RF – Intégrale Sibelius – Mikko Franck, OPRF – Avril 2024

Intégrale des symphonies de Sibelius en trois jours à l'Auditorium de Radio France.

Mercredi 10 avril 2024 – Symphonies n° 1 et 2

Jeudi 11 avril 2024 – Symphonie n° 3 ; Concerto pour violon ; Symphonie n° 4

Vendredi 12 avril 2024 – Symphonies n° 5, 6 et 7


Orchestre Philharmonique de Radio France
Mikko Franck, direction
Hilary Hahn, violon
Ji-Yoon Park, violon solo les 10 et 11 avril
Nathan Mierdl, violon solo le 12 avril



https://www.maisondelaradioetdelamusique.fr/integrale-des-symphonies-de-sibelius-par-mikko-franck

C'est la première fois que j'entendrai les symphonies 3 et 6 en concert.

J'ai hâte !

Intégrale entamée de belle façon hier soir.

Tout est diffusé en direct : https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/serie-integrale-des-symphonies-de-jean-sibelius

Un très très bon début en effet !
Mikko Franck et la science sibélienne infuse !

J'ai rarement entendu une 2ème aussi évidente, tant elle annonce, par une conduite fluide et progressive des transformations et rotations thématiques, tout le génie des symphonies à venir de Sibelius.
J'ai aimé le respect de la partition, quel plaisir par exemple d'entendre enfin (car c'est rare) cette battue de noire pointée (contrebasses) au tempo Andante dans le second mouvement de cette même symphonie, jouée excessivement lentement dans une majorité de la discographie.
La transition entre le Scherzo et le Finale, difficile à construire, était magnifiquement réalisée : très bel équilibre des pupitres avec une science de la gestion dynamique pour déboucher sur un vrai Allegro Moderato (là aussi, c'est souvent plus lent et pompeux dans la discographie). Grandiose !
Alors on va me dire : le respect des tempi ne fait pas tout, et un chef a le droit de...c'est l'interprétation, etc. Oui, mais quand on ne respecte pas cette logique et qu'on s'éloigne de ces indications, je suis désolé, mais la conduite qui permet cette cohérence organique mutuelle des thèmes, très caractéristique chez Sibelius à partir de cette deuxième symphonie, ne fonctionne pas aussi bien. Hier, tout dans cette deuxième symphonie respirait l'évidence !

Je pourrais chipoter et dire que le tempo du premier mouvement de la première symphonie n'était pas assez Allegro "energico" (on était un peu en dessous des 108 à la blanche pointée de la partition), qu'elle manquait aussi pour les autres mouvements peut-être un poil de de ce naturel perçu dans la seconde, mais quand l'architectonique de la forme est globalement si bien respectée, on ne peut que saluer.

Orchestre en belle forme aussi hier soir.

À suivre...

mickt a écrit:

Intégrale entamée de belle façon hier soir.

Tout est diffusé en direct : https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/serie-integrale-des-symphonies-de-jean-sibelius

Malheureusement, même en réécoute on n'échappe pas à la surcompression audio prévue pour une diffusion radio, toute la dynamique passe à la trappe...
En plus de cela il y a de vraies bizarreries dans le mixage, les vents sont devant les cordes...cuivres écrasés et prise de son vraiment pas très claire...
C'est à se poser la question de l'interêt de ce type de retransmission avec une qualité de diffusion web aussi médiocre.

Ah mais moi je ne me suis jamais posé la question, les retransmissions de ce type, ça ne m'a jamais intéressé. (il y a Medici qui fait de bonnes choses sans compression audio excessive, mais France musique ou Arte concert, beurk...)

Soirée un peu plus mitigée pour moi concernant les 3ème et 4ème.

De nombreux problèmes de mise en place avec l'orchestre sur la troisième, notamment avec les cordes lors du développement du premier mouvement (sur le long passage en double croche), fragilité des vents sur le deuxième mouvement (trop rapide d'ailleurs), des petits couacs par-ci par-là chez les bois (clarinette), pas toujours ensemble, les cuivres, une phrase de Glockenspiel oubliée sur le dernier mouvement de la 4ème, etc.
Ces symphonies sont difficiles, et sur des constructions complexes comme sur les derniers mouvements de la troisième et de la quatrième, le niveau de l'orchestre se fait hélas ressentir...

Les intentions de Mikko Franck sont plutôt justes, à part donc un deuxième mouvement de la 3ème allegro, plutôt qu'andantino, quasi allegretto, il oublie les poco a poco piu moderato et ravvivando dans la partie Scherzo du dernier mouvement, problèmes de mise en place sur les tranquillo/a tempo, mais enfin le dernier thème du Finale est joué au bon tempo, même si on peut regretter le manque d'énergie progressif, et un orchestre poussé vers ses limites.
Incompréhension par contre sur le ralentissement de la fin du dernier mouvement de la 4ème : que cette symphonie se termine en laissant progressivement ce vide s'installer dans le dépouillement progressif de l'orchestration sans en changer le tempo est justement ce qui nous plonge dans une fatalité extrême et qui rend cette oeuvre si lugubre. L'appuyer par ce ralentissement progressif m'a fait sortir de cette longue introspection.

Du coup je regrette un peu moins de ne pas avoir pu y être... Mais ça me fait un peu peur pour ce soir...

(Et au fait il y avait une troisième œuvre au programme, non ? )

Première soirée superbe, je n'y reviens pas trop, rien de particulier à dire, si ce n'est que tout était évident et bien réalisé.
J'ai préféré la 2 de Salonen à la Philharmonie qui m'avait plus emballé et touché, mais je pense que c'est un peu dû à l'acoustique de la salle.

Ensuite pour moi ce n'est pas le niveau de l'orchestre qui est en cause hier soir, même s'il y a pu avoir de petites imperfections.

Toute la fin de la 3è symphonie jouée mf au lieu de ff, toute cette péroraison jouée de façon si timide, je n'ai pas compris.
Ca tombe à plat et ça fiche presque l'ensemble par terre pour moi.

La 4è j'ai eu l'impression que M.Franck n'y croyait pas vraiment, qu'il ne savait pas comment l'aborder.
Entrée du I trop timide, tempo de III vraiment rapide au départ, puis plus lent (et dans l'ensemble quand même très beau), et IV effectivement dont les tournants étaient manqués, avec cette fin hésitante.

Pourquoi avoir mis un effectif grand format (10 violoncelles) mercredi et pas jeudi?

Je n'ai pas, moi non plus, enfin de parler du concerto violon qu'on a déjà entendu 118 fois en concert et qui cassait un peu la cohérence de ces concerts, d'autant plus avec une H.Hahn qui nous a joué un énième Bach en bis.
Ce que je peux dire c'est que je n'ai pas aimé la timidité de l'orchestre demandé par Franck notamment dans toute la fin du I, où même quand c'est l'orchestre qui avait les parties thématiques, on entendait 3 fois plus fort les formules d'arpège du violon...

Je jette une oreille sur le début de la 5ème avant d'aller prendre ma douche... Les flûtistes semblent un peu s'étouffer. Et il y a des tousseurs de classe internationale dans le public. Bon, plus sérieusement, c'est assez académique, j'ai l'impression que le chef accommode les tempos pour garantir la stabilité de l'ensemble, ce qui heurte l'expression musicale en empêchant le chant de s'envoler comme il le devrait. J'ai vraiment l'impression d'entendre quelque chose qui passe à la radio...

Edit 22h10 : les 6ème et 7ème sont bien plus réussies, c'est bien plus fluide, ça chante bien plus, et il y a le brin de tension dans la 7ème qui manquait complètement dans la 5ème. Ça ne remplacera pas Collins ou Oramo, mais pour passer une bonne soirée, ça l'aura fait.

Prestissimo a écrit:

Je jette une oreille sur le début de la 5ème avant d'aller prendre ma douche... Les flûtistes semblent un peu s'étouffer. Et il y a des tousseurs de classe internationale dans le public. Bon, plus sérieusement, c'est assez académique, j'ai l'impression que le chef accommode les tempos pour garantir la stabilité de l'ensemble, ce qui heurte l'expression musicale en empêchant le chant de s'envoler comme il le devrait. J'ai vraiment l'impression d'entendre quelque chose qui passe à la radio...

Edit 22h10 : les 6ème et 7ème sont bien plus réussies, c'est bien plus fluide, ça chante bien plus, et il y a le brin de tension dans la 7ème qui manquait complètement dans la 5ème.

J’étais dans la salle et j’ai plutôt eu l’impression inverse (mais c’est peut-être lié à des facteurs extérieurs, ou à ma propre appréciation des œuvres…).

La 7ème aura été le sommet de cette intégrale avec la 2ème. Quasiment rien à dire, tout y était, l'art sibélien de la transition avec un déroulement sans faille.

Prestissimo a écrit:

Je jette une oreille sur le début de la 5ème...j'ai l'impression que le chef accommode les tempos pour garantir la stabilité de l'ensemble, ce qui heurte l'expression musicale en empêchant le chant de s'envoler comme il le devrait.

Plutôt d'accord, à se demander pourquoi ce qui semblait si dur pour l'orchestre de réussir certains enchaînements dans cette 5ème, paraissait au contraire si facile et évident dans la 7ème.
Transition au "Scherzo" (un peu mou du genou d'ailleurs) 12/8 > 3/4 dans le premier mouvement, confuse et pas des plus réussie, et dernier mouvement qui démarre trop lentement sur l'allegro molto en 2/4, pour finir en comparaison pas assez (et de façon confuse là aussi) sur l'épilogue largamente en 3/2, comme pour gommer les tensions, pour une trop grande stabilité de l'ensemble en effet (deux derniers accords précipités d'une blanche en plus   )

La 6ème était correct avec quand même des démarrages de cordes et de vents asynchrones parfois pénibles...

Ont-ils beaucoup plus répété la 7ème pour finir en apothéose ?

Je crois décidément que je ne capte rien à la 7e (je veux dire : j'entends de belles choses, mais j’attends toujours l’épiphanie — le moment où je comprendrai enfin où ça veut en venir... Svetlanov ne l'a pas enregistré ?..)...

Malgré pas mal de petites scories (le démarrage de la 6è en effet, aussi le harpiste qui a joué tout un passage de ce même mouvement en avance d'un temps, et plein d'autres), j'ai trouvé le concert de ce soir fantastique de A à Z.
J'aurais sans doute été plus critique en l'écoutant à la radio...
Mais là, en 1er rang de corbeille, j'ai été submergé par l'émotion notamment à la fin de la 5è, en effet ce 3è mouvement était plutôt lent mais j'ai trouvé ça exceptionnel d'intensité et d'émotion.
J'ai été plus gêné par le côté tranquille du final de la 6è, mais la fin était par contre sublime.
Et effectivement, 7è remarquablement menée, bien meilleure que celle de P.Järvi il y a deux ans à la Philharmonie, presque ennuyeuse.
( https://classik.forumactif.com/t9775-pp-op-jarvi-bell-dvorak-sibelius-beethoven-11-05-2022 )

Grand concert pour moi.  (première fois que j'ai une telle émotion dans cette salle!!)

Quel plaisir d'avoir un tel programme tout simplement cohérent avec trois chefs d'oeuvre d'affilée sans concerto ni un Beethoven ou un Brahms à côté...

Prestissimo a écrit:

Je jette une oreille sur le début de la 5ème avant d'aller prendre ma douche... Les flûtistes semblent un peu s'étouffer. Et il y a des tousseurs de classe internationale dans le public. Bon, plus sérieusement, c'est assez académique, j'ai l'impression que le chef accommode les tempos pour garantir la stabilité de l'ensemble, ce qui heurte l'expression musicale en empêchant le chant de s'envoler comme il le devrait. J'ai vraiment l'impression d'entendre quelque chose qui passe à la radio...

Ben oui, puisque tu l'as écouté à la radio.

Vraiment, ça n'a rien à voir avec ce qu'on entendait dans la salle je pense...

Certes les tempi étaient "raisonnables" dans cette 5è, mais ce n'est pas forcément l'élément le plus essentiel.
Et le thème des cygnes, dans le III, je peux te garantir que ça chantait!!

On remarquera que le concert de jeudi, globalement le moins réussi, était joué en plus petit effectif (pourquoi??) et avec un certain nombre de musiciens différents.
Ce soir, on en retrouvait bien certains de mercredi soir il m'a semblé.

Xavier a écrit:

j'ai été submergé par l'émotion notamment à la fin de la 5è, en effet ce 3è mouvement était plutôt lent mais j'ai trouvé ça exceptionnel d'intensité et d'émotion.

Ah tout de même ! Presque tout du long (avec le petit creux du II tout de même, et des p..... de voisins retardataires qui m'ont arraché du I en plein milieu), je me suis dit que j'adorais vraiment Sibelius... Et oui, j'ai trouvé le III sublime presque de bout en bout (je ne m'habitue toujours pas aux accords finaux, c'est ma croix, comme avec la 7e)...

Citation :

J'ai été plus gêné par le côté tranquille du final de la 6è, mais la fin était par contre sublime.

J'ai adoré le premier mouvement (autant que la 5e) malgré les cacas imperfections, le reste beaucoup moins, mais ça reflète assez exactement ce que j'ai toujours ressenti avec cette œuvre...

Quant à la la 7e, j'ai bien senti le regain de tension, certains passages m'ont vraiment captivé, mais je suis surpris (et désolé) de la constance de mes impression sur cette symphonie — quelles que soient l'interprétation et les conditions d'écoute, je n'arrive jamais à vraiment entrer dedans, je ne sais jamais où ça va... Les fameuses transitions, je ne les ressens pas vraiment, j'entends une succession d'épisodes presque rhapsodiques sans grande lame de fond unificatrice... C'est un peu désespérant, alors qu'il se dit et s'écrit partout que c'est son chef-d'œuvre (« Parsifal finlandais » tati tata)...

"Parsifal finlandais", il faut bien reconnaître que c'est n'importe quoi... il y a plus de Parsifal dans le III de la 4è symphonie, déjà.

Mais c'est vrai que pour moi c'est le sommet de Sibelius avec Tapiola. (qui fait encore moins l'unanimité d'ailleurs j'ai l'impression)

Et pour ma part ça a toujours été une évidence totale justement... (au contraire de la 5è par exemple)

Golisande a écrit:

Je crois décidément que je ne capte rien à la 7e (je veux dire : j'entends de belles choses, mais j’attends toujours l’épiphanie — le moment où je comprendrai enfin où ça veut en venir... Svetlanov ne l'a pas enregistré ?..)...

C'est très simple pourtant, ça veut en venir aux toutes dernières notes...

Xavier a écrit:

Certes les tempi étaient "raisonnables" dans cette 5è, mais ce n'est pas forcément l'élément le plus essentiel.

C'est exactement ce qui m'a déplu, c'était raisonnable. Et puis les notes étaient détachées, les phrasés pas assez souples. Y avait quelque chose d'un peu rigide, d'un peu rectangulaire, qui semblait presque dire que l'orchestre n'avait pas eu assez de temps pour bien mettre en place les lignes. Et le côté "lac glacé sous une aurore boréale" n'apparaît pas vraiment (pourtant, Mikko et la glace ça devrait aller de pair...). Par contre, dans la 7ème, aucun rapport, j'aurais même pu croire que ce n'étaient pas les mêmes. D'un coup, tout était fluide, sinueux, comme ça doit l'être, mais pas forcé, et tout de même tendu vers le but (les dernières notes...).

J'ai écouté un peu la 3ème par curiosité et je me demande un peu, est-ce la captation qui fait cet effet parce que j'ai le sentiment que c'est un peu mou du genoux. Et je n'avais pas du tout eu cette impression en 2018 la dernière fois que Mikko l'avait dirigée à la tête du Philhar'.

La captation n'aide peut-être pas, mais la 3è était peut-être ce qui était le moins réussi, et la fin en effet était très peu enthousiasmante, notamment.