Votre dernier film visionné

Francesco a écrit:

Emeryck a écrit:

Robert Hossein : Toi, le venin        1959


Il me semble qu'il s'agit du premier film réalisé par Robert Hossein que je vois ; ça m'a un peu surpris : il s'agit d'un film noir au scénario assez minimaliste, qui fait un peu penser à Accident de Joseph Losey, en moins bien, cependant. Dans ce film, Hossein campe le rôle d'un homme qui se fait aborder sur le bord d'une route par une femme blonde au visage masqué qui a ensuite voulu l'écraser ; il décide alors de la retrouver, mais trouve alors deux femmes extrêmement ressemblantes (Marina Vlady et Héléna Manson) qui sont comme duales : l'une est hyper-mobile avec sa voiture et l'autre est en fauteuil roulant ; le film joue sur cela pour le "dénouement" mais honnêtement, le film préfère s'engouffrer dans ce jeu (un peu pénible) sur la dualité, voguant sur la figure de la femme fatale, mystérieuse, etc. Du coup, ce n'est pas extrêmement passionnant mais l'ambiance est plutôt crédible et la photo n'est pas si mal.

Je n'ai pas vu le film, mais tu es sûr que ce ne sont pas plutôt Odile Versois et Marina Vlady qu'on prend l'une pour l'autre ? Elles étaient aussi soeurs dans la vie.

D'autant que c'est leurs noms (Odile Versois et Marina Vlady) qui sont écrits sur l'affiche...
(Pas vu le film non plus.)

Francesco a écrit:

Emeryck a écrit:

Robert Hossein : Toi, le venin        1959


Il me semble qu'il s'agit du premier film réalisé par Robert Hossein que je vois ; ça m'a un peu surpris : il s'agit d'un film noir au scénario assez minimaliste, qui fait un peu penser à Accident de Joseph Losey, en moins bien, cependant. Dans ce film, Hossein campe le rôle d'un homme qui se fait aborder sur le bord d'une route par une femme blonde au visage masqué qui a ensuite voulu l'écraser ; il décide alors de la retrouver, mais trouve alors deux femmes extrêmement ressemblantes (Marina Vlady et Héléna Manson) qui sont comme duales : l'une est hyper-mobile avec sa voiture et l'autre est en fauteuil roulant ; le film joue sur cela pour le "dénouement" mais honnêtement, le film préfère s'engouffrer dans ce jeu (un peu pénible) sur la dualité, voguant sur la figure de la femme fatale, mystérieuse, etc. Du coup, ce n'est pas extrêmement passionnant mais l'ambiance est plutôt crédible et la photo n'est pas si mal.

Je n'ai pas vu le film, mais tu es sûr que ce ne sont pas plutôt Odile Versois et Marina Vlady qu'on prend l'une pour l'autre ? Elles étaient aussi soeurs dans la vie.

 Tu as tout à fait raison, je ne sais même pas pourquoi j'ai écrit le nom de Héléna Manson - qui joue aussi dans le film, mais ce n'est pas d'elle dont je voulais parler... Merci !

Héléna Manson, c'est l'infirmière du Corbeau, de Clouzot : www.imdb.com/name/nm0543924/mediaviewer/rm3811371265

Oui, j'étais d'autant plus surpris

Mais ça n'a aucune importance en soi, c'était juste pour être sûr.

André Cayatte : Les risques du métier        1967


J'avais découvert Cayatte avec Mourir d'aimer que j'avais trouvé assez cringe ; en fait, ici, j'ai retrouvé cet aspect bien cringe, mais également l'aspect très démonstratif (ce qui peut être bien, mais quand le propos est problématique, c'est encore pire) : le film raconte  l'histoire d'un instituteur qui est accusé de viol par une de ses élèves ; le film va bien sûr mettre en doute le témoignage... En plus de cela, le film se perd un peu car il essaye d'expliquer pourquoi la fille aurait menti - pour couvrir un rendez-vous avec son petit copain étranger et ayant peur du qu'en dira-t-on au sein des habitants du village. Et puis c'est d'une lourdeur : il n'aura pas volé la qualification de "films à thèses" attribuées à ses réalisation par les critiques du cahier du cinéma - expression qui a du sens lorsqu'elle est utilisée ironiquement.

Christian-Jaque : Les disparus de Saint-Agil        1938

 +
Ce film est une adaptation (apparemment assez fidèle) du roman homonyme de Pierre Véry, il raconte l'histoire de trois garçons élèves au pensionnat de Saint-Agil, se retrouvant la nuit dans une salle de classe pour la réunion de la société secrète qu'ils ont montée, avec pour projet d'organiser un voyage en Amérique ; un jour, l'un d'entre eux voit un homme disparaître sous ses yeux et provoque la risée de ses camarades lorsqu'il leur raconte cela puis disparaît ; tour à tour, les autres garçons vont disparaître également. J'ai bien aimé ce film, même s'il ne raconte peut-être pas grand-chose d'extraordinaire, j'ai trouvé l'ambiance assez prenante, les rôles chez les adultes assez impeccables (Michel Simon, bien sûr mais aussi von Stroheim étonnant) ; de manière générale, le film déploie une fantaisie assez touchante et enfantine (notamment cette histoire de fantasme de société secrète et de départ en Amérique) : une belle découverte - et la scène de fin avec von Stroheim est vraiment touchante.

Emeryck a écrit:

Ce film est une adaptation (apparemment assez fidèle) du roman homonyme de Pierre Véry

Non, pas très fidèle, quand même: le personnage d'Erich von Stroheim, notamment, est en fait une invention et celui de Lemmel est étoffé à la (dé)mesure de Michel Simon; et certaines scènes un peu oniriques du roman (la sortie au canal de l'Ourcq), le contexte historique (le dernier chapitre est marqué par la déclaration de guerre de l'Autriche à la Serbie) ainsi que tous les jeux de mise en abîme et de répétitions de celui-ci ont été effacés, mais le film garde quand même quelque chose du grain et des atmosphères de Véry (notamment dans les scènes nocturnes) - et j'aime beaucoup le résultat.

(D'ailleurs, je ne peux que recommander la lecture du roman de Pierre Véry - un des rares romans de mon enfance qu'il m'arrive encore de relire, et avec un plaisir toujours intact.)

Ce roman est également un des mes beaux souvenirs de pré-adolescence.

Guillaume Brac : Contes de juillet        2017


Comme le laisse entendre le titre, ce film est d'inspiration rohmérienne : le film est en plusieurs épisodes, chacun se passant sur une journée ; on retrouve également cette affection pour les rencontres impromptues, les trajectoires distinctes de deux amies, le goût pour la banlieue parisienne dans le premier épisode ; ou même les tons de couleur du Rayon vert. Cependant, le film ne se résume pas à un pastiche de Rohmer et est nettement plus actuel, notamment dans la manière de montrer les relations homme/femme : là où Rohmer a systématiquement tendance à représenter "des filles brunes et bouclées qui préfèrent les hommes plus âgés" (parfois de manière ironique, bien entendu), Brac est beaucoup plus actuel et voit les choses de manière plus critique : ici, les hommes font toujours des coups tordus pour séduire/coucher - ça donne d'ailleurs des scènes assez tragiques (celle au plan d'eau de Cergy où le maître nageur trompe sa femme avec l'une des deux femmes que l'on suit et sa femme l'apprend et l'annonce de manière assez violente à celle-ci) mais aussi d'autres beaucoup plus drôles, notamment dans le deuxième épisode lorsque l'homme se prend un gros coup de poing dans le nez de la part du colocataire de l'étudiante norvégienne, qu'il fait mine de se sentir mal pour que celle-ci prenne soin de lui et dès qu'elle refuse ses avance, il part précipitamment, agacé). Sinon, j'ai trouvé le film agréable à suivre, les deux histoires sont touchantes - même si la fin de la seconde est un peu trop secouée à mon goût (notamment la mention de l'attaque terroriste sur la promenade des anglais qui semble arriver de nulle part) - et tous/tes les acteurs/trices sont convaincant(e)s.

Yves Robert : Les hommes ne pensent qu'à ça        1954


Il s'agit du premier long-métrage réalisé par Yves Robert, on y trouve déjà Louis de Funès que l'on retrouvera dans son film suivant (Ni vu... ni connu...) ; je le trouve également assez proche des Copains dans sa narration : le scénario ne tient à presque rien mais il y a - comme toujours chez Yves Robert - une inventivité dans la manière de raconter - même si, ici, le scénario est quasi-inexistant : un homme timide veut séduire une femme, et soudain, Don Juan apparaît pour lui donner quelques conseils ; voilà tout. Du coup, malgré quelques moments assez malins et drôles - notamment la confrontation de Don Juan avec... Don Juan au cinéma est assez amusante -, le film finit tout de même pas être un peu long - même s'il ne dure qu'environ une heure quinze. C'est pour l'instant le film d'Yves Robert que j'aime le moins.

lulu a écrit:

Emeryck a écrit:

\textbf{de Funès} (...) \textbf{Robert}

Les vrai(e)s savent.

Je crois qu'avec la bourde sur le Hossein, ça témoigne de mon besoin de vacances. 

Quels pervers, ces matheux, avec leur fétichisme du LaTeX...

Benedictus a écrit:

Quels pervers, ces matheux, avec leur fétichisme du LaTeX...

Dis-toi qu'au début, je le prononçais vraiment comme la matière...

Emeryck a écrit:

Benedictus a écrit:

Quels pervers, ces matheux, avec leur fétichisme du LaTeX...

Dis-toi qu'au début, je le prononçais vraiment comme la matière...

Ah parce que ça ne se prononce pas comme cela ?

Benoît Forgeard : Gaz de France        2015

 +
C'est sans doute le film de Benoît Forgeard que je préfère (en espérant qu'il se rattrape après Yves qui est tout de même pas extrêmement stimulant en terme d'idées) ; ce n'est certes encore pas complètement abouti mais je trouve qu'il y a des moments extrêmement drôles et une véritable intelligence à l'œuvre - c'est d'ailleurs un des films où Philippe Katerine est le mieux, ne serait-ce que pour l'improvisation sur "je ne sais pas, je n'en sais rien". Le film nous raconte l'histoire d'un président (Philippe Katerine !) en perte totale de vitesse ; l'équipe de communication qui entoure le président décide alors de chercher de nouvelles idées pour qu'il reprenne de la vitesse ; ils font appel à un comité de personne un peu aléatoires et s'ensuivent des situations assez loufoques. J'ai beaucoup aimé que le réalisateur utilise des décors assez minimalistes - par exemple, de l'Élysée, on ne voit que deux sous-sols (reconstitués, sans doute) et l'un d'eux est notamment un sous-sol où sont entreposés pêlemêle les cadeaux faits aux anciens présidents et les photos officielles ; c'est comme s'il s'agissait d'extraire le président de tous ces/ses lieux emblématiques pour vraiment attaquer de front l'aspect très théâtral de la comm' - et, bien sûr, Katerine est très bon pour cabotiner dans cette direction. Malheureusement, comme je le disais, le film n'est pas complètement abouti : ça fait un peu assemblage de pièces qui manque peut-être de cohérence d'un point de vue global ; disons que ça se tient d'un point de vue thématique mais c'est très énumératif et la rupture dramatique est un peu perturbante.

Carbone d'Olivier Marchal [avec Benoît Magimel, Gringe, Idir Chender, Laura Smet, Mickaël Youn, Gérard Depardieu]
***
--> Pas inoubliable mais plaisant à regarder et Olivier Marchal a ici au moins le mérite de varier le genre (par rapport à ses propres réalisations), de se renouveler et de sortir un peu de ses stéréotypes habituels. Comme souvent Benoît Magimel sonne juste dans un rôle où d'autres pourraient facilement surjouer.

En salle :

Compartiment n°6 [Hytti nro 6] de Juho Kuosmanen (Finlande, 2021) - [avec Seidi Haarla, Yuriy Borisov]
****
--> "Train-trip" réaliste dans une Russie totalement cabossée, de Moscou à Mourmansk. Totalement réjouissant et pétri d'humanité.

Alain Guiraudie : Les héros sont immortels        1990

 +
Il s'agit de la toute première réalisation d'Alain Guiraudie, un court-métrage d'une dizaine de minutes mettant en scène deux amis (dont Alain Guiraudie) écrivant dans une revue de cinéma et attendant un troisième qui ne viendra jamais. C'est un peu déroutant quand on connaît l'univers postérieur de Guiraudie parce que c'est assez comique - notamment lorsqu'à la fin, Guiraudie annonce à l'oral le générique puis finit sur "de toute façon, c'est pas grave, ils mettront un carton, là...". C'est un peu facile mais il y a quelque chose d'assez beckettien (à chercher du côté de Godot, bien sûr) notamment par le fait qu'il y a là aussi un motif très récurrent : c'est Guiraudie qui demande l'heure (à une fréquence assez absurde) à son ami ; sinon, ce n'est pas excessivement passionnant non plus mais l'ambiance est plutôt crédible et c'est amusant de voir Guiraudie jouer.

Marie Rivière : Le canapé rouge        2005


Il s'agit de la seconde réalisation de l'une des actrices les plus emblématiques du cinéma de Rohmer - cadre très rohmérien, d'ailleurs puisque l'on retrouve Charlotte Véry (qui joue le rôle principal de Conte d'hiver, notamment) et ses peintures dans le film. Ici, l'histoire est simple mais plutôt bien ficelée : Marie Rivière est trompée par son mari et le trompe également, elle veut s'installer dans le bureau de son amant et demande donc à une amie d'enfance rencontrée par hasard dans la rue (très rohmérien, ça) de la peindre afin d'accrocher la toile dans le bureau de son amant. J'ai aimé les jeux de coïncidences à l'œuvre dans ce court-métrage, notamment cette histoire assez comique autour du mot quintessence qui met le personnage de Marie Rivière pour aucune raison ou alors ce jeu sur la manière de représenter le visage :  Marie Rivière le veut très visible, alors que la peintre peint caché derrière les cheveux du modèle et finalement, c'est ce qui (par hasard) convient le mieux à son amant, bien sûr. J'ai beaucoup aimé la raideur très rohmérienne du jeu de Philippe Magnan.

Alain Guiraudie : La force des choses        1997

 +
Ce court-métrage semble être une réalisation de transition pour Guiraudie, à cheval entre ses premières réalisations d'un ton plutôt comique et les suivantes, très spatialisées et plus sérieuses - même si l'on peut déjà voir quelques touches de cet aspect spatial (et un peu fantomatique dans Les héros sont immortels, à travers ce personnage qui ne vient jamais par exemple et le fait que tout ce dont on parle n'est pas dans le plan). Par contre, j'ai trouvé ce court-métrage assez peu intéressant ; ou peut-être, pour être plus juste, je n'ai pas réussi du tout à entrer dedans : les personnages doivent rechercher une jeune femme disparue et finalement, ils parlent d'un peu tout et n'importe quoi, dans un paysage complètement vide et avec des tenues assez improbables.

Vu le West Side Story de Spielberg. Vraiment pas aimé. Gigantisme et violence sont les mamelles de sa mise en scène

Luc Moullet : Les sièges de l'Alcazar        1989

 +
Le titre ne laisse pas énormément place à la surprise : il s'agit véritablement d'un film sur le cinéma. Le personnage principal est critique aux Cahiers du cinéma et est un fan de la première heure de Vittorio Cottafavi - et tout particulièrement du film Una donna libera - mais également un habitué du cinéma l'Alcazar (à présent fermé mais je n'ai pas trouvé de traces de ce cinéma - et je doute que ce soit celui d'Asnières) et particulièrement des places du premier rang. Un jour, il aperçoit une femme qu'il connaît bien : c'est une critique chez Positif (la revue concurrente) mais bizarre... elle assiste à une séance où l'on projette un film de Cottafavi, réalisateur qu'elle déteste, pourtant ; du coup, s'ensuit une espèce de relation loufoque. J'ai un peu le même ressenti qu'avec Brigitte et Brigitte, certains passages m'ont bien fait rire, on passe un bon moment mais pas tellement plus.

Marguerite Duras : L'homme atlantique        1981


C'est sans doute l'un des films de Duras auquel je suis le plus sensible - avec Le navire night - notamment en raison de la place primordiale accordée à la voix ; curieusement, c'est aussi ce qui rend pour moi ce film très frustrant car je me suis rendu compte que je n'aime pas l'intonation de Duras - et la voix-off était du coup pour moi un peu agaçante. C'est assez frustrant pour moi car la manière dont est gérée l'image est assez belle (le plan bleuté de Yann Andréa est vraiment très beau) notamment grâce à la parcimonie dont Duras fait usage et certains passages du texte sont vraiment très très beaux et touchants mais sont en général assez brefs et ils sont surtout noyés dans un tas de choses inintéressantes sur le cinéma : j'ai l'impression que Duras essaie d'éliminer totalement le cinéma pour laisser place à son cinéma et tout cela passe par cette parcimonie de l'image dans une optique qui semble être celle de la dissolution de la représentation - notamment à travers la (fastidieuse) description de tout ce que va faire/fait Yann, comme s'il s'agissait d'aplatir au maximum les images, de leur hurler ce qu'elles doivent raconter et bien sûr de laisser ensuite le terrain tout entier à la voix et aux images occasionnelles. Personnellement, à défaut de trouver cette vision du cinéma intéressante, elle semble épisodiquement effective. Ce film est également celui auquel je suis le plus sensible parce qu'il est sans doute celui qui est le plus chargé d'émotion : Duras parle de Yann Andréa (qui a été son compagnon dans un sens assez flou - leur relation est complètement invraisemblable - peut-être un peu ultra-romancée aussi, mais je ne me suis pas énormément renseigné - mais est très durassienne) - qui a une classe assez superlative, d'ailleurs - et du fait qu'il parte (il ne l'a pas quittée, si ? j'ai l'impression d'un fanboy absolu). Je ne sais pas si je pourrais dire que c'est un film que j'ai aimé, mais c'est certainement un film qui m'a marqué par sa beauté épisodique et c'est peut-être un film que j'aimerai à terme.

Emeryck a écrit:

Duras parle de Yann Andréa (qui a été son compagnon dans un sens assez flou - leur relation est complètement invraisemblable - peut-être un peu ultra-romancée aussi, mais je ne me suis pas énormément renseigné - mais est très durassienne) - qui a une classe assez superlative, d'ailleurs - et du fait qu'il parte (il ne l'a pas quittée, si ? j'ai l'impression d'un fanboy absolu).

Yann Andréa a effectivement été le compagnon de Duras jusqu'à la mort de celle-ci - alors effectivement, pas dans le sens où Antelme et Mascolo ont été ses conjoints: c'était l'histoire d'amour d'un jeune homosexuel d'une vingtaine d'années qui rencontre l'auteure sexagénaire de films et de livres qui l'ont bouleversé, mais ils ont vraiment vécu ensemble de 1980 à 1996 (je me souviens des les avoir vus tous les deux, bien alcoolisés, là où on a déjeuné la dernière fois.)

En plus d'en avoir été l'exécuteur littéraire, il a écrit plusieurs livres sur sa vie avec Duras (littérairement, c'est du quasi-pastiche du style de Duras dernière manière) et il en est resté spectaculairement inconsolable (les mauvaises langues dans le milieu intello-gay l'avaient même surnommé la veuve Donnadieu.)

(Le rôle de Yann Andréa auprès de Duras dans les dernières années de sa vie et en suite comme exécuteur littéraire a été à l'origine de conflits violent avec Jean Mascolo, le fils de Duras et Dionys Mascolo.)

Benedictus a écrit:

[…] ([…], là où on a déjeuné la dernière fois.)

une suite ?

Je faisais allusion à un troquet du Quartier latin où Emeryck et moi avons cassé une croûte.

Je n'avais pas compris la phrase en ce sens.
"je me souviens des les avoir vus tous les deux, bien alcoolisés, là où on a déjeuné la dernière fois." Le "on" s'y prêtait, moins la temporalité.
J'avais supputé, à tort donc, une rencontre entre toi-même, Duras et Yann Andréa. En tant que fanboy, c'était trop ou trop peu.
Sous cet autre angle "privé", ma question n'a bien sûr pas d'objet.

Fanboy de Duras ou de Benedictus ? Je ne suis plus rien !!!

De Duras.

Moi j'avais compris «Si Benedictus avait été un fanboy de Duras, ç'aurait été trop ou trop peu.»

(Pour préciser: si j'aime inconditionnellement certains textes et même certains films de Duras, je n'ai jamais éprouvé, au mieux, qu'une très forte gêne à l'égard du personnage qu'elle a commencé à incarner à partir des années 80 - à quoi Yann Andréa semble justement n'avoir pas été étranger.)

Pour préciser à mon tour : le fanboy citait Emeryck et sa demande d'information sur un mode Gala à propos de Yann Andréa ( "j'ai l'impression d'un fanboy absolu" ). J'endossais ce rôle, plus par ironie (à mon égard), et aussi parce que j'ai dû véhiculer cette image à certains moments - India Song, par exemple, que j'étais un peu seul à défendre de mémoire -, que pour me poser en défenseur acharné de Marguerite Duras, que je connais de façon beaucoup trop lacunaire pour ce faire.

C'est le moment où jamais de dire que j'ai vu il y a quelques semaines l'adaptation de Barrage contre le Pacifique par René Clément, que j'ai trouvée très réussie, sensuelle, mélancolique, introspective sans pourtant être introspective ... et avec une superbe distribution (Perkins, Mangano, Van Fleet et Alida Valli, magnifique). J'ai tellement aimé que j'ai reconsidéré l'idée de lire à nouveau du Duras.

Mais pour être fidèle à "ma légende" précisons aussi que je viens juste de revoir pour la cinquième fois l'adaptation ultra camp - mais signée d'Andrew Lloyd Weber qui produit le film - du Fantôme de l'opéra par le bon Joel Schumacher (2004). Habituellement, déjà, j'aime beaucoup. Mais aujourd'hui (à cause peut-être de la fatigue accumulée du trimestre et à un gavage de sucre pré-Noël), j'ai carrément été tout ému.

Francesco a écrit:

[…] introspective sans pourtant être introspective ...

dès qu'on parle de Duras, les sens bifurquent !

je voulais dire "introspective sans être contemplative". Mais ça n'est pas beaucoup plus clair, en fait ...

Peu importe, à vrai dire les échanges qui précèdent sont plutôt drôles, et un peu hors sol

Benedictus a écrit:

(Pour préciser: si j'aime inconditionnellement certains textes et même certains films de Duras, je n'ai jamais éprouvé, au mieux, qu'une très forte gêne à l'égard du personnage qu'elle a commencé à incarner à partir des années 80 - à quoi Yann Andréa semble justement n'avoir pas été étranger.)

Tu n'aimes pas L'homme atlantique, donc ?

D'ailleurs, en parlant de Yann Andréa, que vaut son livre M. D. ?

Emeryck a écrit:

Tu n'aimes pas L'homme atlantique, donc ?

Je ne déteste pas, mais en effet, je n'aime pas beaucoup non plus.
En fait, mes films préféres de Duras, c'est Son nom de Venise dans Calcutta désert (alors que je trouve India Song souvent agaçant, malgré de très beaux moments), Le Navire Night, Césarée et Le Mains négatives (et, dans une moindre mesure, les deux Aurélia Steiner.)

Emeryck a écrit:

D'ailleurs, en parlant de Yann Andréa, que vaut son livre M. D. ?

Personnellement, j'avais trouvé ça assez horripilant, mais j'ai lu ça il y a très, très longtemps.

Claude Miller : Mortelle randonnée        1983

 +
Ce film a été réalisé par Claude Miller après Garde à vue et même si ce n'est pas un huis-clos comme celui-ci, j'ai trouvé qu'il y avait une similitude en terme d'atmosphère : quelque chose d'assez pesant et si le huis-clos ne se retrouve pas stricto sensu, le film est tout de même extrêmement statique, ne serait-ce que par l'obsession du personnage de Michel Serrault. Le film a été écrit par Michel et Jacques Audiard et cela est assez imprégné de la perte de son fils (respectivement frère) François Audiard, mort dans un accident de la route quelques années auparavant. En effet, le film parle d'un détective privé (superbement interprété par Michel Serrault) un peu à la ramasse qui, à l'occasion d'une enquête sur un homme, s'intéresse à sa femme, une jeune femme qui ressemblerait à sa fille défunte et qui épouse des hommes riches pour les tuer ; le scénario n'est pas plus compliqué que ça mais j'ai pourtant vraiment apprécié le film qui arrive à déployer une atmosphère assez forte et au demeurant très curieuse : il y a parfois des saillies assez drôles, comme s'il s'agissait d'un rire nerveux. La photographie de Pierre Lhomme est vraiment superbe, sans parler de la composition et du cabotinage épisodique de Serrault. J'ai par contre un peu regretté que le film soit aussi long (même si, à la fois, c'est ce qui le fait fonctionner, d'une certaine manière), notamment la bonne vingtaine de minutes avant la dernière partie où il rejoint le personnage d'Adjani ; globalement, ça reste tout de même un très bon film, un polar vraiment singulier.

Emeryck a écrit:

Ce film a été réalisé par Claude Miller après Garde à vue et même si ce n'est pas un huis-clos comme celui-ci, j'ai trouvé qu'il y avait une similitude en terme d'atmosphère

Ah, tu as trouvé? Pourtant, je trouve que Mortelle randonnée a quelque chose de très spécifique - un côté un peu surréalisant et barré, là où Garde à vue procédait d'une sorte de réalisme très épuré. J'aime beaucoup les deux, cela dit. (Et toi qui aimes le cabotinage de Serrault, là, tu es servi! Bien sûr, il faut aimer La Paloma.)

Benedictus a écrit:

Emeryck a écrit:

Ce film a été réalisé par Claude Miller après Garde à vue et même si ce n'est pas un huis-clos comme celui-ci, j'ai trouvé qu'il y avait une similitude en terme d'atmosphère

Ah, tu as trouvé? Pourtant, je trouve que Mortelle randonnée a quelque chose de très spécifique - un côté un peu surréalisant et barré, là où Garde à vue procédait d'une sorte de réalisme très épuré. J'aime beaucoup les deux, cela dit. (Et toi qui aimes le cabotinage de Serrault, là, tu es servi! Bien sûr, il faut aimer La Paloma.)

Oui, un peu. C'est vrai que Mortelle randonnée est beaucoup plus frénétique et barré mais je trouve que dans les deux, il y a quelque chose d'extrêmement statique et sombre que je n'ai pas retrouvé dans les autres Miller que j'ai vus.

The General (avec la musique de J.Hisaishi)

Jane Campion : The power of the dog        2021


Après plus d'une dizaine d'années d'absence au cinéma, Campion revient avec cette adaptation de la nouvelle homonyme de Thomas Savage ; il s'agit donc d'un western - dont seul le cadre a été gardé, en fait. Du western, il hérite ses lieux, sa photographie (vraiment belle) mais le traitement est, lui, bien plus moderne en abordant notamment la masculinité toxique - qui est ici, à travers le personnage interprété par Benedict Cumberbatch - d'une nature quasiment axiomatique (cf. la scène initiale du repas où l'on se moque du fils du personnage de Kirsten Dunst parce qu'il a soigneusement confectionné de belles roses en papier ou la scène très émouvante où Dunst ne peut pas jouer de piano devant le gouverneur et se frotte à des remarques paternalistes/condescendantes) et le film parle également de l'homophobie induite par cette obsession pour la masculinité - cf. la scène où le fils de Dunst se fait insulter de "pédale" et de "tantouze", etc. - notamment par des gens qui sont dans le déni (ce qui est suggéré dans plusieurs westerns classiques, il me semble - mais j'avoue que c'est un genre cinématographique que je n'adore pas alors je ne sais pas trop), notamment le personnage de Cumberbatch qui se cache pour admirer les photos de son mentor Bronco Henry qui lui a appris à monter à cheval. J'ai donc plutôt aimé le film mais je regrette qu'il soit aussi long : il ne dure qu'un peu moins de deux heures dix mais la première heure est vraiment trop lente pour moi et certains motifs comme le lasso puis sa transmission auraient peut-être pu être un peu plus denses.

Emeryck a écrit:

Benedictus a écrit:

Emeryck a écrit:

Ce film a été réalisé par Claude Miller après Garde à vue et même si ce n'est pas un huis-clos comme celui-ci, j'ai trouvé qu'il y avait une similitude en terme d'atmosphère

Ah, tu as trouvé? Pourtant, je trouve que Mortelle randonnée a quelque chose de très spécifique - un côté un peu surréalisant et barré, là où Garde à vue procédait d'une sorte de réalisme très épuré. J'aime beaucoup les deux, cela dit. (Et toi qui aimes le cabotinage de Serrault, là, tu es servi! Bien sûr, il faut aimer La Paloma.)

Oui, un peu. C'est vrai que Mortelle randonnée est beaucoup plus frénétique et barré mais je trouve que dans les deux, il y a quelque chose d'extrêmement statique et sombre que je n'ai pas retrouvé dans les autres Miller que j'ai vus.

Si tu ne l'as pas vu je te recommande La meilleure façon de marcher où on retrouve un peu ce que tu dis (en plus modeste vu qu'il s'agit de son premier film). J'aime beaucoup ces trois là d'ailleurs mais un peu moins la suite de la carrière de Miller. Pour Mortelle Randonnée l'étrangeté de l'ensemble doit aussi au livre de Marc Behm qui est adapté.

Et sinon rien à voir mais avez-vous eu l'occasion de voir la bande annonce de Cyrano, l'adaptation américaine qui arrive chez nous l'année prochaine   ?
Non ?
Heureusement que je suis là...

/watch?v=LKOAvmKpvQA

Ne me remerciez pas, c'est offert de bon coeur.
Seul Francesco (depuis son douloureux aveu sur Le Fantôme de l'Opéra) pourrait peut-être y trouver quelque chose ?
Et c'est un admirateur de Joe Wright qui vous dit ça...

Je n'ai pas souffert.

En effet, la bande-annonce de Cyrano d'Hollywood a fait ma soirée, ça a l'air d'avoir un potentiel nanaresque assez phénoménal .

J'aurais été plutôt client aussi mais les musiques ne m'enthousiasme pas des masses pour une comédie musicale (et hors Dinklage le casting n'a pas l'air très fou fou...)

Personnellement ma plus grosse attente (et je suis déchiré car je viens de voir que sa sortie n'est prévu qu'en Novembre prochain pour la France...) c'est le prochain Kenneth Brannagh dont le trailer fait beaucoup penser au génial Hope and Glory de Boorman (et ça semble un retour annoncer un retour en grande forme pour Brannagh après des années avec des films plutôt ratés ou quelconques)

/watch?v=Ja3PPOnJQ2k

J'attends aussi celui-ci (je ne comprends pas pourquoi il ne passe pas sur Netflix du coup comme partout ailleurs dans le monde), entre autres pour Dame Judi Dench . J'ai tout de suite pensé à Hope and Glory aussi. Les critiques un peu snobs ne sont pas nécessairement très tendres (sur un forum américain que je fréquente beaucoup, ça s'écharper dur sur le film).

J'ai quand même l'impression que c'est l'une de ses meilleure presse depuis longtemps (bon c'est pas forcément sans raison au regard de sa production dans les deux dernières décennies)

Ah ben c'est sa meilleure presse depuis les années 1990, c'est sûr ... et lui et le film sont de sérieux concurrents pour l'oscar.

André Téchiné : Rendez-vous        1985


Ce film est assez différent des autres films de Téchiné que j'ai eu l'occasion de voir : il raconte l'histoire de la naissance (assez horrible) d'une actrice (interprétée par Juliette Binoche dont c'est, je crois, le premier grand rôle au cinéma) qui monte à Paris. J'avoue que je n'ai pas particulièrement saisi ce que le film essayait de véritablement nous raconter : tous les personnages masculins sont abusifs et pénibles mais pour autant, je n'ai pas eu l'impression que le film cherchait à véritablement dénoncer le fait que le personnage de Binoche se fasse violer, subisse du chantage affectif ; j'ai même l'impression qu'il y a une petite romantisation comme si ce film était un peu un récit d'apprentissage, que c'était un peu ce qui allait forger son jeu, etc. et bien sûr, on le droit à une couche de eros/thanatos... comme c'est original - le scénario a été co-écrit avec Assayas, ça pourrait expliquer bien des choses... - ; ça aurait pu être amusant, si c'était ironique. Je dois en revanche admettre qu'en terme de mise-en-scène et de photographie, c'est assez impeccable, comme toujours chez Téchiné, mais ça n'a pas suffit à me faire aimer le film - qui, pourtant, compte Trintignant dans sa distribution.