Philharmonie - Biennale Quatuors à cordes - Janvier 2022

Des amateurs ? Dvořák pour fil rouge, les quatuors habitués de la biennale (Arod, Diotima, Jerusalem, Danel, Borodine, Casals, Hagen...), les conseils des grands maîtres (Brendel) et quelques nouveaux (Simply).

Je vais écouter les Jerusalem + da Silva et Hoffman (Quatuor "Américain" + Sextuor) et les Borodine (Chosta 2 + Dvořák Quintette pour piano et cordes n° 1).

Les Hanson ce soir pour moi ! (Dvo, mais aussi Gubaidulina 2 et Ligeti 1.)

Dommage que personne n'ait osé le n°3 (qui dure 1h), une véritable expérience en salle j'imagine !

DavidLeMarrec a écrit:

Les Hanson ce soir pour moi ! (Dvo, mais aussi Gubaidulina 2 et Ligeti 1.)

Dommage que personne n'ait osé le n°3 (qui dure 1h), une véritable expérience en salle j'imagine !

Et alors ? C'était comment ?

Peut-être faut-il laisser à David le temps d'écouter le concert avant de donner son avis.

DavidLeMarrec a écrit:

Dommage que personne n'ait osé le n°3 (qui dure 1h), une véritable expérience en salle j'imagine !

Il y en a que ça fait bien marrer...

À peu près comparable en effet : dans les deux cas la matrice est assez simple.

(Je veux bien donner mon avis sur le concert après l'avoir entendu ce soir, oui. )

Curieux de tes impression de Gouba 2 (jamais entendu en vrai, très court mais assez rude - entre du Dvořák et Ligeti 1, on risque de le sentir passer!)

J'ai vu hier soir le Quatuor Simply : op. 5 de Webern, création de Julia Lacherstorfer et 14e de Dvořák. Un tout jeune ensemble formé de deux Chinois, d'un Norvégien et d'une Autrichienne. La création : une niaiserie New Age / easy listening. Les musiciens prennent un micro et se présentent à tour de rôle en parlant de leur enfance, sur fond de mélodies traditionnelles de leur pays gentiment harmonisées. À la fin du morceau, ils reprennent le micro pour exprimer leurs souhaits pour l'avenir : culture pour tous, paix dans le monde, fin des fake news. C'était Miss France ! Moment gênant.   Excellent quatuor du reste, je découvrais le Dvořák, d'une forme plutôt traditionnelle mais bien enlevé et joué avec ardeur. J'ai apprécié surtout les voix centrales (violon 2-alto).

Normalement je vais voir aussi les Van Kuijk et Belcea + Ébène.

● Quatuor Van Kuijk le 20 janvier : 9e quatuor de Dvořák, op. 34, et création de Benjamin Attahir (Al Dhikrâ). J'ai trouvé le Dvořák nettement plus marquant que le 14e entendu quelques jours plus tôt. Une tonalité d'ensemble mélancolique poignante, servie par une belle veine mélodique, et surtout plus de richesse et de trouvailles dans les développements et les échanges entre instruments : dans le premier mouvement de courtes cellules mélodiques qui passent rapidement d'un musicien à l'autre, sans qu'elles puissent s'épanouir tout à fait, ce qui maintient le ton automnal. On entend du Mendelssohn (c'est très ciselé et fin), du Beethoven, des couleurs brahmsiennes, du folklore. Bonne pioche !

La pièce d'Attahir, en un mouvement, m'a paru très lisible : des thèmes clairement exposés et faciles à retenir. Le premier est un staccato martelé, une sorte de Bartók gentil, le deuxième semblait pompé directement sur l'interlude du Soir de Peter Grimes (très joli donc), le troisième, plus mineur dans la construction, a des couleurs orientales. Tout ça est développé et et entrelacé d'une façon pas forcément originale mais agréable et virtuose, le final est très animé. C'est un peu bavard, et on a l'impression que ça a été étiré pour en faire une œuvre indépendante en un mouvement.

En bis, une transcription des Berceaux de Fauré. Musiciens excellents (comme d'habitude ?), j'ai peut-être préféré l'alto et le violoncelle (aux pizz' d'une étonnante musicalité).

Bien d'accord : le 9 et le 11 sont parmi ses meilleurs, bien supérieurs au 14 (les 8 et 10 sont chouettes aussi).

Donc moi, j'ai adoré les Hanson mercredi, monstrueux techniquement (plus que dans mon souvenir, où c'était avant tout l'esprit qui m'avait frappé !).

Gubaidulina 2, c'est un peu du Scelsi (la première section, c'est tout sur sol…), mais ça frémit de partout, il y a du drame, ça fonctionne très bien. (Ça rejoint un peu le problème de beaucoup de compositions atonales, il n'y a plus forcément de grand discours, et ça limite par certains côtés la richesse de l'écoute, mais ça se tient remarquablement ici.) Bref comme ça l'est, et intelligemment pensé comme elle l'a fait, c'est très chouette entre deux pièces de caractère très différents (et un bis de Haydn, Op.50 n°1 !).

mickt a écrit:

Normalement je vais voir aussi les Van Kuijk et Belcea + Ébène.

J'y vais aussi: octuors de Mendelssohn et Enesco, c'est assez original.

Et pas par n'importe qui !

J'aurais adoré, mais je suis à Strasbourg pour voir Die Vögel de Braunfels…

Belcea + Ébène dans trois quarts d’heure : il n’y a olus que les Belcea et Raphaël Merlin. 1er Quatuor de Brahms et Quintette à deux violoncelles de Schubert. Pfff.......

mickt a écrit:

Belcea + Ébène dans trois quarts d’heure : il n’y a olus que les Belcea et Raphaël Merlin. 1er Quatuor de Brahms et Quintette à deux violoncelles de Schubert. Pfff.......

Oh, navré.

Je ne l'ai appris qu'en arrivant, du coup je n'ai pas voulu avoir fait le déplacement pour rien et me faire rembourser...
Bon, c'est quand même de la très bonne musique et c'était très bien joué, évidemment.

Je l'avais mauvaise mais ce fut un beau concert. En première partie les Belcea dans le Premier Quatuor de Brahms, porté par la ligne du premier violon de Corina Belcea. En deuxième partie elle a été relevée par Pierre Colombet, et Raphaël Merlin s'est joint au groupe. Il a fallu quelques minutes pour que tout se mette en place et que chacun se rassure, mais le quintette a été vraiment réussi. Un deuxième mouvement suspendu et sensible comme il se doit, et deux derniers mouvements crânes et enlevés. Musiciens très applaudis, il faut dire que le Schubert était pour eux quasiment une première lecture (les deux qui manquaient à l'appel avaient été testés positifs quelques heures plus tôt seulement).

(et maintenant on veut les entendre dans les octuors prévus.)

Je me demande comment on entend un quatuor à cordes depuis les derniers rangs du 2ème balcon de la grande salle Pierre Boulez...

Actéon a écrit:

Je me demande comment on entend un quatuor à cordes depuis les derniers rangs du 2ème balcon de la grande salle Pierre Boulez...

Déjà fait depuis le troisième rang (mais j'étais de face, là où le son est bon) : on est loin, mais on entend bien le détail néanmoins ! En revanche si les voisins bougent un peu leur manteau, c'est fini, on n'entend plus rien.

Évidemment, la véritable émotion du quatuor, c'est être dans les deux premiers rangs, au cœur de la musique. Déjà à la Cité de la Musique, c'est trop loin, même au parterre. (À l'Amphi, c'est parfait si on se place tout devant !)

Pas entendu de quatuor du second balcon dans la grande salle (j'étais au parterre hier), mais ça doit être proche du piano, et de ce que décrit David : son clair mais lointain. J'avoue qu'on peut y trouver un certain plaisir parce que ça oblige à une grande concentration. Il faut "viser" le son de ses oreilles.

Actéon a écrit:

Je me demande comment on entend un quatuor à cordes depuis les derniers rangs du 2ème balcon de la grande salle Pierre Boulez...

Hier le parterre était bien garni mais au 2è balcon seuls les premiers rangs de face semblaient occupés.

Sinon, je suis d'accord, ça n'est pas fait pour.

mickt a écrit:

Pas entendu de quatuor du second balcon dans la grande salle (j'étais au parterre hier), mais ça doit être proche du piano, et de ce que décrit David : son clair mais lointain. J'avoue qu'on peut y trouver un certain plaisir parce que ça oblige à une grande concentration. Il faut "viser" le son de ses oreilles.

Oui, c'est comme pour le piano : pas idéal sans doute, mais pas du tout absurde ou inaudible, on entend très bien (si les voisins ne sont pas bruyants).

Honnêtement, qu'on puisse apprécier ce genre de musique dans une salle aussi grande tient du miracle acoustique !

Bon, les pauvres qui sont sur les balcons latéraux, en revanche, ce doit être un peu dur.

Critique très enthousiaste sur Bachtrack du concert des Belcea et d'une moitié des Ébène : https://bachtrack.com/fr_FR/critique-quatuor-belcea-ebene-biennale-philharmonie-paris-janvier-2022

Sur Resmusica, regard sévère sur la biennale dans son ensemble : fil rouge Dvořák peu convaincant, créations faibles (Attahir, une jeune compositrice chinoise, et encore il ne semble pas avoir entendu celle jouée par les Simply), toujours les mêmes noms, parmi lesquels certains ensembles prestigieux en méforme, nombre plus faible de concerts que dans le passé, absence d'esprit festival.

https://www.resmusica.com/2022/01/28/pale-biennale-pour-le-quatuor-a-cordes-en-temps-de-covid/

Sans même aller vérifier, je savais qui écrivait la rétrospective de Resmusica (dans le goût très idéologique et jamais content qui est le sien).

Je trouve qu'il faut beaucoup de mauvaise volonté pour se plaindre d'avoir une semaine de quatuor, avec un compositeur peu joué dans ce répertoire (mais suffisamment célèbre pour ne pas faire fuir le public). Certes, toujours les mêmes qui viennent, mais ça fidélise le public, et les vieilles gloires déclinantes, c'est ce qui remplit le mieux.
La scène ouverte des jeunes quatuors, c'est vraiment remarquable aussi.

Ma réserve à moi, ce serait davantage du côté du principe : en mettant tout le quatuor en une semaine tous les deux ans, sachant qu'on ne va pas voir tous les concerts de la semaine, c'est un peu ceinture pendant deux ans ensuite… (Enfin, à la PP, parce que du très bon quatuor, il y en a partout dans Paris, et avec des programmes plus variés !)

Moi je trouve ça vraiment très chouette comme initiative, et ça remplit plutôt bien apparemment !

DavidLeMarrec a écrit:

Sans même aller vérifier, je savais qui écrivait la rétrospective de Resmusica (dans le goût très idéologique et jamais content qui est le sien).

Je vois son nom passer sur Resmusica, mais je n'avais pas encore identifié ses goûts et ses aversions.

Une chose que je ne comprends pas : pourquoi Haydn n'a-t-il pas encore été le compositeur-vedette de la biennale. C'est quand même l'évidence, non ?

Citation :

Moi je trouve ça vraiment très chouette comme initiative, et ça remplit plutôt bien apparemment !

Les concerts auxquels j'ai assisté étaient peu remplis, mais d'autres étaient complets ou presque. Il est assez difficile de tirer des conclusions sur le remplissage en ce moment, à part pour les grosses affiches comme les Noces à Garnier, le public reste clairement prudent.

mickt a écrit:

Une chose que je ne comprends pas : pourquoi Haydn n'a-t-il pas encore été le compositeur-vedette de la biennale. C'est quand même l'évidence, non ?  

Mille fois d'accord, c'est incompréhensible. Il y a un ou deux Haydn à chaque biennale (op. 20/3 par les Casals cette année, très bien d'ailleurs), c'est vraiment pauvre. Ca pourrait être réparti entre deux biennales d'ailleurs. Il y a une vingtaine d'heures de musique pour une vraie intégrale, environ 15 heures si on part de l'op. 20, ce n'est pas si terrible. Ils ont peut-être peur que ce ne soit pas assez vendeur, ou ils ont du mal à trouver à trouver des quatuors prêts à jouer les opus intermédiaires (50 à 71/74, disons). Quoi qu'il en soit, c'est lamentable.