ONP - Ballet Le lac des cygnes - Tchaïkovski - 19/12/2022

Ballet Le lac des cygnes, de Tchaïkovski.
Chorégraphie de Rodolph Noureev.

Distribution du 19/12/2022 :
Odette / Odile : Dorothée Gilbert
Le Prince Siegfried : Guillaume Diop
Rothbart : Pablo Legasa.

Vello Pähn : direction.

Pas vraiment un concert, donc je n'en dirai que quelques mots. Souvenirs d'un des premiers spectacles vus à Paris à mon installation. Au Châtelet, à l'époque, j'y allais pour accompagner des amies, et j'en étais ressorti profondément ému. Spectacle qui n'a pas la palme de l'originalité, c'est clair, mais la musique de Tchaïkovski est déjà une fin en soi, donc accompagnée d'un beau ballet, pourquoi pas !

Bastille plein à craquer, depuis des mois, ça fait plaisir à voir ! Public de ballet : aucun respect pour la musique, ça discute pendant que ça joue, ça commente les pas des danseurs, ça applaudit tout le temps... Magnanime, pour une fois, je n'ai même pas râlé !

Musicalement, j'ai trouvé ça très faible : orchestre pas en forme, série de canards introductifs au cor (horrible et pas au niveau !), tempo mou, direction très relâchée. Je n'imaginais pas qu'il était possible de savonner son Tchaïkovski à ce point. Je me suis surpris à m'ennuyer, même dans certains des passages les plus célèbres. L'envol / fusion / climax du final, qui est pourtant l'un des sommets de la musique en général, m'a paru bien terne en comparaison de ce que j'ai pu entendre depuis (souvenirs de l'OP avec Kochanovski, notamment, mais pas uniquement, même au disque). Mais, pas grave, car du coup, j'ai pu m'intéresser plus attentivement au ballet !

Côté danse, spectacle porté par Guillaume Diop, charismatique, souriant, attachant. Comme je n'y connais absolument rien, je n'ai pas pu partager les analyses sur ses prétendues faiblesses techniques discutées par mes voisines (sa cuisse a tremblé à tel moment, son pas de machin-truc était hésitant...). Si le rôle des deux cygnes est évidemment majeur, c'est bien Siegfried qui est présent sur scène du début à la fin, contrairement au cygne blanc qui entre après plus de 3/4 d'heure de spectacle. Chorégraphie vraiment magnifique des petits cygnes qui s'alignent dans une perfection jamais prise en défaut, jusqu'aux saluts : ce qui s'annonce comme un joyeux bordel de tutus, avec une trentaine de danseuses jetées avec un désordre apparent sur le plateau finit par une figure géométrique parfaite, réalisée avec élégance. Je me suis régalé de cette débauche de plumes et de drapés (notamment le rôle de Rothbart). Tout le monde court en tous sens, réalise des sauts avec une apparence de facilité, sans paraître jamais essoufflé ni transpirant... Bref, j'aligne des banalités sur le ballet, dont je ne suis ni connaisseur ni amateur.

Programme de salle toujours aussi énorme. Passionnant, mais à lire en plusieurs jours, et fatalement, après le spectacle (est-ce encore un programme de salle dans ces conditions ?). Je me demande aussi pourquoi on nous le fait payer, alors qu'il y a quasiment autant de pages de publicités que de texte, comme un magazine féminin.

Rocktambule a écrit:

Public de ballet : aucun respect pour la musique, ça discute pendant que ça joue, ça commente les pas des danseurs, ça applaudit tout le temps...

Oui, c'est dur quelquefois quand on vient pour la musique…

Citation :

Musicalement, j'ai trouvé ça très faible : orchestre pas en forme, série de canards introductifs au cor (horrible et pas au niveau !), tempo mou, direction très relâchée. Je n'imaginais pas qu'il était possible de savonner son Tchaïkovski à ce point. Je me suis surpris à m'ennuyer, même dans certains des passages les plus célèbres. L'envol / fusion / climax du final, qui est pourtant l'un des sommets de la musique en général, m'a paru bien terne en comparaison de ce que j'ai pu entendre depuis (souvenirs de l'OP avec Kochanovski, notamment, mais pas uniquement, même au disque). Mais, pas grave, car du coup, j'ai pu m'intéresser plus attentivement au ballet !

Il y a des raisons structurelles et acceptables à cela : l'orchestre est obligé d'adopter un tempo assez lent pour qu'il soit conforme aux besoins des danseurs, d'être très régulier… donc il n'est pas possible d'oser de beaux phrasés travaillés ou des ruptures trépidantes. L'orchestre n'est pas non plus le centre de l'attention, ils se donnent en bonne logique moins que s'ils proposaient le ballet en format concert.

En revanche, évidemment, la mauvaise volonté ostentatoire de l'orchestre est assez révoltante dans ces longues séries… ils méprisent ouvertement l'ouverture ou la fonction, et le font vraiment entendre. Même les amateurs de ballet en sont gênés. (Et à en lire les retours, cette série-ci a été particulièrement sinistrée de ce côté…)

J'y étais les 11 et 22 décembre (distributions Gilbert / Diop / Legasa et Colasante / Marque / Quer respectivement). Pour l'orchestre j'ai remarqué pas mal de roulement entre ces deux dates, en particulier aux vents, et les bois (où l'on remarquait le retraité Philippe Cuper à la clarinette) ont été en franche difficulté le 22, souvent mal accordés entre eux, en particulier un pupitre de flûtes souvent faux. Les cuivres n'étaient pas fameux non plus. Frédéric Laroque était bien fatigué au premier violon. Dans l'ensemble c'était bien mou et lent, mais le tempo est d'abord dicté par les besoins des danseurs, donc difficile de tout faire porter sur les épaules du chef et de l'orchestre.

Je suis tout sauf un connaisseur de danse, mais j'ai trouvé Diop emprunté et sans doute très traqué pour sa première le 11, ça a dû s'améliorer par la suite. Il avait tout de même des lignes et des sauts extraordinaires. Le couple Colasante-Marque fonctionnait mieux, des pas de deux de toute beauté (les portés !). Et ces actes blancs, quelle merveille.

J'y étais le 20. Distribution superbe : Myriam Ould-Braham et Marc Moreau. En revanche, immense déception pour l'orchestre, qui jouait juste et ensemble, mais en sourdine et sans aucune intensité, comme si la musique était vidée de toute sa substance. Quand on est habitué aux versions symphoniques, ça fait vraiment mal, et l'ennui guette très vite. Et quelle lenteur ! (mais ça, ce n'est pas visiblement pas de leur faute).

Vello Pähn se réveille quand même dans les 30 dernières secondes et récolte les applaudissements les plus nourris du public, avec l'orchestre