TCE - Mahler Berg Schoenberg - Roth 6/11/22

Dimanche 6/11, 20h au Théâtre des Champs-Elysées

Les Siècles
François-Xavier Roth | direction
Patricia Petibon | soprano

Schoenberg Verklärte Nacht
Berg Sieben frühe Lieder
Mahler Symphonie n° 1

Déjà il y a plus d'une semaine, je ne vais pas développer, mais très beau concert des Siècles encore, je retiendrai surtout les Berg de Petibon, extrêmement investie, toujours variée dans l'expression, les attaques, le vibrato, prenant des risques...

1ère de Mahler version définitive cette fois, les Siècles et Roth nous avaient donnés la version originale il y a quelque temps à la Philharmonie.

Je suis toujours aussi frustré par cette salle pour le symphonique...

Xavier a écrit:

Je suis toujours aussi frustré par cette salle pour le symphonique...

C'est sûr, quand on aime le flou invertébré du premier balcon cour à la Philharmonie, ça fait un contraste.

(J'adore cette querelle, ça permet tellement de relativiser tout ce qu'on peut dire de définitif sur l'écoute, les interprétations…)

J'y étais aussi ! Réservé principalement pour Mahler 1, j'étais enthousiasmé par la construction du programme, avec les trois figures marquantes du tournant viennois du début du XXème siècle. Comme souvent avec les Siècles, le parti pris de l'interprétation ne m'a pas conquis, mais m'a intéressé. C'est un concert qui apporte matière à réflexion !

Musique entamée alors que beaucoup de monde n'était pas assis au premier balcon : il faut dire que l'ouvreuse a pris beaucoup de temps pour attendre son fameux pourboire que la plupart n'ont pas préparé à l'avance comme moi. Doublé avec du monde qui essayait (légitimement, car c'était à moitié plein à cet étage) de se replacer, ça a créé une certaine panique dans les rangs, avec une ouvreuse qui criait à moitié alors que l'orchestre avait entamé...

Schoenberg : tube que je connaissais finalement bien mal, au travers d'une transcription pour piano seul (disque récent de Béatrice Berrut). Surpris que l'orchestration concerne un orchestre exclusivement composé de cordes. Par ailleurs, j'attendais de recevoir ce qui a rendu Schoenberg célèbre, à savoir des innovations tonales (qui viendront finalement après dans sa carrière et son cheminement personnel), et c'est au fond plus une œuvre romantique du XIXème qu'une œuvre révolutionnaire (on y retrouve un peu de Wagner, ou de Brahms par instants, sans la fluidité mélodique de ce dernier). C'est sûrement une œuvre qu'il faudrait que j'analyse plus en profondeur, dont j'ai apprécié l'ambiance nocturne, mais donc certains passages m'ont laissé froid. Un peu d'ennui par moments.

Berg : ces chants m'ont laissé de côté, je n'en ai apprécié ni l'ambiance, ni les thèmes, ni rien... Petibon semblait subir un trac assez intense, elle a prolongé pas mal ses pauses entre chaque lieder, dos au public, accrochée à son verre d'eau : c'était sûrement quelque chose de particulièrement difficile à chanter ? Robe et coiffure d'époque, parfaitement désuètes, avec un certain charme suranné. J'ai souffert en attendant l'entracte.

Mahler : interprétation typique du style des Siècles, très carrée, très en place, efficace par bien des aspects, mais manquant de mystère et de sensualité. Même sentiment qu'avec leur Sacre du mois de septembre : on jouit, tout est là, mais ça pourrait aussi être tellement mieux (OP/Mäkelä ou Deutsches Symphonie-Orchester Berlin/Ticciati, dernièrement) ! On y apprécie bien sûr les couleurs et les timbres des instruments d'époque... sauf pour un des cors qui n'a cessé d'émettre des canards tout au long de la symphonie (quand on sait le rôle primordial que Mahler leur accorde, c'est particulièrement navrant). Difficile avec des canards à chaque trait de se laisser porter par le développement, ça dessert la musique malheureusement. Ayant discuté avec un clarinettiste de l'orchestre après le concert, il m'a confirmé que ses collègues considéraient ces instruments comme un enfer, terriblement capricieux, et notamment les cors viennois en comparaison avec le système français, plus docile. C'est une expérience... Intéressant de se rendre compte qu'à l'époque, il était probablement bien compliqué d'obtenir un son aussi "nickel" que celui d'aujourd'hui, ce qui évite de fantasmer sur le niveau indépassable des musiciens et des expériences du passé. A part donc cette valeur de témoignage presque muséale, et le plaisir intrinsèque déclenché par cette symphonie, je ne pense pas garder grand chose de ce concert.

DavidLeMarrec a écrit:

Xavier a écrit:

Je suis toujours aussi frustré par cette salle pour le symphonique...

C'est sûr, quand on aime le flou invertébré du premier balcon cour à la Philharmonie, ça fait un contraste.

(J'adore cette querelle, ça permet tellement de relativiser tout ce qu'on peut dire de définitif sur l'écoute, les interprétations…)

Même sur ça vous n'êtes pas d'accord ?
Mais vous êtes incorrigibles c'est fou.

(je n'ai pris que cette place pour mon abonnement à la Philharmonie cette saison, sur les conseils du chef)
(mais j'aurais dû me douter qu'un zazou comme David ne pouvait se soumettre à la doxa)
(bon chef par contre, après deux opéras contemporains mis en scène en fond de salle je suis dans l'obligation d'émettre une légèrrrre critique sur ce placement)
(qui laisse deux choix : un torticolis ou ne rien voir de la mise en scène)
("oui bah ça t'apprendra à aller voir du Neuwirth ou du Stockhausen" semble-je entendre Xavier)

Ah non mais je me recentre toujours au moins un tout petit peu lorsqu'il y a des voix! (et évidemment davantage encore si possible s'il y a une mise en scène, ce qui est tout de même rare)

Prosopopus a écrit:

Même sur ça vous n'êtes pas d'accord ?
Mais vous êtes incorrigibles c'est fou.

Il y a un grand débat, les mélomanes sont vraiment coupés en deux (je ne compte pas ceux qui veulent surtout bien voir et se mettent au parterre pour avoir l'ambiance, pour de l'orchestre ce n'est clairement pas le lieu optimal, encore que ce puisse dépendre de la zone du parterre !) :

1) les fous du premier balcon latéral pair (cour), comme Xavier, Tomseche, Mickt ;

2) les fous du second balcon de face comme moi (et là je m'aperçois que ce sont surtout des compères hors forum qui y vont !). Le premier de face est très similaire, à peine moins bon (mais la proximité bien supérieure, donc c'est assez agréable).

Mais la perception varie vraiment selon les personnes. Je trouve le balcon côté pair (beaucoup moins vrai pour le premier balcon noir côté impair, qui est excellent mais on n'entend pas les solistes ni les violons !) très flou, je les vois jouer mais je n'entends pas du tout les voix intermédiaires !

Ce sont des choses assez personnelles de toute façon, qui peuvent tenir à l'éducation, voire à la physiologie de chacun !

Citation :

(je n'ai pris que cette place pour mon abonnement à la Philharmonie cette saison, sur les conseils du chef)

Si tu lis la partie du forum concerné, on en a beaucoup parlé, chacun a son avis. Et j'ai abondamment expliqué pourquoi… ce n'est pas ma faute si tu écoutes Xavier sans penser par toi-même.

DavidLeMarrec a écrit:

1) les fous du premier balcon latéral pair (cour), comme Xavier, Tomseche, Mickt

J'en suis, sauf pour le piano (soliste ou concertiste), où je me rabats côté impair (jardin).