Programme :
Claude Debussy : Prélude à l'après-midi d'un faune
Ludwig van Beethoven : Triple concerto
Johannes Brahms : Symphonie n°3.
Distribution :
Orchestre de Paris
Stanislav Kochanovsky, direction
Alexandre Kantorow, piano
Liya Petrova, violon
Aurélien Pascal, violoncelle.
Grosse attente : ce chef a déjà commis de très belles choses avec cet orchestre. On a aussi le sentiment que le courant passe bien entre eux, une certaine complicité s'installant lentement après tant de soirées où il fut chef invité. Toujours élégant dans ses costumes d'un autre âge, sa lavallière désuète et sa coupe de cheveux ondulée façon années 1920. Le programme de ce soir est tout sauf original : prélude, concerto et symphonie, dont deux que j'ai déjà entendus et entendus et entendus... Pas grave, ce sont des œuvres toujours très agréables. Quand on lit le répertoire qu'il prétend maîtriser sur son site, on a très envie de piocher d'autres choses !
Ce chef a des qualités de bâtisseur : pas forcément une folle originalité de langage, rien d'exceptionnel ou d'extraordinaire, juste la certitude que ça sera d'une très grande qualité, au bon tempo, parfaitement lisible... Si l'on devait construire une ville à partir du néant, je ne lui confierais pas une place ou une fontaine, mais il nous ferait des quartiers d'immeubles entiers, réguliers, absolument parfaits.
Salle pas pleine, mais remplissage satisfaisant. Voisinage au top : aucune gêne, c'est assez rare pour être souligné.
Debussy : presque impalpable, fluide, un nuage ! Rarement entendu ce prélude aussi insaisissable. Aucun pupitre ne saillait ici ou là, l'impression de voir défiler des nuages de couleurs, sans savoir comment ils sont arrivés ni comment ils s'en vont. Assez magique ! Un ami néophyte me confiait à l'entracte n'avoir pas apprécié du tout, ne comprenant pas le sens du morceau.
Beethoven : je me suis prodigieusement ennuyé avec cette musique d'agrément. Petit divertissement, je verrais bien ça comme accompagnement, mais à écouter avec attention, ça sonne trop simple à mon oreille. Pas client du tout de ce style, et c'est sûrement dommage, je dois rater quelque chose, car le public semblait très amateur (et mon ami a adoré, musique plus abordable sûrement). Gros applaudissements après le premier mouvement, qui se termine par une cadence parfaite très franche...
Rappel du trio : finale presto du premier trio op.1 n°1 de Beethoven. Étrangement, j'ai plus apprécié cette musique que l’œuvre au programme, avec son intervalle de dixième introductif assez surprenant et qui revient dans tout le mouvement.
Brahms : difficile de ne pas aimer cette symphonie ! Premier mouvement particulièrement jouissif, tout était là, bon tempo, enthousiasme collectif, magnifique ! Deuxième et troisième mouvements par contre plutôt ratés à mon goût : tempo trop lent, relâchement général, ça sonnait comme une pastorale, et le deuxième mouvement m'a semblé carrément ennuyeux. Le troisième mouvement, si célèbre, n'a pas fait vibrer comme d'habitude, il manquait quelque chose et je ne sais pas dire quoi. Finale convainquant, sans plus.
Peut-être le moins bon des concerts de Kochanovsky avec l'OP. J'ai quand même bien envie de le revoir, en espérant un programme un peu plus original.