#ConcertSurSol n°23
(Conservatoire Berlioz du Xe arrondissement)
« Vous avez dit romance ? »
Romances de Martini, Garat, H. Jadin, Duchambge, Berton, d’Ennery, Romagnesi, Clapisson, Edmond de Polignac, Backer-Grøndahl, Bordes, Chansarel, Beach, Szulc, Ladmirault, Poldowski, Lioncourt, Kosma…
Françoise Masset, Françoise Tillard
Programme original qui permet d’entendre des compositeurs particulièrement rares et quelques pépites : le spécialiste Romagnesi bien sûr, mais aussi la Romance pour piano de Backer-Grøndahl, qu’on a terriblement envie de chanter, ou le contrepoint dansant débridé de Régine Wieniawska (la fille de Wieniawski, qui publie ses compositions sous le pseudonye Poldowski). Amusement également d’entendre le début de « Fuyez, douce image » dans la mise en musique de « Sur un vieil air » (des Romances sans paroles de Verlaine) par Charles Bordes. Pour le reste, ce ne sont évidemment pas des œuvres majeures de l’histoire de la usique, mais le panorama est délicieux.
Point fort : Françoise Tillard fait une remise en contexte entre chaque groupe, ce qui est vraiment utile – même si c’est de façon spontanée et pas vraiment systématique (si l’on ne connaît pas déjà le sujet, on risque de patauger un peu).
http://carnetsol.fr/css/index.php?2022/04/30/3268-sophie-gail-la-romance-et-l-opera-comique-au-feminin-en-1810
Réserve mineure : construction peu claire du récital (quelques groupes par auteur : Desbordes-Valmore, Chateaubriand, Verlaine), pas vraiment formelle ni chronologique.
Réserve plus importante : la plupart du temps, un seul couplet est chanté. Or, l’esprit même de la romance tient dans la répétition d’un thème simple. Bien sûr, cela implique de jouer moins de titres (cela dit, le récital était très court, moins d’une heure je crois), mais si l’on empile seulement les fragments, on perd de vue le charme propre au genre.
Pointe de tristesse d’entendre ces artistes exceptionnelles un peu déclinantes : Françoise Masset (qui était dans toute sa gloire vocale il y a encore trois ans) peine à accéder aux aigus (ils sont là, mais c’est comme si un plafond de verre s’était installé) ; Françoise Tillard semble avant tout concentrée pour appuyer au bon endroit et n’a plus la même liberté interprétative… Bien sûr, il reste leur générosité d’artiste (et, manifestement, de personnes !), qui irradie merveilleusement – Françoise Tillard nous régale de ses commentaires sans façon, comme si nous étions ses élèves chéris, et puis la diction de Françoise Masset est tellement merveilleuse qu’avec ou sans chant, on se laisserait noyer dans son verbe chaleureux !