RF - OPRF/Franck - Ravel - Moussorgski - 07/01/2022

Programme :
MAURICE RAVEL - Sonate pour violon et violoncelle
MODESTE MOUSSORGSKI - Chants et danses de la mort
MODESTE MOUSSORGSKI / MAURICE RAVEL - Tableaux d'une exposition

KARITA MATTILA soprano
JI-YOON PARK violon
NADINE PIERRE violoncelle
ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE RADIO FRANCE
MIKKO FRANCK direction

Premier concert de l'année ! Conditions d'accès difficiles à Radio France, entre des bus annulés et un RER C perpétuellement en travaux.
Concert qui ne faisait pas partie de mon abonnement, ajouté grâce à une promotion où la catégorie 1 tombait à 15 €. Salle peu remplie, avec la corbeille totalement vide, le reste de la salle étant plus fourni (est-ce avisé de forcer les gens à s'entasser d'un côté, alors qu'on laisse le reste de la salle fermé, les règles sanitaires recommandant la distanciation... ?).

Ravel : je n'ai pas apprécié ce morceau, trop cacophonique, voire pénible à mon goût. Pour l'anecdote, la violoncelliste suivait sa partition sur tablette, le tournage de page se faisant avec un petit bouton sans fil commandé au pied... lequel a décidé de cesser de fonctionner en plein morceau. Musique arrêtée, je n'avais jamais vu ça ! La violoncelliste assez énervée l'a tourné dans tous les sens, et le malaise a dû durer 2 minutes, jusqu'à ce qu'elle réussisse à le remettre en marche... puis, le morceau a repris. Aucun technicien n'est apparu sur scène pour aider... Interprétation assez mordante, mais qui ne m'a pas fait apprécier le morceau pour autant. En rentrant, j'ai écouté sur Youtube une version par deux musiciens de l'Orchestre de Paris : j'y ai noté une plus grande recherche de l'harmonie, une façon de jouer "ensemble" que je n'ai pas ressentie à RF.

Moussorgski - Chants et danses de la mort : je ne connaissais pas cette version, ayant seulement entendue une ou deux fois la version piano / ténor. Il s'agissait vendredi de l'orchestration de Chostakovitch. Moussorgski est quand même un compositeur qui aura été beaucoup transcrit, orchestré, modifié, voire dénaturé... mais, peut-être que ces transcriptions ont contribué à la diffusion de son œuvre... Ce sujet mériterait peut-être des développements des érudits du forum !
N'étant pas glotophile, je ne connaissais pas cette chanteuse, sorte de momie aux beaux yeux très maquillés, brushing Feux de l'amour, robe rouge de chanteuse d'opéra, avec la petite écharpe façon collier de chien qui ne cesse de tomber et qui appelle la gestuelle ampoulée qui va avec, démarche de diva et ongles longs assortis à la robe... Si j'étais venu accompagné d'un profane, je n'aurais pas coupé à la remarque habituelle ("musique classique = chanteuses d'opéra divas caricaturales", remarque qui va généralement avec "public de vieux, musique chiante, je m'endors, as-tu éteint les plaques chauffantes...").
Musicalement, j'ai préféré les ambiances fantastiques façon Edgar Allan Poe de la Berceuse et de Trepak, ou le Chef de l'armée aux rythmes plus martiaux et avec une fin assez surprenante. J'étais au deuxième rang, et bien que l'orchestre ait joué en sourdine, je n'entendais pas bien le chant. Pas totalement transporté donc, ce n'est pas vraiment mon répertoire. L'effet belle découverte n'a pas eu lieu.
Il faut dire que ma voisine a passé toute la première partie à renifler, sauf quand elle s'est endormie et qu'elle ronflait. Je précise qu'elle est partie à l'entracte, et a donc échappé à son assassinat dans les couloirs obscurs de Radio France (ou alors, elle a justement été assassinée par quelqu'un d'autre...).

Rappel : une mélodie de Sibelius (j'ai trouvé le nom sur un site : "Flickan kom ifrån sin älsklings möte"). Chanteuse visiblement très émue de l'accueil du public, débordante de joie d'avoir reçu un gros bouquet, lequel est allé se loger entre ses seins pour le rappel, ce qui a permis de bien profiter des bruits de plastique froissé. Elle a décroché une fleur du bouquet pour garnir la pochette d'un Mikko Franck tout sourire sous son masque.
J'ai consulté son fil Twitter, elle semble être une personnalité attachante et sincère. A revoir peut-être !

Moussorgski/Ravel - Tableaux d'une exposition : j'aime sincèrement cette suite de tableaux, à tel point que je l'ai vraiment beaucoup trop écoutée, trop jouée, trop vue en concerts... Je m'étais juré de ne plus y aller, à moins d'une interprétation s'annonçant comme exceptionnelle. Ce n'était pas le cas vendredi soir. Attention, c'était très bien, très réussi, plusieurs passages m'ont fait frissonner bien comme il faut (magnifique trompettiste, vraiment superbe), mais rien de particulièrement notable ni dans le rythme, ni dans la densité, ni de geste notable.
Talkies-walkies allumés en coulisse... Ca s'entend, grrr...

En conclusion, un concert dispensable.

Je n'étais pas en salle, mais j'ai écouté à la radio...
Un peu pareil pour le Ravel... vraiment ça ne me touche pas beaucoup.

Pour les Chants et Danses de la Mort, j'avoue avoir été un peu déçu par Mattila. Bien sûr c'était sa première fois dans ce cycle assez marquant... mais quand même. La voix semblait un peu se dérober surtout vu l'orchestration. Il faut à mon sens une voix qui claque et qui tranche. Là on entendait des essais mais pas tous transformés. Forcément, de par son statut de "soprano un peu âgée", la comparaison se fait avec une Vishnevskaya (qui a créé cette version Shosta!) et si on reconnaît certaines nuances, on ne retrouve pas le côté implacable et violent par manque de métal.
Pas non plus été fasciné par la direction de Franck qui manquait elle aussi un peu d'éclat et de tension.

Sinon, pour Moussorgsky en lui-même, oui il a beaucoup été "transcrit, orchestré, modifié, voire dénaturé" comme tu dis (même si pour le dénaturé, j'imagine que c'est Rimsky qui est visé... alors que Rimsky n'a jamais voulu autre chose que le rétablissement des partitions originales une fois que ses versions auraient permis au public de se familiariser à Moussorgsky) car il a laissé beaucoup de travaux "en cours" ou pas forcément finalisés. Mort tôt, un amour de la bouteille un peu trop fort... ça n'aide pas forcément pour finaliser tous les projets.

Pour les Tableaux, un peu comme pour le cycle : un bel orchestre mais sans le son que je peux attendre et l'explosion nécessaire selon moi pour cette musique.

J'avoue que j'ai été tenté par ce concert. parce que les Chants et Danses de la Mort c'est quand même un truc assez fou je trouve comme cycle.

Rocktambule a écrit:

J'ai consulté son fil Twitter, elle semble être une personnalité attachante et sincère. A revoir peut-être !

Ah oui, c'est une personnalité Mattila.  Elle est une personnalité publique importante en Finlande (et elle parle un peu sans filtre).

Citation :

N'étant pas glotophile, je ne connaissais pas cette chanteuse, sorte de momie aux beaux yeux très maquillés, brushing Feux de l'amour, robe rouge de chanteuse d'opéra, avec la petite écharpe façon collier de chien qui ne cesse de tomber et qui appelle la gestuelle ampoulée qui va avec, démarche de diva et ongles longs assortis à la robe... Si j'étais venu accompagné d'un profane, je n'aurais pas coupé à la remarque habituelle ("musique classique = chanteuses d'opéra divas caricaturales", remarque qui va généralement avec "public de vieux, musique chiante, je m'endors, as-tu éteint les plaques chauffantes...").

Il ne faut pas s'arrêter au maquillage (assez généreux en général) de Mattila pour juger de la chanteuse, qui a un grand répertoire et une sensibilité très travaillée – en salle, la diction est vraiment floue du fait de la technique utilisée, mais le timbre reste splendide et l'artiste très investie. Ça me fait de la peine de la voir cataloguée comme cela sur ses apparences.

C'est une diva, incontestablement, mais accessible comme tu as vu, un côté très direct et instinctif…

DavidLeMarrec a écrit:

Il ne faut pas s'arrêter au maquillage (assez généreux en général) de Mattila pour juger de la chanteuse, qui a un grand répertoire et une sensibilité très travaillée – en salle, la diction est vraiment floue du fait de la technique utilisée, mais le timbre reste splendide et l'artiste très investie. Ça me fait de la peine de la voir cataloguée comme cela sur ses apparences.

C'est une diva, incontestablement, mais accessible comme tu as vu, un côté très direct et instinctif…

Je n'ai peut-être pas assez insisté, mais justement, je voulais souligner l'impression en deux temps qu'elle m'a fait : d'abord, le costume complet de la diva caricaturale ; et ensuite, la version sincère et attachante (d'ailleurs, je n'ai pas pu m'empêcher de regarder son fil Twitter, ce que je ne fais jamais).