Soirée du Gala de l'espoir - 29/11/2022 :
Programme :
Strauss : Till l'espiègle
Hummel : Concerto pour trompette
Bernstein : Danses symphoniques issues de West Side Story
Maalouf : Red and black light.
Distribution :
Orchestre d'harmonie de la Garde Républicaine
François Boulanger, direction
Ibrahim Maalouf : trompette, piano et chant.
Invité par une connaissance, j'ai eu la chance d'assister à ce concert qui n'était pas dans la brochure de saison. Organisée par la Ligue contre le cancer, c'était une soirée caritative pour les salariés, les bénévoles et les malades. Et aussi pour les fans d'Ibrahim Maalouf (lol). Entrée dans le TCE sur un tapis rouge, encadré d'une haie d'honneur avec des gardes en uniforme, casques à plumes et sabre levé... J'ai même demandé si j'avais le droit de passer par là avant de m'y lancer.
Très surpris de découvrir un orchestre d'harmonie et non l'orchestre symphonique habituel. J'ai passé la demi-heure des discours (ministre de la santé, président de la ligue, "marraines de cœur" : Marie-Christine Barrault et Julie Gayet) à me demander comme ils allaient réussir à faire sonner Strauss sans cordes (il y avait seulement deux contrebasses sur le côté droit). Petite armée de clarinettes, de bassons, sept saxophones et une demi-douzaine de saxhorns) rangés à la place des cordes autour de l'estrade du chef. Piano demi-queue sur le côté gauche (pas le Steinway habituel du TCE). Petite anecdote : le ministre n'étant pas sur place, il avait enregistré une vidéo. Le rideau est descendu à une telle vitesse que les musiciens dessous ont cru qu'ils allaient se faire guillotiner, sous les "oulà" du public... Bien sûr, le rideau s'est arrêté suffisamment haut, mais ça a suffi pour que le discours / lecture de prompteur du ministre détaillant son plan quinquennal passe inaperçu.
J'avais déjà entendu l'orchestre symphonique dans un programme plus classique (Brahms CP2 et Dvorak 9), et ils m'avaient laissé une plutôt bonne impression, malgré une certaine rigidité, notamment chez le chef. Hier soir, le chef était très dynamique, très habile et l'orchestre beaucoup plus souple. Impression vraiment excellente ! Boulanger n'hésite pas à se tourner vers le public, notamment pour les fins de morceaux qu'il conclut face à nous, belle connivence.
Strauss : après une expérience décevante à RF avec ce poème symphonique, j'ai pris le temps de travailler la partition, et je m'en suis délecté ! Les deux thèmes de Till sont passionnants et reviennent des centaines de fois dans l’œuvre, plus ou moins identifiables, augmentés, diminués ou raccourcis. C'est vraiment une œuvre drôle, cocasse, et également très travaillée, très riche. Interprétation fameuse hier, avec une scène du procès particulièrement glaçante (procureurs symbolisés par le tutti grave, opposés au thème aigu et funambulesque de Till, de moins en moins sûr de lui), puis le thème de la peur de la mort, superbe. Visiblement, le public semblait connaître le morceau et n'hésitait pas à rire lorsque le thème de Till revenait. Soit on avait affaire à un public très éclairé, soit je n'avais vraiment aucun instinct musical avant mon travail sur partition !
Hummel : facture très classique, genre de synthèse entre Mozart et Beethoven, il ne m'en reste pas grand chose, à part que c'était très agréable, bien interprété. Quelques très légers couacs à la trompette dont Ibrahim Maalouf s'excusera et rira plus tard dans la soirée, mais qui s'entendent particulièrement dans des tonalités aussi classiques.
Bernstein : il faut s'imaginer un orchestre en uniforme, tous militaires, qui fait swinguer West Side Story. J'étais sceptique, mais j'avais tort : ils étaient parfaits là-dedans ! Extraits déjà entendus des milliers de fois, mais très réussis hier, un très beau moment. Le public trépignait d'applaudir, au point que Boulanger s'est tourné pour leur demander d'arrêter et pouvoir finir un mouvement. Mambo, coup de sifflet très sonore face au public par le chef, claquements de doigts... La Garde Républicaine swingue mieux dans Bernstein que l'OP dans Gershwin !
Maalouf : moment très attendu par ses fans, dont mes voisines qui se sont très bien tenues jusque-là, mais n'ont pu résister à filmer ce passage. Beau parleur, très à l'aise devant un public. Au piano, il nous a invités à chanter un thème très simple, en faisant varier les harmonies entre piano et orchestre. Il arrive à faire lever une salle et à déclencher des frissons avec un thème de quatre notes, c'est un vrai tour de force d'être aussi efficace en étant aussi simple, bravo ! Je le découvrais (même si j'avais déjà entendu ce thème qui illustre le film "Dans les forêts de Sibérie"), et j'ai été convaincu, personnage attachant, musique semblant sincère, je n'ai pu m'empêcher de participer et d'en filmer un bout pour en garder quelque chose de plus que ces quatre notes inlassablement répétées. Assez magique !
Un rappel avec une improvisation autour de deux thèmes créés pour le dernier film de Gad Elmaleh, "Reste un peu", deux jolis thèmes entremêlés, qu'il jouait pour la première fois en public.
Rappel à l'orchestre : reprise de Mambo, avec un public qui avait soif de participer.
Belle soirée aussi inattendue que jouissive !