Votre dernier film visionné

Nanni Moretti : Sogni d'oro        1981


C'est le premier film de Moretti que je vois, ne connaissant pas véritablement son style, je suis assez embêté car je n'ai pas été véritablement convaincu par ce film mais je ne sais pas si les éléments qui me dérangent font partie du style du réalisateur. J'ai trouvé ça extrêmement bordélique, on enchaîne les séquences en tout genre ; il y a bien un fil rouge mais au fond, ça passe vite en pilotage automatique - d'autant plus que certaines séquences sont assez répétitives. C'est vraiment dommage car certaines scènes sont vraiment drôles, notamment la scène du jeu télévisé où le personnage joué par Moretti scande "public de merde" quelques fois et tout le public reprend à l'unisson et certaines scènes sont plutôt intelligentes notamment les reproches que l'on fait au personnage de Moretti sur la représentation de la jeunesse. Le tournage de La mama di Freud est également amusant mais donne lieu à des scènes parfois assez pénibles, notamment d'un point de vue sonore.

Looker

+

Une Nuit à Casablanca

+

Ah, tiens, moi, Possession et Eyes Wide Shut, j'aurais plutôt mis ça quelque part entre Le Père Noël est une ordure et Alien Crystal Palace.

Sinon, pour ceux que j'ai vus, je suis globalement d'accord avec la première liste (sauf que je n'aurais quand même pas placé La Mort de Louis XIV et L'Apollonide au-dessus de La Chute de la maison Usher, Panique, Imitation of Life, Rashōmon et Un cœur en hiver.)

Benedictus a écrit:

Ah, tiens, moi, Possession et Eyes Wide Shut, j'aurais plutôt mis ça quelque part entre Le Père Noël est une ordure et Alien Crystal Palace.

Sinon, pour ceux que j'ai vus, je suis globalement d'accord avec la première liste (sauf que je n'aurais quand même pas placé La Mort de Louis XIV et L'Apollonide au-dessus de  La Chute de la maison Usher, Panique, Imitation of Life, Rashōmon et Un cœur en hiver.)

 Oui, je sais bien que tu n'aimes pas Eyes wide shut et je ne suis pas très étonné que ce soit aussi le cas pour Possession.

En fait, je ne les ai pas mis au-dessus car la liste n'est pas ordonnée.

C'est très très bien Les Yeux Grands Fermés. Par contre Possession a partir des échos que j'ai du film je suis sur que j'aurais adoré il y a quelques années, j'ai eut une grande période ou j'aimais bien le cinéma d'auteur frénétique, avec acteur vociférant, mise en scéne agressive fondé sur le choc et la rupture, quelque part entre le film d'horreur et le film expérimental. Sans renier tout intéret a ce genre de démarche ça a tendance a me fatiguer un peu aujourd'hui du coup ça me fait un petit peu peur...


Par contre Alien Crystal Palace est une authentique expérience du troisième type qui transcende les catégories de bons et de mauvais (comme tout ce que fait Arielle Dombasle en fait)

Claude Lelouch : La bonne année        1973


J'ai été plutôt agréablement surpris par ce film - enfin, je n'ai pas vu grand-chose de ce réalisateur mais son dernier film en date m'avait plutôt agacé. D'ailleurs, j'ai l'impression que c'est une manie de s'auto-citer chez Lelouch, et dans ce film, il le fait même deux fois : une fois au début où les prisonniers assistent à une projection de Un homme et une femme et une autre fois où le réalisateur donne un ton ridicule à des gens lisant des critiques de Un homme et une femme, on dirait qu'il ne les a pas très bien prises. Bref, pour en revenir plus strictement au film, j'étais d'abord intrigué par ce "hold-up psychologique" dont il était question sur le scénario et j'avoue que ça change un peu, la gestion du temps (dans la séquence du flash-back) est en plus plutôt réussie, avec quelque chose de très répétitif qui donne l'impression même de plusieurs histoires parallèles - même si l'exploitation parallèle (qui se veut ambivalente) du personnage de bandit et de celui d'homme amoureux joués par Ventura est un peu caricaturale. J'ai également aimé les petites tentatives d'inversion de la temporalité dans le film (cf. la séquence du coup de téléphone à la fin où l'attente et la réalité sont inversés ; et qui établit une sorte de brouillage (plus maladroit) avec la séquence initiale) ; l'utilisation de la couleur (pour la séquence du flashback) et du noir et blanc (pour la temporalité de référence) me semble plutôt pertinente (et cohérente avec la façon de Lelouch de faire du cinéma) : même si c'est un flashback, la séquence en couleur occupe la grande majorité du film et c'est là-dedans que les personnages prennent vie, véritablement, ils y existent davantage aux yeux du spectateur que dans les séquences en noir et blanc. Par contre, j'aurais bien aimé que les séquences de romance soient un peu écourtées parce qu'elles ne sont pas particulièrement intéressantes.

Parsifal a écrit:

C'est très très bien Les Yeux Grands Fermés. Par contre Possession a partir des échos que j'ai du film je suis sur que j'aurais adoré il y a quelques années, j'ai eut une grande période ou j'aimais bien le cinéma d'auteur frénétique, avec acteur vociférant, mise en scéne agressive fondé sur le choc et la rupture, quelque part entre le film d'horreur et le film expérimental. Sans renier tout intéret a ce genre de démarche ça a tendance a me fatiguer un peu aujourd'hui du coup ça me fait un petit peu peur...


Par contre Alien Crystal Palace est une authentique expérience du troisième type qui transcende les catégories de bons et de mauvais (comme tout ce que fait Arielle Dombasle en fait)

Oui, je comprends tout à fait que ce genre de cinéma puisse agacer - mais à part la célèbre séquence d'Adjani dans les couloirs du métro, je crois que les acteurs/trices ne hurlent pas trop. Moi, j'ai beaucoup aimé l'aspect très physique du film (comme je le trouve - dans un style différent - chez Cronenberg), la mise en scène (qui est effectivement agressive) et la superbe photo de Nuytten.

Bien sûr, tout comme Le baltringue qui reste toutefois plus modeste ; d'où leur apparition dans cette catégorie spécialement taillée pour eux.

Emeryck a écrit:

En fait, je ne les ai pas mis au-dessus car la liste n'est pas ordonnée.

Ah oui, pardon, je n'avais pas vu la dernière ligne.

José Giovanni : Dernier domicile connu        1970


Je crois que la première fois que j'ai entendu le nom de Giovanni, c'était sur une interview de lui parlant de Jean-Pierre Melville (qui a adapté son livre Le deuxième souffle) et il était insupportable de méchanceté (après, Melville n'est pas l'homme le plus agréable du monde), de rancœur et de jalousie et sa façon de voir les choses était très claire : il dit à un moment une phrase comme "Melville fait des films de mec, c'est parce qu'il a toujours voulu en être un mais qu'il n'en est pas un". Cette composante très virile est assez manifeste dans ce film où le tandem central (Ventura/Jobert) fonctionne sur une sorte de contraste entre Jobert la jeune fille naïve (incroyable) et Ventura le policier qui a de la bouteille. L'histoire aborde également les dysfonctionnement policiers (assez peu, en fait, c'est juste l'introduction du film où Ventura arrête le fils d'un avocat renommé et se fait muter ; et éventuellement la manière dont la police s'occupe des témoins mais l'approche est vraiment très sommaire) ; l'histoire n'est pas passionnante, il s'agit simplement de la recherche d'un individu. Par contre, ce film a tout de même des qualités : certaines scènes ont une atmosphère assez crédible notamment les scènes de bagarre ou certaines séquences un peu grisonnantes (notamment celle où se succèdent en alternance des logos néon de pharmacies alternant un néon extérieur rouge ou vert qui donne un aspect doucement triste) ; j'ai aussi aimé le jeu de Ventura, très simple mais particulièrement crédible notamment lorsqu'il s'agit d'exprimer l'amertume ressentie par son personnage ; j'ai bien aimé la musique de François de Roubaix aussi, très variée. Par contre, je n'ai pas trop aimé le jeu de *Jobert qui me semblait trop subordonné à un traitement contraire à celui de Ventura ; sinon, la post-synchronisation est absolument catastrophique (presque aucun dialogue n'est en place) et les bruitages sont à peine mieux et je trouve que globalement, le film n'a pas très bien vieilli, la photo est pâlotte et l'usage abondant de zooms rapides n'aide pas... La phrase d'épilogue est assez amusante tant il s'agit d'enfoncer une porte ouverte et la séquence des maniaques dans les cinémas est aussi amusante tant elle est expédiée en une demi-seconde.

Cluny Brown (La folle ingénue)

+

Mon Lubitsch préféré! (Et comme Charles Boyer et Jennifer Jones y sont à la fois drôles et émouvants!)

Je sens qu'il m'a un peu échappé quand même, même si j'ai beaucoup aimé dans l'ensemble...
En première approche, j'ai préféré Ninotchka, Shop around the corner ou To be or not to be.
Il m'en reste quelques-uns à voir. (je ne compte que ceux qui se trouvent facilement bien sûr)

Vincente Minelli : Brigadoon        1954

 +
Je suis assez partagé sur ce film : sur le papier, le scénario est très prometteur mais d'un autre côté, le rythme est extrêmement lent et je trouve que certaines scènes dansées ne s'intègrent pas tellement bien au film. Le film raconte en gros l'histoire de deux américains partis en Écosse et qui tombent sur un village qui n'apparaît pas sur la carte ; et pour cause, ce village dont le nom est Brigadoon, ne s'éveille qu'un jour tous les siècles à condition que personne ne le quitte durant ce jour, sinon il disparaît à tout jamais. Cette idée de village absolu, libéré de toute contrainte spatio-temporelle (oui, parce que les jours où le village disparaît, le temps s'arrête), propice à tous les développements oniriques possibles, me laisse une petite amertume car le film choisit un chemin très binaire et très balisé (l'idéaliste vs. le pragmatique, New-York pas bien vs. le petit village gentil), ça m'a beaucoup déçu. Par contre, le film offre tout de même son lot de belles scènes (la fin, notamment, avec cette ré-apparition du village) et j'ai trouvé que les lumières volontairement très artificielles marchaient plutôt bien car l'aspect un peu onirique était décuplé.

Jacqueline Audry : Gigi        1949


Neuf ans avant l'adaptation en musique comédie du roman Gigi de Colette par Vincente Minelli, Audry en propose déjà une adaptation plus classique. Je ne connais pas le texte original mais l'adaptation par Audry me semble tout de même un peu sage (même si l'acidité des dialogues est parfois plaisante - et la préciosité parfois absolument ridicule de certains personnages mais ça, ça doit déjà figurer dans le roman) ; par contre, les dialogues légèrement sentimentaux sont parfois un peu rigides. C'est tout de même moins réussi qu'Olivia, notamment au niveau de la mise en scène, qui est très statique, ici ; c'est un peu décevant sans être complètement mauvais non plus.

Vertigo

Trouble in paradise (Haute Pègre, encore un titre français atroce)

+

Un Lubitsch réjouissant de plus!

Diao Yi'nan : Black coal        2014

 +
Je n'avais pas été complètement convaincu par Le lac aux oies sauvages, c'est à nouveau le cas pour ce film et les problèmes sont à peu près les mêmes : une superbe mise en scène et d'incontestables idées visuelles mais un scénario artificiellement complexifié (beaucoup de revirement peu utiles) et qui n'est au fond pas extrêmement passionnant. Ce film reprend tout les codes du film noir (ambiance nocturne, femme fatale, poursuite) et va même jusqu'à transposer l'important travail des ombres et lumières (parfois lié à des question de vérité) dans ce genre dans quelque chose de plus actuel : le contraste entre la neige et le charbon - véritablement omniprésents dans le film ; et le titre anglais est d'ailleurs Black coal, thin ice. L'intrigue semble cependant moins artificielle que dans Le lac aux oies sauvages, mais c'est sans doute parce qu'elle est plus conventionnelle - même si la dernière partie est un peu à rallonge, et la coupure très brutale du plan final peu heureuse. J'ai beaucoup aimé l'idée des feux d'artifice de jour (c'est le titre original, d'ailleurs) qui sont comme une échappée, un moyen d'esquiver la réalité - cf. la scène du club où la propriétaire (?) finit par se jeter dans sa baignoire, la (très belle) scène de la grande roue où Wu embrasse le personnage principal pour ne pas avoir à lui raconter la vérité et les feux d'artifice de la fin qui repoussent les pompiers et policiers. Il y a d'autres trouvailles notamment la séquence de transition entre 1999 et 2005 qui est une rotation complète dans un tunnel, avec apparition de la neige ; et puis il y a aussi les deux séquences (ironiquement) apaisées de patin à glace sur la place avec du Strauss en fond ; en général, les lumières sont assez léchées et c'est très agréable et tout cela donne malgré tout un film plutôt pas si mauvais.

Rings on her fingers

+

Julia Kowalski : Crache cœur        2015


Ce film figurait dans la sélection 2015 de l'ACID, il s'agit du premier long-métrage de Julia Kowalski ; le scénario est peu original : un père veut retrouver son fils qu'il n'a pas vu depuis une quinzaine d'années, fils auquel sa mère a dit que son père était mort ; c'est la fille de son patron qui va l'aider à retrouver son fils mais cela va chambouler les protagonistes (!) ; la mise en scène pourrait distinguer positivement le film mais ce n'est pas le cas : la lumière est parfois assez mauvaise et la mise en scène ne propose en général rien de profondément original. En plus de tout cela, les personnages sont assez pénibles surtout qu'ils sont alternativement antipathiques et (un peu) sympathiques - ce qui n'est pas un problème en soi mais cela donne ici l'impression que c'est fait de manière systématique. La résolution de la tension centrale du film est presque ridicule car d'un coup, le fils décide soudain de finalement rencontrer son père, un peu au hasard ; la fin est d'ailleurs aussi ridicule. Finalement, le film se focalise plutôt sur la trajectoire de l'adolescente au centre du film (et c'est sans doute, la seule chose un peu intéressante dans le film est la peinture de cette adolescente) et son histoire d'amour avec le fils mais le film ne dit jamais rien d'intéressant, malheureusement ; heureusement qu'il ne dit qu'une heure vingt.

Douglas Trumbull - Silent Running sorti en 1972



Déroutant, très lent, mais pas sans intérêt.

Nadine Trintignant : Ça n'arrive qu'aux autres        1971

 
Ce film a été réalisé deux ans après Le voleur de crimes, il s'agit d'un hommage à la fille de Nadine Trintignant, prématurément décédée à l'âge de neuf mois - c'est troublant car sa fille Marie mourra à cause des coups que lui a portés son compagnon Bertrand Cantat une trentaine d'année plus tard. Le film est d'une grande sincérité mais il est assez unilatéral : le couple se réfugie dans le déni, essayant de croire encore à la vie et à leur amour malgré cet évènement tragique  ; c'est à peu près la démarche globale du film. Bien sûr, quelques séquences font rire malgré tout et la diversité d'ambiances dans un tel film est assez étonnante, notamment la scène de fin ou bien encore la scène où on mime des titres de films. Le film ne se renouvelle pas beaucoup et m'a donc un peu ennuyé ; je préférais Le voleur de crimes qui était inabouti mais qui essayait des choses.

John Huston - Le Trésor de la Sierra Madre, sorti en 1948



Excellent film qui surprend et tient en haleine.

... et une fin typiquement hustonienne!

Jacques Becker : Goupi mains rouges        1943

 + / 
De Jacques Becker, je n'avais vu (il y a plusieurs années) que Le trou, son ultime film, que j'avais adoré. Concernant Goupi mains rouges, je n'irai peut-être pas jusqu'à dire que je l'ai adoré mais j'ai énormément aimé ce film. C'est un film sur la différence : tout d'abord, même parmi la famille des Goupi, on trouve une subdivision en deux clans (le fils parisien et les autres, plus ruraux) ; bien sûr, ce n'est pas aussi schématique que cela puisque chaque personnage est bien typé et est un témoin pour le spectateur d'une certaine époque (le colonial un peu cinglé, le centenaire, l'ancien gendarme, l'instituteur qui parle de Paris comme d'une ville-lanterne déplorant le fait qu'une exposition coloniale puisse s'y tenir, etc.) et cette pluralité spécifique des personnages au sein de l'unité qu'est la famille (surtout dans les années 40 dans une certaine France, on parle quand même de "travail, famille, patrie") est accentuée par l'utilisation de surnoms extrêmement descriptifs, comme s'il s'agissait d'une nomenclature pratique (Goupi mains rouges, Goupi mes sous, Goupi l'empereur, Goupi muguet) ; le fait que tous les personnages soient aussi intéressants joue beaucoup dans mon appréciation du film, d'autant plus qu'ils sont tous interprétés par des acteurs/trices très bon(ne)s et très bien dirigé(e)s (Fernand Ledoux est superbe). Le film ne fait pas que rendre compte de la différence, il en joue également : lorsque le fils arrive chez son père grâce à la calèche de Mains Rouges, ce dernier exploite la mythologie de la vie à la campagne afin d'effrayer le fils ; il y a également le réveil progressif de l'empereur. Cela va permettre de faire prendre un intérêt considérable à une histoire pourtant banal : un simple vol de magot sur fond de querelles tacites de famille. Ce qui est aussi absolument remarquable dans ce film, c'est la façon de filmer : beaucoup de mouvements de caméra souvent très éloquents, avec des variations de rythme qui traduisent si bien la tension (qui est également accrue par la musique) et une lumière superbe ; il y a vraiment une intelligente sobriété de la caméra qui est tout à fait remarquable - par exemple rien que le plan de fin : on part du couple fraîchement formé entre le fils et Goupi Muguet (la jeunesse), pour aller vers l'Empereur (la vieillesse) par un travelling gauche puis un travelling droit pour center la caméra sur le balancier de la grosse pendule de la maison familiale, comme si cela formait une véritable phrase ; il y a également le retour de la scène (sous une présentation logique différente) des coups donné par Goupi Tisane dans le bois. Enfin, ce qui est aussi remarquable dans ce film, c'est les changements de caractères : certaines certaines ont plutôt un caractère effrayant (dans l'intention) notamment celle du voyage en calèche jusqu'à la maison des Goupi, certaines sont plutôt comiques comme la séquestration absurde du fils dans l'étable, certaines sont assez incongrues comme le réveil de l'empereur et certaines sont très attachantes (certaines visites de Goupi Muguet au fils ou même la scène vers la fin où Mains Rouges discute avec l'empereur). C'est une grande découverte pour moi !

Ah oui, très grand film!

Bruno Dumont : Hadewijch        2009

 +
Un film bien étrange, même au sein de la filmographie de Dumont : le réalisateur a quitté son Nord natal pour filmer en région parisienne alors cela paraît assez étrange d'avoir des plans à Paris et dans sa banlieue dans un film de Dumont ; mais bien sûr, on retrouve des choses courantes de son cinéma : le fait de simplement montrer, sans explication, et sans thèse hyper lourde (d'autant qu'ici, le sujet s'y prêtait bien puisque le film parle de religion - en fait, pour être plus exact, il parle plutôt de folie et dans le cas du film, la religion n'en est qu'un chemin d'accès). On connait les films où les personnages vivent des histoires d'amour non réciproques mais ici, un des personnages est dieu. Le film raconte l'histoire d'une jeune femme d'une vingtaine d'années qui est renvoyée d'un couvent car elle refuse de se nourrir et car elle est jugée trop radicale ; elle rentre alors à Paris où elle rejoint l'immense appartement familial sur l'île Saint-Louis et elle rencontre des garçons alors qu'elle se renferme de plus en plus sur le manque qu'elle éprouve envers dieu, elle se dit "amoureuse de dieu". Sa position est assez curieuse puisqu'elle est elle-même frustrée de la non manifestation de dieu alors que (comme récité par l'un des personnages dans le milieu du film) en général, c'est par son absence que dieu se manifeste, sous forme de traces/signes (bah oui!) - pour ceux et celles qui y croient. Bref, je n'ai pas accroché follement au film même si je ne peux pas dire que je ne l'ai pas aimé, il y a tout de même certains beaux moments (la scène de fin !) mais les ellipses soudaines autour de la séquence du voyage ne m'ont pas beaucoup plu.

J'imagine que c'est une transposition / extrapolation assez libre à partir de la figure de la poétesse mystique du XIIIᵉ siècle Hadewijch d'Anvers (dite aussi «de Brabant») - ce qui pour le coup, ramènerait vers le Nord.

Benedictus a écrit:

J'imagine que c'est une transposition / extrapolation assez libre à partir de la figure de la poétesse mystique du XIIIᵉ siècle Hadewijch d'Anvers (dite aussi «de Brabant») - ce qui pour le coup, ramènerait vers le Nord.

Ah, je connaissais pas du tout cette femme ! Du coup, effectivement, c'est très probable.

Doulgas Sirk : All I desire        1953


C'est le film le plus vieux de Sirk que j'ai vu jusqu'à présent et c'est d'un niveau tout de même un peu moins élevé - même si j'ai tout de même aimé ce film. On trouve déjà ici une grande élégance dans la manière de filmer (les plans sur le visage de Stanwyck pendant la prestation théâtrale !) et il y a tout de même une certaine intensité mais j'ai trouvé que le récit était tout de même moins étoffé que dans ses derniers films ; ou plutôt, peut-être aussi étoffé (il y a des choses assez intéressantes comme la relation avec Joyce - non, pas l'écrivain ; et l'idée de renouer avec un passé enfoui m'a fait penser à Imitation of life) mais ça semble moins uni - et la happy end arrive un peu comme un dernier coup de volant. J'ai par contre beaucoup aimé la musique un peu sirupeuse du film. Peut-être que j'aurais dû voir les films de Sirk en ne commençant pas par la fin.

Walerian Borowczyk : Blanche        1971

 +
Il s'agit du troisième long-métrage de Borowczyk, et c'est à partir du deuxième (Goto, l'île d'amour, que je n'ai pas (encore) vu) que le réalisateur s'engagera dans sa seconde période (la première étant une période consacrée à des films d'animation, souvent assez nerveux et presque absurdes) consacrée à l'érotisme - qui est assez diffus, dans ce film. Ce film est une adaptation de la pièce Mazeppa qui se passe dans la France du treizième siècle, le film raconte l'histoire d'un seigneur dont la femme (interprétée par Ligia Branice, la femme de Borowczyk) est convoitée par tous les protagonistes masculins ; c'est d'ailleurs un peu agaçant cette différenciation exacerbée. Le film ne m'a pas vraiment intéressé, il y a beaucoup de petites intrigues aux aboutissements tragiques mais qui tournent autour de Blanche, d'autant plus que je ne suis particulièrement friand de cette époque. Il y a cependant quelques séquences intéressantes et jolies, notamment la séquence de fin où le mouvement du cheval s'abstrait totalement ; mais il y a aussi la visagéité du personnage de Blanche - on sent que c'est surtout elle que Borowczyk veut filmer. J'ai aussi trouvé ce film intéressant en regard de la façon dont il traite le personnage interprété par Michel Simon, sorte de vieillard, très sincère au faible pouvoir d'action ; c'est également l'un de ses derniers rôles au cinéma et ce rôle de seigneur presque déchu reflète assez son rapport au milieu cinématographique en ce temps-là. Mais bon, ça ne suffit pas à faire un film véritablement intéressant.

Alain Guiraudie : L'inconnu du lac        2013

 
C'est le premier film de Guiraudie que je vois, je n'avais à peu près aucune idée de ce à quoi pouvait bien ressembler son cinéma, j'avoue que j'ai beaucoup aimé. Tout d'abord, j'ai beaucoup aimé la façon de filmer, le cadre est superbe ; mais je crois que ce que j'ai trouvé vraiment bluffant, c'est la gestion de l'espace et à quel point c'est intégré dans le film. Le film m'a fait penser à un livre de Duras (genre Moderato cantabile, par exemple) : il y a une histoire de polar en fond, et des lieux-pôles entre lesquels naviguent des personnages. Le film se repartit initialement en trois zones : le lac qui est une zone où l'on ne voit pas qui est plutôt de l'ordre du mythologique (cf. les discussions assez amusantes autour du silure), la plage qui est une sorte de centre qui est de l'ordre du visible et la forêt qui est de l'ordre de ce que l'on voit mais où l'on ne sait pas trop si l'on en a le droit ; mais ils ne vont progressivement former qu'un seul et même espace : ce sont d'abord les baigneurs qui remontent du lac surgissant presque de nulle part, puis le brouillage de la frontière entre cet espace de désir qu'est la forêt et l'espace de la plage qui coïncide avec le brouillage du rapport entre l'exhibitionniste (sans connotation péjorative !) et le voyeur ; et d'ailleurs, quelques bribes de dialogues y font allusion, notamment lorsqu'un voyeur regarde deux hommes faire l'amour et l'un d'eux lui dit de partir ou alors la scène où Franck demande à un homme sur la plage où s'arrête l'espace où l'on peut draguer ; mais ce qui va vraiment nouer tous les espaces les uns aux autres, c'est la noyade par Michel de son ex copain ; cela va à la fois asseoir son statut un peu mythologique de Dom Juan du coin et faire correspondre l'espace de la forêt avec celui du lac : cela donne donc l'impression d'un seul espace indéfini et dé-réalisé - en cela, ce film me rappelle un peu les films de Yann Gonzalez (en plus intéressant car Guiraudie est plus distant) pour sa façon de traiter le voyeurisme, toujours conjugué à une dimension de spectacle et donc, forcément, un brouillage hiérarchique entre les deux. Ce qui renforce cet aspect dé-réalisé, c'est le fait que les personnages n'ont aucun contexte, on ne sait absolument rien sur eux, ils semblent sortir de nul part - je pense notamment aux sorties de plage du personnage de Patrick d'Assumçao qui quitte à chaque fois (sauf à la fin) la plage en la longeant alors que dans sa direction, il n'y a rien du tout, aucun chemin. D'ailleurs, à cette fusion des zones répond une explosion du trio puisque Michel tue Henri - mais cela s'inscrit également dans la perspective du bref épisode de polar puisque Henri sait ; c'est peut-être très prévisible mais finalement, pas complètement. D'ailleurs, le personnage d'Henri est assez curieux (Patrick d'Assumçao est très bien, pour moi l'acteur le plus convaincant du film) car il est très bizarre mais extrêmement touchant et le film arrive à la fin a procurer une grande émotion alors qu'au fond, son scénario est très très sommaire et on ne connaît rien sur les personnage ; je trouve ça vraiment fort - c'est un peu comme Vertov qui arrive à ne pas nous ennuyer en ne racontant absolument rien. D'ailleurs, ce personnage d'Henri est assez curieux car on voit qu'il n'est pas comme les autres (et c'est sans doute ce qui fait son aspect très touchant) et cela lui donne une consistance nettement allégorique, comme une sorte de passeur : c'est celui qui a déjà vécu. Ce rapport de brouillage aux zones donne aussi une pertinence à ce revirement du côté polar puisque cela fait intervenir un enquêteur (le seul personnage du film qui a une véritable fonction claire) et c'est particulièrement intéressant car l'enquête policière est extrêmement liée à la topographie, et d'ailleurs, sans surprises, l'enquêteur ne trouve rien. Enfin, ce film nous offre son lot de superbes scènes notamment la scène où Michel est dans le lac et le reflet des rayons du soleil créé une sorte de cône de lumière derrière lui, il y a également la façon dont Guiraudie filme les corps et surtout le paysage avec le frémissement des feuilles ; et puis cette fin où les deux personnages ne se trouvent plus, c'est très beau avec ce fondu au noir... C'est pour moi un film remarquable.

Emeryck a écrit:

Doulgas Sirk : All I desire        1953


C'est le film le plus vieux de Sirk que j'ai vu jusqu'à présent et c'est d'un niveau tout de même un peu moins élevé - même si j'ai tout de même aimé ce film. On trouve déjà ici une grande élégance dans la manière de filmer (les plans sur le visage de Stanwyck pendant la prestation théâtrale !) et il y a tout de même une certaine intensité mais j'ai trouvé que le récit était tout de même moins étoffé que dans ses derniers films ; ou plutôt, peut-être aussi étoffé (il y a des choses assez intéressantes comme la relation avec Joyce - non, pas l'écrivain ; et l'idée de renouer avec un passé enfoui m'a fait penser à Imitation of life) mais ça semble moins uni - et la happy end arrive un peu comme un dernier coup de volant. J'ai par contre beaucoup aimé la musique un peu sirupeuse du film. Peut-être que j'aurais dû voir les films de Sirk en ne commençant pas par la fin.

Tu n'es pas vraiment à la fin, non plus. C'est avant le grand cycle en couleurs, mais il y a des Sirk très brillants avant All I Desire (que j'aime beaucoup sans adorer, je préfère l'autre collaboration avec Stanwyck)

Les collaborations allemandes des années 30 avec Zarah Leander sont des films majeurs dans sa filmographie, par exemple.

Francesco a écrit:

Emeryck a écrit:

Doulgas Sirk : All I desire        1953


C'est le film le plus vieux de Sirk que j'ai vu jusqu'à présent et c'est d'un niveau tout de même un peu moins élevé - même si j'ai tout de même aimé ce film. On trouve déjà ici une grande élégance dans la manière de filmer (les plans sur le visage de Stanwyck pendant la prestation théâtrale !) et il y a tout de même une certaine intensité mais j'ai trouvé que le récit était tout de même moins étoffé que dans ses derniers films ; ou plutôt, peut-être aussi étoffé (il y a des choses assez intéressantes comme la relation avec Joyce - non, pas l'écrivain ; et l'idée de renouer avec un passé enfoui m'a fait penser à Imitation of life) mais ça semble moins uni - et la happy end arrive un peu comme un dernier coup de volant. J'ai par contre beaucoup aimé la musique un peu sirupeuse du film. Peut-être que j'aurais dû voir les films de Sirk en ne commençant pas par la fin.

Tu n'es pas vraiment à la fin, non plus. C'est avant le grand cycle en couleurs, mais il y a des Sirk très brillants avant All I Desire (que j'aime beaucoup sans adorer, je préfère l'autre collaboration avec Stanwyck)

Les collaborations allemandes des années 30 avec Zarah Leander sont des films majeurs dans sa filmographie, par exemple.

Pardon si j'ai été peu clair mais je parlais de ses derniers films (en couleur) ; j'ai découvert Sirk avec Magnificient obsession à la cinémathèque, ça m'avait immédiatement beaucoup plu, j'ai ensuite navigué parmi ses derniers films. Il m'en reste beaucoup à voir, en tout cas !

Bruno Podalydès : Versailles rive gauche        1992

 +
Après deux courts métrages commerciaux et deux autres courts métrages, Podalydès réalise ce film qui ouvre une trilogie qui se poursuit avec Versailles chantiers (Dieu seul me voit) et se clôt avec Versailles rive droite (Bancs publics) seize ans plus tard. On trouve ici déjà la veine assez comique de son cinéma, que j'avais beaucoup aimée dans Comme un avion : j'ai beaucoup ri pendant ce film, notamment la scène de la présentation de Tintin, mais aussi l'arrivée de Jean-Claude. Le scénario est assez classique puisque le film met en scène une réaction en chaîne dont le personnage principal (qui est celui qui a lancé la réaction) perd totalement le contrôle. Ce moyen-métrage n'a bien sûr pas le souffle des longs métrages ultérieurs du réalisateur (en même temps, il part vraiment d'une toute petite idée et en fait déjà quelque chose d'admirable) mais il y a tout de même de sacrées idées : l'exiguïté des lieux rend la situation encore plus drôle, certaines prises de vues renforcent également cet aspect drolatique (notamment par l'utilisation de (contre)plongée) ; il y a également des petits détails cocasse, notamment lorsque le personnage principal doit retirer son dérouleur de papier toilette pour pouvoir s'installer aux toilettes. Denis Podalydès est très bon en amoureux un peu gauche et passionné. J'ai beaucoup aimé la fin, le fait que lorsque le personnage principal sort, ce soit le lendemain matin, avec le voisin qui est déjà au taquet alors que le personnage de Denis Podalydès essaie de voir un peu où il est exactement.

Ah, c'est génial ça...
Il faut absolument voir la version longue de Dieu seul me voit, qui est la suite:



(ça dure presque 6 heures je crois)

Xavier a écrit:

Ah, c'est génial ça...
Il faut absolument voir la version longue de Dieu seul me voit, qui est la suite:

(ça dure presque 6 heures je crois)

Oui, j'avais vu que ça existait ; c'est juste une amplification de la version courte ?

Pascal Bonitzer : Cherchez Hortense        2012


Je suis à chaque fois étonné de ne pas être plus séduit par les films de Bonitzer qui a écrit pourtant de très bons scénarios pour d'autres réalisateurs, notamment pour Jacques Rivette mais ici (comme dans Les envoûtés) j'ai trouve ça trop fade. Dans ce film, on suit Damien, un professeur de culture chinoise auquel on confit la mission de parler à son père pour éviter l'expulsion d'une amie d'une amie de sa femme ; le film met en parallèle deux relations père/fils en symétrie par rapport à Damien : l'une avec son père et l'autre avec son fils ; la symétrie s'immisce jusque dans l'interaction puisqu'avec son fils, c'est Damien qui va vers lui et le fils qui est plutôt peu loquace alors qu'avec son père, il n'ose tout simplement pas lui parler. Le revirement de scénario est plutôt bon mais je trouve qu'il arrive vraiment trop tôt (aux deux tiers du films, environ), le film n'a du coup plus grand-chose à soutenir durant le dernier tiers. Il y a également quelques bizarreries dans ce film, notamment autour du personnage du cuisinier du restaurant japonais dont le seul trait de caractère est d'être homosexuel ; la façon dont parle Bonitzer des sans-papiers est également assez risible, déconnectée de toute réalité, j'espère qu'il n'avait pas pour ambition de faire un film sur ce sujet... Sinon, j'ai été assez étonné de trouver des petits éléments que j'avais déjà trouvés dans Les envoûtés (qui était mon premier Bonitzer) : la présence du revolver, très singularisé mais également la présence de voyage en train, de déambulations (dans Paris, ici et dans la forêt dans Les envoûtés) ; j'ai été par ailleurs assez séduit par la prestation de Jean-Pierre Bacri, très physique.

Emeryck a écrit:

Xavier a écrit:

Ah, c'est génial ça...
Il faut absolument voir la version longue de Dieu seul me voit, qui est la suite:

(ça dure presque 6 heures je crois)

Oui, j'avais vu que ça existait ; c'est juste une amplification de la version courte ?

Il me semble que c'est la version complète voulue par le réalisateur, la version "cinéma" étant donc une version condensée pour faire la durée d'un long-métrage normal.

Bruno Dumont : Camille Claudel 1915        2013

 + / 
C'est le premier long métrage de Dumont qui fait appel à un(e) acteur/trice professionnel(le), il a choisi Juliette Binoche parce qu'elle pratique la peinture - ce film est donc assez différent de ses premiers films puisqu'il s'agit d'un film d'incarnation et non pas un film de désincarnation comme peut l'être L'humanité où le personnage principal n'arrive jamais véritablement à entrer dans la peau d'un policier. Le titre me semble particulièrement important puisque Camille Claudel entre en asile en 1913 et en 1915, elle y est comme habituée ; le film est fondé sur la correspondance entre elle et son frère, le poète Paul Claudel. Ce qui intrigue dès le début du film, c'est la raison pour laquelle Camille Claudel a été mise en asile ; quelques déclarations pourraient passer pour paranoïaques mais ça ne semble pas si clair - et je pense que (comme à son habitude), Dumont n'est pas là pour répondre à des questions. Ce questionnement - qui semble également frapper la sculptrice - est renforcé par le fait qu'elle semble particulièrement moins agitée que les autres résident(e)s de l'asile. Elle attend avec ferveur la visite de son frère dont le personnage va avoir une place de choix dans la seconde partie du film ; et ce qui frappe, c'est les destinées opposées entre les deux personnages : Paul a un succès grandissant, il pratique toujours son art et se distancie beaucoup de la réalité par son galimatias pompier et mystique (c'était juste une petite pique) alors que Camille ne sculpte plus et semble assez proche de la réalité, souvent très agréable avec les autres résidents et altruiste. D'ailleurs, son frère Paul (et sa famille) la laisseront dans cet asile jusqu'à sa mort - alors même que le psychiatre était favorable à sa sortie. Paul ira même jusqu'à lui faire remarquer qu'elle est très chanceuse parce que sa famille lui paie le meilleur asile alors que la France est frappé par la guerre ; et il n'ira pas à son enterrement. Enfin, une des choses qui fonctionne le mieux dans le film, c'est le jeu de Juliette Binoche, extrêmement visagéifié mais très sobre ; le dernier plan avec le texte concernant la fin de la vie de Camille et le visage de Binoche centré, ses yeux se fermant progressivement est très beau.

Michel Audiard : Le cri du cormoran le soir au-dessus des jonques        1971


Ce film m'a beaucoup rappelé Du mou dans la gâchette de Louis Grospierre, sorti quatre ans auparavant mais assez similaire dans la volonté de tourner en dérision le genre du film policier. Ce film d'Audiard est cependant un peu plus réussi, il y a tout de même un semblant de récit et les dialogues sont un peu mieux mais ce n'est tout de même pas franchement passionnant notamment parce que c'est assez répétitif : un joueur malchanceux (et assez peu doué) se fait enlever par un groupe de brigands qui décident de le faire passer pour mort et de rouler une bande adverse - enfin, l'histoire n'avance jamais véritablement car le joueur en question est pris dans un tas de périples mais c'est très certainement volontaire. J'ai malgré tout aimé les cabotinages de Serrault et de Blier, assez improbables ; ce film est également la première apparition de Depardieu dans un long métrage. Le film essaye de prendre un style cartoonesque haut en couleur mais c'est assez peu uniformément suivi ; le générique est par contre assez surprenant. Je me serais bien passé des quelques élans racistes du film.

J'allais dire "tout pareil", jusqu'à la dernière phrase de ton message.

Xavier a écrit:

J'allais dire "tout pareil", jusqu'à la dernière phrase de ton message.

Oui, je sais bien !
Et j'ai oublié Paul Meurisse qui se prend pour Jean-Pierre Melville, c'est plutôt pas mal, ça, mais assez peu exploité.

Mais je ne vais pas (re)-rentrer dans le débat, étant donné que je n'ai rien noté ni ne me souviens de quoi que ce soit qui puisse être de cet ordre-là. (même si j'ai vu le film il n'y a pas si longtemps)
Peut-être que c'est flagrant et que je suis passé à côté...

Joel & Ethan Coen : O'Brother, where art thou ?        2000

  +
Ce film m'a laissé un peu le même sentiment que The Hudsucker proxy : quelque chose de pas complètement mauvais mais dans lequel je ne suis pas rentré et qui m'a donc pas mal ennuyé. Le film est une sorte de relecture de L'odyssée adaptée aux États-Unis, on y voit alors apparaître tous les personnages un peu type que l'on peut y trouver, mais également un mélange des genres cinématographiques qui ont été à un moment populaires aux États-Unis. Certaines scènes sont tout de même réussies et amusantes mais j'ai trouvé que le film se dispersait trop : à un moment, on est juste à regarder presque sans que ça ne nous fasse ni chaud ni froid ; c'est vraiment dommage.

Francis Veber : Les compères        1983

 +
Ce film est la suite du film La chèvre tourné deux ans plus tôt, déjà avec le tandem central Richard/Depardieu ; c'est d'ailleurs assez drôle car ils reprennent les mêmes noms mais n'ont plus exactement les mêmes métiers et n'ont plus les mêmes caractéristiques - par exemple, François Pignon n'est plus aussi malchanceux, mais toujours aussi gauche. Je crois que j'ai préféré cet opus qui est beaucoup plus simple et à mon sens plus drôle - il y a notamment des scènes vraiment drôles comme la scène à la station-service où Pignon doit pleurer. Il y a également le quiproquo sur la question du père qui est assez amusante - mais qui est tout de même usée jusqu'à l'os quand on arrive à la fin du film ; j'ai regretté que le film ne développe pas plus de choses mais c'est tout de même pas déplaisant. De plus, on retrouve le petit côté politique du Jouet qui était assez absent de La chèvre et qui inscrit d'ailleurs le film véritablement dans les films français de son époque à travers le personnage de Depardieu, un journaliste qui essaie de dénoncer le soutien qu'un homme politique accorde à un escroc.

Après il y a aussi les Fugitifs qui me plaît encore plus que celui-ci, notamment la scène avec Carmet...
Mais mon préféré des trois est sans doute la Chèvre.

D'ailleurs c'est dans les Compères puis les Fugitifs que Depardieu s'appelle pareil (Jean Lucas), alors que dans la Chèvre c'est Campana.
Ca ne change pas grand chose, car aucun des trois films n'est la suite d'un autre et il s'agit à chaque fois de personnages différents, malgré les noms repris.

De même que dans Les Compères et Les Fugitifs, Pierre Richard s'appelle François Pignon, alors que dans La Chèvre c'est François Perrin (comme dans le diptyque du Grand Blond et Le Jouet.)

Oui, je me souviens d'une confusion, au départ je croyais que les Fugitifs était la suite des Compères.

« François Pignon » est un personnage récurrent de Francis Veber — qui apparaît pour la première fois au cinéma sous les traits de Jacques Brel dans l'Emmerdeur (E. Molinaro, d'après une pièce de Veber), face à Lino Ventura jouant un tueur à gages nommé « Ralf Milan ».