ONP - Trouvère - Ollé/Rizzi - 21/1/23

Opéra Bastille — du 21 janvier au 17 février 2023

Le Trouvère — Verdi

Ferrando : Roberto Tagliavini
Leonora : Anna Pirozzi
Ines : Marie-Andrée Bouchard-Lesieur
Le comte de Luna : Etienne Dupuis
Manrico : Yusif Eyvazov
Azucena : Judit Kutasi
Ruiz : Samy Camps

J'ai assisté hier à la Générale, bien que Verdi ne soit pas ma tasse de thé (mais Le Trouvère est peut-être le plus supportable pour moi, avec La Force du Destin).

J'ai trouvé l'orchestre très en dedans, assez mou et manquant curieusement de l'énergie et de la fougue nécessaire à l'opéra verdien. A noter quelques très jolis pains à la clarinette hier soir
Dans l'ensemble, la première partie était plutôt moyenne, avec notamment un Manrico très sur la retenue et une Leonora métallique et acide dans les aigus, un peu forcés.
La seconde partie était de bien meilleure qualité (le rodage, j'imagine). Le timbre peu agréable d'Eyvazov fonctionne mieux dans les f et ff, ce qui explique peut-être une impression plus positive sur cette seconde heure et quart.
A noter une très belle Azucena, très au dessus des autres solistes, avec beaucoup de rondeur et de nuances dans la voix. J'ai cru comprendre qu'elle était spécialiste du rôle (je ne la connaissais pas), et effectivement elle était beaucoup plus à l'aise, en s'autorisant plus d'expressivité et d'incarnation (qui manquaient cruellement aux deux rôles phares).

En revanche, j'ai trouvé la mise en scène lourdingue. Ca m'a rappelé l'époque (une vingtaine d'année?) où tous les metteurs en scène se sentaient obligés de transcrire les livrets dans des univers futuristes / contemporains. Ici, l'évocation permanente de la première guerre mondiale et l'imagerie Bahaus suscitent davantage le ridicule qu'ils ne donnent au drame une intensité ou une portée supplémentaire...

Ca ne me réconciliera pas avec Verdi, mais les amateurs devraient passer un bon moment.

Ah zut pour l'orchestre, la dernière reprise par Benini était formidable, et normalement Rizzi fait bien sonner l'orchestre... (c'était le cas pour le concert en soutien à l'Ukraine l'an dernier).

Côté distribution aussi, ça va être difficile d'égaler la précédente (Radvanovsky et Rachvelishvili !).

Coucou Ben !

Contrairement à ce qu'on peut penser, Verdi réclame un bon orchestre (ou alors il faut vraiment des chanteurs exceptionnels), pour que ce soit vif et mordant. Or, l'Orchestre de l'Opéra méprise ouvertement ce répertoire, ne fait pas d'effort pour résoudre les décalages, accompagne mollement les récitatifs… ça change vraiment le résultat, surtout si l'on n'est pas convaincu a priori.

Il vaut mieux, toujours, y aller en fin de série, quand ils ont un peu bossé, mais pour Verdi, ça ne change pas forcément les choses. Mon conseil, c'est d'essayer dans une petite salle, quitte à ce que les voix soient moins hors normes, ça change vraiment l'expérience de ce prendre le drame et les voix en pleine figure… et ça permet d'éviter l'Orchestre de l'Opéra.

tomseche89 a écrit:

Côté distribution aussi, ça va être difficile d'égaler la précédente (Radvanovsky et Rachvelishvili !).

Ah, quand même, c'est très alléchant Pirozzi / Dupuis ! Qualité hors norme des seconds rôles aussi (mais ils chantent vraiment très peu). Et la seule que je ne connais pas, Azucena, est paraît-il la meilleure du plateau !

DavidLeMarrec a écrit:

Coucou Ben !

Contrairement à ce qu'on peut penser, Verdi réclame un bon orchestre (ou alors il faut vraiment des chanteurs exceptionnels), pour que ce soit vif et mordant. Or, l'Orchestre de l'Opéra méprise ouvertement ce répertoire, ne fait pas d'effort pour résoudre les décalages, accompagne mollement les récitatifs… ça change vraiment le résultat, surtout si l'on n'est pas convaincu a priori.

Il vaut mieux, toujours, y aller en fin de série, quand ils ont un peu bossé, mais pour Verdi, ça ne change pas forcément les choses. Mon conseil, c'est d'essayer dans une petite salle, quitte à ce que les voix soient moins hors normes, ça change vraiment l'expérience de ce prendre le drame et les voix en pleine figure… et ça permet d'éviter l'Orchestre de l'Opéra.

Coucou David !
J'avoue ne jamais avoir tenté l'expérience de Verdi dans une petite salle, mais je prends note du conseil !
Hier, en effet, les décalages étaient assez insupportables.

DavidLeMarrec a écrit:

tomseche89 a écrit:

Côté distribution aussi, ça va être difficile d'égaler la précédente (Radvanovsky et Rachvelishvili !).

Ah, quand même, c'est très alléchant Pirozzi / Dupuis !  Qualité hors norme des seconds rôles aussi (mais ils chantent vraiment très peu). Et la seule que je ne connais pas, Azucena, est paraît-il la meilleure du plateau !

Je confirme ! Je ne la connaissais pas, mais elle est vraiment faite pour ce répertoire (ce qui explique pourquoi je ne la connaissais pas, elle ne chante quasiment que du Verdi !). Voix très suave, avec de très jolies couleurs, et une belle prestance scénique (malgré un costume probablement récupéré des backstage du Hobbit ou de Willow).

Ben. a écrit:

Coucou David !
J'avoue ne jamais avoir tenté l'expérience de Verdi dans une petite salle, mais je prends note du conseil !

C'est valable pour tous les opéras, cela dit. J'ai essayé Wagner dans un théâtre XVIIIe, c'était incroyable. Mais disons que pour Verdi, on peut se dire qu'il est naturel d'entendre ça dans de vastes salles, et vraiment, pour une œuvre autant dépendante de l'intensité dramatique, c'est une erreur de le voir ainsi.

Citation :

Hier, en effet, les décalages étaient assez insupportables.

… et c'est le seul orchestre chez qui j'entends des décalages pour de l'opéra… Comme c'est celui où le niveau de recrutement et le meilleur, et que ça ne leur arrive jamais dans Wagner, je suis bien forcé d'en conclure qu'ils le font exprès. (Et ça se voit d'ailleurs, le chef fait les bons gestes pour rattraper le truc et ça ne suit pas.)

J'avoue que ça me rend assez fou, les gars sont les meilleurs musiciens de France (sur le papier du moins) et sabotent leur propre représentation…