PP - ONCT-Sokhiev - Berlioz - 06/12/2021

Programme
Hector Berlioz
Symphonie fantastique
Lélio ou Le retour à la vie

Distribution
Orchestre National du Capitole de Toulouse
Chœur : Orfeón Donostiarra
Tugan Sokhiev : direction
Vincent Le Texier : Le Capitaine
Mathias Vidal : Hotario, Voix imaginaire de Lélio
Lambert Wilson : récitant
José Antonio Sáinz Alfaro : chef de chœur

Petits commentaires à venir !

Inimaginable de manquer un concert de l'ONCT dirigé par Tugan Sokhiev ! Non seulement, je fais acte de fierté régionale, mais c'est surtout un orchestre de stature internationale, dirigé par un des meilleurs chefs de sa génération. Nous avons déjà évoqué sur ce forum la complicité évidente entre les deux. C'était donc un régal de les voir ensemble, dans ce programme relativement original : Lelio est rarement donné, même si j'ai pu lire ici qu'un programme identique avait été donné par les Siècles et Roth il y a quelques années.

Symphonie fantastique : j'ai beaucoup de mal avec cette symphonie, et je ne m'explique pas bien pourquoi. Elle a pourtant tout pour me plaire : effectif imposant, nombreux climax, mélodies marquées... Écoutée de nombreuses fois au disque, je n'ai jamais accroché, jamais bien réussi à identifier la fameuse idée fixe, sans véritable envie de m'y mettre non plus. Beaucoup de mal à me concentrer dessus, cela me paraît ni totalement désagréable, ni particulièrement intéressant.
Je comptais donc profiter de ce concert pour enfin entrer dans l’œuvre ! Ambition partiellement réussie lundi soir : j'ai trouvé la direction de Sokhiev tout à fait passionnante. C'est un "hyper-chef" : il est partout, il dirige la moindre nuance, la moindre inflexion. Il est particulièrement investi, impliqué. Il connaît sa partition sur le bout des doigts, il a une idée sur tout, il sait ce qu'il veut entendre, et il sait le communiquer à l'orchestre. Sa connexion évidente avec les musiciens s'est bien illustrée hier soir.
Même si j'ai toujours du mal à comprendre où va la symphonie, c'était un vrai régal de les regarder. Par contre, le mouvement central (Scène aux champs) m'a particulièrement ennuyé : frôlé par la somnolence, j'ai décroché, musique lente, étalée, sans mouvement, malgré quelques beautés à la clarinette... Heureusement, le souffle épique des premiers mouvements se retrouve à la fin, et le final m'a tiré plusieurs frissons, voire quelques larmes, lorsque l'armée de cuivres a entonné le Dies irae.
Toutefois, je suis encore passé à côté de l’œuvre : par exemple, je ne comprends pas pourquoi s'élever aussi haut dans le quatrième mouvement, pour avorter aussi vite. Je ne ressens pas les tourbillons décrits dans le programme de salle. Bref, je ne vois pas le "programme" et ce morceau n'arrive pas à me passionner, malgré sa matière orchestrale, une pâte sonore magnifique.

Lelio : quelle œuvre bizarre ! Un "mélologue", selon le programme de salle, genre mixte alternant morceaux musicaux et monologues dramatiques. La voix de Lambert Wilson était difficilement audible au début. Peut-être que l'acoustique de la PP ne se prête pas vraiment à la voix parlée amplifiée. Le texte est un peu tarte, typiquement romantique (comment mourir sans souffrir ? comment vivre encore si ce n'est dans la mémoire de la souffrance de cet amour perdu... ? blablabla...). Déclamé avec la voix ampoulée de Lambert Wilson, c'était à la fois un peu ridicule et attachant. Les passages musicaux étaient un peu trop courts à mon goût. J'ai bien aimé les passages chantés par Horacio (Mathias Vidal), avec une voix vraiment magnifique et une aisance impressionnante, moins ceux chantés par le Capitaine (Vincent Le Texier). Le chœur était agréable, sans plus... A un moment, une clarinettiste s'est littéralement fait emballer dans un drap noir. L'effet sonore recherché m'a un peu échappé.
Il était facile de décrocher de cette œuvre, qui reste malgré tout une expérience à vivre au moins une fois. Même si c'est dans cet objectif qu'elle a été conçue, je trouve dommage de la jouer après la Symphonie fantastique, qui constitue, malgré tout, le plat de résistance.

Concert roboratif, plus de deux heures de spectacle, ça reste une belle soirée !

Rocktambule a écrit:

jamais bien réussi à identifier la fameuse idée fixe,

Souvent joué à la clarinette : c'est le premier moment où ça commence à s'animer au début, tu l'as aussi à nu à la fin de Marche au supplice (clarinette solo).

Citation :

Même si j'ai toujours du mal à comprendre où va la symphonie, c'était un vrai régal de les regarder. Par contre, le mouvement central (Scène aux champs) m'a particulièrement ennuyé : frôlé par la somnolence, j'ai décroché, musique lente, étalée, sans mouvement, malgré quelques beautés à la clarinette...

C'est le but. Vraiment une scène distendue (il faut bien voir le programme du rêve sous stupéfiants), où il ne se passe rien si ce n'est le passage de l'orage. Quand c'est bien joué (et pas sûr que Sokhiev soit celui qui ait le goût le plus subtil pour ce genre de chose), ce peut être assez magnétique en salle, malgré la temporalité lente.

Citation :

Même si c'est dans cet objectif qu'elle a été conçue, je trouve dommage de la jouer après la Symphonie fantastique, qui constitue, malgré tout, le plat de résistance.

De fait, c'est la première fois, je crois, que je vois Lélio programmé ainsi à la suite de la Fantastique !

DavidLeMarrec a écrit:

Citation :

Même si c'est dans cet objectif qu'elle a été conçue, je trouve dommage de la jouer après la Symphonie fantastique, qui constitue, malgré tout, le plat de résistance.

De fait, c'est la première fois, je crois, que je vois Lélio programmé ainsi à la suite de la Fantastique !

C'était déjà le cas pour Roth il y a quelques années (avec Michel Fau en récitant, Michael Spyres en ténor et Florian Sempey en baryton... immense souvenir à tous les niveaux!)

Oui, et c'est conçu pour, non?

Tout à fait, mais je n'avais pas le souvenir de l'avoir vu passer (je croyais que Roth l'avait donné isolément).

Comme c'est pas de la très bonne musique, je ne suis allé ni à l'un ni à l'autre.

Un très bon souvenir: https://classik.forumactif.com/t9174-pp-berlioz-fantastique-lelio-roth-26-05-19

Il y a eu aussi une très belle interprétation au TCE en 2009 par l'Orchestre national, Riccardo Muti et Gérard Depardieu (j'y étais).
Il est vrai que Lélio est une oeuvre très hétéroclite, mais il y a tout de même la "Fantaisie sur la Tempête" où l'on retrouve le fabuleux orchestrateur.
Il est vraiment regrettable qu'on ne l'entende pas isolément