ONP – The Exterminating Angel – Adès / Bieito – fév-mars 24

Opéra Bastille, du 29 février au 23 mars 2024

Thomas Adès — The Exterminating Angel
Sur un livret de Tom Cairns et Thomas Adès, d’après le film éponyme de Luis Buñuel


Thomas Adès - Direction musicale (29 février, 3, 6, 9 mars)
Robert Houssart - Direction musicale (13, 17, 23 mars)
Ching-Lien Wu - Cheffe des Chœurs
Calixto Bieito - Mise en scène
Anna-Sofia Kirsch - Décors
Ingo Krügler - Costumes
Reinhard Traub - Lumières
Bettina Auer - Dramaturgie
Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris

Jacquelyn Stucker - Lucia de Nobile
Gloria Tronel - Leticia Meynar
Hilary Summers - Leonora Palma
Claudia Boyle - Silvia de Avíla
Christine Rice - Blanca Delgado
Amina Edris - Beatriz
Nicky Spence - Edmundo de Nobile
Frédéric Antoun - Comte Raúl Yebenes
Jarrett Ott - Colonel Álvaro Gómez
Anthony Roth Costanzo - Francisco de Avíla
Filipe Manu - Eduardo
Philippe Sly - Señor Russel
Paul Gay - Alberto Roc
Clive Bayley - Doctor Carlos Conde
Thomas Faulkner - Julio – Butler
Ilanah Lobel-Torres - Meni – Maid
Julien Henric - Lucas – Footman
Nicholas Jones - Enrique – Waiter
Andres Cascante - Pablo – Cook
Bethany Horak-Hallett - Camila – Maid
Régis Mengus - Padre Sansо́n
Artiste de la Maîtrise des Hauts-de-Seine - Yoli

Beaucoup d'éléments sur le spectacle sur le site de l'ONP : https://www.operadeparis.fr/saison-23-24/opera/the-exterminating-angel
Dont une bonne vidéo-résumé en 2 minutes : https://youtu.be/EF71fEHbR2U

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Merci, Mickt. J'y étais hier dimanche; je retourne dans 15 jours.

Excellente production, qui présente l'oeuvre à peu pres le mieux possible: plateau excellent et homogene, l'orchestre qu'on connait, Ades à la direction, tres efficace il m'a semblé, mise en scene assez belle et soignée et qui parait naturelle, suivant de tres pres Bunuel il parait (pas vu le film).

Je ne suis pas un grand fan de Bunuel, ni de ces oeuvres entierement surréalistes; j'aime bien que le surréalisme soit un ingrédient mais pas le tout.... De plus, je trouve que ce livret sur une bourgeoisie décadente qui sombre dans la bestialité date un peu. Du coup, les passages les plus dramatiques qui sont bien faits ne sont pas entierement convainquants pour moi. A part ce gout personnel, c'est ca qui inspire Ades; la musique m'a semblée intéressante et il y a de beaux passages calmes et poétiques, comme certains "airs" ou ensembles et la 1ere intervention du choeur vers la fin. J'attends de revoir le spectacle pour me faire plus un avis.

C'est loin d'etre vide, replacement facile cependant, au moins pour les habitués.... (Superbe placement hier, du coup, bien agréable!)

De toutes facons, je pense qu'il ne faut pas manquer ce spectable, meme si chacun appréciera plus ou moins.

Merci pour le compte rendu.

Patzak a écrit:

Je ne suis pas un grand fan de Bunuel, ni de ces oeuvres entierement surréalistes; j'aime bien que le surréalisme soit un ingrédient mais pas le tout...

Une des beautés de ce film-ci de Buñuel c'est qu'il n'y a pas à proprement parler d'élément surréaliste visible, ostentatoire. Il s'agit juste des convives d'un dîner qui n'arrivent plus à quitter la maison dans laquelle ils sont réunis, sans qu'on sache pourquoi.

Thomas Adès explique que les interventions de l'Ange exterminateur (responsable de ce petit chaos) sont figurées par les ondes Martenot.

J'y vais cette semaine.

A mon sens, tout le comportement des personnages est largement surréaliste.... tout un sujet, bien intéressant....

Superbe spectacle, qui mérite à mon sens largement la presse et les échos très favorables qu'il recueille.

C’est une version corrosive et outrée du film de Buñuel, que j’ai d’abord prise comme une comédie. La mise en scène de Bieito est remarquable : utilisation de la profondeur du plateau de Bastille avec ce décor (presque) unique de salon de réception surdimensionné, à la fois cadre métaphysique et mental où l’on se livre à de mystérieuses chorégraphies, terrain de jeu pour ébats et incartades diverses (un ours en peluche géant se fait violenter), îlot où chaque naufragé tente de délimiter son espace de survie. Tout est parfaitement réglé et le dénouement est frappant, quand les protagonistes dans un état impossible (certains n'ont du reste pas survécu aux évènements) se rendent compte qu’ils occupent exactement la même position qu’au début de la pièce, et pressentent une résolution et une libération possibles.

Musique éclectique, souvent tonitruante, qui mêle dans un grand maëlstrom ondes Martenot, rafales percussives, passages rêveurs (plusieurs airs proches de ballades ou de berceuses, très réussis) et suspendus, habanera de guitare. Force citations plus ou moins directes, ça évoque Ravel, Strauss, Britten, bien d’autres sans doute. Orchestre de l’ONP en grande forme rutilant, souple, coloré, mené par un Adès habité.

Plateau vocal nombreux et homogène, les vocalises de Gloria Tronel font concurrence aux ondes Martenot, son dernier air est émouvant (c’est elle qui trouve le fin mot de l’énigme), Nicky Spence est impressionnant de projection et de fermeté, idem pour le Docteur de Clive Bailey, Jacquelyn Stucker a un beau charisme. Tous sont bien et s’engagent sans compter dans leur rôle. Les chœurs ont une partie assez courte et chantent du fond du second balcon, ça fonctionne bien.

Salle assez bien remplie et chaleureuse, ils ont rallumé les lumières trop vite. Des volées de cloches ouvrent et concluent l’opéra, et la sonnerie qui presse les spectateurs dans les couloirs de Bastille a été modifiée pour l’occasion.

On peut écouter une suite d’orchestre tirée de l’opéra : https://www.youtube.com/watch?v=Z7p7Br6Qr-A

Retransmission en direct le 9 mars à 20 heures sur la plateforme de streaming de l’ONP, et diffusion à partir du 22 mars à 20 heures sur Medici.tv et le 20 avril sur France Musique.

Beaucoup de places à 15€ viennent d’être remises en vente.

Patzak a écrit:

A mon sens, tout le comportement des personnages est largement surréaliste.... tout un sujet, bien intéressant....

Dans l'opéra, oui, en tout cas beaucoup plus que dans le film, où tout dérape à partir du moment où la soirée s'éternise plus que de raisons.

Dans l'opéra, c'est bizarre très très vite, c'est vrai, sur ce point (pas anodin), ce n'est pas tout à fait fidèle au film.
Surtout du fait de la mise en scène j'ai l'impression...
Je verrai avec intérêt la production du MET, pour comparer.

Sinon, excellent spectacle, qui donne un opéra contemporain de grande qualité pouvant être apprécié par un assez large public je pense.

Autre chose que tous les trucs chiants habituellement commandés par l'ONP et qui ne sont jamais rejoués.

J'y étais de nouveau dimanche dernier, c'était Robert Houssard à la baguette,un Hollandais apparemment. Je l'ai trouvé excellent, un peu plus nuancé meme que Ades 2 semaines avant, peut-etre une évolution de l'orchestre. Salle enthousiaste, en effet, il faut dire que tout est superbement fait. Je reste assez exterbe au livret, comme j'ai dit, mais la musique est belle et c'est à voir. J'aimerais bien voir sa Tempete du coup.

D'accord avec Patzak. J'ai aimé la partition, j'y retournerai sans doute si c'est repris, mais le livret est un peu pénible. L'idée de départ est bonne et pouvait donner lieu à une comédie grinçante réussie, mais c'est tout de même très lourdingue dans ses développements et j'ai trouvé la 2e heure un peu longue : je commençais à avoir du mal à m'intéresser à ce que tous ces braves gens faisaient, quelle que soit la qualité de la musique.

Xavier a écrit:

Autre chose que tous les trucs chiants habituellement commandés par l'ONP et qui ne sont jamais rejoués.

Oui : références filmiques (certes versant chic) plutôt que poèmes ou littérature « sérieuse », langage pas trop dissonant / invasif, et surtout un livret qui a une cohérence et une fluidité, ne fait pas dans le méta-… ça change de beaucoup de productions contemporaines produites jusqu'ici par l'ONP.

Ça reste quand même plutôt adressé à un public assez cultureux et amateur de théâtre, mais ça rend au moins la chose accessible plus largement qu'aux seuls amateurs-d'opéra-contemporain-atonal-et-de-littérature-académique. (Et tout simplement, le résultat est bien meilleur.)

Stolzing a écrit:

D'accord avec Patzak. J'ai aimé la partition, j'y retournerai sans doute si c'est repris, mais le livret est un peu pénible. L'idée de départ est bonne et pouvait donner lieu à une comédie grinçante réussie, mais c'est tout de même très lourdingue dans ses développements et j'ai trouvé la 2e heure un peu longue : je commençais à avoir du mal à m'intéresser à ce que tous ces braves gens faisaient, quelle que soit la qualité de la musique.  

Effectivement, ça varie peu – et moi aussi j'ai eu un petit décrochage émotionnel à la moitié, quand on a compris que ça ne changerait pas musicalement –, et de ce fait pas sûr d'y retourner pour ma part. Mais l'expérience vécue est marquante, ce qui est déjà très bien en soi !