TCE - Kopatchinskaja/Sinaisky-Tchaikovski/Strav.-22/03/22

Piotr Ilitch Tchaïkovski : Roméo et Juliette ; Symphonie n°4
Igor Stravinsky : Concerto pour violon

Patricia Kopatchinskaja, violon
Vassily Sinaisky, dir.
City of Birmingham Symphony Orchestre

Je me suis décidé à aller à ce concert pour entendre Tchaikovski dirigé par un chef russe, car cela risque de devenir rare dans les mois qui viennent.
L'orchestre de Birmingham est remarquable, avec particulièrement de très belles cordes, et une très grande cohésion. Les bois ne semblaient pas très au point dans Roméo,
mais ils se sont rattrapés dans le reste du programme. Sans doute un manque de répétitions.
J'y allais aussi pour tenter une nouvelle écoute du concerto de Stravinsky qui m'a laissé froid jusqu'à maintenant. Cela ne changera pas avec ce concert, malgré une violoniste très engagée, très enthousiaste.
En bis, la violoniste aux pieds nus a joué un morceau très contemporain, sans doute une improvisation, accompagné de grognements et borborygmes divers.
Heureusement, c'était court, mais au moins cela amusait la salle !
Dans les oeuvres de Tchaikovski, l'orchestre a joué avec de très beaux phrasés, de très belles nuances. On peut juste reprocher à ce chef très efficace un manque d'engagement
Ses interprétations étaient un peu lisses et manquaient de dramatisme. Mais la qualité de l'orchestre a racheté pour moi en partie ce défaut.
Le chef russe a annoncé en bis une oeuvre d'un compositeur ukainien : Mélodie de Miroslav Skoryk, de style plutôt musique de film, ou même variété, mais plaisante.
C'est visiblement son oeuvre la plus connue car on la trouve en nombre sur internet.

J'y étais aussi, et j'ai été franchement déçu par le Tchaikovsky, et globalement pas enthousiasmé par l'orchestre. En effet Sinaisky a pris ça très prudemment, ça passait à peu près dans Roméo et Juliette mais par contre la symphonie m'a parue pesante, sans souffle ni grâce. Côté orchestre, je suis probablement très tatillon mais après le Concertgebouw la semaine dernière (et les orchestres de Paris (OP, OPRF et ONF) toute la saison) ça fait bizarre d'entendre des décalages nets (au début de Roméo) ou des solistes qui se plantent au point que je le remarque (le hautbois au début du deuxième mouvement de la symphonie). Probablement le manque de préparation que tu évoquais.

Le bon point de la soirée pour moi ça a été le concerto de Stravinsky, une vraie découverte avec ses 4 mouvements au style assez distincts, j'ai adoré. Et là pour le coup la violoniste apportait l'énergie et le grain de folie qui manquait à l'orchestre.

Un peu mitigé sur ce concert et sur l'orchestre, très belles cordes en effet, mais petite harmonie vraiment brouillonne et sans aucun charme, cors assez laids aussi.
Sinaisky connaît son Tchaikovsky, direction économe qui m'a fait penser à Temirkanov. J'ai bien aimé la progression en intensité dans Roméo et Juliette, le début était timide mais on a vraiment senti le drame avancer, la 4e symphonie était plus impersonnelle ensuite.

Visiblement, Mirga a dirigé les concerts à Birmingham puis Sinaisky a repris la tournée in extremis, ce qui peut expliquer ce concert mi-figue mi-raisin.

Je découvrais Kopatchinskaja en salle, je lui dois donc mon premier fou rire en 15 ans de concerts classiques, avec ce bis improbable qu'elle a qualifié de "non sense", à l'image de l'époque que l'on vit, j'ai trouvé ça parfait !