Différences entre partitions

Coucou,

Je suis en train de travailler la sonatine en fa majeur de Beethoven au piano, et il y a une mesure qui est notée assez différemment d'une partition à une autre.

Sur l'une, j'ai ceci :



Sur l'autre, j'ai cela :



Je suis en fait curieux de savoir, dans ce genre de cas, comment l'on peut décider que l'une est plus proche de la partition initiale que l'autre ? Ou plus en phase d'un point de vue stylistique ? À qui faire confiance ? Voire même ma question a-t-elle un sens (un compositeur peut avoir remanié sa partition par exemple).

(ma prof me dirait : "arrête de te poser des questions, et joue !" )

J'ai la partition Bärenreiter de cette Sonatine en fa ( Rondo, mesure 74) et la notation qui s'y trouve est la même que sur ton image du bas.

Ce sont des appoggiatures, qui s'écrivaient à l'époque de la façon de la 2è partition, et le résultat à obtenir est ce qui est écrit dans la 1ère.

Merci Ravelavelo. La partition que j'aie est notée "révision par L. E. Gratia".

Merci Xavier, je ne m'attendais pas à cette réponse Pour moi, une appogiature est jouée très proche de la note qui la suit, alors qu'avec la partition du haut, j'ai plutôt tendance à les jouer à intervalle de temps régulier, en jouant de façon plus douce la seconde note.

Il faut les jouer en notes égales, comme des double-croches, avec la "petite note" bien sur le temps.

Après, les musicologues se bagarrent sur comment on faisait précisément à l'époque selon les cas, il y a des traités qui détaillent tout ça, et jouer la petite note comme une petite note est bel et bien une erreur.
Il y a même des cas où la petite note doit être joué de façon plus longue que sa résolution.

C'est pour ça qu'on l'écrit souvent maintenant de façon moderne, pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté pour les musiciens qui ne sont pas au fait de tout ça.

Citation :

en jouant de façon plus douce la seconde note

Là-dessus tu as parfaitement raison, l'appoggiature est la note expressive, la résolution doit être moins forte, car elle est attendue, pas surprenante.

Formidable, merci Xavier ! Comme quoi lire une partition et savoir interpréter son contenu, ça demande un sacré bagage

Pipus a écrit:

Je suis en fait curieux de savoir, dans ce genre de cas, comment l'on peut décider que l'une est plus proche de la partition initiale que l'autre ?

Pour le savoir, il suffit de regarder les références (édition Urtext ou pas, c'est-à-dire qui a pris le soin de vérifier sur la partition d'origine et pas de recopier des rééditions ; édition critique ; simple reprint ; ou partition adaptée comme sur ta première image).

L'appoggiature, contrairement à l'accacciature (barrée, qui doit se jouer très vite), est une notation qui permet de lire l'harmonie de façon plus claire, à une époque où ce type d'effet, sans être rare, était notable par rapport à la pensée musicale du style classique, tout en consonances. Elle permet de mettre immédiatement en valeur la note de passage / étrangère par rapport à la note écrite dans l'harmonie… mais cela n'affecte pas l'exécution en effet.

Après, l'allongement / le différentiel de puissance que tu suggérais, oui, bien sûr, mais on peut le faire même lorsque ce n'est pas noté de la sorte (oui, je sais, l'écriture nous conditionne dans notre interprétation). Il y a des répertoires où ce type d'implicite est la norme – typiquement le baroque français, avec le surlié du clavecin ou l'inégalité des notes égales, qui ne sont pas écrits mais dont on a des preuves textuelles qu'ils étaient bel et bien la norme.