Autour de la musique classique Le but de ce forum est d'être un espace dédié principalement à la musique classique sous toutes ses périodes, mais aussi ouvert à d'autres genres. |
|
| PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 | |
|
+4Rocktambule Stolzing DavidLeMarrec mickt 8 participants | Auteur | Message |
---|
mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Jeu 17 Mar 2022 - 11:19 | |
| MERCREDI 16 ET JEUDI 17 MARS 2022 – 20H30 Grande salle Pierre Boulez, Philharmonie de ParisWolfgang Amadeus Mozart — Musique funèbre maçonnique • Concerto pour piano n° 22Thomas Larcher — Symphonie n° 2 « Cénotaphe », création française Gustav Mahler — Symphonie n° 10 (Adagio)Orchestre de Paris Klaus Mäkelä, direction Leif Ove Andsnes, piano Fedor Rudin, violon solo (invité) Super programme, j'y vais ce soir. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97901 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Jeu 17 Mar 2022 - 11:47 | |
| J'ai adoré la symphonie de Larcher, tellement plus saisissante qu'au disque : écriture tout en contrastes, qui soutient en permanence l'intérêt entre tension-détente intelligible et grands traits hardis, une manière rhapsodique et presque narrative…
L'impact physique est patent, mais jamais intrusif ; il semble avoir beaucoup étudié les tutti de Bernstein (les accents très incisifs) – et sa conception mêlant références, progressions et détournements fait réellement penser à un Mahler d'aujourd'hui (la forme en moins, peut-être).
Je voyais pour la première fois Mäkelä avec l'OP : ce qu'il obtient est remarquable, une tension jamais relâchée, l'engagement entier d'un orchestre qui n'est pas toujours à ce niveau de bonne volonté. En particulier payant dans l'Adagio de Mahler 10, et dans le Larcher, très incarné par l'orchestre.
Je me demandais qui était ce konzermeister exceptionnel : Fedor Rudin, petit-fils de Denisov, élève de Roussev, konzertmeister du Philharmonique de Vienne… ! |
| | | Stolzing Mélomaniaque
Nombre de messages : 1063 Localisation : Paris Date d'inscription : 10/05/2010
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Jeu 17 Mar 2022 - 11:51 | |
| J'y étais hier, dans une philharmonie très vide.
Musique funèbre prise dans un tempo lent et avec une belle assise grave, comme j'aime, mais les équilibres instrumentaux n'étaient pas idéaux, les premiers violons, assez maigres et aigres, étaient noyés dans les vents. Dommage, ça aurait pu être bien... Ensuite, un 22e concerto très bien fait, avec des équilibres bien meilleurs et un orchestre qui sonnait bien et Andsnes propre sur lui, musical et sans chichis, j'ai beaucoup aimé.
Je ne connaissais pas Larcher, j'ai bien aimé l'oeuvre, j'ai même acheté le CD à la sortie. Aucun avis sur l'interprétation, mais orchestre très percutant et bien sonnant, aucun moment d'ennui. Une interrogation sur un point mineur : l'oeuvre a été commandée par la banque nationale autrichienne pour célébrer ses 200 ans, et on se retrouve avec une symphonie sous-titrée cénotaphe, en hommage aux migrants morts noyés. J'admets que jubiler sur le bicentenaire d'une banque est peut-être difficile, mais de là à faire dans le mortuaire... J'avais été aussi étonné, il y a longtemps, de voir que l'Allemagne avait commandé à Rihm une oeuvre pour célébrer les 50 ans de la république fédérale et qu'il avait pondu un truc carrément lugubre (in doppelter Tiefe) en lien avec l'incendie du Reichstag. Ce ne sont que deux exemples isolés, mais je me demande si la musique contemporaine, prise dans son affreux esprit de sérieux, est capable d'offrir de temps en temps de la gaité...
Pour finir, bon adagio de la 10e de Mahler. Je m'aperçois que je l'écoute très rarement, c'est regrettable, c'est vraiment une oeuvre émouvante et intéressante. |
| | | mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Jeu 17 Mar 2022 - 12:29 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Fedor Rudin, petit-fils de Denisov, élève de Roussev, konzertmeister du Philharmonique de Vienne… !
Oui fait konzertmeister au Staatsoper en 2019 (et en période probatoire à l'Orchestre philharmonique), mais il a démissionné en 2021. Il est franco-russe, est-ce que le poste à l'OP pourrait l'intéresser ? Pour l'instant il fait une carrière de soliste. - Stolzing a écrit:
- J'y étais hier, dans une philharmonie très vide.
Après le concert de Yuja Wang la semaine dernière, plutôt bien rempli, et celui avec Buniatishvili la semaine prochaine, archi-complet, c'est le creux de la vague. Il faut dire que le programme n'est pas très gai, et on ne connaît pas Larcher en France. |
| | | Rocktambule Mélomaniaque
Nombre de messages : 833 Date d'inscription : 28/03/2018
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Jeu 17 Mar 2022 - 12:31 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- J'ai adoré la symphonie de Larcher, tellement plus saisissante qu'au disque : écriture tout en contrastes, qui soutient en permanence l'intérêt entre tension-détente intelligible et grands traits hardis, une manière rhapsodique et presque narrative…
J'y vais ce soir : je n'avais pas sélectionné ce concert dans mon abonnement, mais j'ai justement découvert la symphonie de Larcher au disque récemment, et je l'adore ! Si l'expérience est supérieure au concert, je m'attends à un moment d'exception ! |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97901 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Jeu 17 Mar 2022 - 17:26 | |
| - Stolzing a écrit:
- Je ne connaissais pas Larcher, j'ai bien aimé l'oeuvre, j'ai même acheté le CD à la sortie. Aucun avis sur l'interprétation, mais orchestre très percutant et bien sonnant, aucun moment d'ennui. Une interrogation sur un point mineur : l'oeuvre a été commandée par la banque nationale autrichienne pour célébrer ses 200 ans, et on se retrouve avec une symphonie sous-titrée cénotaphe, en hommage aux migrants morts noyés. J'admets que jubiler sur le bicentenaire d'une banque est peut-être difficile, mais de là à faire dans le mortuaire... J'avais été aussi étonné, il y a longtemps, de voir que l'Allemagne avait commandé à Rihm une oeuvre pour célébrer les 50 ans de la république fédérale et qu'il avait pondu un truc carrément lugubre (in doppelter Tiefe) en lien avec l'incendie du Reichstag. Ce ne sont que deux exemples isolés, mais je me demande si la musique contemporaine, prise dans son affreux esprit de sérieux, est capable d'offrir de temps en temps de la gaité...
C'est vrai que les contemporains gais n'abondent pas. On a quand même quelques exemples à l'opéra (Les Bains Macabres de Connesson) ; on a aussi eu à la PP un Mason Bates avec Pittsburg qui rutilait très agréablement, mais très peu de comédies véritables ou de pièces simplement portées par la jubilation lumineuse, c'est vrai. Le paradoxe que tu soulignes est frappant, c'est vrai. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97901 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Jeu 17 Mar 2022 - 17:30 | |
| - mickt a écrit:
- Oui fait konzertmeister au Staatsoper en 2019 (et en période probatoire à l'Orchestre philharmonique), mais il a démissionné en 2021. Il est franco-russe, est-ce que le poste à l'OP pourrait l'intéresser ? Pour l'instant il fait une carrière de soliste.
Dans sa bio, ils parlent en effet de sa carrière de soliste – et il a assurément le niveau, rarement entendu des solos de konzertmeister de ce niveau à Paris, orchestres étrangers inclus ! - Rocktambule a écrit:
- J'y vais ce soir : je n'avais pas sélectionné ce concert dans mon abonnement, mais j'ai justement découvert la symphonie de Larcher au disque récemment, et je l'adore ! Si l'expérience est supérieure au concert, je m'attends à un moment d'exception !
J'ai trouvé ça très supérieur au disque (où l'on perçoit moins les contrastes, en plus très bien écrits et remarquablement réalisés par l'OP, impressionnant physiquement mais jamais agressif), donc tu devrais passer un bon moment. Pas de longueurs en tout cas, malgré les 35 minutes, ce qui constitue en soi un exploit. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97901 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Jeu 17 Mar 2022 - 17:33 | |
| - Stolzing a écrit:
- J'y étais hier, dans une philharmonie très vide.
Honnêtement, pas si vide que ça vu le programme. Les deux balcons de face étaient très peu remplis, mais le parterre et les premiers balcons latéraux étaient plutôt pleins. Ça paraît difficile de faire déplacer les gens sur un compositeur que l'on ne connaît pas, et en plus vivant ! Pour ma part il a vraiment fallu que je prenne le temps d'aller écouter avant de me décider… J'avais justement cette conversation avec des professionnels du secteur, qui expliquaient qu'on cherchait à rapprocher au maximum les abonnements de la réservation, parce qu'une très grande part des réservations sont faites par achat d'impulsion, immédiatement après la présentation ! Donc on imagine bien que tous ceux qui feuillettent la brochure pour chercher un concert ne vont pas s'arrêter sur « tiens, un compositeur inconnu vivant, et si je prenais le risque de m'ennuyer ? ». Parce que très souvent, au bout de quelques minutes, on en a un peu marre (Saariaho dernièrement : cinq minutes c'était très chouette, vingt c'était long). Même quand on est un auditeur aguerri. |
| | | Rocktambule Mélomaniaque
Nombre de messages : 833 Date d'inscription : 28/03/2018
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Jeu 17 Mar 2022 - 17:39 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- J'avais justement cette conversation avec des professionnels du secteur, qui expliquaient qu'on cherchait à rapprocher au maximum les abonnements de la réservation, parce qu'une très grande part des réservations sont faites par achat d'impulsion, immédiatement après la présentation !
C'est marrant, parce que je fonctionne à l'inverse : si je lis dans le programme une œuvre que je ne connais pas, j'aimerais avoir le temps de l'écouter au disque avant de réserver définitivement. La proximité entre la réception de la brochure de saison et la réservation ne me laisse pas le temps, c'est dommage ! |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Jeu 17 Mar 2022 - 17:52 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Stolzing a écrit:
- Je ne connaissais pas Larcher, j'ai bien aimé l'oeuvre, j'ai même acheté le CD à la sortie. Aucun avis sur l'interprétation, mais orchestre très percutant et bien sonnant, aucun moment d'ennui. Une interrogation sur un point mineur : l'oeuvre a été commandée par la banque nationale autrichienne pour célébrer ses 200 ans, et on se retrouve avec une symphonie sous-titrée cénotaphe, en hommage aux migrants morts noyés. J'admets que jubiler sur le bicentenaire d'une banque est peut-être difficile, mais de là à faire dans le mortuaire... J'avais été aussi étonné, il y a longtemps, de voir que l'Allemagne avait commandé à Rihm une oeuvre pour célébrer les 50 ans de la république fédérale et qu'il avait pondu un truc carrément lugubre (in doppelter Tiefe) en lien avec l'incendie du Reichstag. Ce ne sont que deux exemples isolés, mais je me demande si la musique contemporaine, prise dans son affreux esprit de sérieux, est capable d'offrir de temps en temps de la gaité...
C'est vrai que les contemporains gais n'abondent pas. On a quand même quelques exemples à l'opéra (Les Bains Macabres de Connesson) ; on a aussi eu à la PP un Mason Bates avec Pittsburg qui rutilait très agréablement, mais très peu de comédies véritables ou de pièces simplement portées par la jubilation lumineuse, c'est vrai.
Le paradoxe que tu soulignes est frappant, c'est vrai. Mouais. Disons que si on veut de la gaité à jet continu, façon Offenbach-Rossini, oui, d'accord. Mais des œuvres de musique contemporaine où la joie (et même parfois un certain humour) n'est pas absente, il y en a quand même - y compris dans les scies des atonalistes institutionnels: les Notations de Boulez, la Sinfonia de Berio, Stimmung de Stockhausen, les Aventures de Ligeti (sans parler de la majeur partie du catalogue de Messiaen), ce ne sont vraiment pas des œuvres lugubres, au contraire! Et puis plus près de nous, dans les œuvres les plus virtuoses et pulsées de Henze ou de Rzewski, de Manoury ou d'Adams, de Poppe ou de Bates, en effet, l'esprit est plus à la jubilation qu'à la sinistrose, il me semble. (Au demeurant, en dépit de son sous-titre, je n'ai pas trouvé cette symphonie de Larcher particulièrement lugubre, à l'écoute; dramatique, tout au plus.) |
| | | Prosopopus Mélomaniaque
Nombre de messages : 901 Age : 41 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/11/2017
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Ven 18 Mar 2022 - 9:14 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
C'est vrai que les contemporains gais n'abondent pas. N'importe quoi ! Complètement d'accord avec Benedictus pour le coup. - Spoiler:
La preuve : Stockhausen racontant la blague du curé, de la prostituée et de la vache. Wolfgang Rihm imitant De Funès dans Rabbi Jacob "Herr Grünspecht, ja, wie ein Grünspecht, tak tak tak"Aribert Reimann en cosplay de Pierre Dac Magnus Lindberg s'apprêtant à faire au percussionniste sa blague de la mailloche qui se détache dans sa pièce Sculpture. Et il paraît qu'on a vu Lachenmann sourire le 14 mars 1976.
|
| | | mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Ven 18 Mar 2022 - 9:29 | |
| |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Ven 18 Mar 2022 - 9:37 | |
| - Prosopopus a écrit:
- Spoiler:
La preuve : Stockhausen racontant la blague du curé, de la prostituée et de la vache. Wolfgang Rihm imitant De Funès dans Rabbi Jacob "Herr Grünspecht, ja, wie ein Grünspecht, tak tak tak"Aribert Reimann en cosplay de Pierre Dac Magnus Lindberg s'apprêtant à faire au percussionniste sa blague de la mailloche qui se détache dans sa pièce Sculpture. Et il paraît qu'on a vu Lachenmann sourire le 14 mars 1976.
Génial! - Prosopopus a écrit:
- Et il paraît qu'on a vu Lachenmann sourire le 14 mars 1976.
En fait, il n'est pas le dernier pour la déconne, mais, contrairement à son pote Wolfy, il évite d'apparaître sur la photo. Par exemple, ici, on le voit essayer de sortir du champ en loucedé: |
| | | Rocktambule Mélomaniaque
Nombre de messages : 833 Date d'inscription : 28/03/2018
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Ven 18 Mar 2022 - 12:20 | |
| Très belle seconde partie de ce concert au programme mal construit à mon sens.
Public très jeune et assez clairsemé. Applaudissements entre chaque mouvements...
Mozart : ce n'est pas mon répertoire, j'ai tenu pour la Marche funèbre, mais je me suis endormi pour le concerto. C'est de la jolie musique, mais de la musique d'agrément, rien qui ne soit en capacité de me toucher ou me bouleverser. Rappel : Chopin, Mazurka op.30 n°4, très bien jouée.
Larcher : fascinante symphonie qui alterne avec succès et brio musique tonale et modernité. Pupitres de percussions impressionnants : on peut facilement passer la symphonie entière à les regarder se déplacer avec urgence entre les instruments, en faisant suivre la partition (Emmanuel Hollebeke les bras chargés d'une petite forêt de baguettes de toutes formes, tailles, composition...). Instruments rares : deux plaques-tonnerres, une sorte de spirale-ressort, des cloches, xylophones, glockenspiels, on frotte même des sortes de papier à poncer, des tonneaux rouge et bleu... et tellement d'instruments dont je regrette de ne pas connaître le nom ! Je note qu'il manquait un héliophone, dommage ! Par ailleurs, un piano arrangé, pour lequel un percussionniste se détache de son pupitre pour aller pincer deux fois un sol grave, mais aussi un célesta, ou un accordéon qui réussit à se faire entendre au milieu de ce foisonnement sonore inouï... On est constamment en train de chercher d'où vient le son. C'est d'une originalité déroutante et vivifiante. Mäkelä totalement dans son élément, avec une direction particulièrement élégante : est-ce qu'il danse ou est-ce qu'il dirige vraiment ? Ses gestes sont-ils musicaux ou esthétiques ? Je me suis régalé ! Avis non partagé par une dame au parterre qui n'a cessé de manifester son ennui en soupirant tellement fort que je l'entendais du premier balcon. Symphonie très applaudie. Compositeur présent dans la salle, vêtu d'un costume noir over-size et de chaussures futuristes, en raccord avec sa symphonie.
Mahler : difficile de se plonger dans Mahler après un tel voyage ! Difficile aussi d'encaisser un programme aussi roboratif, et quoiqu'on pense de cette œuvre, l'Adagio était de trop dans cette soirée. Il aurait peut-être fallu un programme plus léger : Marche funèbre - Adagio - entracte - Larcher. Ambiance recueillement pour cet extrait posthume, alternant entre douleur et sérénité. A noter : aucune percussion sur scène, alors que tout le catalogue des instruments se trouvait encore sur scène. Magnifique climax avec un accord dissonant, suivi d'un exposé calme aux cordes et pour un final en douceur. C'est sûrement un morceau qui mériterait une meilleure place qu'une fin de concert après une symphonie à la modernité éreintante. J'espère avoir d'autres occasions. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97901 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Ven 18 Mar 2022 - 12:37 | |
| - Benedictus a écrit:
- Mouais. Disons que si on veut de la gaité à jet continu, façon Offenbach-Rossini, oui, d'accord.
Oui, je pensais justement à l'humour (non sarcastique) ou à la joie sans mélange… On n'en a vraiment pas beaucoup. - Citation :
- Mais des œuvres de musique contemporaine où la joie (et même parfois un certain humour) n'est pas absente, il y en a quand même - y compris dans les scies des atonalistes institutionnels: les Notations de Boulez, la Sinfonia de Berio, Stimmung de Stockhausen, les Aventures de Ligeti (sans parler de la majeur partie du catalogue de Messiaen), ce ne sont vraiment pas des œuvres lugubres, au contraire!
C'est de la musique contemporaine ça ? Les Notations, c'est 1945, les Aventures c'est 1962… - Citation :
- Et puis plus près de nous, dans les œuvres les plus virtuoses et pulsées de Henze ou de Rzewski, de Manoury ou d'Adams, de Poppe ou de Bates, en effet, l'esprit est plus à la jubilation qu'à la sinistrose, il me semble.
Une forme de jubilation purement sonore qui reste assez sérieuse au fond, les sujet sont rarement légers. J'ai l'impression que toute la partie légère a été déléguée hors du classique. La remarque de Stolzing me paraissait donc plutôt bien vue (surtout ces œuvres pour ces circonstances !). |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97901 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Ven 18 Mar 2022 - 12:46 | |
| - Rocktambule a écrit:
- je me suis endormi pour le concerto. C'est de la jolie musique, mais de la musique d'agrément
Joué comme cela, à la tradi avec Andsnes, oui. Dans l'absolu, non, le 22 a vraiment des choses à dire. - Citation :
- Rappel : Chopin, Mazurka op.30 n°4, très bien jouée.
Mercredi on a eu un Silvestrov ! - Citation :
- Je note qu'il manquait un héliophone
Ça c'est chaud à jouer. - Citation :
- Ses gestes sont-ils musicaux ou esthétiques ?
Il le fait élégamment, mais gestique a l'air sobre, lisible et efficace, de ce que j'en perçois. - Citation :
- Mahler : difficile de se plonger dans Mahler après un tel voyage !
Oui, j'ai trouvé ça difficile aussi, de revenir à un langage plus ancien, et sans pause après la symphonie. Adagio / entracte / Symphonie, c'était largement suffisant ! (mais ça aurait été encore plus vide !) - Citation :
- J'espère avoir d'autres occasions.
On peut prendre le pari que oui. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97901 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Ven 18 Mar 2022 - 12:54 | |
| - Rocktambule a écrit:
- DavidLeMarrec a écrit:
- J'avais justement cette conversation avec des professionnels du secteur, qui expliquaient qu'on cherchait à rapprocher au maximum les abonnements de la réservation, parce qu'une très grande part des réservations sont faites par achat d'impulsion, immédiatement après la présentation !
C'est marrant, parce que je fonctionne à l'inverse : si je lis dans le programme une œuvre que je ne connais pas, j'aimerais avoir le temps de l'écouter au disque avant de réserver définitivement. La proximité entre la réception de la brochure de saison et la réservation ne me laisse pas le temps, c'est dommage ! Pareil pour moi (enfin, je ne m'abonne plus chez personne, donc mon problème s'est résolu de lui-même)… mais nous ne représentons qu'une petite minorité de forcenés qui veulent absolument lire chaque page de la brochure et ne rien manquer de ce qui est exaltant. La plupart du public survole et choisit 5 concerts « tiens, il y a Grimaud », « on n'a pas encore pris de Mozart cette année », etc. |
| | | luisa miller Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5871 Age : 924 Date d'inscription : 27/11/2008
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Ven 18 Mar 2022 - 13:56 | |
| - Prosopopus a écrit:
- DavidLeMarrec a écrit:
C'est vrai que les contemporains gais n'abondent pas. N'importe quoi ! Complètement d'accord avec Benedictus pour le coup.
- Spoiler:
La preuve : Stockhausen racontant la blague du curé, de la prostituée et de la vache. Wolfgang Rihm imitant De Funès dans Rabbi Jacob "Herr Grünspecht, ja, wie ein Grünspecht, tak tak tak"Aribert Reimann en cosplay de Pierre Dac Magnus Lindberg s'apprêtant à faire au percussionniste sa blague de la mailloche qui se détache dans sa pièce Sculpture. Et il paraît qu'on a vu Lachenmann sourire le 14 mars 1976.
Excellent le spoiler |
| | | mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Ven 18 Mar 2022 - 14:00 | |
| Le programme était clairement (trop) long, mais vraiment bien pensé : deux adagio funèbres en miroir ; Larcher mis en regard d’une de ses sources d’inspiration. Et puis un concerto doux-amer pour apporter un peu de lumière et de public.
Mozart : je rejoins plutôt Stolzing pour la Musique funèbre, une assise grave (les contrebasses étaient d’ailleurs alignées en fond de plateau, centrées), des violons peut-être trop émaciés et des équilibres entre vents et cordes pas tout à fait satisfaisants. Mais la conclusion diaphane était bien amenée.
Très joli concerto, même si mon esprit a battu la campagne à certains moments. Jeu sobre mais bien timbré, sensible, d’Andsnes, qui exprimait avec élégance l’enjouement ou la mélancolie. Et très bel accompagnement de l’orchestre, vivant et allant, où se distinguaient une petite harmonie en verve (Marc Trénel au basson), et, dans l’interlude rêveur du 3e mouvement, la star de la soirée : Fedor Rudin. On n’entendait plus que lui dans son dialogue avec le piano et les solistes de l’orchestre, avec un jeu d’une expressivité et d’une couleur incroyables, qui dessine en quelques traits tout un paysage viennois. C’est aussi l’occasion de souligner les trouvailles d’orchestration de Mozart, assez nombreuses dans ce concerto.
En bis une Mazurka de Chopin. La veille c'était Silvestrov : j’ai lu un commentaire qui voyait là une mise en rapport subtile entre l’Ukrainien d’aujourd’hui et le Polonais dont le pays luttait pour son indépendance.
Larcher : captivant ! Je l’avais écouté dans l’enregistrement de Lintu avec la Radio finlandaise, mais l’impact en salle démultiplie clairement les qualités de l’œuvre. Si on aime Mahler, Stravinski, ou l’école planante balte pour la coda, on est en terrain familier, et la construction qui distingue toujours bien les différents thèmes permet aussi de s’y retrouver. Il y a aussi des passages à l’aspect frénétique et dense, d'une sonorité plus contemporaine (Lindberg par exemple). Vous avez déjà évoqué l’instrumentarium considérable, parfois rigolo du côté des percussions, et la science de l’orchestration qui permet de toujours bien entendre les différents plans sonores. Dans les moments retenus il y a des tuilages mahlériens, par exemple ce motif qui passe d’une trompette en sourdine (superbement jouée par un souffleur non identifié), à la petite harmonie, puis au violon de Fedor Rudin.
C’est une œuvre à programme, composée en mémoire des migrants morts en traversant la Méditerrannée (s'agissant d'une pièce commandée pour l'anniversaire d'une banque, comme le souligne Stolzing, c'est... cocasse ?). On ne devinera probablement rien de ces intentions sans avoir lu la note de programme, peut-être même ne trouvera-t-on pas l’œuvre particulièrement sombre, mais l’alternance entre une forme d’hystérie enthousiaste et des passages désolés devient assez poignante si on a en tête le sujet.
Direction convaincue, énergique, limpide de Mäkelä. Pour répondre à Rocktambule, je ne sais pas s’il danse mais il bat toujours la mesure d’une manière très claire (de ce que j'en perçois du moins, je ne fais pas un commentaire technique).
Adagio de Mahler : pas à une position idéale dans le programme, mais c’était quand même bien. Il manquait le chouïa de concentration, de contrastes, de finition (les coups d’archets des violons commençaient à se désynchroniser) qui en aurait fait quelque chose de bouleversant, mais c’était une lecture généreuse et qui dans l’ensemble sonnait bien. Pour la première fois j’ai pensé « Il prend ça trop vite » à un concert de Mäkelä.
En somme : un programme copieux, intéressant, joué par un orchestre engagé, et dirigé par un chef qui se lâche de plus en plus. Difficile d’en demander plus. Avec en prime un violon solo exceptionnel !
(la saison prochaine, il y aura comme musique contemporaine par Mäkelä : Saariaho (*3), Dusapin, Jimmy López, Lindberg, Betsy Jolas.)
Côté public : remplissage moyen, et encore il a fallu faire appel aux arts obscurs pour attirer les spectateurs (on sent vraiment le manque d'habitude du concert classique). Les commentaires déjà coutumiers aux concerts de Mäkelä : il est jeune ! / il est élégant ! / il est beau ! |
| | | Prosopopus Mélomaniaque
Nombre de messages : 901 Age : 41 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/11/2017
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Ven 18 Mar 2022 - 14:50 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
Une forme de jubilation purement sonore qui reste assez sérieuse au fond, les sujet sont rarement légers. J'ai l'impression que toute la partie légère a été déléguée hors du classique. La remarque de Stolzing me paraissait donc plutôt bien vue (surtout ces œuvres pour ces circonstances !). Mais ça, c'est depuis les Romantiques et Wagner non ? Le fait que le legs des grands compositeurs ait été traité et joué dans ses grandes largeurs doit aider à percevoir les oeuvres plus apaisées (notamment tout ce qui a trait à l'enfance) mais ce n'est pas franchement la grosse gaudriole non plus dans les catalogues de Wagner, de Schumann ou de Mahler. Le contemporain naissant après guerre et notamment au centre de l'Europe, forcément on peut s'attendre à une musique un peu influencée par la sinistrose des années passées (sans vouloir non plus minimiser la dureté de la vie au XIXème). Quand on se penche sur la biographie de Stockhausen, on se dit qu'il va difficilement pouvoir mettre en musique La vie de Babar ou les badinages de Figaro. La légèreté dans le contemporain ça existe, y en a plein les pièces planantes de Max Richter ou de Ludovico Einaudi mais vous allez me dire c'est pas terrible et vous aurez raison mais faut savoir ce que vous voulez aussi. Sinon dans les compositeurs contemporains dont l'oeuvre laisse la place à une forme de légèreté et de douceur il y a Arvo Part ou György Kurtagi. Dans les opéras j'aurais bien cité les suivants : Le grand macabre de Ligeti Nixon in China de Adams (et ses autres opéras un peu déconnants) Alice de Unsuk Chin Powder her face de Thomas Adès Anna Nicole de Turnage |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97901 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Ven 18 Mar 2022 - 15:24 | |
| - Prosopopus a écrit:
- Mais ça, c'est depuis les Romantiques et Wagner non ?
Pas totalement, on a quand même eu Offenbach, Messager, Yvain, et beaucoup de petits-maîtres purement galants (la musique violon-piano ou piano seul d'intérieur)… toute une catégorie qui semble avoir assez largement disparu aujourd'hui. - Citation :
- La légèreté dans le contemporain ça existe, y en a plein les pièces planantes de Max Richter ou de Ludovico Einaudi mais vous allez me dire c'est pas terrible et vous aurez raison mais faut savoir ce que vous voulez aussi.
Oui, à la frange new age, ou dans le musical theatre, il y a des choses joyeuses, mais justement, ce n'est pas vraiment e la musique de concert. (Einaudi, c'est plus du classique, faut pas poucer.) - Citation :
- Dans les opéras j'aurais bien cité les suivants :
Le grand macabre de Ligeti Nixon in China de Adams (et ses autres opéras un peu déconnants) Alice de Unsuk Chin Powder her face de Thomas Adès Anna Nicole de Turnage Tu parles bien de la liste des opéras qui donnent envie de mourir, c'est cela ? (Powder Her Face, il va vraiment falloir m'expliquer ce qui est drôle, il faut vraiment avoir vu Wozzeck ou Mtsensk dans l'heure qui précède pour trouver ça mieux que désespérant. ) |
| | | Prosopopus Mélomaniaque
Nombre de messages : 901 Age : 41 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/11/2017
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Ven 18 Mar 2022 - 15:48 | |
| Ah pour Powder her face je ne sais pas j'aime pas Adès mais le sujet est un peu rigolo non ? J'avais vu des bouts sur Arte je crois. (je ne suis pas le mieux placé pour juger j'aime bien sept opéras je pense, et rien après Pelleas) |
| | | Rocktambule Mélomaniaque
Nombre de messages : 833 Date d'inscription : 28/03/2018
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Ven 18 Mar 2022 - 16:03 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- (Einaudi, c'est plus du classique, faut pas poucer.)
D'accord, pas de pouce ! Pourtant, je trouve un certain cousinage entre un Einaudi et un Glass (qu'on range pourtant dans les rayons classiques à la Fnac). |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97901 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Sam 19 Mar 2022 - 11:40 | |
| - Prosopopus a écrit:
- Ah pour Powder her face je ne sais pas j'aime pas Adès mais le sujet est un peu rigolo non ?
La déchéance sociale inexorable et abyssale d'une duchesse un peu demi-mondaine… Je ne vois vraiment pas à quel moment on peut sourire. Il n'y a pas les moments de lumière du Consul de Menotti, par exemple. |
| | | mickt Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2743 Date d'inscription : 05/03/2018
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Sam 19 Mar 2022 - 13:36 | |
| Il y aura On Purge Bébé sur une musique de Philippe Boesmans prochainement à la Monnaie, au Châtelet, à Lyon... |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91584 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 Sam 19 Mar 2022 - 18:37 | |
| Très très beau concert, j'y étais le mercredi.
La symphonie de Larcher avait retenu mon attention en écoute en ligne il y a quelques semaines, ses couleurs, son intensité, même si j'y trouvais des faiblesses et une certaine pauvreté. C'était en effet encore mieux en salle, impressionnant, et ça soutient l'intérêt. Très chouette d'avoir une vraie nouveauté (création française) intéressante en plat de résistance.
Tout le reste était également très réussi.
Programmme copieux, mais pas du tout trop long à mon goût. |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 | |
| |
| | | | PP– Mozart, Larcher, Mahler – Mäkelä Andsnes OP –16-17/03/22 | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|