Joseph Vella (1942-2018) et les compositeurs maltais

Plutôt que de le laisser perdre dans le quizz « paroles & musiques  », cette présentation de JosefK :

« Joseph Vella (1942-2018) est décédé le 25 février dernier.
Il menait également une importante activité de chef d'orchestre et de pédagogue.
A noter qu'il était originaire de la deuxième île de l'archipel, Gozo, située au nord de Malte et où, selon la légende, la nymphe Calypso aurait retenu Ulysse...
Ses obsèques ont d'ailleurs été célébrées dans la capitale, Victoria (ou Rabat), de cette petite île dont la population a un caractère encore plus... insulaire qu'à Malte.

« Le site de Vella (https://www.josephvella.com.mt) est extrêmement complet et permet d'entendre (et de voir) l'incipit de la plupart des oeuvres (un catalogue de 154 opus embrassant à peu près tous les genres). Plusieurs d'entre elles ont été jouées, voire créées en France.

« Quelques disques sont parus, notamment chez Gega. L'un d'entre eux inclut le cycle "Seher" ("Charme", au sens d'ensorcellement ou d'envoûtement), son opus 39, composé en 1984, qui comprend cinq mélodies sur des poèmes de Daniel Massa.
Sans abandonner toute référence populaire, Vella cultive moins la veine folklorique et descriptive que ne l'a parfois fait son confrère Camilleri. C'est assez typique dans ces cinq brèves pièces (un quart d'heure au total), où la soprano, qui s'aventure parfois dans des régions dangereusement aiguës, est soutenue par un orchestre de chambre d'une finesse ravélienne. Entre tonalité, modalité et modernisme, cette musique me fait parfois penser au Bartok du Divertimento, parfois au dépouillement lumineux du dernier Martinu.

« Ce cycle est couramment présenté comme le premier du genre en langue vernaculaire, notamment dans la notice de l'enregistrement, mais pas seulement (http://www.independent.com.mt/articles/2012-01-15/local-news/The-Song-Cycles-Of-Joseph-Vella:-harmonisation-of-Maltese-culture-at-its-best-304425).

« Il ne me semble pas l'avoir trouvé sur YouTube, où l'on peut en revanche découvrir son Concerto pour piano (1984), son poème symphonique "Rebbieħa" ("Victorieux") (1986) et son Concerto pour violon (1993).

« Il me fallait une question non googlable et sur un sujet que j'avais envie de faire partager. Mais du coup, ce n'était pas facile, j'en conviens. »

Pour ma part, je connais fort peu de musique maltaise, hors d'Isouard, qui a exercé en France comme compositeur d'opéras comiques, un peu dans le genre de Dalayrac (jointure classicisme-romantisme), donc je serai fort mal placé pour abonder ce fil…

En même temps, avec leur nombre assez nettement circonscrit d'êtres vivants à la surface de leurs cailoux, ce serait bien le diable s'ils débordaient de génies méconnus.

DavidLeMarrec a écrit:

En même temps, avec leur nombre assez nettement circonscrit d'êtres vivants à la surface de leurs cailoux, ce serait bien le diable s'ils débordaient de génies méconnus.

Ils excellent certes dans d'autres domaines, certes pas toujours très recommandables...

Mais la contribution de l'archipel à l'histoire de la musique ne me semble pas ridicule, une fois ramenée à sa population. On le doit peut-être aux nombreuses influences politiques (Angleterre) et culturelles (Italie) qui se sont exercées sur l'île durant des siècles.

Et puis assez récemment, Joseph Calleja s'est fait un nom parmi les ténors, et, à un moindre degré (de notoriété, mais de valeur!), Claire Debono et Miriam Gauci parmi les sopranos.

A supposer d'ailleurs que j'en sois capable, il serait fastidieux de présenter ici une histoire de la musique maltaise.

Alors autant s'en tenir à l'autre grand de la musique maltaise de la seconde parie du siècle dernier, Charles Camilleri (1931-2009), plus exubérant, plus extraverti que Vella, auteur d'une oeuvre protéiforme allant du dépliant touristique - l'increvable "Suite maltaise" - à des influences beaucoup plus modernistes dans les années 1960.

Au fond, son évolution et sa réflexion me font penser à l'Australien Peter Sculthorpe (1929-2014), soucieux à la fois de mettre son pays au diapason de la modernité occidentale et de le replacer dans son environnement naturel, géographique et culturel, comme une manière, pour ces deux pays liés au Royaume-Uni, de revendiquer une forme d'indépendance musicale.

Et de même que Sculthorpe écoute l'Asie - le Japon, l'Indonésie, etc. - et les Aborigènes, Camilleri se veut un compositeur méditerranéen, à la confluence de deux continents, de nombreuses cultures. Tout cela est quand même plus proche que la lointaine Albion... Et quoi de plus méditerranéen que Malte, en plein centre de cette Mare nostrum dont elle a recueilli, nolens volens, toutes les influences au fil d'une histoire agitée?

Et YouTube dans tout ça? Comme je suis nouveau ici, je ne voudrais pas faire de bêtises et insérer des liens vers des choses qui sont sans doute très douteuses du point de vue des droits des uns et des autres...