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Lulu femme nue

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+1 pour les acteurs et notamment Claude Gensac!

Je vois qu'elle a eu un césar pour ce film.

Julien Duvivier : Pépé le moko        1937

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J'ai bien aimé ce Duvivier mais j'ai peut-être été un petit peu déçu car j'en attendais pas mal de ce film : d'une part parce que j'aime beaucoup Duvivier et d'autre part parce que ce film a eu une influence non-négligeable notamment sur des films que j'aime beaucoup comme Casablanca de Michael Curtiz. Le film raconte l'histoire d'un homme recherché par la police, il semble un peu avoir la main mise sur le quartier de Casbah à Alger ; le film nous montre sa traque par la police mais aussi ses aventures sentimentales et l'interférence des deux. Ce qui m'a le plus séduit dans ce film, c'est vraiment cette volonté de restituer une sorte de complexité ; je pense notamment à la séquence introductive du film, presque documentaire, où l'on présente le quartier de Casbah (très réussie et de manière assez surprenante, pas tellement problématique) mais aussi toutes les petites ruses (souvent axées sur des multiples personnes qui vont interagir avec Pépé) que met en place la police pour attraper Pépé et puis tout est très lié à la topographie de la ville - de toute façon, Duvivier semble assez fort pour ça, notamment dans La belle équipe et surtout dans Panique où il est aussi question de territoire. Le film possède également quelques belles scènes mais d'autres, peut-être parce qu'elles ont été le terreau de nombreuses autres scènes au cinéma, semblent assez convenues (notamment les scènes qui essaient de faire culminer l'intensité entre Pépé et celle qu'il aime) et ont parfois mal vieilli d'un point de vue technique - il y a notamment une scène où Pépé est censé se déplacer et l'on voit clairement que ce sont les décors qui bougent autour de lui ; cela dit, la reconstitution du quartier de Casbah semble convaincante - seules les scènes vraiment extérieures ont été tournées sur place. Je n'y ai pas retrouvé l'intensité de Panique ou de La fin du jour, même dans les scènes supposées être les plus intenses comme la fin, par exemple.

Lola Doillon : Contre toi        2010


Je ne sais pas sur quoi se fonde le film - expérience vécue, adaptation d'une œuvre ? - mais je n'ai vraiment pas compris ce qu'il essayait de nous raconter ; en fait, il est assez simple à résumer : une gynécologue-obstétricienne décide d'aller déposer plainte à la police pour l'enlèvement qu'elle a subi, par un patient dont la femme est morte (à cause de maladies nosocomiales) à la suite d'une césarienne et en fait, l'objet du film est l'évolution de la relation entre l'assaillant et l'otage et aussi sur le syndrome de Stockholm ; du coup, c'est en vérité (malgré la courte durée du film : 1h20) assez (voire très) long et assez (voire très) ennuyeux notamment parce qu'il n'y a pas vraiment de contexte excepté l'incident mentionné au-dessus et aussi parce que les acteurs ne se foulent vraiment pas - même si Pio Marmaï essaie des trucs. Du coup, on se fiche un peu de savoir ce qu'adviennent les personnages mais surtout : qu'est-ce qu'on essaie de nous raconter avec cette évolution de la relation entre les personnages ? Finalement, ça va, il a un peu abusé en la kidnappant et en la menaçant d'un couteau mais après, il s'est rendu compte que c'était un peu abusif alors il lui a commandé un pizza (je ne plaisante pas) ; en plus, la fin (à mon avis censée être un peu tragique car en fait, on se rend compte que le gars s'est "repenti") est vraiment nulle et téléphonée : la police vient arrêter le gars en question, incroyable ! En fait, ce n'est vraiment pas un bon film - pour enfoncer le clou.

Faisons un rêve

Henri Aisner : Les copains du dimanche        1957

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Il s'agit, je crois, du premier rôle de Belmondo au cinéma, qui n'est d'ailleurs pas si remarquable que cela dans le film et d'ailleurs, le film est finalement assez oubliable : une histoire gentillette d'une bande de copains à l'usine qui se regroupent le dimanche pour monter un club d'aviation et restaurer un vieil avion. Le film met véritablement en avant la franche rupture entre l'aspect très monotone et exténuant de la semaine à l'usine et la légèreté du dimanche - il y a bien sûr cette idée d'échapper à une certaine pesanteur sociale dans l'aviation - ; d'ailleurs, il s'agit d'un film financé par la CGT - ce qui est assez peu surprenant. J'ai assez regretté que le film reste autant en surface (la fin du film, c'est vraiment juste le premier vol de l'avion restauré et c'est tout...) et qu'il comporte un certain nombre de longueurs, mais bon, ce n'est pas si mauvais.

Jacques Besnard : Le grand restaurant        1966

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Il s'agit du premier film de Jacques Besnard, même si en réalité, Louis de Funès a eu énormément de prise sur le film : il a coécrit le scénario, il a choisi quelques techniciens et il me semble que c'est lui qui a choisi Besnard - initialement, il voulait même réaliser lui-même le film. Il y a quelques (pas non plus des masses) scène assez amusantes (bien qu'assez faciles) dans ce film (la scène anthologique de la recette du soufflé aux pommes de terre, notamment) mais ce n'est pas vraiment incroyable ; plus précisément, une fois que le président a été enlevé, j'ai trouvé que le film devenait vraiment poussif : on dirait quasiment que la première partie était très écrite, bien sûr très centrée sur le personnage de Louis de Funès et que le reste apparaissait un peu comme "bon, là, Jacquot, tu me finis ça avec une espèce d'enquête policière un peu comique et ça fera la rue Michel" parce que vraiment, c'est d'une platitude... et puis la fin est vraiment caricaturale, elle reprend le motif de transition vers la seconde partie (enlèvement du président) mais sur une tonalité blagueuse, en mode "héhé, non, c'était une petite boutade scénaristique" mais malgré tout, je trouve que les films de Besnard ont toujours un côté un peu sympathique (peut-être grâce à leurs acteurs et à leur aspect un peu loufoque) qu'il est difficile de les détester : du coup, celui-ci est un film vraiment moyen mais... pas désespérant.

Toute la partie sur le restaurant est vraiment bien quand même je trouve, ça fait suite de sketch un peu déconnecté mais ça fonctionne très bien, il y a la recette de cuisine nazi, mais aussi le faux client, la danse qui se détraque, la lâcheté de Septime face a son cuisinier tout ça c'est vraiment drôle (mais dans le domaine culinaire le meilleur film de De Funés ça reste quand même L'Aile ou la cuisse de Zidi),  mais je suis d'accord la suite est beaucoup plus convenue et pas dés plus réussie.

Parsifal a écrit:

Toute la partie sur le restaurant est vraiment bien quand même (mais dans le domaine culinaire le meilleur film de De Funés ça reste quand même L'Aile ou la cuisse de Zidi), mieux que juste quelques scènes amusantes, mais effectivement l'enquête avec la course poursuite n'est pas très intéressantes

Oui, je suis tout à fait d'accord. Ça fait assez longtemps (sans doute une bonne dizaine d'années) que je n'ai pas vu L'aile ou la cuisse mais effectivement, dans mes souvenirs, tout le film se tient plutôt correctement ; d'ailleurs, dans les deux il y a une scène où de Funès inspecte un restaurant en se déguisant, je ne sais pas s'il s'agit d'un clin d'œil au film de Besnard - pas sûr car ça se conçoit très bien en dehors de ça.

Oui ça fait une sorte d'écho dans la carrière de De Funés (dans les deux films la scènes est assez drôle d'ailleurs). C'est marrant j'ai l'impression que l'aile ou la cuisse a mauvaise réputation en général (film fait après les infarctus de De Funés qui est obligé de se ménager, réalisé par Zidi qui est - non sans quelques raisons - plutôt considéré comme un faiseur de nanars),  alors que je trouve que c'est vraiment un bon film avec une histoire qui se tient, un propos (grossier certes mais quand même) satirique sur l'industrie agro-alimentaire, un De Funés assagi mais qui reste très drôle et qui laisse affleurer une certaine émotion. C'est meilleur que la totalité de la saga des gendarmes

Parsifal a écrit:

C'est meilleur que la totalité de la saga des gendarmes

Oui, enfin, là, ce n'est quand même pas placer la barre très haut, non plus...

Benedictus a écrit:

Parsifal a écrit:

C'est meilleur que la totalité de la saga des gendarmes

Oui, enfin, là, ce n'est quand même pas placer la barre très haut, non plus...

Les gendarmes (le premier) me parait justement recevoir bien plus d'indulgence qu'un film comme l'aile ou la cuisse paradoxalement. J'ai souvent entendu ce denier être qualifié de navet comme si ça allait de soit.
Mais bon si tu veux,  c'est sans doute l'un des De Funés qui tient le mieux la route au delà de la performance de l'acteur juste après les 4 films de Gerard Oury.

Oui, je suis assez d'accord. D'ailleurs, dans mon souvenir (je ne l'ai pas revu depuis au moins quinze ans), les seules scène un peu pénibles de L'Aile ou la cuisse, c'est celles de Coluche au cirque, mais ça tient plutôt bien la route - et je garde un excellent souvenir de la prestation de Julien Guiomar dans le rôle de «Tricatel» (mais Julien Guiomar était un génie.)

Oui Julien Guiomar est excellent, l'un des points forts du film!

À l'inverse, pour ceux que j'ai vus, les Gendarmes sont globalement assez affligeants - disons que ça oscille entre, au mieux, des nanars sympathiques et, au pire, des navets d'une nullité intersidérale.

Benedictus a écrit:

Oui, je suis assez d'accord. D'ailleurs, dans mon souvenir (je ne l'ai pas revu depuis au moins quinze ans), les seules scène un peu pénibles de L'Aile ou la cuisse, c'est celles de Coluche au cirque, mais ça tient plutôt bien la route - et je garde un excellent souvenir de la prestation de Julien Guiomar dans le rôle de «Tricatel» (mais Julien Guiomar était un génie.)

Je l'avais revu plusieurs fois avec mes enfants lorsqu'ils étaient plus jeunes, et ça n'a vraiment pas trop mal vieilli, d'autant que le sujet (la malbouffe industrielle) reste assez actuel. La visite de l'usine est aussi un moment assez savoureux (si je puis dire)

La Clé

L'Île (Ostrov)
film de Pavel Lounguine (2006)



Un grand classique que je revois avec grand plaisir.

Eusèbe a écrit:

Benedictus a écrit:

Oui, je suis assez d'accord. D'ailleurs, dans mon souvenir (je ne l'ai pas revu depuis au moins quinze ans), les seules scène un peu pénibles de L'Aile ou la cuisse, c'est celles de Coluche au cirque, mais ça tient plutôt bien la route - et je garde un excellent souvenir de la prestation de Julien Guiomar dans le rôle de «Tricatel» (mais Julien Guiomar était un génie.)

Je l'avais revu plusieurs fois avec mes enfants lorsqu'ils étaient plus jeunes, et ça n'a vraiment pas trop mal vieilli, d'autant que le sujet (la malbouffe industrielle) reste assez actuel. La visite de l'usine est aussi un moment assez savoureux (si je puis dire)

Oui, L'Aile ou la Cuisse, c'est vraiment pour moi le De Funès tardif qui tient le mieux la route (même si je ne suis pas un grand fan de Coluche), la réalisation est très soignée, le sujet traité avec pertinence (encore pour des spectateurs d'aujourd'hui en effet), les dialogues et les situations sont savoureux, les acteurs savent en faire trop sans trop en faire – c'est même un très bon film, en fait.

Je n'ai jamais compris pas contre l'intérêt que certains trouvent à La Folie des grandeurs dans lequel, à part quelques lignes de dialogue bien senties et le jeu de De Funès, il n'y a rien à sauver : c'est tellement mal filmé et monté...

Adalbéron a écrit:

Je n'ai jamais compris pas contre l'intérêt que certains trouvent à La Folie des grandeurs dans lequel, à part quelques lignes de dialogue bien senties et le jeu de De Funès, il n'y a rien à sauver : c'est tellement mal filmé et monté...

(Et puis cette musique...)

Catherine Corsini : La belle saison        2015

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J'ai été très agréablement surpris par ce film : jusque-là, je n'avais vu qu'un film de Corsini, c'était Partir et  j'avais trouvé ça mauvais tant c'était caricatural du point de vue des représentations sociales - et puis en plus, Yvan Attal tenait l'un des deux rôles principaux, ce qui n'aide pas du tout. Ici, c'est nettement mieux écrit, beaucoup plus maîtrisé et surtout nettement plus intéressant : le film se passe dans les années soixante-dix et raconte l'histoire de deux femmes, de Delphine, une fille de fermier qui décide de monter à Paris afin de s'émanciper du carcan familial ; dans une opération de sensibilisation féministe dans la rue, puis sur les bancs de la fac dans les AG, elle y rencontre Carole (les prénoms font très certainement référence à l'actrice Delphine Seyrig et à la vidéaste Carole Roussopoulos, toutes deux féministes et notamment créatrices de l'association Les insoumuses dédiée à la création de vidéos féministes - j'en profite pour signaler le récent documentaire Delphine et Carole, insoumuses qui leur est consacré) avec qui elle va vivre une petite histoire d'amour - contrariée, bien sûr, notamment lors du retour des deux femmes dans le Limousin. Le film est intéressant à de nombreux aspects : d'abord, il aborde le féminisme en France dans les années soixante-dix (sans doute la période où il a eu une visibilité maximale - mais peut-être est-ce une fausse impression que je me fais a posteriori), sujet que je n'ai jamais vraiment vu abordé au cinéma ; il n'a pas vocation à donner des détails techniques comme des tensions au sein des différentes mouvances, mais plutôt de donner un ton, une toile de fond aux amours naissantes entre Delphine et Carole. Il aborde également la fracture entre Paris et la province, notamment concernant la diffusion de la pensée féministe (la polarisation est peut-être un peu caricaturale ici, je ne sais pas) ; il y a par exemple le personnage de la mère de Delphine, très sympathique, mais profondément homophobe - son sourire dans l'avant-dernière scène est d'ailleurs assez insupportable. J'ai trouvé que la manière de filmer était assez élégante, sans lourdeur ; Corsini a notamment cette manière d'inscrire rapidement les personnages dans leur cadre, à rapidement installer une ambiance :je pense notamment aux scènes un peu bucoliques, avec un soleil un peu lointain ; elle a également une manière de filmer les corps qui est très naturelle et par exemple, dans les scènes d'amour, on n'a pas du tout ce sentiment que cette scène est là pour créer un climax ou je ne sais quoi, qu'on ne nous dit pas "vous avez vu ?? là, je mets une scène de sexe pour montrer que c'est vraiment intense !!". Sinon, j'ai trouvé l'histoire vraiment prenante, toute la partie finale m'a véritablement touché et la tonalité douce-amère (notamment dans le sourire de la mère de Delphine ou dans la scène finale, très belle mais un peu frustrante) est vraiment crédible. Ça me donne envie de creuser la filmographie de Catherine Corsini.

Adalbéron a écrit:

Je n'ai jamais compris pas contre l'intérêt que certains trouvent à La Folie des grandeurs dans lequel, à part quelques lignes de dialogue bien senties et le jeu de De Funès, il n'y a rien à sauver : c'est tellement mal filmé et monté...

Ah non La Folie des Grandeurs est un chef d'oeuvre! tout est drôle, les situations, la reprise de Ruy Blas (hilarante) De Funés au sommet de son personnage de méchant quelque part entre un Dark-Donald Duck et Iznogood (il a failli jouer le rôle d'ailleurs), le duo avec Montand fonctionne je trouve très bien, tous les gags s'enchainent sans aucune baisse de rythme (ce qui n'est pas le cas de nombreux De Funès), je trouve aussi très drôle le personnage de la duègne psychorigide d'Alice Saptrich qui tout d'un coup révèle un appétit sexuel insoupçonnés.
Mal monté, mal filmé peut être mais pas tellement plus que les autres Oury, en fait c'est presque plus une Bande Dessiné qu'un film mais ça c'est qui en fait tout l’intérêt. Et ça n'a pas pris une ride!

Benedictus a écrit:

À l'inverse, pour ceux que j'ai vus, les Gendarmes sont globalement assez affligeants - disons que ça oscille entre, au mieux, des nanars sympathiques et, au pire, des navets d'une nullité intersidérale.

La dessus je suis d'accord (après a part les gendarmettes qui est juste triste en fait tellement c'est raté) on peut passé un moment agréable devant tous mais ça devient de plus en plus débile le sommet étant quand même les extraterrestre ou là on est vraiment dans la comédie nanarde affligeante (mais persos je trouve que ça en devient drôle, c'est tellement nul qu'on rit parce qu'on se dit, mais non? ils vont pas oser faire ça?!)

Parsifal a écrit:

Benedictus a écrit:

À l'inverse, pour ceux que j'ai vus, les Gendarmes sont globalement assez affligeants - disons que ça oscille entre, au mieux, des nanars sympathiques et, au pire, des navets d'une nullité intersidérale.

 le sommet étant quand même les extraterrestre ou là on est vraiment dans la comédie nanarde affligeante (mais persos je trouve que ça en devient drôle, c'est tellement nul qu'on rit parce qu'on se dit, mais non? ils vont pas oser faire ça?!)

Ç'a l'air extraordinaire. 

Parsifal a écrit:

Adalbéron a écrit:

Je n'ai jamais compris pas contre l'intérêt que certains trouvent à La Folie des grandeurs dans lequel, à part quelques lignes de dialogue bien senties et le jeu de De Funès, il n'y a rien à sauver : c'est tellement mal filmé et monté...

Ah non La Folie des Grandeurs est un chef d'oeuvre! tout est drôle, les situations, la reprise de Ruy Blas (hilarante) De Funés au sommet de son personnage de méchant quelque part entre un Dark-Donald Duck et Iznogood (il a failli jouer le rôle d'ailleurs), le duo avec Montand fonctionne je trouve très bien, tous les gags s'enchainent sans aucune baisse de rythme (ce qui n'est pas le cas de nombreux De Funès), je trouve aussi très drôle le personnage de la duègne psychorigide d'Alice Saptrich qui tout d'un coup révèle un appétit sexuel insoupçonnés.
Mal monté, mal filmé peut être mais pas tellement plus que les autres Oury, en fait c'est presque plus une Bande Dessiné qu'un film mais ça c'est qui en fait tout l’intérêt. Et ça n'a pas pris une ride!

Oui ! C'est le meilleur avec De Funès.

Difficile à dire, il faudrait avoir vu tous ses films!...

Michael Dudok de Wit : La tortue rouge        2016

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Il s'agit du premier long-métrage du réalisateur hollandais Michael Dudok de Wit, produit ni plus ni moins que par les studios Ghibli et encadré par Takahata - qui a simplement un peu conseillé le réalisateur - ; il s'agit déjà d'un film assez singulier (et en tout cas, sans concession) : une heure vingt d'animation sans la moindre ligne de dialogue ; le film revêt également un aspect de poème : une oeuvre-somme, très close sur elle-même ; c'est assez curieux pour un premier film. Le film raconte l'histoire d'un naufragé sur une île à la végétation assez luxuriante, qui essaie de s'en échapper, de rejoindre la vie et qui, faute d'y arriver, décide de la créer lui-même. Plus littéralement, il essaie par deux fois de créer un radeau pour quitter l'île mais il est à chaque fois brisé, il découvre ensuite qu'il s'agit d'une tortue et dès qu'il peut la saisir, il la met sur le dos et la laisse mourir ; pris de remords, il décide de la réhydrater, sans succès mais quelques heures après, la carapace se fend et une femme rousse apparaît, une histoire d'amour voit alors le jour puis un enfant. De manière générale, j'ai trouvé le film très beau, notamment dans sa variété de couleurs, sa manière de rendre les nuages, dans ses scènes oniriques (la scène du quatuor !) et même l'aspect très cyclique des trajectoires, et surtout à quelques exceptions près, une certaine légèreté dans la narration (la fin !) mais j'avoue avoir quelques réticences malgré tout : tout cette idée du personnage féminin qui naît d'une tortue, qui devient la femme du gars et lui fait un enfant est un peu cringe ; d'autant plus que dans une version préliminaire du scénario, le personnage de la femme/tortue était encore plus mystérieux et c'est Takahata qui lui a conseillé de le rendre un peu plus tangible ; c'est à mon avis une des seules réserves vraiment sérieuses que j'ai sur ce film qui est tout de même vraiment bien ; curieux de voir son prochain.

Le meilleur film avec L. de Funès, c'est Légère et court-vêtue.

(Madeleine Lebeau y est d'un charisme – verbal plutôt que vestimentaire, à la vérité – hors du commun.)

Le Gendarme & Extra-terrestres est pour moi un bijou. Du nanar sans doute, mais avec une fluidité narrative et une forme de poésie dans son absence d'enjeu (qui n'est pas absence de tension) que je trouve très réussi.

Si j'avais le temps d'assumer mes trolls, je donnerais bien la liste des films de Lynch que je trouve deux étages au-dessous de celui-ci.

Sur Le Gendarme et les Extraterrestres ils ont quand même réussit a faire toute une scène sur Galabru qui ordonne à De Funés d'aller faire pipi!
(mais bon le sommet bien évidemment c'est ça: /watch?v=2DHgDgHqofM ), mais le film a un défaut majeur par rapport au reste de la série: Claude Gensac n"y joue pas Madame Cruchot

DavidLeMarrec a écrit:

Si j'avais le temps d'assumer mes trolls, je donnerais bien la liste des films de Lynch que je trouve deux étages au-dessous de celui-ci.

On veut savoir du coup!  

Je n'aime pas particulièrement ce cinéma, mais je trouve très émouvant (et rare) de lire ces consensus autour du talent d'un acteur et aussi cette connaissance finalement très fine partagée par tout le monde (même David s'y met) du corpus ! Ca nous rappelle que nous sommes vieux et qu'à une époque il n'y avait que 5 ou 6 chaines dont M6 !!!!

The Invention of lying

Yves Robert : Les copains        1964

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Il y a décidément toujours de véritables idées dans les films d'Yves Robert : ici, l'idée de fond est vraiment très simple puisqu'il s'agit de raconter l'histoire d'une indéfectible bande de copains mais la manière dont Robert le raconte rend le film intéressant ; une grande part est notamment laissée à l'arbitraire et ça donne toute sa saveur au film, je trouve : je pense notamment au choix des villes d'Issoire et d'Ambert, complètement improbable ; la narration (un peu perturbante au début, en tout cas pour moi) assez éclatée (mais linéaire) donne aussi un certain dynamisme au film - même si la scène avec le running gag au bar au début du film est un peu longue. Le reste du film est aussi plutôt savoureux (tout en restant gentil) notamment la partie où tout l'appareil militaire est tourné en dérision ; le reste est peut-être plus anecdotique - même si la séquence à l'église est plutôt amusante ; par contre, la coloration de la scène à la fin m'a fait beaucoup rire - techniquement, ç'a sacrément vieilli. Mais globalement, l'ambiance est bonne et sans avoir l'inventivité des meilleurs Robert, ça reste pas mal.

Guillaume Brac : Un monde sans femmes        2011

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Il s'agit du premier film de Guillaume Brac que je vois, c'est un moyen-métrage d'une cinquantaine de minutes, censé être une suite d'un court-métrage intitulé Le naufragé. L'histoire d'Un monde sans femmes n'est pas passionnante mais la manière de la raconter l'est nettement plus ; en plus de cela, les acteurs/trices sont tous/tes très bon(ne)s. En fait, ce film fait beaucoup penser à une sorte de Rohmer décanté : tout d'abord, bien sûr, les lieux sont très rohmériens ; certains personnages également (une mère et sa fille --- un peu moins rohmérien, ça - qui habitent à Asnières viennent sur la côte normande) ; la manière de filmer, très naturaliste fait également penser à Rohmer et surtout, il y a des scènes qui sont tout droit sorties d'un film de Rohmer, je pense notamment à cette scène, que j'adore, où une vieille femme dit au personnage de Macaigne au détour d'une conversation autour de comment elle a rencontré son mari qu'il a "un beau polo", c'est-à-dire la phrase typique de grand-mère bienveillante ; ce film regorge de moments où l'on se dit "oui, c'est exactement ça !" et au fond, c'est sans doute pour cette raison qu'on peut le trouver parfaitement chiant et inintéressant. Bien sûr, Macaigne est extraordinaire de justesse dans ce rôle - qui aura de nombreux échos dans la suite de sa filmographique (trop ?) - de timide maladroit qui tente des trucs qui ne marchent jamais ; c'est en tout cas dans ce film qu'il le joue le mieux. J'ai également beaucoup aimé la manière dont Brac filme une sorte de jeu de trajectoires toujours un peu bancal, comme inachevable, entre les personnages : bien sûr à travers les tentatives de drague du personnage de Macaigne mais aussi dans la relation mère/fille présentée dans le film mais également dans la relation du personnage de la mère avec le gendarme (assez drôle, d'ailleurs). Très enthousiaste à propos de cette découverte - et aussi à propos des tenues vestimentaires du personnage de Macaigne dans le film.

Sólveig Anspach
Louise Michel, la rebelle

Angle d'attaque très intéressant qui évite le biopic : Louise Michel pendant ses années de déportation en Nouvelle-Calédonie, après la Commune.
Pas tout à fait réussi pour autant. Scénario original de Jacques Kirsner et Michel Ragon (dont je n'ai jamais trop aimé les écrits - sur l'architecture et l'urbanisme notamment, mais qui connaît l'histoire des mouvements anarchistes).
Malgré cet angle d'attaque, la focale ne s'ajuste pas très bien et on reste sur sa faim sur les sujets abordés (les révoltes canaques, l'exil forcé et la métropole, le parcours intellectuel de Louise Michel lors de cet exil, les revendications féministes, etc.)
Ne ressemble pas aux autres films que je connais de Sólveig Anspach, ici (trop) soucieuse de s'effacer devant son sujet.

Médecin de nuit

Le 23 juin, Emeryck a écrit:

Élie Wajeman : Médecin de nuit        2021


Je crois que depuis mon retour en salles, c'est le film qui m'a le plus emporté, le plus marqué - et ça me donne du coup envie de découvrir la filmographie de Wajeman. Dans ce film, on suit un médecin de nuit prénommé Mikaël, extrêmement pris par son travail et qui travaille en collaboration avec son cousin gérant d'une pharmacie pour souscrire aux gens addicts à la drogue du Subutex : il est à la fois animé par des raisons d'ordre social (accompagner les gens addicts à la drogue et leur fournir des produits réglementaires pour éviter les drogues peu chères du type crack ou même krokodil qui sont en général dévastatrices) mais également pour aider son cousin qui a des soucis d'argent ; j'ai aimé cet angle social que l'on voit finalement assez peu (surtout dans le cinéma français) et qui est assez pertinent et dans l'ère du temps - la question des salles de shoot était assez vive il y a quelques années et la démarche d'accompagner les gens y était présente. Ce que j'ai tant aimé dans ce film, c'est l'ambiance : très nocturne (seuls le début et la fin se passent de jour), vraiment nimbé de bleu(s) - avec ces bokehs, cette errance urbaine, on pense bien sûr à Taxi driver - et je trouve que le fait d'avoir pris un médecin dans une voiture (alors que le médecin est ordinairement un personnage très sédentaire, très assis socialement par sa légitimité, qui a son cabinet, etc.) apporte beaucoup à ce côté un peu inquiet et cela ajoute également de la crédibilité à la peinture de ce milieu un peu interlope dont on ne parle quasiment jamais au cinéma - ou alors de manière assez caricaturale - d'ailleurs, le Paris qui est filmé ici, XVIIIème aux alentours de Stalingrad n'est qu'assez rarement filmé au cinéma et quand il l'est, c'est juste par défaut. Il faut aussi mentionner la performance de Vincent Macaigne, sorti de son registre habituel d'amoureux pas toujours couronné de succès, intensément dramatique, j'ai beaucoup aimé son jeu, très physique, ça contribue beaucoup à l'ambiance du film - j'aime beaucoup les plans un peu larges où il est filmé quasiment seul au milieu d'une rue ; en plus, avec son blouson en cuir, c'est la classe ; en fait, j'ai l'impression que le film parle aussi un peu de ça : à la fin, Macaigne reprend brièvement son rôle habituel (dans la scène où il sonne chez sa copine et demande s'il peut monter) et là (spoiler), il se fait poignarder - cela a bien sûr un sens au sein même du récit (dont je ne parlerai pas ici, eh, je vais pas tout vous spoiler, quand même !) mais ça me semble aussi évoquer ce changement de registre ; pour en revenir à cette fin, je la trouve presque superbe : on revient au jour, c'est presque bucolique et la nuit revient contaminer le film - cette clôture du film sur l'écran noir qui se diffuse progressivement est très parlante. Mon seul regret sur ce film, c'est la relation entre Macaigne et Giraudeau qui ne sert pas à grand-chose, à part peut-être à ouvrir un autre chemin vers une vie un peu différente mais on reste au final au stade des deux amants un peu clandestins qui vient contraster avec l'aspect officiel de la demande en mariage du personnage de Giraudeau par le personnage de Marmaï, alors qu'au contraire, la relation avec sa copine est assez intéressante et belle par sa sincérité. En tout cas, donnez plus de rôles dans ce genre à Macaigne, s'il vous plait : il y a de belles choses à faire.

Avis assez proche, notamment sur Macaigne (étonnant avec ses faux airs de Pacino!), mais aussi sur le point faible de l'histoire avec la femme du cousin, qui prend de la place sans qu'on n'en voit trop l'intérêt, si ce n'est peut-être montrer quelqu'un qui est trop hésitant pour ce qui lui tombe sur les épaules, hésitant aussi du point de vue sentimental.
Sinon, film assez fort.

Charlie Chaplin : City lights        1931


Après avoir été enthousiasmé par The kid, très charmant petit film d'à peine une heure, spontanément gracieux et émouvant ; j'ai été un peu déçu par City lights qui semble pourtant être assez unanimement apprécié : j'y ai trouvé un certain nombre de scènes drôles, de situations cocasses et plusieurs très belles scènes mais j'avoue que j'ai trouvé le film un peu long, notamment dans la partie médiane du film, un peu répétitive ; l'histoire est peut-être un peu simple - enfin, pas sûr que ce soit ça qui ait provoqué mon ennui car on ne peut pas dire que l'histoire de The kid soit bien compliquée. Il y a quelque chose d'assez curieux dans ce film, une sorte de côté irrévérencieux (la scène initiale en est assez emblématique) qui passe notamment par le fait que Chaplin ait consciemment choisi de réaliser un film muet - le rapport au son est assez curieux, notamment au début - alors que la technologie du parlant existait déjà ; malgré tout, ça reste un beau film, mais qui aurait gagné à être raccourci d'une vingtaine de minutes.

Sacha Guitry : La poison        1951


Guitry était-il vraiment obligé de nous pondre un film aussi misogyne ? Au début, on pourrait croire qu'en fait, les choses sont assez équilibrées puisque d'un côté la femme veut tuer son mari avec de la mort aux rats et de l'autre le mari veut la tuer aussi - même si, bien sûr le rapport est d'emblée asymétrique, et d'ailleurs, on voit d'abord que c'est la femme qui veut empoisonner le mari ; à la suite d'une émission radiophonique au cours de laquelle le mari entend un avocat apparemment reconnu s'exprimer sur la différence entre assassin et meurtrier, il décide d'aller le voir et lui raconte qu'il a tué sa femme ; en réalité, s'il va le voir, c'est pour lui soutirer le scénario de l'assassinat optimal et bien sûr s'ensuit toute une série de quiproquos. En fait, jusque-là, on se dit "bon, ok, voyons voir" mais lorsqu'arrive le procès du mari assassin, là, ça y est, c'est la roue-libre totale et notamment lorsque ce dernier fait passer une photographie de sa femme, une connivence envahit alors la salle comme pour dire "c'est vrai que... vu sa tronche..." et après : fête au village. C'est vraiment dommage car excepté cette misogynie très forte (je ne parle même pas du traitement global de la femme...), j'ai trouvé le film bien écrit, bien ficelé, globalement assez drôle et Michel Simon est vraiment magistral (une seule prise par plan !) - notamment dans les séquences avec l'avocat.

Emeryck a écrit:

Guitry était-il vraiment obligé de nous pondre un film aussi misogyne ?

Ben, c'est Guitry, quoi: si tu connais un peu ses bons mots, son théâtre et même sa vie... La misogynie lui était quand même assez consubstantielle (le plus souvent sous l'angle du vaudeville et sous la posture de l'homme à femmes; ici, en effet, c'est un peu différent.)

Benedictus a écrit:

Emeryck a écrit:

Guitry était-il vraiment obligé de nous pondre un film aussi misogyne ?

Ben, c'est Guitry, quoi: si tu connais un peu ses bons mots, son théâtre et même sa vie... La misogynie lui était quand même assez consubstantielle (le plus souvent sous l'angle du vaudeville et sous la posture de l'homme à femmes; ici, en effet, c'est un peu différent.)

Justement, je ne le connaissais pas bien : les quelques films de lui que j'ai vus ne donnaient pas vraiment dans ce versant-là.

Tu as vu lesquels?

Tiens, pour ton édification: http://evene.lefigaro.fr/citations/sacha-guitry

La Poison c'est quand même poussé très loin, cela dit la connivence qui s'établit entre l'assassin et le public est aussi l'objet du regard cruel que Guitry porte sur la société, c'est un monde tellement pourri que même un assassin avéré peut s'en sortir a coup de manipulation rhétorique et de truc d'avocat malhonnête (et un peu lâche). D'ailleurs le montage parallèle éloquent entre le procès de Simon, et le faux procès rejoué par les enfants ou cette fois l'assassin est envoyé à la guillotine. En fait ce qui rend le film très misogyne c'est le fait que le personnage de la femme n'a aucun trait rédempteur, elle est laide, bête, sale, et méchante. Le mari est clairement un scélérat au cynisme criminel mais il a droit à un traitement beaucoup plus sympathique et puis il au moins le bénéfice d'une intelligence qui lui vaut une certaine admiration.

Peut-être que l'ensemble de la filmographie de Guitry démontre de la misogynie (je ne sais pas, je n'en ai pas encore vu assez), mais je n'ai pas pris ce film de cette façon.

C'est horriblement cynique, surtout.

Est-ce que quand un personnage masculin se révèle le pire des tueurs ou des psychopathes, ou n'a aucune qualité, on dit que c'est un film anti-hommes? (tiens, ça existe l'équivalent de "misogyne" dans l'autre sens?)

Même ici on pourrait prendre la fin autrement et dire qu'on dénonce cet acquittement du personnage masculin...
Je vois un film, je l'interprète à ma façon, mais démasquer les opinions de l'auteur derrière et en tirer un verdict sans appel comme ça, ça ne me semble pas toujours aussi évident.
Ou alors ça m'a semblé trop gros pour le prendre au premier degré.

En effet, dans ce film, c'est surtout la misanthropie et le cynisme qui sont patents.

En fait, je faisais moins référence au cinéma de Guitry qu'à son théâtre (ainsi qu'à sa biographie d'homme à femmes aux innombrables épouses et maîtresses, à ses «bons mots.») De manière bien plus massive que dans son cinéma, on a vraiment l'impression que l'essentiel de la vie, pour Guitry, c'est ces sempiternelles histoires de cocufiage et que la morale est, en gros, «les femmes sont irrécupérablement inconstantes, vénales, menteuses, indiscrètes, coquettes, capricieuses, jalouses, médisantes, insatiables et écervelées, donc les hommes n'ont pas à se gêner pour être cyniques avec elles» (je n'exagère pas: lisez l'anthologie de citations que je mettais en lien plus haut, c'est frappant, les 3/4 des citations ne disent rien d'autre, ne parlent de rien d'autre.)

Alors après, oui: c'est presque toujours brillant (aussi bien dans l'art de la formule que des différents ressorts et du rythme comiques - ce qui se retrouve dans sa mise en scène au cinéma), je le reconnais volontiers; mais sur le fond, ça ne m'a jamais ébloui. Même sans parler spécifiquement de misogynie, d'ailleurs: le cynisme et la misanthropie fondamentaux de cette vision du monde, je trouve que ça ne vole finalement pas très haut (en tout cas, très en-dessous du talent du gars) - et ça m'est au total assez peu sympathique.

Xavier a écrit:

(tiens, ça existe l'équivalent de "misogyne" dans l'autre sens?)

Oui (mais c'est moins usité): https://www.cnrtl.fr/definition/Misandrie

Xavier a écrit:

Est-ce que quand un personnage masculin se révèle le pire des tueurs ou des psychopathes, ou n'a aucune qualité, on dit que c'est un film anti-hommes? (tiens, ça existe l'équivalent de "misogyne" dans l'autre sens?)

Oui, misandre.
Si on pouvait éviter de tomber dans l'épouvantail du "machisme anti-homme" par contre ça serait bien.

Que Guitry était misogyne c'est sans doute l'une des affirmations les moins controversées de ce topic. C'est une évidence partout dans son œuvre (c'est même un lieu commun évoquer dans tous les commentaires critiques de l’œuvre), après est-ce que ça relève vraiment d'une vision du monde sincère ou d'une posture c'est assez compliqué à évaluer je trouve comme toujours quand l'ironie est a ce point consubstantiel a l’œuvre.

Xavier a écrit:

Même ici on pourrait prendre la fin autrement et dire qu'on dénonce cet acquittement du personnage masculin...

Oui c'est ce que j'ai dit

Mais l’œuvre n'en est pas moins misogyne (en plus d'être misanthrope), et là je ne parle pas des intentions supposées de Guitry mais bien du film. Dans La Poison tout le monde est finalement affreux (sauf peut être le prêtre et les enfants qui rétablissent la justice dans leurs jeux) mais l'épouse de Braconnier est révoltante de bout en bout, et n'a même pas l'opportunité de prouver une quelconque intelligence. Elle est juste une grosse brute dont on se moque (et il faut dire que l'actrice, dont j'ai oublié le nom, est excellente) alors que Braconnier même si c'est un assassin cynique suscite au moins une certaine admiration.

J'ajouterais par ailleurs que je trouve ce film, et une assez large partie de Guitry au cinéma, admirable dans la férocité cruelle de la satire, le sens du rythme, et de la formule. Je ne pense pas qu'il se réduise à sa misogynie, ni qu'elle l'empêche d'être un bon film mais c'est quand même là et on a le droit de trouver ça peu sympathique.
Cependant je ne crois pas que l’œuvre de Guitry se réduise a du cynisme ou de la misanthropie. La Poison est assez a part dans sa noirceur quand même, le ton général de l’œuvre de Guitry est quand même beaucoup plus léger et je ne pense pas que ça se prenne tellement au sérieux (peut être un peu plus dans les grosse production historique type Si Versaille, et encore c'est discutable).

Benedictus a écrit:

Tu as vu lesquels?

Tiens, pour ton édification: http://evene.lefigaro.fr/citations/sacha-guitry

Si je me souviens bien, j'ai vu Faisons un rêve, Mon père avait raison et Assassins et voleurs.

Claude Berri : Tchao pantin        1983

 + /  
Ce film est sans doute l'un des seuls où Coluche ne tient pas un rôle comique et il est même totalement à contre-emploi puisqu'il joue un ancien flic devenu pompiste de nuit et également alcoolique, hanté par la mort de son fils ; lorsqu'il va rencontrer Bensoussan (interprété par Richard Anconina), il va essayer de combler ce vide mais sera à nouveau blessé : Bensoussan vit de trafics de drogue et est un jour exécuté sur ordre de son patron ; Lambert (le personnage de Coluche) va décider de le venger. Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce film, c'est l'ambiance : superbe photographie bleutée (évidemment, le plus grand directeur de la photo : Bruno Nuytten) qui donne une prise immédiate à cette ambiance blafarde - c'est d'ailleurs le premier à utiliser des néons sur un film, c'est vraiment une excellente idée - ; ça correspond parfaitement aux solitudes de chacun des personnages. J'ai aussi plutôt aimé l'opposition dans le traitement entre Lambert qui semble consubstantiel à sa station service, immobile ; je trouve que l'idée de l'avoir fait pompiste est très bonne car d'une part, c'est un métier de solitaire et d'autre part, les quelques gens qu'il rencontre sont des gens en itinérance : c'est comme s'il avait arrêté de vivre et qu'il faisait partie du décor. A contrario, le personnage de Bensoussan est extrêmement mobile, très fugace ; ce duo marche plutôt bien. En revanche, je n'ai pas beaucoup aimé la fin (pas tellement cringe, en fait) mais assez prévisible - attention, gros spoiler : le fait que le film se termine sur Lambert qui se prend une balle, j'ai trouvé ça presque grotesque ; malgré tout, ça reste une belle découverte.

Je me souviens que, quand c'était sorti, ça avait vraiment fait un gros événement, dont on avait parlé pendant des semaines.

D'une manière générale, j'ai l'impression qu'à cette époque-là, le cinéma français avait une capacité à faire événement au-delà du cercle des cinéphiles qui s'est complètement perdue. Il y a des tas des films des années 80 dont je ne me souviens plus en tant que tels (et qui pour certains ont été bien oubliés depuis), mais dont je garde en mémoire le titre et la sortie: la «révélation» de tel acteur ou de telle actrice, les affiches sur les bus et les colonnes Morris, la présentation qui en était faite à la télé, les débats (parfois houleux) qu'ils pouvaient susciter... (Aussi bien des chefs-d'œuvres que des daubes, d'ailleurs.)

Jean-Pierre Mocky : Les compagnons de la marguerite        1966

 +
J'ai plutôt bien aimé ce Mocky : comme toujours, l'histoire est assez atypique et j'ai trouvé qu'il se renouvelait pas mal, ici. Le film raconte l'histoire d'un homme en apparence très rangé, employé à la Bibliothèque nationale, chargé de la restauration des manuscrits anciens et ayant la capacité de reproduire parfaitement n'importe quelle écriture : il va donc mettre sur pied une sorte de société secrète nommée "Les compagnons de la marguerite" qui fera des divorces et des remariages à l'amiable (en changeant discrètement tous les papiers officiels, bien sûr). Découvrant la petite annonce qui sert de prémisse à cela, la "brigade des us et coutumes" décide de traquer et de mettre sous les verrous tout ce petit monde. Lorsque je parlais de renouvellement, je pensais à la diversité des situations qui peuplent le film : l'inspecteur Leloup qui se fait complètement piéger, ensuite son collègue qui semble être à l'exact opposé, puis ensuite le coup de la fête foraine puis la fausse cérémonie de mariage ; j'ai trouvé la fin vraiment amusante, en plus, très légère, assez sensée. Les acteurs sont également très bons : Francis Blanche en tête (que j'imaginais plus vieux !), Serrault bien sûr (tropisme personnel) mais aussi Claude Rich, très bon dans ce personnage malin. J'ai par contre des réserves sur le fond du film : la satire de la police est amusante et il y a à mon avis beaucoup de choses à dire sur ce sujet mais l'angle d'attaque ne me plait pas trop - on sait tous que derrière cette attaque de la "bien-pensance" (d'autres diront "politiquement correct" peut-être agrément d'un "de toute façon, maintenant, on peut plus rien dire !!") se cache quelque chose de bien misogyne et ici, c'est assez manifeste puisqu'il s'agit vraiment pour les hommes (ce ne sont que des hommes qui demandent le remariage dans le film) de ne pas s'emmerder avec l'inertie du processus légal pour divorcer, etc. (qui est critiquable en tant que telle mais sous cet angle, non merci.)