Le "jazz-rock" au sens large (des années 60 à nos jours)

Michel Ripoche : Equinoxe (75)



Un violoniste de son état accompagné ici du fameux Janick Top à la basse, de Jean Schulteis à la batterie et de Philippe Briche au piano et au Fender Rhodes.
Particularité :Ripoche s'est adjoint les services d'un quatuor à cordes (une démarche qui fait écho au Shekina de Zao sorti la même année).

Le morceau Vimanas déploie un jazz-rock plutôt générique dont le fade out prématuré procure à l'auditeur une déconcertante sensation d'inachevé, le morceau se terminant en quelque sorte avant d'avoir réellement commencé...

Hier Aujourd'hui et Demain semble plus ambitieux avec sa structure en 3 parties : une introduction de Ripoche jonglant avec les effets d'echoplex qu'affectionne Jean-luc Ponty laisse place à une intervention du quatuor à cordes qui disparaît très vite au profit d'une séquence jazz-rock archi-classique dominée par le Fender Rhodes de Philippe Briche, puis retour à l'introduction aux effets d'echoplex. Une traversée qui laisse bien peu d'impressions...

Mirage développe un thème d'une rare platitude que les vocalises d'Anne Marie Briche n'arrivent pas à égayer.Cela dit, on peut souligner la jolie coda tout en délicatesse...

Les fragrances orientales du morceau-titre laissent place à une intervention du quatuor à cordes (dans un style décidément très français) sans qu'une véritable solution de continuité émerge entre les deux modules du morceau.

La très belle Ballade pour B.B. (un duo violon/piano) est porteuse d'un lyrisme qui manque cruellement au reste du disque.

L'album se termine avec un Divertissements dont les ponctuations au synthétiseur font regretter que celui-ci n'ait pas été utilisé sur la totalité du disque.

Equinoxe s'avère être au final un disque agréable et sympathique qui ne laissera pas un souvenir impérissable...

Uni Sono : Uni Sono (75)



Groupe finlandais composé du décidément incontournable Pekka Pohjola (basse) accompagné de Reino Laine (batterie), Olli Ahvenlathi (claviers), Paroni Paakkunnainen (saxophones et flûte) et Nono Soderberg (guitare).

Le style du groupe se situe en quelque sorte à mi-chemin entre Weather Report et Soft Machine (époque Six/Seven), dominé par la basse volubile de Pohjola et le Fender Rhodes omniprésent d'Ahvenlathi.

La musique du groupe repose sur des canevas assez ouverts, gérés avec suffisamment d'incarnation et de souffle pour donner le change.

Parmi les moments forts du disque, on peut signaler :
- Chorea Urbana et sa magnifique coda réminiscente du meilleur Hugh Hopper

- Jeddi and Rekku avec ses claviers à la Zawinul/sax à la Shorter et sa guitare lyrique qui s'envole sur un trame répétitive qui fait une fois encore penser à la Machine Molle (avec de superbes contrechants flûtés).Peut être le morceau le plus fouillé de l'album...

Au chapitre des choses qui fâchent, on pourra fustiger l'inconséquence thématique de Boulevard Blues et plus globalement regretter un certain manque de densité du point de vue de l'écriture. Ceci dit, la cohésion du groupe et le charisme des solistes tempère quelque peu ce grief.

Un disque de très bonne qualité qui, s'il ne brille pas par son originalité foudroyante, s'écoute avec un très grand plaisir.

Christophe Chassol parle avec enthousiasme de Chick Corea.

https://www.francemusique.fr/emissions/la-chronique-de-christophe-chassol/la-chronique-de-christophe-chassol-du-jeudi-08-fevrier-2018-58259

Et il a le bon goût de citer le plus beau solo de piano électrique que je connaisse*, celui de Theme To the Mothership :

/watch?v=Q-wW7ZjiaL8 à partir de (3:57) jusqu'à (6:25)

Irrésistible



* et j'en ai écouté un bon paquet

Je vois un Hornets de 43 minutes!
Tu peux dire un petit mot de ce live ?

Je peux t'en dire qu'il vaut forcément l'écoute... et que tu le trouveras chez notre fournisseur habituel.

Alifie a écrit:

Je peux t'en dire qu'il vaut forcément l'écoute... et que tu le trouveras chez notre fournisseur habituel.

Il vaut vraiment la peine de se le procurer?

de l'écouter déjà, si tu n'es pas allergique au streaming.

A l'écoute sur le tube

Alifie a écrit:

www.discogs.com/fr/Herbie-Hancock-Septet-Live-At-The-Boston-Jazz-Workshop/release/8990490
https://open.spotify.com/album/4DJksi3Y8qEiCHPcE2CS83

Très bon concert. Vraiment une des périodes les plus passionnantes d'Herbie Hancock.

Absolument ! Manquent juste dans ces live des années Mwandishi les synthétiseurs de Patrick Gleeson, qui font de Crossings et encore plus Sextant des albums totalement .

Grrr...tu m'a donné envie de me remettre à Mwandishi alors que j'ai une pile himalayesque de disques de jazz-rock à écouter qui m'attendent.

3 albums studios et quelques concerts enregistrés, c'est toujours moins chronophage que Roland Kirk ou Pharoah Sanders, non ?

Vu comme cela, en effet.

D'ailleurs, dans le genre bref, mais :



Herbie Hancock & Mwandishi - Molde Jazz Festival 1971 - Watermelon Man (6:28) : /watch?v=o1ijmyB1eBM

Pour changer un peu :



www.deezer.com/fr/album/669226

Je n'ai jamais réussi à accrocher à ce disque, je ne sais pas pourquoi.

Trop répétitif/planant pour toi sans doute : pas l'ombre d'un thème sur l'album. L'ambiance sonore (un faux air du Miles de l'époque en beaucoup moins nerveux), qui doit beaucoup à Patrick Gleeson, fait pour l'essentiel son intérêt.



www.deezer.com/fr/album/41130201 ou /watch?v=AAj7xWGFKYc (jusqu'à 2:04:28, Toys est répété ensuite)

superbes versions de Speak like a child, avec un long solo d'Hancock, et d'Ostinato, cette dernière hélas un peu gâchée par l'enregistrement qui sature.

C'est quoi les 3 albums studios de Mwandishi? je n'en connais qu'un.

Thelonious a écrit:

C'est quoi les 3 albums studios de Mwandishi? je n'en connais qu'un.

+Crossings et Sextant

Merci. J'écouterai ça avec attention.

You'll Know When You Get There - Toys - Water Torture - Firewater - Maiden Voyage : /watch?v=my-iwtuH-JM

Nettement mieux enregistré que le concert de Hambourg l'année précédente (et en 192 kbps sur yt). Quelques longueurs dans You'll Know When You Get There (jusqu'au solo d'Hancock, vers 32'), mais ensuite le concert est vraiment extraordinaire.

Thelonious a écrit:

Merci. J'écouterai ça avec attention.

Veinard, tu vas tripper.

arnaud bellemontagne a écrit:

Transit Express : Priglacit (75)



Ce groupe français aborde le jazz-rock dans le sillage du Mahavishnu Orchestra avec de surcroît un constant souci mélodique.

Une petite perle.  

Réécoute de ce Priglacit.

Sans renier mes propos, je voudrais les tempérer un peu.

C'est certes de la très belle musique, mais qui manque tout de même un peu de personnalité tant l'emprise du Mahavishnu y est manifeste. Cela dit, le plus frustrant (vu la qualité et le lyrisme des interprètes) est le côté "vignette" des morceaux proposés. Certaines idées auraient gagné à être plus développées...

arnaud bellemontagne a écrit:

Transit Express

Le nom de ce groupe me fait penser à une vieille pub pour All Bran.
Désolé. Pas pu m'en empêcher.  

T'es fier de toi, hein !

Et pour le coup, avec Transit express, ce n'est pas une petite perle...

Et je ne suis même pas désolé 😂.

Vous vous êtes engagés, si je peux me permettre, sur un chemin vraiment glissant.

En souvenir de Didier Lockwood :
Surya (80)



Un superbe album de jazz-rock à réévaluer.

Fela Kuti - Expensive Shit (1975)

Bon je sais pas où mettre Fela, mais en ré-écoutant, l'afro-beat, c'est quand même très jazz dans l'esprit (très longs solos, que j'imagine improvisés, qui prennent les 3/4 des morceaux)

Pochette provocatrice exceptionnelle, comme souvent avec Fela (ou de très mauvais goût, selon l'avis de chacun)



Pour moi un des meilleurs disques de Fela (note: couplé en CD avec He Miss Road, moins remarquable)
Le déroulé des morceaux est inchangé: longue intro tranquille avec la section rythmique, entrée des solistes (sax, trompette, piano électrique le plus souvent et enfin le tour de chant parlé de Fela, qui finit en climax (avec des choeurs de plus en plus présents, et un accompagnement de plus en plus fort)
Le groove est omniprésent et les mélodies très accrocheuses, impossible de ne pas adhérer. Quels riffs !
Quelques très beaux solos également (Fela est très reconnaissable au sax, il a une technique très particulière, comme s'il n'arrivait pas à nuancer et était souvent à bout de souffle...les esprits chagrins ont souvent dit qu'il en jouait très mal d'ailleurs)
L'esprit à la fois drôle et très engagé des paroles est toujours un grand plaisir, et j'apprécie énormément la voix scandée très peu chantée de Fela.

A découvrir pour ceux qui ne connaissent pas (et trouver l'occasion de sortir du monde occidental/afro-US en jazz est somme toute assez rare)

/watch?v=3PZrr2Wuxcw

Made in Sweden : Where do we Begin ? (76)



Une formation réunie autour de figures familières de la scène jazz-rock finlandaise (Pekka Pohjola, Georg Wadenius,Wlodek Gulgowski...).

Les morceaux sont en grande majorité chantés (5 sur 8 ) dans un style éthéré à la Sebastian Hardie (le morceau titre, le très beau Our Man) ou plus rugueux et américanisé (les poussifs Pop-Poem et We must be crucified). L'instrumental de 10 minutes qui clôt l'album, naviguant entre unissons peu amènes et progressions d'accords inodores est bien loin de tenir ses promesses, malgré la belle intervention de Golowski au moog.

Un album bien décevant au regard du pedigree impressionnant de ses protagonistes*.


*Souvenons nous du brillant The Front is Breaking de Eero Koivistoinen ou encore des disques solo (dont on parlera bientôt) de Pekka Pohjola.

Freddie Hubbard: Red Clay (70)



Premier disque du virtuose de la trompette sur CTI. Il est ici accompagné de Joe Henderson, Herbie Hancock, Ron Carter et Lenny White, excusez du peu...

Les morceaux d'Hubbard, d'une efficacité à toute épreuve et ponctués d'interventions décisives (avec un Lenny White qui fait montre d'une magistrale assimilation du style crépitant de Tony Williams), font mouche.  

Un album charnière entre Hard-Bop finissant et jazz-rock naissant (pas loin du jazz en cours de mutation de Miles in the Sky).

Passionnant.  

Freddie Hubbard : First Light (71)



Cast encore plus vertigineux que celui de Red Clay (Ron Carter, Herbie Hancock, Jack Dejohnette, George Benson, Hubert Laws) , arrangements 5 étoiles (réalisés par Don Sebesky), compos originales magnifiques (dont un morceau-titre absolument merveilleux ), splendides revisitations de standards (Uncle Albert de Macca, Lonely Town de Bernstein, Fantasy in D* de Walton...)... bref, First light accumule les "n'en jetez plus".

Un album fantastique!






* plus connu sous le nom d'Ugetsu, un incontournable des Jazz Messengers.

Jukka Tolonen :Tolonen! (71)



Le premier disque solo de Jukka Tolonen, ici accompagné par ses potes de Wigwam, dont le définitivement incontournable Pekka Pohjola* à la basse.

Tout en faisant place à un style "jam" riche en débordements guitaristiques bien de son époque (Ramblin ,Last Night...), le disque laisse déjà poindre sur Elements,Mountains et Wanderland ce lyrisme si typique (empreint de folk scandinave) des compos de Tolonen qui fera merveille sur Summer Games et The Hook.


Un brillant coup d'essai!







*La carrière solo....un jour.

Freddie Hubbard : Straight Life (71)



Un album enregistré entre Red Clay et First Light avec comme à l'accoutumée un cast de fou (Joe Henderson, George Benson, Herbie Hancock, Ron Carter et Jack DeJohnette).

Un style soul-jazz roboratif qui a toutefois un peu tendance à se complaire dans sa propre efficacité, à rebours de la force de caractère de Red Clay et de l'aspect très chiadé et multicolore de First Light.

La semaine dernière:

Shakti: With John McLaughlin (76)


Shakti : A Handful of Beauty (76)


Shakti : Natural Elements (77)


Ca n'est pas à proprement parler du Jazz-Rock, mais la musique jouée ici déploie une intensité, une richesse et une virtuosité qui n'a rien à envier à celle du Mahavishnu Orchestra et d'un point de vue artistique, ces 3 albums sont parmi ce que McLaughlin a enregistré de plus enthousiasmant.

3 disques INDISPENSABLES.

Ca faisait longtemps... Je le réécoute après avoir découvert que Michael Landau (que je viens de découvrir ), jouait sur Cobra.

Justement, je pensais à toi en réécoutant ça:

Barry Miles : Sky Train (77)



Je confirme qu'il s'agit d'un album essentiel de la glorieuse épopée du jazz-rock des années 70.

La mirifique suite pour big band City Scape titillera surement le fan de Snarky Puppy en toi.

/playlist?list=PL94gOvpr5yt2yx21i3ZSTyTJztxSK5ubT       

Le septet d'Hancock, diminué de Julian Priester et augmenté de Lenny White (on ne perd pas au change).

/watch?v=BVudwrKY62k

presque les mêmes, cf. https://en.wikipedia.org/wiki/Inside_Out_(Eddie_Henderson_album), à l'automne 1973 cette fois.

Freddie Hubbard : Sky Dive (73)





Distribution étincelante (George Benson, Keith Jarrett, Hubert Laws, Ron Carter, Billy Cobham), morceau-titre somptueux à la grille imparable, reprise aussi inattendue que réussie (The Godfather avec un Jarrett  en habit de lumière), arrangements splendides (toujours sous la houlette de Don Sebesky), vamps à l'efficacité redoutable (Povo),déploiements dans l'éther (In a Mist): Sky Dive est bien le brillantissime compagnon de First Light.

Un album fantastique.

Freddie Hubbard : Polar AC (75)



Un album issu des sessions de First Light et de Sky Dive: le morceau-titre est une revisitation de la Fantasy in D de First Light et la progéniture de Sky Dive (Son of Sky Dive) clôt l'album.

Un précieux appendice aux 2 merveilleux albums évoqués plus haut.

Freddie Hubbard/Stanley Turrentine : In Concert (73)




Live avec Herbie Hancock, Eric Gale, Ron Carter et Jack DeJohnette.

Le début du concert repose sur une thématique entièrement due au pianiste (le Mwandishien "Hornets" suivi d'un interlude au piano Fender).Lui succède un Gibraltar très étendu et chaloupé qui s'attache à exalter les racines hard-bop d'Hubbard sans que sa durée (20 minutes!) ne se justifie vraiment. Le Povo echappé de Sky Dive accentue ici son rapprochement avec le Watermelon Man d'Herbie (version Headhunters). Une 2ème version de Gibraltar, plus enlevée (avec un Hancock intense!) clôt ce beau concert.
A noter la prestation impressionnante de Jack DeJohnette...

Apprentice : Rough Draft (82)



Confirmation qu'on tient là un très grand disque de jazz-rock.  


@Thelonious,@Barbajuan : c'est à écouter toutes affaires cessantes.