DIMANCHE 27 NOVEMBRE 2022 — 16H00
Auditorium de la Maison de la radio et de la musiqueWolfgang Amadeus Mozart —
Symphonie n° 35 « Haffner »Francisco Coll —
Concerto pour violoncelle * (création)
Witold Lutosławski —
Grave pour violoncelle et cordesPiotri Ilyitch Tchaïkovski —
Sérénade pour cordesSol Gabetta, violoncelle
Orchestre philharmonique de Radio France
Francisco Coll, direction*
Tarmo Peltokoski, direction
Concert au programme modifié : il était prévu que Ji-Yoon Park dirige la Sérénade pour cordes depuis le violon, mais le Philhar’ a finalement réinvité Tarmo Peltokoski après un remplacement réussi la saison passée. La symphonie de Mozart a été ajoutée pour étoffer le tout.
La symphonie est courte, bien troussée, et elle a été interprétée de manière vivante et ductile. Les jeunes chefs ont pour la plupart intégré les apports des lectures HIP, et Peltokoski ne fait pas exception : trompettes et cors naturels, timbales sèches, tempos plutôt allants. L’effectif de cordes, réduit, est resté le même pendant tout le concert : 6 violons I, 5 violons II, 4 altos, 3 violoncelles et 3 contrebasses. Ça créait par moments un certain déséquilibre, en particulier par rapport à des timbales braillardes. Peltokoski donnait de l’animation et du relief à chaque phrase. On devinait ici et là un manque de répétitions : décalages, traits pas très nets (bois).
Je découvrais Francisco Coll avec ce concerto, écrit pour Sol Gabetta et dont il assurait lui-même la direction : deux mouvements vifs encadrent deux mouvements lents. Le premier, Giocoso, m’a fait penser à Kapustin : une écriture assez jazzy, vive, faite de petits motifs qui s’entrechoquent. Les mouvements lents gardaient un côté morcelé, certains passages évoquant les pages planantes de Vasks, d’autres Chostakovitch. J’ai été un peu surpris de la partie de violoncelle : il ne s’arrête pratiquement jamais de jouer, les groupes instrumentaux de l’orchestre s’agglutinent autour de lui par petites touches, avec un savoir-faire orchestral assez agréable (gonflements et décrescendos soudains, circulation rapide entre instruments, quelques bizarreries aux percussions). Mais le violoncelle fait presque office de continuo, pas toujours audible. Il a tout de même droit à une longue cadence virtuose avant le dernier mouvement, qui revient à l’esprit du début. Accueil très tiède du public.
Retour de Peltokoski après l’entracte, ainsi que de Sol Gabetta pour quelques minutes austères de Lutosławski. Belles mais rapidement oubliées quand même.
Déception pour la Sérénade : on reste sur un effectif de cordes maigrichon (6-5-4-3-3). Du coup ça manque d’épanchement et de fondu à certains moments, de majesté à d’autres. Mais on entend la polyphonie de l’écriture, le beau violoncelle d’Éric Levionnois (j’ai presque toujours Nadine Pierre quand je vais voir le Philhar’), l'engagement de Ji-Yoon Park. Une lecture équilibrée, joliment animée, sans être très marquante non plus. J'étais malgré tout content d'entendre l'œuvre en concert.
Je voyais donc pour la première fois Tarmo Peltokoski, 22 ans (quatre de moins que KM), élève de Jorma Panula : on sent une autorité naturelle, une faculté à écouter l’orchestre et réagir rapidement, une idée des œuvres qu’il dirige. Le geste peut faire penser à Salonen, l’avant-bras fluide, en équerre. Il explique d’ailleurs être un excellent imitateur de styles de direction (sait faire tous les chefs finlandais). Quant à ses goûts, c’est d’abord un passionné d’opéra, et son instrument est le piano, ce qui le distingue de ses compatriotes, qui sont pour la plupart des symphonistes chevronnés. Il adore Wagner, se passionne pour l’histoire du chant wagnérien, connaît tous les disques depuis les années 30. Ça pourrait coller avec le Capitole de Toulouse, dont l’orchestre a la double identité fosse / symphonique.
(il a repris
la position décrite par Rocktambule à la fin du concert, mais l'espace d'un instant seulement !)
https://www.lsm.lv/raksts/kultura/muzika/laimigs-un-izredzets-lnso-jaunais-makslinieciskais-vaditajs-tarmo-peltokoski.a481334/