25 MARS 2022 – 19H00
Conservatoire de Paris - Salle Rémy PflimlinWolfgang Amadeus Mozart —
Concerto pour piano n° 9 en mi bémol majeur KV271 « Jeunehomme »Victor Rouanet, 1ᵉʳ mouvement
Marie Célérier, 2ᵉ mouvement
Kyrian Friedenberg, 3ᵉ mouvement
Gustav Mahler —
Symphonie n°5, en do dièse mineurClara Baget, 1ᵉʳ mouvement
Antoine Petit-Dutaillis, 2ᵉ mouvement
Roman Rechetkine, 3ᵉ mouvement
Alizé Léhon, 4ᵉ mouvement
Félix Benati, 5ᵉ mouvement
Alain Altinoglu, professeur
Rodolphe Menguy, piano
Orchestre du Conservatoire
La classe de direction du CNSM propose régulièrement des concerts en public, qui permettent de découvrir ses élèves.
Programme généreux vendredi dernier. Concerto de Mozart pour commencer : c’est certainement un excellent compositeur pour tester les qualités des chefs, malheureusement je ne suis pas la bonne personne pour bien en juger. Je ne donnerai donc que quelques impressions : pupitres de cordes bien équilibrés et progression claire, qui ne se hâte pas dans l’introduction, lors du passage de
Victor Rouanet. Bel élan pour le 3e mouvement dirigé par
Kyrian Friedenberg.
Un mot sur
Marie Célérier, la benjamine du lot (du moins est-elle en première année), une figure attachante dont le parcours ne la prédestinait pas nécessairement à intégrer cette classe prestigieuse ( https://www.cmf-musique.org/entretien-avec-marie-celerier-jeune-cheffe-dorchestre/ ). Je l’avais vue plus tôt cette saison, encore timide, ici elle a su être bien attentive au soliste. Quelques entrées de cordes un peu floues peut-être.
Le pianiste a démarré doucement, pas mal de notes à côté, et a pris ses aises petit à petit. Joli troisième mouvement.
La Cinquième de Mahler ensuite : tout sauf une œuvre évidente à diriger, en particulier me semble-t-il les mouvements II, III et V, vrais maelströms où on ne sait plus donner de la tête.
Clara Baget ouvrait le bal : récente candidate au concours la Maestra, toute menue, elle a une gestique sobre, les bras restent plutôt près du corps, et sa lecture est claire, pas tonitruante, laisse respirer les pupitres, et sait ménager ses progressions. Belle trompette pour l’ouverture, et dans l’ensemble les prestations de l’orchestre seront remarquables.
Antoine Petit-Dutaillis, qui termine son cursus cette année, dirigeait le 2ᵉ mouvement,
Stürmisch bewegt : comme toujours chez lui une grande énergie déployée, on le croirait monté sur ressorts, ce qui correspond à la
größter Vehemenz réclamée par Mahler. Mais ça m’a paru trop haché pour commencer, avant de trouver un bon rythme vers le milieu du mouvement, et pour finir la machine a commencé à se dérégler, un des seuls moments où on a senti l’orchestre en difficulté (collective).
Roman Rechetkine pour le
Scherzo : encore une musique très agitée, tout sonnait assez fort, mais c’était rondement mené malgré cette difficulté à régler les dynamiques.
Adagietto dirigé par
Alizé Léhon : elle a choisi une lecture résolument romantique, vibrée, assez lente, et c’était très réussi, l’arche d’ensemble était belle, les longues lignes mélodiques étaient phrasées jusqu’au bout.
Pour terminer,
Félix Benati, celui qui s’est le plus distingué dans les concerts que j’ai vus, et ça s’est confirmé : visuellement déjà il se fait remarquer, haute silhouette filiforme aux longs bras, queue de cheval blonde qui pend dans le dos, tenues à la touche orientale, et allure vaguement mystique. Surtout, il a une prise en main remarquable de l’orchestre, ses levées, sa manière de marquer les entrées sont vives et agiles, on sent qu’il réagit en direct à la musique. Ici il a ciselé la musique et lui a donné toute la joie et tout l’élan qui l’animent. Au passage les fugues m’ont fait penser à celles des Meistersinger. C’était très enthousiasmant. À suivre absolument !
Célérier, Menguy, Rouanet, Friedenberg
Benati, Petit-Dutaillis, Rechetkine, Léhon, Baget