PP— Brahms Webern Lutosławski – Canellakis Shaham —7-8/12/22

MERCREDI 7 ET JEUDI 8 DÉCEMBRE 2022 – 20H
Grande salle Pierre Boulez, Philharmonie de Paris

Johannes Brahms — Concerto pour violon

Anton Webern — Six Pièces pour orchestre, op. 6b (version de 1928)

Witold Lutosławski — Concerto pour orchestre

Orchestre de Paris
Karina Canellakis, direction
Gil Shaham, violon
Eiichi Chijiiwa, violon solo


Un mot rapide de ce concert avant qu'il ne soit trop tard. J'ai trouvé Shaham un peu en retrait par rapport à d'autres prestations, moins flamboyant, certains passages sonnaient étroit, mais c'était une belle lecture, accompagnée de façon plutôt vigoureuse par l'OP. Comme à son habitude Shaham a lancé des regards et des sourires complices vers cheffe et musiciens. En bis deux pièces de Bach.

Belle deuxième partie, cohérente. Les raffinements de Webern pour grand orchestre mettent en valeur vents et percussions, qui miroitent avant de s'évanouir. Et puis ce grand et assourdissant crescendo du 4e mouvement qui rappelle celui de Wozzeck. Quant au Concerto pour orchestre de Lutosławski, c'est une œuvre qui parvient à être accessible par ses thèmes, à impressionner par la virtuosité qu'elle réclame de l'orchestre, et qui n'est pas écrasée par la complexité de son écriture (que je ne fais qu'entrevoir pour ma part). Ça fait penser à un Bartók qui, aux motifs populaires, utilisés comme matériau thématique, aurait adjoint la propulsion motorique qui marque une partie de la production musicale des années 30-50.

Je craignais un peu de retourner voir Canellakis avec l'OP, après notamment une ouverture de saison laborieuse en 2019, mais j'avais tort. L'orchestre lui a très bien répondu, et le Lutosławski a été tout à fait brillant. Les cuivres tous alignés sur un grand arc de cercle ont par moments été trop généreux dans leurs interventions, mes oreilles ont sifflé.

Pour la 3e semaine consécutive, on trouvait au pupitre de violons Jaewon Kim, cette fois-ci à la 2e chaise. Mais c'est l'Orchestre du Capitole de Toulouse qu'elle devrait semble-t-il rejoindre comme premier violon solo (ça fait un moment qu'ils cherchent à en recruter).

Belle soirée.

J'avais abandonné l'idée de parler de ce concert, justement parce que je craignais qu'il ne soit trop tard.
merci, Mickt de t'être lancé.

Contrairement à toi, et à des critiques lues ici et là, j'ai beaucoup aimé ce concerto de Brahms.
Il est vrai que son interprétation n'était pas "flamboyante", mais j'ai été très touché par ce lyrisme qui est toujours présent et prenant.
Il a joué avec une grande souplesse, avec un rubato très naturel, et son accompagnatrice le suivait avec une extrême attention.
C'était étonnant comme souvent il se tournait vers elle, très près, comme s'il jouait pour elle.
Clairement, c'est Gil Shaham qui décidait du rythme et elle le suivait, avec beaucoup de souplesse, je le répète.

Pas grand chose à dire sur Webern, sinon que la seule qualité de ses oeuvres pour moi, est leur brièveté. Mais chut, c'est un génie !
Karina Canellakis a bien mis en valeur le raffinement orchestral (oui, j'en conviens) de cette musique.

Enfin, la cheffe m'a semblé très efficace dans le concerto de Lutoslawski, entraînant l'Orchestre de Paris avec une éblouissante virtuosité.

Oui tu as sans doute raison pour Shaham. Je devais être un peu blasé (syndrome à combattre), d'autant que j'avais déjà entendu le concerto quelques jours avant joué par Sergey Khachatryan, que j'avais trouvé assez souverain. C'était à la Philharmonie avec un orchestre composé d'étudiants du CNSM et de l'université mdw de Vienne dirigés par Altinoglu. Pour l'anecdote un soliste des vents s'est complètement perdu dans une de ses interventions du 2e mouvement.