#ConcertSurSol n°33
(Chapelle Royale de Versailles)
Marchand – pièces d’orgue
Morin – petit motet Parce mihi Domine
Morin – grand motet Lauda Jerusalem
Les Pages de la Chapelle Royale
Étudiants du CRD de Paris-Saclay, du CRR de Versailles et du CNSM de Paris : Marius Herb (orgue), Axelle Girard, Leslie Delenclos (violons), Hyérine Lassalle, Geneviève de Montalembert (violoncelles), Émilie Rousseau (clavecin).
Orgue positif : Valentin Rouget.
Direction : Clément Buonomo.
Pour ce jeudi musical, beaucoup de places étaient réservées aux élèves du primaire et du secondaire, si bien qu’en faisant entrer en premier le cercle Rameau, peu de places restaient à proximité du chœur… tribunes exceptées. Ce fut une expérience saisissante : avec une très belle registration (ces basses d’anches ajoutées au plein-jeu initial !), comme tout le son, qui paraît malingre d’en bas, se répand surtout dans les tribunes, on y bénéficie de l’impact physique de l’orgue et du mordant de ses timbres typés. J’ai toujours trouvé un peu timide l’orgue de la Chapelle Royale, mais bien registré et depuis les tribunes, c’est une belle expérience (je sais qui y emmener à présent → http://carnetsol.fr/css/index.php?2021/09/16/3238-les-paradoxes-de-l-orgue-le-mauvais-repertoire-pour-le-mauvais-instrument ).
Morin est connu pour avoir été le premier compositeur de cantates françaises, et donc très marqué par l’influence italienne, bien qu’il ne soit pas (par rapport à Bernier, Gervais ou au Régent, par exemple) le compositeur le plus sophistiqué de son temps. Je ne suis même pas sûr que ses motets aient été gravés au disque.
Programme bien conçu, qui combinait un petit motet chanté « en chapelle » (trois voix solistes qu’on distribue à tout le chœur) – il se termine sur une basse proche du Sommeil d’Atys – et un grand motet où les soli étaient tenus par les enfants.
Ce grand motet, Lauda Jerusalem, est particulièrement éloquent, et atteste l’inspiration ultramontaine avec son exubérance instrumentale (très belles parties de violon aux mélodies très mobiles) et son goût pour les figuralismes : « Velociter currit sermo ejus », avec sa belle vocalise longue et rapide sur « cu- », figurant la rapidité de la parole divine en petits bons, ou les « plocs » figuratifs sur « Mittit cystallum » pour évoquer la glace.
Je suis impressionné, alors que les pages ont dans les 10 ans et que les musiciens n’étaient qu’à peine majeurs, par la qualité du style et la netteté d’exécution, peu de ces flous un peu mécaniques qu’on entend lorsque les plus jeunes reproduisent les gestes sans trop comprendre ce qu’ils font. Ici, une véritable exécution de niveau professionnel – même si l’on sent que tout cela gagnera en aisance et en pensée. Bravo…