Athénée - Schmitt, Touchard - Masmondet - 09/12/21

Fabien Touchard : Prologue pour Salomé pour bande électroacoustique ; Loïe pour ensemble instrumental
Florent Schmitt : La Tragédie de Salomé (version originale pour ensemble instrumental)

Sandrine Buendia, soprano
Ensemble Les Apaches
Julien Masmondet, dir.

Je n'ai pas eu le temps de faire plus tôt un compte-rendu de cette rareté qu'est la version originale pour vingt instrumentistes de la Tragédie de Salomé de Florent Schmitt donnée au Théâtre de l'Athénée. Personne n'y est allé ?
Etant un grand admirateur de la version orchestrale que l'on entend habituellement, je ne pouvais pas rater ce spectacle.
Spectacle hélas, car il y avait juste au-dessus des musiciens, qui étaient installés sur la scène, un écran sur lequel était diffusée une video assez pénible.
J'ai compris assez vite qu'il fallait éviter de la regarder et me concentrer sur les musiciens. Ne me demandez donc pas de la décrire ! J'ai passé l'heure entière à essayer de l'oublier !
Je me suis aperçu assez tard que les titres des différentes parties étaient inscrits sur l'écran.
Cela m'a beaucoup intéressé d'entendre l'intégralité de l'oeuvre, car il y a tout de même un peu plus de 30 minutes de musique supplémentaire.
Mais j'ai eu l'impression que Schmitt avait su choisir pour sa suite d'orchestre les plus belles pages. A moins que ce soit le fait de déjà les connaître ?
C'est naturellement une très subtile instrumentation, mais l'apreté de certains passages, habituelle chez ce compositeur, est encoie accentuée par cette instrumentation.
Cette salle est très sonore, prévue pour qu'il y ait sur la scène du théâtre plutôt que de la musique. Du coup les cuivres ( 2 cors, 1 trompette, 2 trombones) étaient un peu assourdissants.
Le passage le plus prenant a été pour moi le chant de la soprano, qui arrive du lointain depuis la salle, suivi de la danse des éclairs.
Il me reste à écouter le cd anregistré par Patrick Davin pour confirmer ou infirmer mes impressions.
Je passe vite sur les oeuvres de Fabien Touchard. L'oeuvre pour bande émectroacoustique était diffusée avant le spectacle. Etant arrivé peu avant le début du spectacle je ne l'ai entendue que le temps de m'installer
et de changer de place. Cela m'a paru inoffensif ! Quant à l'oeuvre pour ensemble instrumental, je ne me sens décidément pas capable de juger cette musique atonale. J'ai entendu cependant un beau solo de flûte,
une sorte de Syrinx plus conremporain, excellement joué, et il m'a semblé que le compositeur avait un beau talent d'orchestrateur.

Je n'y étais pas (trop de travail, d'autres urgences, et j'avais déjà vu l'œuvre en salle il n'y a pas longtemps au CNSM !). Il n'y aurait pas eu la vidéo, j'aurais probablement rempilé tout de même.

Pour moi, vraiment pas évident que Schmitt ait choisi les meilleurs moments : il a choisi les danses, mais toutes les articulations dramatiques ont été supprimées. Pour moi c'est comme L'Oiseau de feu, il n'y a pas de raison de se priver de pages dans ce chef-d'œuvre.

Sans vouloir (ou pouvoir) trancher le débat sur meilleurs moments ou pas, il n'y a que de grands moments dans la version grand orchestre, c'est sûr, mais finalement je ne suis pas tout à fait convaincu de l'équilibre de l'ensemble, je trouve qu'après le prélude on arrive en fait trop vite à de grands moments de tension et au point culminant de l'oeuvre, un peu comme si on prenait la première moitié de la première partie du Sacre puis qu'on enchaînait directement avec la danse sacrale.
J'aurais adoré que Schmitt réorchestre pour grand effectif l'ensemble de l'oeuvre, tout simplement.

C'est vrai, et puis on entend vraiment que ce sont des numéros de danse, on perd tout le liant dramatique… Et en effet, toute la préparation du drame dans la première partie est assez extraordinaire avant l'explosion des danses.

Il est assez logique que Schmitt ait supprimé une partie des "articulations dramatiques", puisque son oeuvre devenait une pièce de concert. Mais tout de même, je lis sur la notice du cd que, sur les six danses, il n'en a gardé
que trois. Supprimées les danses du Paon, des Serpents et de l'Acier.
Moi aussi je regrette qu'il n'ait pas réorchestré l'ensemble.

Je la trouve vraiment très bien, la version de chambre. Dans la version pour grand orchestre, j'ai toujours l'impression (surtout visuellement) qu'il y a beaucoup de monde qui regarde jouer dans pas mal de sections.

(Mais comme je suis de l'école « moins il y a de gens, mieux c'est », je ne suis pas sûr qu'il faille prendre mon avis trop au sérieux sur ce point.)

DavidLeMarrec a écrit:

Je la trouve vraiment très bien, la version de chambre. Dans la version pour grand orchestre, j'ai toujours l'impression (surtout visuellement) qu'il y a beaucoup de monde qui regarde jouer dans pas mal de sections.

(Mais comme je suis de l'école « moins il y a de gens, mieux c'est », je ne suis pas sûr qu'il faille prendre mon avis trop au sérieux sur ce point.)

Je suis plutôt de l'école "plus il y a de gens, mieux c'est" ! Pénétrer dans une salle et voir la scène bourrée à craquer de musiciens, avant d'avoir entendu une seule note, c'est une jubilation ! Les Gurre Lieder sont parfaits pour ça !
Maintenant, il faut voir ce que fait le compositeur de cette masse. Il est souhaitable à certains moments que des musiciens regardent les autres jouer !

Tout pareil!

J'aime la puissance de la masse orchestrale, mais j'aime encore plus la dentelle de plusieurs harpes, la richesse de nombreuses percussions, les divisions des cordes, etc...