La merveilleuse saison du Calvados et du Cotentin

Bon, je suis très contente, j'ai mes 6 places pour Rigoletto. J'espère que la soirée va bien se passer. Juste dommage que mes amis n'aient eu qu'une loge de côté.

Bon, alors... Cadmus !

Tout d'abord, le point que je retiens de cette soirée, est sans conteste, la mise en scène de Benjamin Lazar : on croirait vraiment être au XVIIième siècle (ceci dit, vu la salle, c'est un peu difficile...). Son travail de recherche a, en tout cas, porté ses fruits ! Certes, la restitution du vieux françois porte à sourire (« saluons sa glaiiiiiiiireeeeuuh), les gestes sont ampoulés, mais à terme, on a vraiment l’impression d’être dans un autre monde, celui d’un temps ancien et magnifié. J’ai d’ailleurs appris qu’il existait des manuels de l’époque où tous les gestes des théâtres étaient répertoriés… je n’imaginais que c’était à ce point codifié.
Niveau décor, c'est absolument exquis : les cartons pâtes sont très raffinés, les effets avec la bougie sont assez incroyables . Mieux encore, ce sont les effets « spéciaux » lorsque le soleil (L’état, c’est moi !) ou qu’une divinité arrive… Là, où je suis restée bouche-bée, c’est l’arrivée des furies, le rendu était impeccable. Bon, ce qui est dommage, c’est qu’on entende de manière assez bruyante le bruit de mouvement des trapèzes sur les rails… Et les costumes… le détail, le raffinement des vêtements, les plumes… Je n’ose imaginer le prix de départ, puisque les interprêtes ont au moins 2 costumes de différents durant le spectacle…. Côté chorégraphie, bon, je ne suis pas fan… certes, musicalement, c’est très rythmé et envoûtant, mais je ne suis pas sensible à la gestuelle des danseurs. (d’ailleurs, c’est bien pour ça que le ballet m’ennuie…)
Bref, une très belle mise en scène. Ceci dit, avoir une mise en scène toujours de ce type là m’ennuierait assez rapidement !
Au niveau de la musique, c’est très bien, mais là encore, j’ai l’impression du déjà entendu… peu de mélodies me sont restées en tête car globalement c’est toujours pour moi le même rythme (bon, c’est un peu exagéré certes !), la même chose… sauf la fin qui est absolument génial, notamment lorsque Chariste chante, accompagnée par les deux théorbes… SU PER BE !

Pour les chanteurs, je serais brève : le Cadmus est excellent, superbe voix, bien timbrée, belle couleur, idem pour Hermione. L’Arpas est un peu décevant pour ce qui est des graves (inaudibles), mais néanmoins belle prestation scénique. La Charite ou plutôt Mélisse a eu un début assez faible lors du prologue, mais sa voix s’est plus épanouie par la suite, nettement plus audible, et de belles couleurs retrouvées. Les seconds rôles sont globalement satisfaisants (bon, l’Hymen et Vénus, ce n’est pas ça, mais pour deux phrases dans l’opéra, ce n’est pas bien gênant…)

Elvira a écrit:

Son travail de recherche

C'est plutôt de l'inspiration, en fait, que de la véritable recherche restituée.

Citation :

J’ai d’ailleurs appris qu’il existait des manuels de l’époque où tous les gestes des théâtres étaient répertoriés… je n’imaginais que c’était à ce point codifié.

Oui, et Lazar ne les utilse pas forcément !

Citation :

(L’état, c’est moi !)

Aussi authentique que la mise en scène de Lazar.

Citation :

Et les costumes… le détail, le raffinement des vêtements, les plumes… Je n’ose imaginer le prix de départ, puisque les interprêtes ont au moins 2 costumes de différents durant le spectacle…. Côté chorégraphie, bon, je ne suis pas fan… certes, musicalement, c’est très rythmé et envoûtant, mais je ne suis pas sensible à la gestuelle des danseurs. (d’ailleurs, c’est bien pour ça que le ballet m’ennuie…)

Oui, ça a coûté beaucoup. Pour le ballet, c'est quand même que, prévu pour l'Opéra-Comique, c'était vraiment confiné dans un coin, la chorégraphie, et elle est vraiment minimale et pas franchement inspirée.

Citation :

Au niveau de la musique, c’est très bien, mais là encore, j’ai l’impression du déjà entendu… peu de mélodies me sont restées en tête car globalement c’est toujours pour moi le même rythme (bon, c’est un peu exagéré certes !), la même chose…

C'est essentiellement le cas pour Cadmus, qui est encore très récitatif. Thésée aussi, mais après ça prend plus de relief.

Citation :

Oui, et Lazar ne les utilse pas forcément !

Ah bon ? Qu'est-ce qui te fait dire cela ? Ca m'intéresse.

Citation :

C'est essentiellement le cas pour Cadmus, qui est encore très récitatif. Thésée aussi, mais après ça prend plus de relief.

Ah, je me disais aussi... je pensais que c'était dû à un manque de concentration de ma part...

C'est juste que Lazar ne fait pas du théâtre restitué, même si sa promotion se fonde sur cet argument, mais bien du théâtre d'aujourd'hui. Il n'imite pas toute la gamme gestuelle baroque, ça reste assez réduit chez lui.

A la rigueur, on voit plus de gestes codés dans l'excellent Persée de Toronto.

D'accord... donc, c'est un arnaqueur.

Non, non, parce qu'il ne prétend pas cela. Il ne le dément pas toujours vigoureusement, c'est tout.

Mais sinon, l'éclairage à la bougie, les parures colorées, l'avant-scène statique avec la gestuelle codifiée, l'importance des décors et des ballets, tout cela, il le rend très bien.

Ce que je veux dire, c'est que sa mise en scène n'est ni une copie, ni un document historique. Et qu'on pourrait faire plus fidèle si on poussait la logique plus loin.

(A titre personnel, il pourrait même la pousser moins loin que ça ne me dérangerait pas : je voulais surtout voir la bougie. )

Ok Donc, en somme il fait un mélange théâtre d'aujourd'hui et théâtre d'hier !

Il n'en reste pas moins que c'est un très beau spectacle ce dont nous n'avons pas l'occasion d'être lassé.
Du point de vue musicale ce n'est pas la tragédie lyrique la plus aboutie mais je trouve émouvant de voir l'évolution de Cadmus à Armide.
Je n'ai pas eu la chance de la voir sur scène donc je n'ai pas été gêné par les bruits de trapèze.
C'est vrai qu'au niveau de la gestuelle le Persée de Niquet est très réussi. (Malgré le fait que Niquet ait une fois encore mangé le prologue)

Finalement, c'est Paolo Fanale qui a chanté le Duc de Mantoue.

Brièvement :
Fanale, belle voix, très beau physique, mais voix un peu banale, manquant cruellement de projection (on l'entendait difficilement alors que Caen est un théâtre de taille modeste tout de même !), et un interprétation un peu tiède.
Tomasson, vibrato un peu appuyé, registre aigu moyen et surtout aigus totalement détimbrés. Mais : superbe incarnation, le "Gilda ! Gilda !" à la fin était...
Incarnation somptueuse, timbre très beau et couleurs sombres et dramatiques.
Et la soprano (une slave !!) petit vibrato comme je les aime, voix fruitée et agile, superbes suraigus...

Bonne direction de Paolo Olmi mais qui cependant est parfois hâchée et manque de tendresse... Mais bon, tout cela, c'est du chipotage. L'orchestre était excellent, le choeur.

Ma foi, une très bonne soirée !!!

La soprane, si elle t'a plu, fais-lui l'hommage de dire son nom.

(oui, c'est vrai, mais bon, j'ai mis la distribution plus haut....

C'est Elena Gorshunova...

Superbe concert hier soir.

Divin, tout simplement.

(6 ième livre des madrigaux de Monteverdi)

Elvira a écrit:

Superbe concert hier soir.

Divin, tout simplement.

(6 ième livre des madrigaux de Monteverdi)

Faut dire que la direction était parfaite, enfin je suppose.

C'était Polaniou, c'est ça ?
Des détails, des détails ! Il dirige ça comment ?

jerome a écrit:

C'était Polaniou, c'est ça ?
Des détails, des détails ! Il dirige ça comment ?

Comment tu as deviné ??

En fait, il chantait.

Elvira a écrit:

En fait, il chantait.

Ah bon ?

Citation :

En fait, il chantait.

Bon, ok.
Eh bien, des détails quand même !
Sur l'oeuvre... des points forts ?

Citation :

Le Trident invite la prestigieuse formation des Arts florissants jeudi 5 novembreau théâtre à l'italienne. Le madrigal est à l'honneur.
Les Arts florissants, dirigés par Paul Agnew, interpréteront le Sixième livre de madrigaux de Claudio Monteverdi. Dans leur répertoire, « les Arts florissants accordent aux madrigaux de Monteverdi une place privilégiée, en particulier lorsqu'ils sont placés sous la direction du chanteur anglais Paul Agnew, compagnon de route de l'ensemble depuis une quinzaine d'années », indique l'équipe de la Scène nationale. Art à la fois collectif et intimiste, forme polyphonique d'où se dégage à la fin de la Renaissance l'expression individuelle, « le madrigal permet aussi aux solistes vocaux et instrumentaux d'établir une relation privilégiée avec leur public ». Composé par Claudio Monteverdi (1567-1643) sous le coup de la mort prématurée de sa femme, la chanteuse Claudia Cattaneo, le Sixième livre de madrigaux « explore l'application d'un nouveau style musical expressif sur une poésie intime et touchante ».

J'ai pas rêvé il devait bien diriger. Donc ça veut dire qu'il chantait et dirigeait comme pour ses concerts avec l'orchestre français des jeunes ?

Rassures-toi, au départ, je croyais aussi qu'il dirigeait (la photo était trompeuse).

Points forts ? Que des belle voix. Points faibles ? Aucun. Non pas que c'était parfait, mais c'était de très haute volée.

Le madrigal pour la mort de sa femme était particulièrement magnifique, déchirant.

C'est qui qui dirige alors ? J'ai hâte d'être demain.

Personne. Enfin, Agnew un peu. Il y avait là une réelle maîtrise de la voix, des départs, c'était fabuleux.

Elvira a écrit:

Superbe concert hier soir.

Divin, tout simplement.

(6 ième livre des madrigaux de Monteverdi)

Ah oui, très bel ensemble, ça. C'est autre chose que les badinages qu'il a pondus après.

Hier soir, j'appelle le théâtre pour savoir si il reste des places pour le concert Barbare Hendricks, quoique je connaissais par avance la réponse. Effectivement, il n'y en avait plus, et ce dès le jour même...
La fille au téléphone, par ailleurs très aimable, me raconte qu'ils vont rajouter des places dans l'église (oui, le concert se passe dans une église) : 150 à 200.
Oui, sauf qu'il y a 233 personnes sur la liste d'attente avant moi.

Je vais me rabattre sur ça... sauf que je veux amener une novice avec moi [et accessoirement ma mère], et donc je voudrais savoir à quelles oeuvres cela correspondrait afin de les écouter avant de me décider ?

Bon, il serait plus intéressant si je laisse le lien, n'est-ce pas ?

http://www.trident-scenenationale.com/spectacle/Musique/Musenna/177

Comment ça, à quelles oeuvres ? Il y a marqué le nom des compositeurs, c'est de l'italien primitif (de première catégorie).

Hé bien, si vous saviez quels ouvrages de ces compositeurs on pourrait retrouver au sein de ce spectacle, tout en sachant qu'il y ait comme thème Istanbul et les turqueries au XVI/XVII ième siècles...

Sinon, tant pis, ça ne m'empêchera pas de dormir.

Elvira a écrit:

Hé bien, si vous saviez quels ouvrages de ces compositeurs on pourrait retrouver au sein de ce spectacle, tout en sachant qu'il y ait comme thème Istanbul et les turqueries au XVI/XVII ième siècles...

Sinon, tant pis, ça ne m'empêchera pas de dormir.

Il suffisait de télécharger le dossier Musenna, en bas de la page que tu donnes en lien. Tu y as tous les détails.

Le programme
Introduction
-Taksim, Ney
-extrait Sonata XII, op.16, Isabella Leonarda (1620-1704)
-Lagrime mie, Barbara Strozzi (1619-1664)
-Texte : l’arrivée à Constantinople
Premier Tableau « le Palais du Sultan »
- Pesrev Nikriz, Manuscrit Mecmûa i Sâz ü Söz d'Ali Ufkî (1610-1675)
-Semâi Ey Şeh i Melek, Manuscrit Mecmûa i Sâz ü Söz d'Ali Ufkî (1610-1675)
-Texte : la chambre de musique du palais et les pages du Sultan Murat IV
-Air de danse d'Anatolie, « danse grecque » transcrite par Charles Fonton dans « L'Essay sur la
musique orientale comparée à la musique européenne » Constantinople, 1751
-Moresca, Vincenzo Galilei (1520-1591)
-Texte : l’orgue de Thomas Dallam et le Sultan Murat III
- Sarabanda, H. Kapsberger (c.1580-1651)
Deuxième Tableau « la ville d'Istanbul »
-Gaillarda prima, H. Kapsberger (c.1580-1651)
-La Mia Turca, C. Monteverdi (1567-1643)
-Texte : Quartier de Galata, un jour de Bayram
-Raksiyye Saç Bagi Takar Saçina, Manuscrit Mecmûa i Sâz ü Söz d'Ali Ufkî (1610-1675)
-Canario, F. Caruso (c.1527-c.1620)
-Kapsberger, Colasione, H. Kapsberger (c.1580-1651)
-Raksiyye Ey Servi Revanim, Manuscrit Mecmûa i Sâz ü Söz d'Ali Ufkî (1610-1675)
-Scherzo sopra il Tamburro alla Turchescha V. Calestani (c.1589-c.1617)
Troisième Tableau « les bords du Kagýthane »
-Texte : les plaisirs du fleuve Kagithane
-Murabba eha zülfün beni divane kildi, Manuscrit Mecmûa i Sâz ü Söz d'Ali Ufkî (1610-1675)
-Sentirete una Canzonetta, T. Merula, (1595-1665) et Kameti Servi Revanim, Manuscrit Mecmûa i
Sâz ü Söz d'Ali Ufkî (1610-1675)
-Türkî Şikayet, Manuscrit Mecmûa i Sâz ü Söz d'Ali Ufkî (1610-1675)
-Texte : cahvehane et marionnettes d’ombres
-Capona, Sfessania, H. Kapsberger (c.1580-1651)
Quatrième Tableau « le Palais de France »
-Texte : le Palais de France à Istanbul
-Piangono al Pianger mio, V. Calestani (c.1589-c.1617)
-Scène : extrait du Cocu Imaginaire de Molière (scènes III à VI)
- Canario, H. Kapsberger (c.1580-1651)
-La Treccha, T. Merula, (1595-1665 )
-Dites moi Raymonde, manuscrit Ali Ufkî de la Bibliothèque Nationale de France
Final - le départ
-Texte : Les Miroirs du Levant
-Damigella tutta Bella, V. Calestani (c.1589-c.1617)
-Cengi Harbi, Manuscrit Mecmûa i Sâz ü Söz d'Ali Ufkî (1610-1675)
Les textes sont puisés parmi les récits et mémoires d'Ali Ufkî, d'Antoine Galland, de Joseph Grelot,
de Jean Thévenot, de Pietro della Valle, de Thomas Dallam, facteur d'orgue, de Marquis de Nointel,
l'Ambassadeur Français à Constantinople et du voyageur-conteur turc, Evliya Celebi

Ah bah tu es plus malin que moi, merci bien.

Très beau concert ce soir, à l'Eglise du Voeu à Cherbourg.
C'était le Stabat Mater de Dvoràk version piano (donc première mouture).


De ce que j'ai pu entendre*, c'était vraiment magnifique. Et très bien chanté de surcroît ! On sent vraiment son histoire propre se reflétait dans ce Stabat Mater. Une douleur, certes, mais reste ou du moins tente de rester positive. Tout au long de l'écoute, on sent une chape de plomb au-dessus de nous, mais la musique est ici un repoussoir, un bouclier, une force qui tente de nous extraire de cette torpeur de tristesse. Le "amen" final est d'ailleurs plus un exutoire, qu'une parole de terreur !
Bref, j'ai été totalement conquise !

*Vu que c'était dans une église, l'acoustique était assez mauvaise : le son était très éparpillé - ce qui donnait un aspect divin - et quand le choeur faisait des forte, ça donnait une sensation assez désagréable.

Et c'est rien à côté du Requiem.