur les classes sociales vraiment simpliste (habituel chez Fontaine, à part peut-être dans Marvin ou la belle éducation mais pour ça, il faut dire "Merci Édouard Louis") : les bourgeois caricaturaux, superficiels, hors-sol vs. les gens de la campagne, authentiques, poètes à leurs heures, etc. Que reste-t-il, du coup ? Une assez belle photo, peut-être et malgré tout, Luchini est convaincant, mais je ne sais pas si c'est vraiment une bonne chose...

L'adaptation de Chabrol est vraiment fidèle, donc en termes strictement narratif/scénaristique, tu connais à peu près le récit de Flaubert (pour jouer au jeu des différences, j'entends)

Si tu commences un cycle réalisatrice, pense à Lupino, Frances Marion et à Arzner, il y a chez cette dernière quelques pépites méconnues.

Un ptit message, qui va faire plaisir à Francesco.

J'ai vu Duel au soleil ... et j'ai beaucoup aimé. Surtout pour la mise en scène, le technicolor tellement flamboyant qu'on a l'impression que ça a été colorié , le jeu des acteurs ... malgré les oppositions manichéennes classiques dans ce cinéma (que les acteurs atténuent grandement).

Francesco a écrit:

L'adaptation de Chabrol est vraiment fidèle, donc en termes strictement narratif/scénaristique, tu connais à peu près le récit de Flaubert (pour jouer au jeu des différences, j'entends)

Si tu commences un cycle réalisatrice, pense à Lupino, Frances Marion et à Arzner, il y a chez cette dernière quelques pépites méconnues.

Je n'ai pas encore vu l'adaptation de Chabrol ; mais de toute façon, j'ai vraiment envie de lire le récit de Flaubert.

Merci ! Je ne connaissais pas les deux autres - et j'ai bien aimé Outrage de Lupino - et veux beaucoup voir The bigamist. Je ne commençais pas un cycle réalisatrice mais ça pourrait venir, effectivement.