- Citation :
- On sentait que le gratin du contemporain était dans la salle mais je n'ai reconnu que Klaus Mäkelä et Bertrand Chamayou.
J'étais là aussi.
Super soirée, pour ma part j'ai adoré l'expérience.
Alors, évidemment ils ont changé le programme entre le programme imprimé et la représentation. C'est déjà pas facile facile le contemporain mais si en plus on vous change vos maigres repères juste avant...
Finalement, on aura donc eu les pièces dans cette ordre là :
Richard Wagner Parsifal – Prélude de l’acte III
Iannis Xenakis Terretektorh
Olga Neuwirth Ondate II
ENTRACTE
Sofia Goubaïdoulina De profundis
Iannis Xenakis Nomos Gamma
Richard Wagner Parsifal – Prélude de l’acte I
Du coup, lorsque que Mickt évoque les musiciens qui s'emparent d'un sifflet pour un effet de sirène hurlante, ce n'est pas dans
Nomos Gamma mais justement dans
Terretektorh. Sinon, les Préludes de Parsifal s'enchainaient sans pause avec les morceaux de Xenakis.
Le changement de programme était plutôt une bonne idée je trouve, l'effet sonore et immersif étant plus complet dans Nomos Gamma, bien aidé par le final percussif hyper énervé et physiquement éprouvant. Le public se bouchait les oreilles par endroit (et encore, dans la version originale Iannis vous attendait à la sortie pour vous mettre un coup de chaine de vélo au travers de la figure mais ça n'a hélas pas été gardé ici
).
Pour les Xenakis je trouve que l'ensemble intercontemporain maîtrisait mieux Nomos Gamma, ce qui explique peut-être le choix d'inversion du programme. Dans
Terretektorh toutes les parties de fouets, de woodbox et de sifflets doivent être jouées par les musiciens, mais cela manquait un peu de cohésion pour bien donner cette impression de ruissellement et d'égouttement que j'entends dans ce traitement des percussions. Mais il y avait aussi de très belles choses (les gros crescendo inquiétants de cordes, cet effet de sirène hurlante effectivement).
Nomos Gamma était parfait de bout en bout, avec une spatialisation particulièrement réussie, d'autant que placé juste à côté d'un des contrebassons j'ai pu profiter de ce son de pet aquatique assez caractéristique
La construction par pupitre était très bien tenue, notamment la partie très plaintive des cuivres et le final rugissant des timbales et batteries est tout de même un grand moment de contemporain frondeur.
Je suis assez friand de ces pièces de Xenakis, pour moi on est dans ce qu'il aura proposé de meilleur, juste avant que ses oeuvres deviennent un peu trop construites sur les seuls effets sonores et sur la puissance du son. A partir de
Antikhthon et particulièrement de
Jonchées, je trouve qu'il ne se renouvelle plus trop et j'aime moins, même s'il y a des choses qui me plaisent bien tout de même, comme
La légende d'Eer dans le registre plus électronique ou
Shaar (pas original pour un sou mais qui m'évoque une version reconstruite de la musique de Hermann pour Psychose).
Le reste du programme était aussi très beau, notamment effectivement ce
De profundis par Vincent Gailly. On a pu entendre tous les effets de respiration de l'instrument et la lumière jouait sur les mécanismes chromés, projetant des reflets sur le sol de la salle, c'était d'une beauté fragile, très bel instant de grâce. La pièce est vraiment très belle, des parti-pris très contemporains dans les effets mais avec des moments très apaisés et des contrastes marqués.
La pièce d'Olga Neuwirth pour les deux clarinettes basses était un peu plus aride mais assez différent de ce que je connaissais de la compositrice, des pièces orchestrales plus amples et cinématographiques, plus portées sur une forme de pastiche de musique tonale je trouve. Ici c'est un dialogue entre les effets et timbres des deux instruments, reproduisant des grincements et stridences. J'avoue que l'ensemble m'a semblé assez intriguant pour être tenté de découvrir un peu plus la musique de Neuwirth (même si je vois au loin David et Xavier faire de grands signes de bras semblant dire "non malheureux".)
Et les deux bouts de Parsifal prenaient une coloration particulière avec cette configuration de l'orchestre. Pas forcément la meilleure et plus précise version mais lorsque comme moi on n'est pas un habitué de l'oeuvre c'était assez enthousiasmant comme façon de la proposer.
En bref, très très grand concert me concernant, sûrement mon préféré de ma saison 2021-2022.