Philharmonie - Brahms, Sibelius 4 - Harding 19-20 juin 2019

Mercredi 19 juin 2019 — 20h30
Jeudi 20 juin 2019 — 20h30

Philharmonie de Paris, grande salle Pierre Boulez

Johannes Brahms
Concerto pour violon

Jean Sibelius
Symphonie n° 4

Orchestre de Paris
Daniel Harding, direction
Janine Jansen, violon


Dernier concert de l'orchestre et d'Harding cette saison, étonnamment il reste beaucoup de places.
J'ai hâte, cela fait 20 ans que je n'ai pas entendu ce chef d'œuvre en concert.

Xavier a écrit:

J'ai hâte, cela fait 20 ans que je n'ai pas entendu ce chef d'œuvre en concert.

Tu parles du concerto pour violon de Brahms?

S'il n'y avait pas eu le concerto, je crois que j'aurais pris une place (mais c'est une des très, très rares œuvres de Brahms que je n'aime vraiment pas - et en plus, il est drôlement long.)

J'ai eu une place de dernière minute assez bien placée et pas trop onéreuse pour jeudi.
Je suis curieux d'entendre en concert cette symphonie si difficile, et, si le concerto pour violon n'est pas ce que je préfère chez Brahms, je n'ai pas non plus de répulsion à son égard.

j'y serai le 20 !
je suis très impatiente de découvrir en concert la 4e !

J’avais prévu d’aller à ce concert mais je ne pourrai probablement pas donc avis aux éventuels  amateurs j’ai mis en vente une place sur un site bien connu.
Quatrième catégorie deuxième balcon de face.
Kir

Je ne serai pas très subjectif vu que le seul plaisir d'aller au concert après une longue pause et de découvrir (enfin) la Philharmonie aura fait ma soirée. Ayant dit cela on s'ennuie tout de même un peu dans ce concerto pour violon, et j'ai trouvé la soliste Janine Jansen plutôt effacée, avec un manque d'ampleur, son violon avait du mal à passer au dessus de l'orchestre. Pas aimé du tout non plus ces attaques sur le troisième mouvement. Par contre très impressionné d'entrée par le son de l'orchestre, soyeux mais puissant, avec l'acoustique qui laisse bien le son s'étendre.

On aura eu un bout de la Chaconne en rappel, moui, ça reste une valeur sûre mais pas transcendant dans ce contexte.

Par contre dans l'interprétation j'ai trouvé dommage de coller la quatrième à ce concerto, les deux morceaux faisant la part belle aux cordes sans laisser assez de place aux cuivres et aux vents. L'orchestre donne du coup l'impression d'un orchestre se reposant trop sur ses cordes.

La quatrième de Sibelius est vraiment une symphonie peu amène, personnellement je préfère la cinquième, quand Sibelius se sert des mêmes procédés de strates sonores mais portées par un sens mélodique plus évident. Du coup je trouve dommage de se lancer dans cette quatrième sans avoir proposé d'autres œuvres de Sibelius (dans le programme on apprenait que c'était la seule œuvre nordique en trois ans...).

Ça reste une œuvre de tension intéressante et assez pénétrante par moment mais l'orchestre manquait ici d'un peu de force, même si le son est vraiment beau.

21 ans que j'attendais de réentendre cette 4è en concert!

En 1998, c'était Berglund et COE qui avaient donné les symphonies 4, 6 et 7 à la Cité de la musique, dans un double programme Brahms/Sibelius, c'est amusant, on peut retrouver le programme de l'époque ici: https://live.philharmoniedeparis.fr/programme/0076205/paavo-berglund-chamber-orchestra-of-europe-johannes-brahms-jean.pdf

Depuis, je n'ai pas pu réentendre une seule fois mes trois symphonies préférées de Sibelius en concert…

Eh bien je n'ai pas été déçu ce soir: l'orchestre de Paris était particulièrement investi et a donné un grand concert avec Daniel Harding, un des meilleurs de sa saison peut-être.
Je ne suis pas fana du concerto pour violon de Brahms, mais je l'apprécie toujours en concert, surtout quand c'est aussi bien joué.
Pour moi le son de Jansen était magnifique et tout à fait suffisant; peut-être n'étais-tu pas idéalement placé pour bien l'entendre, toutes les places ne se valent pas à la Philharmonie de Paris, loin de là, tu vas t'en rendre compte rapidement je pense.

Evidemment j'étais surtout là pour Sibelius, et j'ai été conquis quasiment de bout en bout: déçu par l'attaque des contrebasses pas assez méchante et mordante dans les premières notes du premier mouvement, je n'ai rien d'autre à redire.
Cuivres vraiment impeccables du début à la fin (et c'est loin d'être évident dans cette œuvre), sachant être saillants et presque sardoniques quand il le fallait, bois tout aussi magnifiques que la semaine dernière, et cordes sous leur meilleur jour, très en place qui plus est. (et quel violoncelle solo!!)
Harding a donné une lecture intense et sombre (c'était sombre quasiment du début à la fin), avec des I et III vraiment lents, rendant parfaitement justice au côté étrange et désolé de l'œuvre.
Le public a été très bruyant (encore une sonnerie de portable à la fin du III, et puis des toux à n'en plus finir) mais peu enthousiaste pour un concert de fin de saison et de fin de mandat, mais il est certain que l'œuvre n'encourage peut-être pas aux plus grandes effusions…
Pourtant ça a été pour moi un très grand moment.

Enfin la 4è... et une 4è dont je me souviendrai.

Étonné de vous voir tous aussi mesurés sur le Brahms… J'admets qu'en concert, ce n'est pas l'œuvre la plus impressionnante physiquement, celle qui est la mieux étagée dans l'orchestration… mais quel bijou tout de même. Je n'aime pas beaucoup les concertos, mais avec cette veine mélodique, cette qualité d'atmosphère… difficile pour moi de rester froid.

Xavier a écrit:

(et quel violoncelle solo!!)

Éric Picard ? (la quarantaine, barbu à présent ; vertigineux en effet)

Citation :

mais il est certain que l'œuvre n'encourage peut-être pas aux plus grandes effusions…

C'est sûr… quand même difficile formellement, élusif mélodiquement, plongé dans des affects assez sombres, et même sur le plan des couleurs plutôt homogène et désolé… Ce n'est pas tout à fait aussi immédiatement électrisant qu'une Beethoven 7, Dvořák 9 ou Mahler 2 – ou que n'importe quelle symphonie qui finit par un mouvement vif !

Il est long le concerto et je trouve le second mouvement vraiment trop descriptif, trop homogène.
Par contre oui il y a des beaux moments dans le premier mouvement.

"Peut-être n'étais-tu pas idéalement placé pour bien l'entendre, toutes les places ne se valent pas à la Philharmonie de Paris, loin de là, tu vas t'en rendre compte rapidement je pense"

J'étais effectivement derrière l'orchestre ce qui n'aide pas à bien entendre le soliste. Par contre je maintiens que je n'ai pas trop aimé les attaques au début du troisième mouvement, ça manquait de lisibilité j'ai trouvé, même si je conçois que ça venait d'une envie de donner un caractère plus échevelé à ce mouvement.

Et j'avais oublié mais oui les parties de violoncelle étaient superbes, peut-être le plus beau moment dans cette symphonie.

Oui, étrange choix de fin tout de même, on sentait le public un peu perdu, plus dissipé que lors du concerto, et cette fin abrupte avec l'impression que la mélodie ne s'est pas achevée a désarçonné tout le monde.

Ça m'a tout de même vraiment plu dans l'ensemble, au point de craquer pour un abonnement et une série de concerts pour la saison à venir !

De mon côté, je rejoins largement Xavier : un très grand concert, l'un des meilleurs de la saison, avec d'abord un exceptionnel concerto de Brahms, vraiment ! Janine Jansen montre un engagement phénoménal et son supplément d'âme habituel (il n'y a que Shaham qui me procure le même plaisir à voir chez les "grands" violinistes) et nous offre un Brahms résolument passionné, grandiose, lumineux, carrément endiablé dans le III, avec beaucoup de franchises dans les attaques et un rubato qui fonctionne formidablement bien. Ce n'est pas non plus histrionique, loin de là, c'est juste solaire et éclatant, et c'était complètement jubilatoire à entendre, j'avais le sourire aux lèvres pendant tout le 1er mouvement ! (qui d'habitude me plait beaucoup sans jamais me passionner complètement non plus). On est à l'opposé de la version très apollinienne de Kavakos et Rattle en décembre (somptueuse elle aussi). Car Harding fouette son orchestre avec une violence toujours élégante, subtilement dosée, jusqu'aux fracas des tuttis. Les musiciens de la petite harmonie sont fabuleux, leurs timbres se côtoient, s'imbriquent dans les I et II et virevoltent dans le III, judicieusement mis en avant par Harding. Merveilleux Camille Baslé aux timbales, comme toujours.

Après ce grand moment, changement radical d'ambiance avec une 4e de Sibelius noire de chez noire, très concentrée, inquiétante et tendue de bout en bout par la direction au scalpel d'Harding, qui ne lâche pas la bride une seule seconde. L'oeuvre est un peu déconcertante, on se demande pourquoi ces rares lueurs d'optimisme surgissent de nulle part au 4e mouvement. Drôle de façon de terminer un mandat avec cette pièce, on sait que Harding a voulu nous dire quelque chose
Orchestre impérial, tous les pupitres sont à leur meilleur. Et effectivement, public d'un enthousiasme modéré (sans être froid non plus, loin de là, mais pas de "bravo" dans la salle). Saluts normaux de l'orchestre (qui n'a pas tapé des pieds comme pour Mäkelä la semaine dernière), aucun protocole particulier, je jetterai un oeil sur la vidéo de ce soir... Sachant qu'Harding les emmène en tournée pour encore quelques concerts cet été, donc ce n'est pas non plus la dernière fois qu'il les voit.

DavidLeMarrec a écrit:

Xavier a écrit:

(et quel violoncelle solo!!)

Éric Picard ?  (la quarantaine, barbu à présent ; vertigineux en effet)

Je crois bien que c'était lui, oui. Incroyable.

Prosopopus a écrit:

"Peut-être n'étais-tu pas idéalement placé pour bien l'entendre, toutes les places ne se valent pas à la Philharmonie de Paris, loin de là, tu vas t'en rendre compte rapidement je pense"

J'étais effectivement derrière l'orchestre ce qui n'aide pas à bien entendre le soliste. Par contre je maintiens que je n'ai pas trop aimé les attaques au début du troisième mouvement, ça manquait de lisibilité j'ai trouvé, même si je conçois que ça venait d'une envie de donner un caractère plus échevelé à ce mouvement.

L'arrière-scène c'est catastrophique pour les solistes, mais en fait c'est catastrophique tout court…
Au premier rang c'est un peu mieux, mais sinon ce sont les pires places de la salle, juste avant les 2è balcons de côté.
Tout est flou...

J'ai pris des places différentes pour mes prochains concerts histoire de tout tester mais effectivement plus en arrière-scène. Ça pourrait peut-être aussi expliquer que j'ai surtout perçu les cordes et moins les jeux avec les différents pupitres. Par contre j'aimais assez l'idée de voir Harding diriger, c'était l'occasion de le voir dans son dernier concert à la Philharmonie avec l'Orchestre (en tant que directeur parce que j'ai vu qu'il serait là tout de même l'année prochaine pour un concert).
Il a un geste vraiment sec je trouve, tu le sens nerveux (après dans le Sibelius c'était plutôt normal), il n'en fait pas des caisses mais exulte parfois (la petite danse à la fin du troisième mouvement du Brahms) et on l'entend pas mal éructer, plus que la soliste pour le coup qui était expressive effectivement mais plutôt discrète dans ses inspirations.

Sur le côté du 1er balcon tu peux aussi très bien voir le chef, tout en ayant une excellente acoustique.
Les meilleures places pour moi: 1er rang du 1er balcon de côté, le moins possible derrière l'orchestre (en gros de A 72 à A 96, avant l'escalier), et dans la courbe s'il y a des solistes. (un peu plus de face, mais toujours très près)

C'est noté merci, je vais voir si j'ai des places dans cette configuration dans mon abonnement où si je peux les changer.

En effet, Jansen a vraiment un son ténu. Moi qui ne suis pas très "grand violon", ça me plaît mais je comprends qu'on puisse rester sur sa faim. L'option symphonie concertante qui en découle me convainc, mais vraiment ce premier mouvement est bien bavard. Ca s'améliore ensuite, et le mouvement lent, devenu ici une sérénade onirique, se confirme comme le plus réussi. Brahms fait tout de même mieux ailleurs.
Sibelius impeccable, d'une densité saisissante, et quelles couleurs des pupitres de vents!

En revanche, tout autre climat qu'hier dans la salle: beaucoup d'acclamations après le concerto, un réel enthousiasme après la symphonie. Et puis une surprise avait été préparée pour ce dernier concert: les choristes font leur entrée dans les travées, et entament, accompagnés par l'orchestre, An die musik, devant un Harding ému aux larmes. Discours du maestro, qui a expliqué qu'il ne fallait pas voir de message particulier dans le choix de cette quatrième comme dernier concert, que c'était déjà prévu avant qu'il décide de partir. Puis standing ovation de la salle.
J'ai versé ma petite larme (je n'aime pas ce qui se finit), et je me disais que sans chercher une signification précise, c'était une belle symphonie pour un adieu : chaque instrument y a son moment, quel plus bel hommage d'un chef à son orchestre?

J'étais à ce concert mercredi au premier rang du parterre. Ce concerto pour violon n'est pas mon préféré mais Jansen est bien évidemment une remarquable violoniste. Les attaques étaient franches, la voir jouer était fascinant par ailleurs.

La 4e de Sibelius centrée essentiellement sur les cordes fut magnifique. Très belle direction de Harding, très prenant. Très bons solistes au sein de l'orchestre.

aurele a écrit:

La 4e de Sibelius centrée essentiellement sur les cordes fut magnifique.

Du premier rang du parterre tu ne vois qu'elles, et tu n'entends presque qu'elles, mais je ne suis pas d'accord sur cette assertion selon laquelle ce serait une symphonie essentiellement de cordes.
J'imagine que tu as été de cette place impressionné par le violoncelle solo dans le I de la symphonie de Sibelius?

Il y a un xylophone aussi avouons le...
(au début la sonnerie de portable j'ai cru que c'était l'entrée discrète de la partie de xylophone).

@Xavier : j'ai été impressionné par les deux violoncellistes devant et les deux altistes en particulier.

Le concert est à revoir sur Arte concert.

J'ai commencé par le concerto de Brahms mais je n'ai pas supporté Jansen au bout de 10 minutes.

Je zappe sur la 4e de Sibelius et là miracle, voilà un orchestre habité. Le gestuel de Harding me rappelle celui d'Abbado. C'est indéniable un beau concert.

Prosopopus a écrit:

Il y a un xylophone aussi avouons le...
(au début la sonnerie de portable j'ai cru que c'était l'entrée discrète de la partie de xylophone).

Non, pas de xylophone dans cette oeuvre, c'est un glockenspiel. (le xylophone est en bois)

La vidéo de la 4è de Sibelius est disponible jusqu'au 20/12: https://www.arte.tv/fr/videos/089781-000-A/daniel-harding-dirige-brahms-et-sibelius/

Ah oui, tiens, je n'avais pas pu aller à ce concert... Merci