Un Winterreise de haut niveau est toujours un événement, on oublie à quel point l'oeuvre est dérangeante, autant que Wozzeck ou Turn of the Screw je trouve. Fray tres bien, vivant et coloré, bizarrement affalé sur son siege.... "Opératique" me semble un peu excessif pour Mattei, mais il est vrai qu'il développe un dramatisme certain, avec une grande palette de nuances et de contrastes de dynamique et de couleurs, un savant dosage de vibrato, sans aucun histrionisme ou exagération cependant. Il laisse sa belle voix se déployer par moments, et devient sublime dans les rares lieder lyriques (Lindenbaum, die Post, Nebensonnen...). La "laideur" voulue de Winterreise est tres présente le reste du temps, à peine cachée par le classicisme de Schubert.... J'oubliais aussi quelle métaphore atroce de la vieillesse est Leiermann: le corps qui ne répond plus (doigts gelés), la douleur physique (pieds nus sur la glace) et la mort qui fait de plus en plus le vide autour de vous (le bol vide)....
Méchant bruit parasite pendant plusieurs minutes, sifflement tres audible pendant les piani et pauses, un peu apres Lindenbaum... Fray a fini par jeter un regard agacé (Mattei restant résolument dans sa bulle), quelqu'un est sorti et le probleme s'est arreté, apres 2-3 lied tout de meme.... incroyable.
Salle à moitié pleine, replacement facile (superbe place au 1er balcon 3/4 du coup). Gros triomphe bien mérité pour les musiciens.