Pleyel, 23-24/04 - N.Angelich, P.Järvi et l'OP jouent Brahms

Concerts 100% Brahms de l'Orchestre de Paris mercredi et jeudi avec la rarement donnée Ouverture pour une fête académique et la Symphonie n°1, ainsi que les 2 Concertos pour piano (le 1er mercredi, le 2e jeudi).

J'étais à Pleyel pour le premier concert et c'était remarquable. J'ai rarement entendu l'OP aussi en forme et aussi concerné du début à la fin. On sentait dès l'ouverture, brillante bien que relativement anecdotique, que l'orchestre était dans un grand soir. Et puis enfin un chef qui donne à l'introduction du concerto toute la violence et l'intensité qu'elle requiert. Une interprétation pleine de fougue, loin de la sérénité parfois ennuyeuse de Jansons avec Amsterdam et Zimerman il y a quelques jours.

Quant à la symphonie Järvi l'exécute assez rapidement, avec un geste à la fois ample, énergique et nerveux ce qui fait qu'on ne s'enlise jamais. Les cuivres ont été phénoménaux, les cordes d'une rare cohésion, j'oserais même dire beauté. Il faut dire que les musiciens sont en permanence dirigés par un Järvi en grande forme. Les toutes dernières mesures sont jouées avec une solennité grandiose !
La danse hongroise n°1 donnée en bis (!) à 22h30 passées m'a paru plus contestable mais bon... On ne va pas faire la fine bouche.

Quant à Angelich il me semble être un interprète idéal de Brahms. Beaucoup de sensibilité dans son jeu, j'ai vraiment apprécié. Ils se connaissent bien avec Järvi, ils ont enregistré les 2 concertos ensemble d'ailleurs et ont dédicacé leur CD à la fin.

J'aurais bien aimé allé voir le 2e concerto ce soir et ré-entendre la symphonie.

Le concert est disponible en vidéo sur le site d'Arte Concert.

Bonjour,

j'ai pu voir sur le site de la cité de la musique le concert. Je me suis focalisé sur le concerto. Je ne suis pas tellement d'accord quand vous dites que c'est une interprétation moins fougueuse que celle de Zim. Alors bien sur, je n'y étais pas au concert, j'ai juste pu écouter l'enregistrement sur youtube. La prise de risque de Angelich est énorme, surtout sur les octaves où il va à une vitesse vertigineuse. Mais il se calme très vite sur la suite, le pain qu'il met à un moment lui rappelle que sa prise de risque sur les octaves étaient trop importantes. C'est dommage j'aurais aimé qu'il continue sur sa lancée. Mais tout de même j'ai vraiment apprécié son interprétation, c'est un très grand brahmsien. Je trouve Zim, beaucoup plus fin que lui au niveau des nuances et sur la gestion des timbres (cf le 2ème mouvement du concerto). Ce qu'il arrive à produire comme un son est tout simplement phénoménal, on dirait que son piano mesure "3km" par moment, il embrase carrément tout l'orchestre entier. Pour revenir aux octaves, écoutez bien Zim, certes moins de fougue que Angelich mais il assure carrément sur la suite.

Bruno13700 a écrit:

Bonjour,

j'ai pu voir sur le site de la cité de la musique le concert. Je me suis focalisé sur le concerto. Je ne suis pas tellement d'accord quand vous dites que c'est une interprétation moins fougueuse que celle de Zim. Alors bien sur, je n'y étais pas au concert, j'ai juste pu écouter l'enregistrement sur youtube. La prise de risque de Angelich est énorme, surtout sur les octaves où il va à une vitesse vertigineuse. Mais il se calme très vite sur la suite, le pain qu'il met à un moment lui rappelle que sa prise de risque sur les octaves étaient trop importantes. C'est dommage j'aurais aimé qu'il continue sur sa lancée. Mais tout de même j'ai vraiment apprécié son interprétation, c'est un très grand brahmsien. Je trouve Zim, beaucoup plus fin que lui au niveau des nuances et sur la gestion des timbres (cf le 2ème mouvement du concerto). Ce qu'il arrive à produire comme un son est tout simplement phénoménal, on dirait que son piano mesure "3km" par moment, il embrase carrément tout l'orchestre entier. Pour revenir aux octaves, écoutez bien Zim, certes moins de fougue que Angelich mais il assure carrément sur la suite.

Je suis parfaitement d'accord. Concernant la fougue je "critiquais" plutôt l'orchestre du Concertgebouw que Zimerman. D'ailleurs l'attitude de Zimerman était intéressante pendant le concerto : il se levait parfois de son tabouret, on le sentait bouillir à l'intérieur de lui-même ! Et le 2e mouvement était effectivement somptueux, à couper le souffle, avec des pianissimo presque inaudibles.

Pour les octaves il me semble que Zimerman en a mis un peu plus à côté que Angelich mais ça ne me gêne pas du tout, dans ces passages-là je préfère comme vous le dites une prise de risque et quelques pains qui vont avec plutôt qu'un pianiste qui "assure". Il me semble quand même que Zimerman a un peu abusé de la pédale dans les traits les plus compliqués mais je n'en suis plus si sur.

Quoiqu'il en soit 2 très grands pianistes dans cette oeuvre, mais l'accompagnement musclé de Järvi me fait préférer le concert d'Angelich.

Si vous en avez l'occasion regardez également la symphonie qui suit, c'est du même accabit.

Pardonnez-moi alors, je me doutiez que vous parliez de l'orchestre mais je n'en étais pas sur. Effectivement Zim en met quelques uns à côté (d'ailleurs il y a quelques années, il faut savoir que Zim c'était monsieur 0 faute, il en mettait pas à une côté), ça ne me dérange pas non plus car comme vous le soulignez je préfère une interprétation fougueuse à une interprétation sans prise de risque et terne. Je pense notamment à Emmanuel Ax qui joue ce concerto sans fougue, même Kissin m'a beaucoup déçu sur ce Brahms.
Je suis entièrement d'accord avec vous sur la direction de Järvi, d'une manière générale il fait un bien fou à l'orchestre de Paris, orchestre qui possède d'ailleurs de terribles chefs de pupitre : Cazalet, Lucas (je suis flûtiste, j'étais obligé de le citer !), Moragues ...
Difficile pour moi de juger sur l'utilisation excessive de la pédale dans les passages délicats (avec l'enregistrement youtube pas évident), mon cousin qui y était m'a dit qu'il n'en n'avait pas trop abusé, c'est pas dans les habitudes de Zimerman bref ce n'est qu'un détail, on chipote sur deux très grands pianistes ;-)

Vous serez à Pleyel le 6 juin ? J'attends ce concert depuis très longtemps, j'avais vu Zim déjà dans l'op 110, un peu déçu par sa prestation mais ce qu'il arrive à faire dans le passage fugué du dernier mouvement relève de l'ineffable ... à tomber ! l'op 109 semble tailler pour lui. Quant à l'op 111 on verra, ça risque d'être un très très grand moment ce concert.

Merci pour le conseil, je vais écouter ça !