Programme :
Widmann : Con Brio
Dvořák : Concerto pour violon op. 53
Brahms : Symphonie n°1 op. 68
Distribution :
Rotterdams Philharmonisch Orkest
Lahav Shani | direction
Hilary Hahn | violon
Concert réservé pour faire le nombre dans l'abonnement de saison. Enthousiasmé ni par le programme, ni par les interprètes. J'ai tenté de le vendre sur la bourse, sans succès. C'est vous dire à quel point j'étais ravi de me présenter au TCE hier soir ! Appelé quelques heures avant le concert, le standard m'informe que mon strapontin a été installé dans l'après-midi, pas de replacement à prévoir... Arrivé sur place : pas de strapontin, super... Replacement à l'arrache grâce à un ouvreur charmant (pour une fois dans cette salle).
Chef vu plusieurs fois. Je me souviens avoir été enthousiasmé par un premier concert, puis déçu par les suivants, sa verdeur, sa fougue s'étant diluée avec les années (façon Lionel Bringuier). C'est peut-être de savoir conserver et cultiver cette fougue qui est exceptionnel ? Enfin, c'est un autre sujet ça.
Widmann : morceau intéressant, poussant l'utilisation des instruments avec des méthodes inconnues (souffle à vide dans la petite harmonie, comme dans la Prière pour l'Ukraine qu'on entend tout le temps cette année, tape avec le plat de la main sur le pavillon des bois et des cuivres... timbales frappées sur le rebord et non sur la peau...). Difficile à écouter, mais amusant, car entrecoupé de citations de Beethoven (le programme de salle est plus précis que moi : 7ème et 8èmes symphonies sont citées), qui jettent des mesures tonales au milieu de fusées consonantes. Ça dure un peu plus de 10 minutes, et c'est bien comme ça.
Dvorak : interprétation moyenne, tant pour le tempo que pour l'intérêt qui s'en dégage. Ni lent ni rapide, ni intéressant ni ennuyeux, juste entre les deux. Que ce soit fait volontairement ou non, il semblerait que tous les accents soient gommés, pour faire une musique plus digeste, plus soyeuse. C'est vraiment dommage ! J'espérais au contraire des accents plus prononcés, des coups de folie, des envies de danser, du style mittleleuropa, et surtout de la fantaisie ! Trop sage !
Énorme succès pour la violoniste, qui donnera trois rappels (partitas n°2, n°3 et le 2ème mouvement de la sonate n°3 de Bach, si j'ai tout bien identifié).
Brahms : mêmes symptômes que pour Dvorak, même si le premier et le dernier mouvements ont été plus réussis. Peut-on rater l'interprétation d'une musique aussi bien écrite ? On sent que le verrou émotionnel se relâche légèrement dans les dernières mesures du final : la direction de Shani prend un peu d'ampleur, les gestes sont moins mesurés, moins serrés, moins étriqués. Cordes à pâte épaisse, pas désagréables dans ce répertoire.
Orchestre sans caractère distinctif. Beau son, mise en place parfaite, aucun reproche à leur faire, si ce n'est justement ce petit manque de fantaisie, de grandeur et surtout d'identité. Premier violon qui est le sosie de Bernard Haitink. Première fois que je vois deux bassons de facture différente jouer ensemble (basson français et basson allemand ; ou alors, c'est la première fois que j'y fais attention).
Beaucoup de distractions dans la salle : un "tiiing" de Whatsapp dans les pizzicati du début du quatrième mouvement de Brahms 1, qui, joué sur la même note, n'a pas manqué de faire rire autour de moi ; un réveil qui a sonné ; des enfants qui ont parlé, toussé, gloussé, ri et surtout se sont beaucoup ennuyés, ce qui, même en silence, fait beaucoup de bruit ; une dame qui s'est disputée avec leurs parents ; une folle qui a allumé sa torche ; des vieux qui se sont levés avec fracas au début du dernier mouvement, en expliquant à toute leur rangée que c'était "pour être sûrs d'être les premiers à l'ascenseur"...
Difficultés d'évacuation de la salle : dédicaces d'Hillary Hahn, foule massée dans le hall sans couloir de passage (mauvaise gestion, encore...).