Programme :
PHILIPPE MANOURY : États d’alerte, pour duo de percussion et orchestre
ÉDOUARD LALO : Symphonie espagnole
CLAUDE DEBUSSY : La Mer
Distribution :
AUGUSTIN HADELICH violon
EMMANUEL CURT percussion
FLORENT JODELET percussion
ORCHESTRE NATIONAL DE FRANCE
CRISTIAN MĂCELARU direction
Soirée précédée, la veille, de la même Symphonie espagnole, entourée de la Rhapsodie roumaine n°1 d'Enesco, et d'un florilège d’œuvres courtes consacrées au tango et à la danse. Étant à la PP la veille, je n'ai qu'entendu parler de cette première soirée, qui était visiblement marquante, Macelaru s'étant illustré au violon. J'y étais donc pour le programme plus traditionnel du jeudi, dans une salle plutôt mal remplie, encore une fois.
Manoury : grosse blague bruyante, pénible, avec des sifflets distribués à chaque pupitre qui m'ont particulièrement cassé les oreilles et déclenché des acouphènes qui me font encore mal cinq jours plus tard. La musique contemporaine dans ce qu'elle a de plus détestablement opaque et hermétique. Compositeur présent dans la salle, qui est revenu écouter le reste du programme (c'est rare : souvent, ils s'en vont une fois que leur morceau est passé).
Lalo : totalement convaincu par le violoniste que je découvrais. Sans me tromper, il me semble que c'est la première fois que j'entends ce morceau avec un autre soliste que Renaud Capuçon, et c'est très profitable ! Violoniste qui joue sans le petit support (dont le nom m'échappe) qui permet de tenir l'instrument entre l'épaule et le menton, mais avec une sorte de gros coussin caché sous la veste, ce qui lui donne une allure assez étrange (un peu bossue).
Connivence flagrante entre le soliste, le chef et l'orchestre. C'est coloré, plein d'idées, plein de thèmes. Tout est parfaitement interprété, avec des idées foisonnantes que je n'avais pas encore entendues au disque. Accompagnement musclé, viril de Macelaru. Violon tour à tour malin et subtil, plaintif comme il faut... Vraiment parfait !
Rappel : Louisiana Blues Strut - A Cakewalk, de Coleridge-Taylor Perkinson. Étrange d'entrer dans des harmonies jazz / blues américaines, après une symphonie espagnole si française (ou l'inverse), mais c'était délicieux !
Public enchanté, violoniste ému ayant du mal à quitter la scène aux saluts.
Debussy : contrarié par une nouvelle apprise à l'entracte, j'ai eu beaucoup de mal à me concentrer. Pourtant, c'était probablement l'une des plus belles Mer entendues. Puissante, imagée, par moment furieuse et virile, par moment délicate et scintillante, dans un tempo plutôt lent et dense... Certaines mesures du troisième mouvement étaient comme hors du temps, venues d'une autre planète (et une association mentale involontaire, façon synesthésie, pour reprendre un terme qui est cher à Radio France, m'a fait penser à des images du film Interstellar). J'espère avoir d'autres occasions (ou écouter l'enregistrement radio si je retrouve le lien un jour) !