Question incongrue: sur le choix des notes

Bonjour à tous,

Pour cette première participation à ce forum, j'aurais une question sans doute atypique et dont je n'ai pas pu trouver de réponse dans une histoire ou une théorie de la musique... à savoir, existe-t-il à votre connaissance un compositeur qui par lubie, principe (ou d'autres raisons...) n'aurait composé qu'un utilisant des noires et en excluant systématiquement ronde et blanche, ou qui aurait eu un autre type de sélection de notes....ne me demandez pas comment m'est venu cette interrogation, je ne le sais pas moi-même...

Merci pour vos réponses .... ou pour votre enquête!

Cdlt

Un Pérec compositeur, en quelque sorte ?
Rossini, affublé d'un soliste de médiocre qualité dit-on, a composé dans Ciro in Babilonia un air avec une seule note (hauteur, pas valeur).

je vais, de ce pas, chercher cet opus pour médiocre soliste...

merci


A.B

il y a Musica ricercata de Ligeti : la première pièce utilise deux notes (mais l’essentiel une seule), la seconde trois, la troisième quatre, etc.
j’ai deux autres exemples de même type en tête (une pièce [non tonale] qui n’utilisait que les notes des touches blanches du piano, et une autre qui n’en utilisait que 6 ou 8, je ne sais plus), mais je ne retrouve plus les noms.

il y a aussi un certain compositeur qui voulait ne faire apparaitre les notes que dans un certain ordre, mais bon, ça n’a pas donné de très bons résultats.

enezkadeg a écrit:

je vais, de ce pas, chercher cet opus pour médiocre soliste...

merci


A.B

/watch?v=ffZiEgC4Tu0

Il y a les 4 pièces sur une seule note, pour orchestre, de Scelsi, mais si je me souviens bien, ça tourne autour d'une note dans chaque pièce, sans rester exactement sur la note, par le jeu des micro-intervalles.

Bonjour Enezkadeg !

Oui, il y a beaucoup d'exemples.

¶ Chez Bach, beaucoup d'œuvres sont écrites avec les mêmes valeurs (souvent doubles croches à une main et croches à l'autre, mais le Deuxième Prélude du Clavier Bien Tempéré est plus ou moins uniquement constitué de doubles croches, me semble-t-il). On trouve ça aussi chez Chopin (le final de la Deuxième Sonate, entièrement en croches à l'exception de l'accord final). C'est valable aussi chez beaucoup de compositeurs d'études, qui utilisent souvent des formules très régulières.
Ça s'explique assez bien par la recherche d'un effet de régularité, de musique ininterrompue… Les carrures répétitives sont très fréquentes, on en trouve (pas au même degré, certes, chez Vivaldi, Mozart, Schubert…).

¶ Il existe des œuvres (dont une Étude de Chopin) exclusivement écrites pour les touches noires du piano.

¶ Au vingtième siècle, il y a un certain nombre d'expérimentations (dont les Quattro Pezzi de Scelsi, chacun une étude sur une seule note – pas spectaculaire du tout, mais ça répond à ta question). Chez les minimalistes en particulier, où l'on trouve très souvent des boucles sur des notes de valeurs égales (donc on peut effectivement avoir des pièces entièrement en croches) ; ou Morton Feldman, doit les agrégats peuvent avoir une valeur de durée assez similaire (Palais de Mari).

Les cas les plus extrêmes sont forcément plus rares, mais ce n'est pas si peu fréquent que ça, en fait. Ça sert à explorer les confins du matériau musical, ce n'st pas si fantaisiste et gratuit qu'il y paraît.

merci à tous pour vos réponse...je reste baba devant tant d'érudition... il ne me reste plus qu'à étudier tout cela... quel travail!


Cordialement

DavidLeMarrec a écrit:

Morton Feldman, doit les agrégats peuvent avoir une valeur de durée assez similaire (Palais de Mari).

pas vraiment, ce qui est caractéristique de Feldman est au contraire l’irrégularité à ce niveau.
par contre, le nombre d’agrégats différents est souvent limité.

sinon, pour les valeurs régulières, Ustvolskaya est une autre spécialiste.

Il y a de petits décalages, mais les valeurs sont globalement très similaires (et effectivement ce sont les mêmes agrégats en boucle). En tout cas pour Palais de Mari, je n'en ai pas joué beaucoup d'autres (et c'est assez vite ennuyeux, même en déchiffrage on regarde un peu le plafond ).