Votre dernier film visionné

Baron Méduse a écrit:

Emeryck a écrit:: Benoît Jacquot : La désenchantée 1990
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J'avoue que je ne sais pas trop quoi penser de ce film de Jacquot : le sujet est à la lisière du cringe (et parfois cringe) et ne m'a pas vraiment intéressé - d'autant plus que le scénario est assez minimaliste (du Jacquot, quoi) alors il n'y a pas grand-chose d'autre à quoi se rattacher. Malgré tout, j'ai beaucoup aimé la mise en scène et la photo, qui permettent de ne pas complètement nous ennuyer ; le jeu de l'actrice principale (Judith Godrèche) est aussi assez remarquable, mais c'est à peu près tout - ah non, j'ai oublié les personnages drôles tant ils se prennent au sérieux, notamment certains hommes que rencontre le personnage principal.

Je viens de lire le sommaire sur Wikipédia. Il me semble être plutôt intéressant.. tu as vu son film : Les adieux à la Reine ?

Non, je ne l'ai pas encore vu mais je n'adore pas Jacquot en général : aucun de ses films ne m'a jusqu'ici véritablement convaincu ; ceux que j'ai le plus aimés sont Villa Amalia, Les ailes de la colombe et La fille seule et il a quand même réalisé des trucs pas terrible voire des daubes comme Eva ; j'aimerais beaucoup voir ses premiers films car des gens disent que ça ressemble à du Bresson - notamment L'assassin musicien.

Mélomane chevronné Nombre de messages : 2227 Date d'inscription : 10/01/2011

De Hel Van '63 - Steven de Jong - 2009

Votre dernier film visionné - Page 4 SBJvAGFMnofGMiXzSOQGq0snvDK

Pas fantastique mais sympathique.

Anne-Marie Miéville & Jean-Luc Godard : L'enfance de l'art 1990
Votre dernier film visionné - Page 4 70306858

Ce film est un segment d'un film commandé par l'UNICEF, intitulé Comment vont les enfants ? dont tous les segments gravitent autour de l'éducation et de la guerre ; on retrouve à sa réalisation des réalisateurs comme Lino Brocka, Jerry Lewis ou Rolan Bykov. Le segment de Miéville et Godard dure un peu moins de dix minutes ; on y trouve plusieurs séquences disjointes, mettant toutes en scène des enfants, qu'ils jouent au foot ou qu'on leur lise des textes ; j'avoue que je n'ai pas trouvé ça extrêmement intéressant, notamment parce que le seul truc qui est filé, c'est ce message écrit au dos des photos, progressivement révélé (jusqu'à la fin, quel suspens !) pour qu'on découvre que le message était en fait "De toutes les tyrannies, la plus terrible est celle des idées" ; franchement, on a vu nettement plus intéressant dans les filmographies respectives de Miéville et de Godard.

Jean-Luc Godard : Hommage à Éric Rohmer 2010
Votre dernier film visionné - Page 4 Image-w1280

Bon, heureusement que ça ne dure que trois ou quatre minutes parce que ce n'est vraiment pas très passionnant : sur un écran noir, les titres de différents articles de Rohmer parus dans Les cahiers du cinéma se succèdent, avec un texte assez peu intéressant de Godard en fond ; à la fin, suspense : le vieux monsieur apparaît face à la caméra, d'abord en 16:9 puis en 4:3. Le film avait été commandé par Les films du losange en guise d'hommage à Rohmer, alors récemment disparu ; pas terrible.

Jean Epstein : Les berceaux 1932
Votre dernier film visionné - Page 4 B29TfpejLi7LD_lP0YfF8YqP58hW9F3HjYSd9SEm64se09BZleSmHEKJDWdQy7w5Dw

Il s'agit d'un court-métrage d'à peine plus de six minutes mettant en image le poème de Sully Prudhomme et la musique de Gabriel Fauré ; la réalisation est assez simple mais plutôt belle ; les personnages sont divisés en deux groupes : d'un côté, une femme berçant son enfant, de l'autre son mari parti à la mer ; le film dresse un parallèle entre le tangage du bateau et le bercement du bébé par la mère ; ça semble assez primaire mais j'ai trouvé que ça fonctionnait très bien dans la mesure où, bien sûr, ça reprenait ce truc du marin parti en mer mais ce parallèle redistribue un peu les cartes d'un point de vue expressif : ils sont finalement un peu tous ensemble via ce mouvement de balancement ; ce n'est certainement pas la plus grande œuvre d'Epstein mais j'ai bien aimé.

Mélomane chevronné Nombre de messages : 18977 Date d'inscription : 25/11/2012

ça y est, Emeryck est en plein marathon court-métrages pour dépasser les 500 films en 2022.

Mélomane chevronné Nombre de messages : 2227 Date d'inscription : 10/01/2011

lulu a écrit:: ça y est, Emeryck est en plein marathon court-métrages pour dépasser les 500 films en 2022.

Il ne les a pas déjà largement dépassé?

lulu a écrit:: ça y est, Emeryck est en plein marathon court-métrages pour dépasser les 500 films en 2022.

pff, n'importe quoi, j'étais en école de printemps à Dijon... pas tous les jours le temps de regarder Out 1 : noli me tangere...

lulu a écrit:: ça y est, Emeryck est en plein marathon court-métrages pour dépasser les 500 films en 2022.

C'est exactement ça Laughing

_________________
Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)

Louis Feuillade : Bout de Zan vole un éléphant 1913
Votre dernier film visionné - Page 4 Bout_de_Zan_vole_un_%C3%A9l%C3%A9phant

Ce film est une des quelques séries de films réalisées par Feuillade au début des années dix : il y a la série des Bébé et celle-ci, Bout de Zan, dans laquelle on suit les (més)aventures d'un enfant pris dans des trucs toujours improbables - je ne crois pas que ce soit vraiment pensé comme un sérial comme pouvait l'être Les vampires. Le titre ne ment pas sur la marchandise : au détour d'une fête foraine, Bout de Zan vole un éléphant et l'emmène un peu partout, chez lui à table ou se promène avec ; j'ai trouvé ça assez amusant.

Coupez!

+

Jubilatoire, très drôle. Very Happy

Alain Resnais
L'Année dernière à Marienbad

Votre dernier film visionné - Page 4 L_anne10

Office space

Very Happy

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Petit film acerbe, mordant et très réussi sur le monde de l'entreprise.

The Lighthouse, Eggers Very Happy

Il ne m'aura pas autant fait d'effet que The VVitch, mais tout de même ça m'a forcé le respect. Par contre c'est tellement clivant comme genre de film que j'aurais du mal à le conseiller sans bien connaître les goûts de mon interlocuteur. Assez hâte que The Northman soit dispo du coup bounce

Claude Bernard-Aubert : L'ardoise 1970
Votre dernier film visionné - Page 4 Media

J'avais découvert Claude Bernard-Aubert il y a quelques mois, pas sûr qu'on puisse parler d'une bonne découverte : rythme mou et photo assez plate. Ici, on est un peu sur une qualité similaire mais le film est d'un genre bien différent : il s'agit d'un polar assez classique, un buddy movies où tout commence en prison avec trois compagnons de cellule qui ne se connaissent pas puis montent un coup ensemble ; ici, l'un d'entre eux est un étudiant de Sciences-Po fils d'un diamantaire qui a été tué par un concurrent - qui a d'ailleurs envoyé le fils en prison ; ils s'embarquent tous les trois dans la préparation d'un coup de réplique. Le gros problème de ce film, au-delà de ceux déjà mentionnés, c'est qu'il se veut très sérieux mais qu'il n'est absolument pas crédible : les acteurs ne sont pas bons (Adamo est très mauvais, Jess Hahn se sent obligé de surjouer un accent invraisemblable, Constantin s'en sort un peu mieux mais il ne fait pas des étincelles) et le montage est assez calamiteux : le film semble vouloir installer un rythme lent et/mais implacable, comme s'il s'agissait d'inscrire les personnages au maximum dans le récit, comme si la dramaturgie découlait directement des coïncidences des trois trajectoires ; malheureusement, ça ne marche pas du tout et le film s'embrouille pas mal, se focalise sur des détails inutiles et la fin est vraiment assez ridicule. Bref, un film complètement dispensable.

xoph a écrit:: Alain Resnais
L'Année dernière à Marienbad

Emeryck a écrit:

xoph a écrit:: Alain Resnais
L'Année dernière à Marienbad

Je voyais pas trop quoi en dire, ni quels smileys. Mais finalement les tiens vont très bien ! (oui, c'est vraiment un très, très grand film). L'édition vidéo des Cahiers du Cinéma (avec Stavisky) donne un texte .pdf Marienbad année zéro de André S. Labarthe en bonus (très intéressant et partant d'un argument provocateur : "le dernier en date des grands films néoréalistes"). Si tu le connais pas et souhaites le lire > MP

Judd Apatow
The King of Staten Island

Neutral

pas de révélation, même en partant de très loin (Crazy Amy).
On reste un peu sur le même canevas : personnage en marge, dont le caractère subversif est amendé par de plus saines valeurs : les bizutages de chambrée, par exemple…
Je m'arrête avec Apatow.

Votre dernier film visionné - Page 4 43501510

Emeryck a écrit:: Jess Hahn se sent obligé de surjouer un accent invraisemblable

Je n'ai pas vu ce film-là, mais dans tous ceux que j'ai vus Jess Hahn a toujours ce genre d'accent (je veux dire: une caricature de l'accent américain tel qu'on se le représentait en France), c'était même un peu sa spécialité. Étant lui-même un Américain qui a fait l'essentiel de sa carrière en France, je pense que, plutôt que de s'attacher à faire disparaître son accent, il a dû au contraire le surjouer de façon à se créer un personnage - et s'en faire une rente de situation: dès qu'il y avait un rôle d'amerloque à distribuer, c'était pour lui.

La Tête du client

Very Happy

xoph a écrit:: [b]
Je m'arrête avec Apatow.

Tu n'as clairement pas choisi les bons films.
Ceux qu'il a réalisés lui-même sont moins bons que ceux qu'il a produits même si j'aime bien En cloque et (le début de) Funny People.
Par contre dans ces productions il y a des films très réussis mais avec un humour beaucoup plus slapstick et parodique.

Ron Burgundy présentateur vedette (véhicule pour Will Ferrel en présentateur télévisé du San Diego des années 70 et flutiste émérite)
/watch?v=_c_ufaxeSTs

Ricky Bobby : roi du circuit (sur l'univers très américain des courses de Nascar)
Superbad (et sa belle fin sur la musique de Curtis Mayfield)
Walk Hard - L'histoire de Dewey Cox (parodie de biopic musical)
et l'immense Step Brothers (Tanguy chez les WASP suburbains)

Tout cela est évidemment très influencé par la télévision américaine et notamment par l'émission Saturday Night Live dont proviennent la plupart de ses acteurs.

Fritz Lang : Ministry of fear 1944

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Ce Lang se situe entre Hangmen also die! et The woman in the window dont j'avais dit quelques mots il y a plusieurs mois ; j'ai trouvé le film peut-être un peu inégal : il propose des scènes véritablement marquantes (l'ambiance du début, assez mystérieuse) où tout marche très bien ensemble (la photographie dans la scène de fusillade, les scènes de dialogues au début du film dans l'asile) et de très bonnes idées (l'idée du gâteau !) mais ça ne dure pas complètement : la partie centrale s'essouffle peut-être un peu. Cependant, je crois que cette coexistence de genres différents est sans doute ce qui fait un peu une des forces du film : on passe du film noir, au thriller politique (avec quelques scènes oniriques : le début, la voyante, etc.) puis la scène finale est carrément de la comédie à la Wilder - elle me rappelle la réplique-qui-fait-mouche qui clôt Some like it hot.

Prosopopus a écrit:

xoph a écrit:: Je m'arrête avec Apatow.

Tu n'as clairement pas choisi les bons films.
Ceux qu'il a réalisés lui-même sont moins bons que ceux qu'il a produits même si j'aime bien En cloque et (le début de) Funny People.
Par contre dans ces productions il y a des films très réussis mais avec un humour beaucoup plus slapstick et parodique.

Ron Burgundy présentateur vedette (véhicule pour Will Ferrel en présentateur télévisé du San Diego des années 70 et flutiste émérite)
/watch?v=_c_ufaxeSTs

Ricky Bobby : roi du circuit (sur l'univers très américain des courses de Nascar)
Superbad (et sa belle fin sur la musique de Curtis Mayfield)
Walk Hard - L'histoire de Dewey Cox (parodie de biopic musical)
et l'immense Step Brothers (Tanguy chez les WASP suburbains)

Tout cela est évidemment très influencé par la télévision américaine et notamment par l'émission Saturday Night Live dont proviennent la plupart de ses acteurs.

Merci pour tes pistes, mais tout cela est fort loin, je le crains, de mes pôles magnétiques (et références), en tout cas trop loin pour inverser la polarité (répulsive en ce qui me concerne), suite à mes déconvenues, et puis j'ai déjà traumatisé mes filles avec Tanguy (sauvé par Dussolier-Azéma), ne manquerait plus que je le sois à mon tour. Concernant Apatow, pour ma part : il est urgent de ne rien faire… Votre dernier film visionné - Page 4 2661413304

Votre dernier film visionné - Page 4 2661413304

xoph a écrit:

Emeryck a écrit:

xoph a écrit:: Alain Resnais
L'Année dernière à Marienbad

Je voyais pas trop quoi en dire, ni quels smileys. Mais finalement les tiens vont très bien ! (oui, c'est vraiment un très, très grand film). L'édition vidéo des Cahiers du Cinéma (avec Stavisky) donne un texte .pdf Marienbad année zéro de André S. Labarthe en bonus (très intéressant et partant d'un argument provocateur : "le dernier en date des grands films néoréalistes"). Si tu le connais pas et souhaites le lire > MP

Je ne connais effectivement pas ce texte, du coup ça m'intéresse car j'aime énormément ce film. Smile

Serge Korber : Sur un arbre perché 1971
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Ce film vient juste après L'homme orchestre de Korber (à mon avis son meilleur film, en tout cas parmi ceux que j'ai pu voir) dont le rôle était déjà tenu par Louis de Funès ; ça n'a pas été un triomphe au box-office mais Korber et de Funès décident de renouveler l'expérience : le film est un peu dans la même lignée, piquant à l'égard du modèle capitaliste et des chefs d'entreprise et poursuivant la veine un peu expérimentale (toute proportions gardées...) de L'homme orchestre mais poussant cet aspect quelques crans plus loin et c'est là que le film sort de route : au début du film, le personnage de de Funès se retrouve un peu malgré lui avec deux personnes qu'il ne connaît pas dans sa voiture et a un accident ; sa voiture se retrouve donc sur un pin parasol à flanc de falaise et le reste du film est un huis-clos se passant dans la voiture. Je pense que vous voyez le truc venir, maintenant : ici, s'il n'y a pas de bons dialogues ou des idées solides, c'est la totale perdition et c'est effectivement ce qu'il se passe : les dialogues de Jean Halain ne volent pas haut et le film enchaîne les saynètes (parfois avec supplément cabotinage) qui n'ont pour point commun de n'être sans aucun intérêt ; petit à petit, des gens se ramènent et on essaie de les sortir de là : aucun intérêt pour moi ; c'est dommage car le début n'était pas si mal - même si les scènes d'embardées étaient complètement invraisemblables mais consciemment, à mon avis - enfin, je l'espère, sinon, c'est grave.

Alexandra Pianelli : Le kiosque 2020
Votre dernier film visionné - Page 4 0423220

J'ai lancé ce film complètement au hasard, il s'agit de la toute première réalisation d'Alexandra Pianelli et je dois avouer que j'ai été vraiment séduit par ce film : la réalisatrice travaille occasionnellement dans un kiosque transmis de génération en génération se trouvant place Victor Hugo à Paris ; elle décide alors de filmer quelques jours de travail dans ce kiosque. Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce film, c'est qu'il parle de beaucoup de choses : il parle bien sûr de l'histoire des kiosques (leur privatisation et du coup, le fait qu'ils doivent diversifier leur activité pour pouvoir survivre puis la préparation des revues de presse qui s'effectue via des journaux numériques) mais il parle également de la manière dont celui-ci s'insère dans la vie du quartier, nous présentant des gens qui n'auraient sans doute pas vraiment eu la parole autrement et ceci, sur une égalité de ton. J'ai trouvé que le film mettait également en place pas mal d'idées de mise-en-scène, notamment ces petits intermèdes très fabriqués qui utilisent le dessin sur papier ou même le passage avec le petit kiosque en carton confectionné par la réalisatrice ; il y a également ce jeux des contraires (parfois asymétrique) : le film s'ouvre sur un plan intérieur du kiosque avec tous les présentoirs encore à l'intérieur puis petit à petit, tout se déballe ; en réponse à ce plan, on a dans les dernières scènes du film un plan de clôture du kiosque mais on sait qu'il s'agit d'une clôture définitive ; dans cet ordre d'idée, j'ai trouvé qu'il y avait quelque chose autour du façonné et du "dé-façonné" : au début du film, la réalisatrice nous montre que dans les petits compartiments où l'on stocke la monnaie, il y a carrément des creux crées par l'usure, il y a également une petite cartographie (adorable) des habitué(e)s du kiosque et quelques notes diverses scotchées sur l'intérieur du comptoir ; à la fin, il y a une scène assez longue où l'on décolle tout, on revoie tout et le film se termine même sur l'extraction du kiosque de sa place et de son embarquement. J'ai en tout cas beaucoup aimé ce documentaire, sur un sujet très peu commun ; je l'ai trouvé d'une grande tendresse et j'ai l'impression qu'on peut le prendre de plein de manières différentes.

Franck Mancuso : Contre-enquête 2007
Votre dernier film visionné - Page 4 18736402

Je crois qu'il y a un certain temps que je n'avais pas vu un film qui m'avait autant agacé : sa seule (vraiment) originalité, c'est de mettre en scène Jean Dujardin dans un rôle très dramatique, ce qui ne m'intéresse peut-être pas tellement mais pourquoi pas. Ce film raconte l'histoire d'un capitaine de la brigade criminelle (interprété par Jean Dujardin) dont la fille va se faire violer pendant l'absence de quelques heures du père ; une enquête est ensuite très rapidement ouverte et un premier suspect est interpellé (bon, déjà, le capitaine veut lui exploser la tronche - à cet instant, j'avais encore un peu d'espoir en me disant "bon, ce n'est pas forcément valorisé" et espérais que le film ne soit pas un revenge movie) mais les preuves se font attendre ; qu'importe, il est envoyé en prison. En parallèle, le capitaine fait le lien avec une autre série d'affaire et met la main sur un pédocriminel tueur ; entre temps, le premier suspect est relâché ; entre temps, ce dernier avait écrit des lettre au capitaine dans lesquelles il clamait son innocence et on apprend aussi que le nouveau suspect ne peut pas avoir violé la fille car il y a des incompatibilités scientifiques. À sa sortie de prison, le premier suspecte décide de rencontrer la femme avec qui il entretenait une relation épistolaire et de rencontrer le capitaine mais ce dernier vers du sédatif dans sa boisson et décide de l'enterrer vivant à côté de sa fille. Le film m'a beaucoup énervé parce que les "coupables idéals" qui sont mis sous les verrous est un sujet très préoccupant et des gens voient leur vie détruite à cause de ça - en plus, ici, il n'y a pas que la vengeance, il y a aussi la femme qui a écrit au premier suspect qui doute de son honnêteté - ; la vengeance personnelle (surtout venant d'hommes qui se sentent légitime à tuer des gens parce qu'on a touché à "ce qui leur appartenait", confortés par le patriarcat et par des représentations comme celles-ci) est également un sujet à déconstruire (dans cette perspective) : on n'a franchement pas besoin de films qui mettent en scène des figures problématiques comme ça. En plus de ça, la trajectoire (très convenue...) du personnage de Dujardin est vraiment agaçante (et problématique) puisqu'il doute dans un premier temps des conclusions de l'enquête menée à la va-vite (à raison) et va donc mener sa contre-enquête pour finalement se rendre compte que les conclusions de l'enquête à la va-vite étaient les bonnes (et le film va vraiment bien nous faire comprendre que le premier suspect est un manipulateur ordurier qui a bénéficié de la clémence de la justice...). Quant aux autres aspects du film, ils sont d'une banalité affligeante : les dialogues sont d'une nullité dantesque (à titre d'exemple, le dernier échange du film, c'est un gars qui demande au personnage de Dujardin comment il va survivre à ça et il répond "ma vie s'est arrêtée il y a trois ans (quand sa fille a été tuée et violée" ou un truc de ce genre)), les acteurs sont quasiment tous mauvais sauf Dujardin qui est un peu mieux mais ce n'est pas non plus à tomber ; le scénario, l'enfer, donc - d'autant plus que Mancuso est un ancien flic, surprenant ! - ; la musique est également très banale et illustrative ; la réalisation n'est pas si mauvaise bien qu'elle aussi assez banale.

Andrea Arnold
Fish Tank

bounce

beaucoup aimé, sans illusions (fait penser à Ils mourront tous sauf moi !, la plus jeune sœur : "je t'aime bien, c'est toi que je tuerai en dernier") et pourtant d'une vitalité vorace (fait penser à Rosetta). Aussi fragiles, déchirés et "piteux" soient-ils, la grande force du film est de faire exister les liens qui, malgré tout, unissent (contrairement à Ils mourront tous sauf moi !, vu récemment)

Votre dernier film visionné - Page 4 Fish_t10

Victorin Jasset : Protéa 1913
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Ce film a une histoire un peu particulière : il a rencontré un grand succès lors de sa sortie, notamment parce que ce film bénéficiera de quatre suites (chacune réalisée par un réalisateur différent, il s'agit ici du dernier film réalisé par Jasset) mais inspirera sans doute certains personnages emblématiques du cinéma muet français : à travers le personnage de Protéa interprété par Josette Andriot, comment ne pas penser à Musidora qui officiera quelques années plus tard dans Les vampires de Feuillade sous les traits d'Irma Vep ou dans son Judex, inspirant à leur tour d'autres réalisateurs comme Georges Franju et Olivier Assayas mais sans doute d'autres (de manière plus indirecte) comme Jean Rollin ; malgré la notoriété dont il a bénéficié, ce film a longtemps été considéré comme perdu et ce n'est qu'à la toute fin qu'il a été partiellement retrouvé, restauré et reconstitué à partir de trois négatifs (un français, un néerlandais, un argentin !) avec quelques longs intertitres pour combler les parties perdues, la version actuelle ne fait que cinquante minutes. Je ne sais pas comment était la version initiale mais je ne suis pas convaincu qu'on gagnerait énormément parce que le fil de l'histoire est ici assez clair (et très simple) : la Celtie et la Slavonie ont signé un pacte d'alliance, ce n'est pas au goût de la Méssenie qui décide d'engager Protéa (qui accepte à condition de faire sortir son ami l'anguille de prison) pour voler le papier attestant de ce pacte. On a ensuite le droit à une série d'aventures complètement délirantes où Protéa et l'Anguille vont se déguiser en tout et n'importe quoi pour passer inaperçus (à un moment, ils sont poursuivis et décident de faire brûler un pont puis de se déguiser en pompiers ; ou alors, à un moment, l'Anguille veut se déguiser en singe alors il observe des animaux au zoo) ; le film est vraiment dans cette idée du cinéma comme continuité de la prestidigitation (qu'est-ce que c'est dynamique ! ça parvient à ne pas tellement nous ennuyer alors que l'histoire n'est pas très passionnante) mais a déjà un pied dans la mode du sérial qui viendra quelques années après. Certaines parties semblent également avoir été colorées et font appel à de grands contrastes, j'ai beaucoup aimé cet effet, on dirait que la pellicule est presque en feu.

Jacqueline Audry : La garçonne 1957
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J'ai été assez déçu par ce film : ce n'est pas vraiment mauvais mais j'ai trouvé ça assez ennuyeux malgré quelques moments assez amusants. On suit une fille de bonne famille qui s'apprête à se marier, sauf que son mari la trompe éhontément avec son amie ; du coup, elle claque la porte et décide de vivre sa vie et on la surnomme alors "La garçonne" ; bon, après, c'est moins drôle, elle retrouve son gars et un de ses professeurs qui vont la ramener à sa vie d'avant... Pas extrêmement passionnant et on ne peut pas dire que les acteurices soient particulièrement remarquables ; il n'y avait rien pour retenir mon attention.

xoph a écrit:: Andrea Arnold
Fish Tank

beaucoup aimé, sans illusions (fait penser à Ils mourront tous sauf moi !, la plus jeune sœur : "je t'aime bien, c'est toi que je tuerai en dernier") et pourtant d'une vitalité vorace (fait penser à Rosetta). Aussi fragiles, déchirés et "piteux" soient-ils, la grande force du film est de faire exister les liens qui, malgré tout, unissent (contrairement à Ils mourront tous sauf moi !, vu récemment)

Oui très beau film! Une des grandes réalisatrices contemporaines avec Lynne Ramsay une autre britannique (écossaise). On peut penser aux Dardenne ou a Ken Loach mais avec une poésie visuelle, une certaine sensualité de l'image qui n'est pas vraiment l'une de leur qualité.

Je vais faire une comparaison qui paraitra peut être un peu étrange, mais la manière d'Andréa Arnold me fait parfois penser à une sorte de Terence Malick matérialiste (et sans voix off) il y a quelque chose dans le grain de l'image, peut être son utilisation du grand angle, qui me fait faire le lien.

Albert Dupontel : Enfermés dehors 2006
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+ /

Il s'agit du troisième long-métrage de Dupontel, je n'ai pas vu le second (Le créateur qui est apparemment dans un style assez différent et qui a moins marché que Bernie) mais ici on est dans la nette lignée de Bernie (l'histoire est très décalée et le montage est très haché) même si le traitement des personnages est peut-être un peu plus humain. L'histoire de ce film est plutôt simple : un policier se suicide, un SDF (interprété par Dupontel) trouve ses habits, décide de les ramener au commissariat mais il s'en fait dégager comme un malpropre et décide alors de s'improviser policier et ensuite, ça vrille : il croit qu'un enfant a été enlevé par un homme d'affaires (alors qu'en fait, il a juste été enlevé par ses grand-parents) et décide de le ramener à sa mère. Pour moi, l'histoire n'est pas tellement importante (parce qu'en fait, elle est tellement simple mais aussi tellement embrouillée par le montage qu'on s'en fout un peu) mais ce qui est plus impressionnant (sans être extrêmement intéressant non plus), c'est la manière effrénée dont le film nous met des nouveaux sujets sur la table : on dirait vraiment qu'il y a un placard de sujet et que Dupontel nous les balance tous à la gueule comme s'il s'agissait de vider le placard le plus vite possible : on parle bien sûr de la police, du matage des minorités qu'ils organisent mais on fait bien sûr coexister les grands chefs d'entreprise et les plus pauvres ; bon, ce n'est pas hyper original ni hyper poussé (surtout sur le second point) mais c'est plutôt amusant, même si le rythme effréné du film est assez fatiguant à la longue.

Parsifal a écrit:

xoph a écrit:: Andrea Arnold
Fish Tank

beaucoup aimé, sans illusions (fait penser à Ils mourront tous sauf moi !, la plus jeune sœur : "je t'aime bien, c'est toi que je tuerai en dernier") et pourtant d'une vitalité vorace (fait penser à Rosetta). Aussi fragiles, déchirés et "piteux" soient-ils, la grande force du film est de faire exister les liens qui, malgré tout, unissent (contrairement à Ils mourront tous sauf moi !, vu récemment)

Oui très beau film! Une des grandes réalisatrices contemporaines avec Lynne Ramsay une autre britannique (écossaise). On peut penser aux Dardenne ou a Ken Loach mais avec une poésie visuelle, une certaine sensualité de l'image qui n'est pas vraiment l'une de leur qualité.

Je vais faire une comparaison qui paraitra peut être un peu étrange, mais la manière d'Andréa Arnold me fait parfois penser à une sorte de Terence Malick matérialiste (et sans voix off) il y a quelque chose dans le grain de l'image, peut être son utilisation du grand angle, qui me fait faire le lien.

Ce film me donne envie d'aller plus loin dans sa filmographie.
Tu parles de sensualité, et je crois que tu as raison (la jument, la danse avec la mère, les scènes d'amour, même la scène de l'audition chorégraphique), et aussi plus profondément une forme de proximité du regard, enveloppant et affectueux (même pour le séduisant séducteur, dont le rôle est ambivalent, manipulateur et libérateur, a(i)mant néanmoins ; ou l'étreinte qui clôt la scène de rapt). On est loin des Dardenne (que j'aime) effectivement, et de cette distance souvent froide qu'ils établissement par rapport leurs personnages (ce qui est une autre façon de les amener à exister), voire submergés par leur force et ce qui échappe (Rosetta).

>>>>
Un joli article sur Rosetta dans le Monde (sans doute sur abonnement). J'en donne quelques extraits en spoiler :
https://www.lemonde.fr/archives/article/1999/09/29/sur-les-pas-de-rosetta-joconde-de-la-fracture-sociale_3569422_1819218.html

Sur les pas de Rosetta, Joconde de la fracture sociale:

.

Rebecca Zlotowski
Une fille facile

L'impression que ça eut pu être très bien, et que ça s'effiloche un peu de toute part. Plutôt habile dans le contre-emploi de la bimbo (Zahia Dehar, dont vous connaissez sans doute l'histoire).
Et pour le générique de fin qui donne en entier la Mélodie Hongroise de Schubert D.817 à la guitare par Dominique Chevalier I love you

Votre dernier film visionné - Page 4 54512310

xoph a écrit:: Rebecca Zlotowski
Une fille facile
Et pour le générique de fin qui donne en entier la Mélodie Hongroise de Schubert D.817 à la guitare par Dominique Chevalier

Oui, c'est le seul souvenir positif que j'ai de ce film, ça m'avait vraiment agacé lorsque je l'avais vu à sa sortie.

Mélomane chevronné Nombre de messages : 2227 Date d'inscription : 10/01/2011

The Dead Don't Die - Jim Jarmusch- 2019

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Totalement délirant et exaltant même si plein de défauts, ou pas...

Thelonious a écrit:: The Dead Don't Die - Jim Jarmusch- 2019

Totalement délirant et exaltant même si plein de défauts, ou pas...

Je devais être mal luné (et surtout manquer du code source) Votre dernier film visionné - Page 4 2661413304

. Pour moi, un des moins bons Jarmusch, c'est à dire déjà un très bon film !

Maurice Tourneur : The broken butterfly 1919
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Il s'agit du premier film de Maurice Tourneur (le père de Jacques Tourneur, donc) que je vois ; j'ai plutôt aimé, les images étaient assez belles (superbement restaurées par Pathé !) et il y avait quelques moments intenses. Malgré tout, je n'ai pu m'empêcher de souffler par moments tant l'histoire était parfois binaire (la marâtre vs. le gentil homme qui sauve Marcène) et nous sert parfois quelques poncifs très romantiques (l'artiste qui puise son inspiration dans la nature et dans ses amours) même si l'histoire a la mérite de parler des relations familiales toxiques. J'ai également été un peu dérangé par la manière dont les intertitres étaient gérés : il y en a énormément et ce sont souvent des gros blocs de texte de plusieurs lignes et le texte était extrêmement écrit, on aurait presque pu croire à des citations d'un roman un peu précieux par moments ; c'est dommage que ça n'ait pas été plus pensé dans une perspective rythmique - peut-être pas positivement mais peut-être en se disant que balancer des pavés régulièrement pourrait gâcher le rythme du film.

Quai des orfèvres

Very Happy

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Bon, ça y est, j'ai essayé de regarder Titane: j'ai absolument détesté - mais je conçois tout à fait qu'on puisse trouver ça bien pour de bonnes raisons. (Je veux dire par là que c'est un film radicalement pas-pour-moi, mais pas pour autant une immonde daube racoleuse.)

Benedictus a écrit:: Bon, ça y est, j'ai essayé de regarder Titane: j'ai absolument détesté - mais je conçois tout à fait qu'on puisse trouver ça bien pour de bonnes raisons. (Je veux dire par là que c'est un film radicalement pas-pour-moi, mais pas pour autant une immonde daube racoleuse.)

Attends de voir la palme 2022... Mr. Green

Pas certain que ce soit celle de la subtilité mais j'espère me tromper.

Oui, je pensais à Bac Nord (dont j'ai regardé les vingt premières minutes il y a peu), en fait, en écrivant «immonde daube racoleuse.»

Bon, je viens de regarder The VVitch de Robert Eggers. C'est moins lent et moins léché plastiquement que The Lighthouse (moins, hein: ça ne veut pas dire non plus au-dessus de ces deux reproches); disons qu'on est passé à très peu de choses d'un film qui aurait pu vraiment me plaire (c'est surtout le dernier quart d'heure qui gâche tout, quand on passe d'un film fantastique austère à un film d'horreur cheap.)

(PS: vous pensez que le lapin est une allusion au Père Noël est une ordure?)

Djourha Abouda & Alain Bonnamy : Ali au pays des merveilles 1975
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Abouda et Bonnamy sont très liés à l'université de Vincennes, construite seulement quelques années auparavant, ils avaient déjà réalisés plusieurs films sur la culture kabyle ; ici, derrière un titre assez amusant et piquant, se cache un film qui parle des conditions de vie des algériens en France au milieu des années soixante-dix. Le film commence avec une (longue) liste de tous les algérien(ne)s tué(e)s en France, ne serait-ce que pour l'année soixante-quinze, et il y en a une bonne vingtaine. Après cette brève introduction, le film donne la parole à des algérien(ne)s qui nous parlent du racisme qu'ils subissent, que ce soit de la défiance systématique dont iels sont victime, des métiers usants qu'iels exercent, ou des inégalités salariales, du volume horaire délirant, des insultes, de la violence. Sur ces témoignages, le film fait principalement cohabiter les images des travailleur/ses algérien(ne)s et celles des français qui se divertissent ; quelques séquences montrent aussi les répressions policières mais aussi les lieux où vivent ces travailleur/ses. Le rythme assez rapide du montage et le recours au split-screen et superpositions permet de varier un peu le procédé ; on a aussi quelques vues du Paris des années soixante-dix et pas toujours des quartiers les plus filmés, ça fait toujours plaisir.

Entrée des artistes

Very Happy

Benedictus a écrit:: Bon, je viens de regarder The VVitch de Robert Eggers. C'est moins lent et moins léché plastiquement que The Lighthouse (moins, hein: ça ne veut pas dire non plus au-dessus de ces deux reproches); disons qu'on est passé à très peu de choses d'un film qui aurait pu vraiment me plaire (c'est surtout le dernier quart d'heure qui gâche tout, quand on passe d'un film fantastique austère à un film d'horreur cheap.)

(PS: vous pensez que le lapin est une allusion au Père Noël est une ordure?)

Tout a fait d'accord pour The VVitch, la fin est décevante (mais tout ce qui précède est vraiment bien et réellement original!), par contre je trouve The Lighthouse beaucoup plus abouti, mais il faut dire que ni une photographie ni une photographie léché ni la lenteur ne sont des critères rédhibitoire pour moi Mr. Green

Et puis The Lighthouse avec son côté théâtre de l'absurde on s'en fiche un peu que ça finisse en queue de poisson (presque littéralement si l'on peut dire)

Je me souviens plus du lapin dans The VVitch?

J'ai préféré the VVitch, je pense surtout grâce à ces tableaux clairs-obscurs qui m'ont bien marqué (mais c'est vrai que la fin atténue tout ce qui venait avant). En tout cas j'ai bien savouré les deux sunny

Youssef Chahine : Gare centrale 1958
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J'avais découvert le cinéma de Chahine un peu par hasard, en salle, avec Le sixième jour dont Dalida tenait le rôle principal ; je n'avais pas trouvé ça mauvais mais je suis resté quasi-constamment en dehors du film et malgré les belles images, je m'étais pas mal ennuyé. Ici, le film m'a déjà un peu plus personnellement intéressé : il se passe entièrement dans la gare du Caire et nous présente un portrait de personnage assez divers ; le film pousse vraiment à fond cette idée (assez simple mais qui peut donner lieu à pas mal de variations d'un point de vue dramatique) de la gare comme lieu de transit et de rencontres que l'on peut retrouver dans pas mal de films. On suit le personnage principal, un vendeur de journaux (interprété par Chahine lui-même) boiteux obsédé par une femme - que tous les hommes reluquent constamment - à tel point qu'il découpe des photos dans les magazines des femmes qui lui ressemblent un peu et les affiche sur les murs de sa cabane ; cette femme aime un bagagiste syndicaliste, mais ça ne va pas plaire au vendeur de journaux ; bon, la fin est assez cousue de fil blanc. Ç'a malgré tout été difficile pour moi de rentrer dans le film car le personnage principal est vraiment hyper problématique et on est souvent de son point de vue ; on a vraiment l'impression que le personnage féminin principal est un peu la créature (je n'imagine même pas les critiques de l'époque abordant ce point, ç'a dû y aller les "pulpeuse" et "exotique" ou ce genre de trucs...). Après, le film est un peu ambigu parce que le personnage principal prévoit de planter cette femme inspiré par un fait relaté dans un journal donc à la fois, on pourrait se dire que le film montre l'aspect systémique du procédé (et ne va pas du trop côté de "ah mais c'est un fou") mais à la fois, le point de vue est quand même "ah le pauvre, elle lui passe sous le nez" ; quoiqu'il en soit, la manière de filmer cette femme est quand même un peu pénible, parfois. Sinon, ça fait assez néo-réaliste, sans doute moins déceptif que ces derniers et sans avoir peur de jouer vraiment sur la composante tragique/mélodramatique ; pour faire bref, ce n'est pas encore le grand amour entre (la filmographie de) Chahine et moi.

Jean Grémillon : Daïnah la métisse 1931
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Ce film a une sacrée histoire : Grémillon n'a pas eu le montage final et quasiment (plus de ?) la moitié du film a été coupée ; du coup, Grémillon a demandé à ce que son nom soit retiré du générique. Du coup, étant donné la longueur de la partie coupée, vous pouvez deviner sans peine que le résultat est assez lunaire, difficile de comprendre toute l'histoire à part la trajectoire de Daïnah qui n'est du coup pas tellement intéressante. Par contre, j'ai trouvé le résultat assez envoûtant : le fait que la trame soit si simple couplé à l'audace de Grémillon (un numéro de magie remarquablement filmé, une scène de danse très dynamique et bien sûr, déjà une manière assez singulière de filmer la mer - qui fera encore quelques miracles dans Remorques) donne quelque chose de vraiment lacunaire et onirique. En lisant le titre, je craignais un peu de voir des trucs bien cringe et/ou problématiques sur les personnes racisées mais j'ai en fait été positivement surpris sur ce point : les deux personnages principaux du film sont racisés et ils ne sont jamais moqués, ni bestialisés (du genre, le personnage masculin aurait pu être une masse de muscles débile, mais pas du tout - bon, après, le fait que le personnage noir soit illusionniste/prestidigitateur est un peu cringe mais bon) et il y a plusieurs scènes étonnantes : dans l'une d'elles, un homme demande à Daïnah ses origines, elle est répond qu'elle est française et le personnage lui demande ses vraies origines, elle confirme et déclare qu'elle est née à Paris ; ce n'est à mon avis pas sans lien avec le charcutage du film mais à vrai dire, je n'en connais pas la raison. Je pense qu'il s'agit à l'heure actuelle d'un de mes films favoris de Grémillon, réalisateur toujours terriblement sous-estimé : si Tavernier ne me l'avait pas fait découvrir dans Voyage à travers le cinéma français, je ne sais pas quand je l'aurais découvert - bon, ok, Vecchiali en parle énormément aussi, mais c'est déjà plus de niche que Tavernier.

Emeryck a écrit:: Je pense qu'il s'agit à l'heure actuelle d'un de mes films favoris de Grémillon, réalisateur toujours terriblement sous-estimé : si Tavernier ne me l'avait pas fait découvrir dans Voyage à travers le cinéma français, je ne sais pas quand je l'aurais découvert - bon, ok, Vecchiali en parle énormément aussi, mais c'est déjà plus de niche que Tavernier.

Tu veux dire: ce film-là en particulier, ou bien Grémillon en général?

Benedictus a écrit:

Emeryck a écrit:: Je pense qu'il s'agit à l'heure actuelle d'un de mes films favoris de Grémillon, réalisateur toujours terriblement sous-estimé : si Tavernier ne me l'avait pas fait découvrir dans Voyage à travers le cinéma français, je ne sais pas quand je l'aurais découvert - bon, ok, Vecchiali en parle énormément aussi, mais c'est déjà plus de niche que Tavernier.

Tu veux dire: ce film-là en particulier, ou bien Grémillon en général?

Je parlais de Grémillon en général, il est à mon avis beaucoup moins connu (mais assez estimé par celleux qui le connaissent, cela dit) qu'un Carné, qu'un Renoir ou même qu'un Duvivier. Après quelques films de sa filmographie sont assez connus (Gueule d'amour, Remorques) mais bon...

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