PP/CM - ONIDF - Prokofiev-Tchaïkovski - 22/11/2021

Programme
Guillaume Connesson : Maslenitsa
Sergueï Prokofiev : Concerto pour piano n°3
Piotr Ilitch Tchaïkovski : Symphonie n° 5

Distribution
Orchestre National d'Île-de-France
Eugene Tzigane, direction
Florian Noack, piano

Souvenir d'un concert par ce même orchestre dirigé par Enrique Mazzola, à la PP, dans une 5ème de Tchaïkovski mémorable, aux accents gigantesques, j'ai réservé en espérant revivre une telle expérience. Le pianiste ne m'était pas inconnu, ses transcriptions m'intéressent, et j'étais curieux de l'entendre.

Connesson : intéressant petit morceau, avec une introduction aux contours "jazzy", une belle profondeur de cordes, et relativement mélodieux. Censé illustrer la Russie d'antan, mystique et profonde, je ne suis pas sûr que l'exercice soit réussi.

Prokofiev : ce qui m'a le plus ennuyé, c'est que le pianiste était quasiment systématiquement couvert par l'orchestre. J'étais pourtant vraiment bien placé. L'équilibre entre cuivres, percussions et piano n'a pas été trouvé. Je me demande s'ils n'y arrivent pas, ou s'ils oublient que ce qu'ils entendent sur scène n'est pas ce qu'entend le public qui est fatalement plus loin. Visuellement, le pianiste démontre une belle souplesse dans ce concerto si difficile, mais je ne peux pas vraiment me prononcer sur son jeu. Dommage ! Tout ceci manquait cruellement de mordant, de passion, de folie et d'originalité.
Rappel : Berceuse extraite des 12 études d'exécution transcendantes de Lyapunov. Morceau qui atteint son objectif.

Tchaïkovski : très partagé sur cette interprétation. Clairement, ce n'est pas le même niveau d'orchestre entre le concert dirigé par Mazzola et celui d'hier… Après mon expérience de septembre dernier à la Seine Musicale, j'en viens à me demander si l'ONIDF ne serait pas en train de se Pasdeloup-iser, ou de se Colonne-iser… Jouant des tubes, tarifs pas chers, interprètes de moyenne gamme, pas d'ambition programmatique… Je pensais que cette symphonie était tellement bien écrite qu'il était impossible de la rater. Premier mouvement particulièrement lent, voire gluant, quelques passages réussis, notamment les plus forte. La symphonie a enfin décollé au quatrième mouvement, où on retrouvait les phrasés dansants, les rythmes entrainants et entêtants, qui sauvent la soirée. Par contre, les cordes étaient quasiment inaudibles, couvertes par des percussions beaucoup trop sonores. L'équilibre des pupitres est à revoir, tant on perd la richesse de la partition.

Je vais donner d'autres chances à cet orchestre, notamment en privilégiant des dates avec leur directeur musical, Case Scaglione que je n'ai encore jamais entendu en live. Si les symptômes des deux concerts précédents se confirment, il faudra que je me retourne vers la bourse aux billets !

Rocktambule a écrit:

Après mon expérience de septembre dernier à la Seine Musicale, j'en viens à me demander si l'ONIDF ne serait pas en train de se Pasdeloup-iser, ou de se Colonne-iser… Jouant des tubes, tarifs pas chers, interprètes de moyenne gamme, pas d'ambition programmatique…

Clairement, Colonne, cette saison, ce ne sont pas des tubes ! La programmation est plus tradi sous Scaglione, très clairement, mais je n'ai pas remarqué de baisse de niveau (je les ai peu ou pas entendus depuis le Premier Déconfinement, cela dit). Et la programmation ménage quand même autre chose que des classiques favoris, avec un peu de contemporain dans chaque concert et souvent une œuvre moins courue à côté d'un tube.

DavidLeMarrec a écrit:

La programmation est plus tradi sous Scaglione, très clairement

La programmation de Mazzola n'était pas beaucoup plus exotique dans mes souvenirs : Le Sacre, Petrouchka, Tchaikovski 5, Beethoven 5, Mahler 5, le Requiem de Verdi, les valses de Strauss... (avec des concertos de Beethoven, Rachmaninov, Tchaikovski, Grieg...).
Certes avec souvent une oeuvre méconnue ou nouvelle en début de programme, mais toujours très courte.

Tandis que Scaglione a osé un programme 100% Sibelius dès sa première saison !
Et le concert de mardi prochain est vraiment sympa : la symphonie de chambre de Schreker et un concerto pour trombone de Dessner (et naturellement la 5e de Beethoven).

De toute façon, pour remplir la Philharmonie, l'ONDIF est quand même un peu obligé de jouer des choses assez connues.
Et dans les petits théâtres franciliens où l'orchestre assure l'essentiel de ses représentations, je pense qu'on est aussi très content d'entendre les tubes du répertoire !

Rocktambule a écrit:

Souvenir d'un concert par ce même orchestre dirigé par Enrique Mazzola, à la PP, dans une 5ème de Tchaïkovski mémorable, aux accents gigantesques

Ah oui c'était formidable, j'y étais aussi ! Quel chef ce Mazzola.

Pour le concert de lundi soir, peut-être que l'acoustique de la Cité de la Musique n'a pas aidé ? Surtout si tu étais placé à l'orchestre ?
Ce n'est vraiment pas une bonne salle pour le symphonique, le son devient assez vite désagréable.

tomseche89 a écrit:

Pour le concert de lundi soir, peut-être que l'acoustique de la Cité de la Musique n'a pas aidé ? Surtout si tu étais placé à l'orchestre ?
Ce n'est vraiment pas une bonne salle pour le symphonique, le son devient assez vite désagréable.

Pourtant, j'étais au balcon, de côté, quasiment au-dessus de l'orchestre, les meilleures places pour cette salle, à mon goût. Je pense vraiment qu'il y avait une mauvaise gestion des pupitres.

C'est vrai que, comparativement à la PP, la salle de la CM n'a pas une acoustique exceptionnelle. Peut-être qu'on a pris des goûts de luxe maintenant !

tomseche89 a écrit:

La programmation de Mazzola n'était pas beaucoup plus exotique dans mes souvenirs : Le Sacre, Petrouchka, Tchaikovski 5, Beethoven 5, Mahler 5, le Requiem de Verdi, les valses de Strauss... (avec des concertos de Beethoven, Rachmaninov, Tchaikovski, Grieg...).
Certes avec souvent une oeuvre méconnue ou nouvelle en début de programme, mais toujours très courte.

Il jouait beaucoup de contemporain, de pièces un peu hors de l'habitude des concerts (même si elles étaient célèbres), toujours mêlées avec des tubes évidemment : l'orchestre doit bien remplir, et sa vocation est d'apporter la musique dans des villes qui n'ont pas d'orchestre en résidence, donc faire entendre Beethoven 5 ou Petrouchka a tout son sens dans ce cadre.

Ils avaient fait tourner la suite de Doctor Atomic, et il y avait systématiquement du contemporain (accessible) en début de concert (Clyne, Fujikura…).

C'est peut-être une déformation rétrospective, mais chez Scaglione, cette saison, le seul programme un peu original est celui de la semaine prochaine.

Ce n'est pas un problème en soi, simplement que je les adore et que j'ai peu les occasions de les entendre dernièrement, vu qu'ils jouent des choses que j'ai déjà entendues souvent, et qu'il y a trop à découvrir pour simplement aller écouter des interprètes que j'aime dans des œuvres déjà très courues.


Pour Mazzola & Tchaïkovski : la 2 était encore plus extraordinaire !  Un de mes meilleurs concerts à la Philharmonie. (Mais ce n'était pas n'importe qui, il suffit de voir sa carrière pendant et depuis.)
Je l'avais entendu pour la première fois dans un Don Giovanni à Bordeaux (2003, je crois). C'était remarquable de fluidité et de qualité de chant (orchestral).

Rocktambule a écrit:

j'en viens à me demander si l'ONIDF ne serait pas en train de se Pasdeloup-iser, ou de se Colonne-iser…

En fait cette saison il y a plutôt d'un côté Colonne et les Lamoureux qui essaient de se distinguer par une programmation plus originale et plus proche de leur histoire, et Pasdeloup et l'ONDIF qui se concentrent principalement aux tubes, avec tout de même pour l'ONDIF plusieurs œuvres contemporaines. Il y a aussi un programme Chosta 1 - Études-tableaux Rachmaninov/Respighi, plutôt rares. Pasdeloup et l'ONDIF doivent tous les deux remplir la grande salle de la Philharmonie, ce qui ne joue pas en faveur des raretés. Le concert de la semaine prochaine avec pourtant la 5e de Beethoven est très mal vendu.

J'ai été voir au début de la saison Scaglione dans Ainsi parlait Zarathoustra et c'était vraiment bien, fluide, naturel, pas tonitruant, bien construit.

Les équilibres doivent être durs à régler pour un orchestre itinérant qui est "en tournée" pour chacun de ses programmes.

Oui, ils avaient mentionné cette difficulté lorsque j'avais été entendre leur Doctor Atomic à la Seine Musicale, et que j'avais trouvé le son (de la salle plutôt que de l'orchestre, d'ailleurs) très acide : c'était leur première fois dans cette acoustique, et apparemment ils étaient préoccupés par le rendu sonore. Ce doit être assez complexe à gérer, passer de la Philharmonie à l'espace culturel Prévert de Villeparisis !