Britten : Peter Grimes

Cololi voudrait découvrir une version en DVD.

Je ne reviens donc pas sur les versions CD : je cite seulement

Britten DECCA qui vaut pour l'ensemble et Peter Pears



Davis PHILIPS pour Vickers et Harper



Haitink EMI : le plus beau orchestralement, et la distribution est excellente aussi



une autre version Davis, chez LSO, plus nerveuse



En DVD,

la version Britten DECCA avoue son âge, mais reste très attachante, par sa cohérence et sa simplicité presque naïve. Pears y est particulièrement fascinant, si on est sensible à ce style.



La référence parait être celle, dépouillée et stylisée, de l'ENO avec Langridge, dirigée par Atherton (WARNER) : c'est parfaitement maîtrisé, plutôt émouvant.



Chez EMI, une version de Zurich : Welser-Möst et Ventris sont très impressionnants. La mise en scène est abstraite, avec quelques effets intéressants, mais c'est un peu lourd.



Deux autres versions que je n'ai pas vues, apparemment toutes les deux assez traditionnelles dans l'imagerie :
Vickers et Colin Davis (WARNER)
Runnicles du Met (EMI)

Bertram a écrit:

La référence parait être celle, dépouillée et stylisée, de l'ENO avec Langridge, dirigée par Atherton (WARNER) : c'est parfaitement maîtrisé, plutôt émouvant.

Je plussoie, on a déjà dû en parler dans le sujet général, un superbe DVD.

En effet :

Xavier a écrit:

Je viens de découvrir Peter Grimes, que j'ai beaucoup aimé.



Pour l'instant mon oeuvre préférée de Britten.

J'aime l'écriture vocale, c'est très bien orchestré, et j'ai senti à plusieurs moments que certains compositeurs se sont bien imprégnés de cette oeuvre. (Rautavaara, Adams, même Dutilleux dont le 3è mouvement de sa 1ère symphonie, écrite quelques années plus tard, semble tout droit sorti du 4è interlude de Peter Grimes)
Pour la première fois je trouve Britten inspiré de bout en bout quasiment et je n'ai pas décroché une seconde, contrairement au Tour d'écrou, à Mort à Venise ou au Songe d'une nuit d'été.
Il y a des choses vraiment magnifiques, notamment dans ces interludes, et je trouve pas mal de points communs niveau livret avec Wozzeck... Qu'en pensez-vous?
Cet homme rejeté, méprisé, qui finit par se noyer...

C'est la première version que j'écoute, mais j'ai été convaincu par les interprètes (Langridge est décidément un grand artiste) à part peut-être celle qui joue Ellen dont je n'aime pas beaucoup la voix, et la mise en scène est très bien.

Oeuvre: 8/10
Interprétation: 8,5/10
Mise en scène: 8,5/10
Technique: 9/10 (son de bonne qualité, bonne image 16/9, pour une fois qu'on a un DVD d'une qualité quasi-irréprochable...)

Oui le "Peter Grimes" de Philip Langridge est très captivant. En fait j'étais un peu réticent au début, les photos m'avaient un peu effrayées par rapport à la mise en scène. Mais au final même si je m'étais fait d'autres images, je dois avouer que cette mise en scène très sombre colle très bien à l'atmosphère de l'opéra.
"Peter Grimes" est une œuvre dans laquelle j'ai toujours eu du mal à m'immerger au CD (ma version préférée reste celle de Britten, mais j'apprécie également celle d'Haitink même si j'ai quelques problèmes avec Rolfe-Johnson). Il faudrait que j'essaye de repasser le DVD sans l'image pour voir mais j'avoue que là la magie opère tout de suite. Bref cette version avec Langridge me parait être l'idéal pour se plonger dans l'œuvre.

(Le DVD est également repris dans le coffret de 8 DVDs - Les versions de Billy Budd et le film/opéra Owen Windgrave sont également excellents. Seuls "Let's Make an Opéra" et "The Turn of the Screw" sont réellement décevants dans ce coffret. La mise en scène de "Death in Venice" pousse un peu loin sur l'imagerie homosexuelle mais cela fonctionne tout de même très bien).

Donc c'est le même DVD que ? :

Cololi a écrit:

Donc c'est le même DVD que ? :

Non ce visuel correspond au DVD historique de Peter Grimes par Britten avec Pears (je ne l'ai pas vu donc...). Le DVD cité par Bertram, Xavier et moi est le DVD publié par Arthaus avec Langridge en Peter Grimes et dirigé par Atherton. Le visuel est celui montré par Xavier.

Pour des infos sur le coffret voir ICI. Le tarif actuel est de l'ordre de 150€ donc...

J'ai ajouté des images des pochettes pour éviter les confusions (pas trop dangereuses, toutes les versions étant intéressantes...)

J'ai déjà eu l'occasion de parler de ce coffret Arthaus, fondamental pour avoir presque tout Britten. Il résout la question des livrets grâce aux sous-titres et propose aussi un très bon Gloriana et un superbe Rape of Lucretia.

Je vois qu'il n'a pas été question de la version Hickox avec Philip Langridge chez Chandos. Quelqu'un pourrait-il en dire un mot ?

Hippolyte a écrit:

Quelqu'un pourrait-il en dire un mot

J'hésite entre :

Spoiler:

Spoiler:

et

Spoiler:

Je me pose une question existencielle : pourquoi je ne vois jamais Peter Grimes en playlist ?

DavidLeMarrec a écrit:

Hippolyte a écrit:

Quelqu'un pourrait-il en dire un mot

J'hésite entre :

Spoiler:

Spoiler:

et

Spoiler:

Du coup j'hésite aussi.

Cololi a écrit:

Je me pose une question existencielle : pourquoi je ne vois jamais Peter Grimes en playlist ?

J'ai une réponse : soit les habitués de ce forum ne l'écoutent pas soit ils n'osent l'avouer !

La fonction "spoiler" ne marche pas chez moi. Je ne vois pas ce qui est écrit sous le bandeau. C'est embêtant.

Perso, c'est plutôt la première réponse : j'aime bien, mais pas au point de l'écouter très régulièrement. Il y a tellement à découvrir et approfondir qui me motive plus !

aurele a écrit:

La fonction "spoiler" ne marche pas chez moi. Je ne vois pas ce qui est écrit sous le bandeau. C'est embêtant.

Tu l'as déjà dit, va plutôt en parler dans le fil "ça déraille" pour qu'on puisse te répondre.

Hippolyte a écrit:

Cololi a écrit:

Je me pose une question existencielle : pourquoi je ne vois jamais Peter Grimes en playlist ?

J'ai une réponse : soit les habitués de ce forum ne l'écoutent pas soit ils n'osent l'avouer !

Moi j'ai dû l'écouter trois fois ces six derniers mois. N'hésitez pas, c'est un très bon opéra, tout simplement.

La version de Colin Davis avec Vickers dans le rôle titre n'a jamais quitté le catalogue mais DECCA la réédite néanmoins dans sa collection "DECCA The Opera Company" qui ne comporte même pas le livret : http://www.deccaclassics.com/cat/single?sort=newest&PRODUCT_NR=4785273&UNBUYABLE=1&IN_XXSERIES=DECOPE&per_page=50&flow_per_page=50&presentation=flow
Le disque est encore trouvable dans la collection "Duo" de Philips Classics pour un prix très raisonnable. Savez vous si le livret est inclus?

aurele a écrit:

Le disque est encore trouvable dans la collection "Duo" de Philips Classics pour un prix très raisonnable. Savez vous si le livret est inclus?

J'ai le coffret de la première édition en CD (ci-dessous) qui incluait le livret. Je doute fort que la réédition en collection Duo comporte le texte.

LA Collection DUO ne comporte JAMAIS les livrets... après, tu dois pouvoir le trouver sur Internet... au moins en anglais!

Quoique je connaisse les Four Sea interludes (génial) et plusieurs extraits de Grimes, je ne l'ai jamais entendu en entier. Eh bien! C'est chose faite, avec la version dirigée par le compositeur.
Je ne comprends pas pourquoi on dit qu'elle accuse son âge . C'est une excellente prise de son.
Ceci dit, le personnage et l'interprétation qui m'impressionnent le plus est celui d'Ellen Orford (excellente Claire Watson). Je trouve Pears légèrement falot et sous-dimensionné, un peu comme son Gerontius. J'ai de la difficulté à imagnier un opéra nommé d'après le personnage principal et dans lequel celui-ci ne domine pas d'une façon ou d'une autre.




Dans la pile d'écoute j'ai également Vickers avec Davis (ou vice versa). J'ai souvent entendu des extraits du 3ème acte avec Vickers. J'en parlerai plus avant lorsque j'aurai écouté.

André a écrit:

Quoique je connaisse les Four Sea interludes (génial) et plusieurs extraits de Grimes, je ne l'ai jamais entendu en entier. Eh bien! C'est chose faite, avec la version dirigée par le compositeur.
Je ne comprends pas pourquoi on dit qu'elle accuse son âge . C'est une excellente prise de son.

Pour ma part, j'ai employé cette expression, mais à propos de l'esthétique de la version vidéo. Tout à fait d'accord pour dire que les enregistrements Decca de Britten par lui-même sont indémodables musicalement et techniquement.

Ah bon, je comprends. Je craignais que mes oreilles ne laissent passer des défauts d'enregistrement . Content de voir qu'elles me servent toujours aussi bien. .

Ay Ay Ay, Dio mio ! Voici un cas très spécial.

Dans le coin gauche, la version de référence, celle du compositeur-chef d'orchestre, enregistrée dans de superbes conditions techniques (Britten chez Decca bénéficiait des meilleures conditions), avec le titulaire du rôle dans la première, et pour qui Britten avait composé la partie de ténor.

Dans le coin droit, un interprète plus grand que nature, vocalement surdimensionné quel que soit le rôle abordé (ce qui n'arrive pour ainsi dire jamais), mais dont la vision du rôle a été carrément, résolument et même amèrement rejetée par le compositeur. Accompagné d'un grand chef et d'une superbe distribution, le tout magnifiquement mis en disque par les ingénieurs de la Philips, qui enregistraient les productions du Covent Garden durant cette période (années 70-90).

Mon commentaire, selon lequel j'imaginais difficilement un enregistrement dont le héros était sous-distribué vocalement pouvait servir de version ultime, trouve ici sa conclusion logique. La prestation scénique du ténor est absolument stupéfiante. Et je ne parle pas uniquement de sa voix, qu'il semble garder volontairement sous contrôle, et qui magnifie la musicalité de Grimes. Je pense surtout à la personnalité vocale totale (voix et interprétation) qui se dégage de cette incroyable prise de rôle.

Colin Davis se montre ici un très grand chef d'opéra, et les conditions techniques (prise de son) me semblent superbes. Il y a des version plus récentes, mais je doute qu'à part une plus grande image sonore (souvent trop réverbérée), on peut difficilement faire mieux. Les rôles secondaires (ce que sont tous les autres - il n'y a aucun personnage s'approchant de Grimes) sont tenus par de très grands noms, tous à la hauteur. Heather Harper est une Ellen Orford forte, vulnérable et convaincue tout à la fois. Un très beau personnage féminin.

Bien d'accord sur la version Vickers. Les memes chanteurs à peu près (et la mise en scene du ROH/Mojinsky, cf le superbe DVD) sont venus à Paris/Garnier en 1980: je revois encore Vickers seul aux saluts, les bras levés, souriant, devant une salle totalement déchainée comme je n'en ai pas revu à Paris en 36 ans.... Un colosse.

Version Britten.


Lorsque on a débuté par la version Davis portée par un Jon Vickers époustouflant de caractérisation, Peter Pears semble incarner un Peter Grimes abstrait, presque allégorique. L'orchestre de la version Britten est moins froid et distancié que celui de Davis, plus pittoresque et caractérisé, de même pour les choeurs. En définitive les versions Britten, Davis et Haitink se complètent bien, la première pour le cachet, la seconde pour Vickers et la troisième pour la beauté plastique et le relief sonore.

J'oubliais... cet opéra est merveilleux.      

Du fil «Playlist»:

arnaud bellemontagne a écrit:

Britten : Peter Grimes (Gardner)


Une version à la plastique sonore somptueuse (orchestre, choeurs)  
En revanche, le Peter Grimes de Stuart Skelton me laisse circonspect...

DavidLeMarrec a écrit:

Oh, pourquoi ?  Moi c'est davantage le côté assez lisse de la version (et de prise de son) qui m'avait laissé interrogatif.

arnaud bellemontagne a écrit:

Mais je suis de parti pris, vu que j'ai des profils aussi typés que Vickers et Pears dans les oreilles...

DavidLeMarrec a écrit:

D'accord, parce que Skelton est pourtant très typé et nuancé – mais en effet, il n'a pas le côté singulier (et d'une certaine manière difforme) des deux autres. Il faut dire aussi que j'ai un très grand souvenir de l'avoir entendu en salle – vraiment miraculeux, la facilité de la projection et la capacité à plier la moindre nuance à sa volonté.

Là-dessus, je suis d’accord avec David.

Déjà, le Peter Grimes très nuancé de Skelton est, pour moi, l’atout principal de cette version - effectivement sans les côtés «difformes» de Pears ou Vickers, et par là même plus proche de mes interprètes préférés du rôle, à savoir Rolfe Johnson et Langridge (que je trouve plus intéressants dans la mesure où le personnage me semble gagner à être incarné de façon plus ambiguë que grimaçante, voire vaguement monstrueuse.)

Et, je trouve moi aussi que l’interprétation de Gardner et la prise de son Chandos sont (comme souvent) un peu trop lisses et hédonistes.

C'est drôle, parce que c'est justement ce qui m'attire chez Chandos : des productions léchées au rendu sonore impeccable.
Plus que Rolfe-Johnson (que je préfère tout de même nettement à Skelton) c'est l'orchestre que j'adore dans la version Haitink.

Par contre concernant Billy Budd, j'arrive toujours pas à trouver la clé.
Mais on est HS...

arnaud bellemontagne a écrit:

Par contre concernant Billy Budd, j'arrive toujours pas à trouver la clé.

Ah tiens, moi je le trouve plus traditionnel dans le langage et plus immédiat côté action.

Dans Peter Grimes, il y a quand même plein d'éléments traditionnels, des chansons détachables, des références stylistiques très éclectiques etc... Billy Budd est plus symphonique, construit de manière beaucoup plus serrée, surtout musicalement, on est vraiment pas loin de la mécanique du Tour d'écrou, malgré le grand orchestre, le sujet différent... ( Je dis ça, ce n'est pas mon Britten préféré pour autant... )

Sinon, je n'ai pas écouté la version dont vous parlez plus haut, à programmer pour voir.

Oui, c'est ça Billy Budd parait plus homogène, moins varié et plus unidimensionnel (grisâtre?)

Grisâtre je n'irais pas jusque là.
Il y a des endroits impressionnants. Au sommet de tous, l'entretien silencieux et hors scène entre Vere et Billy, où la musique semble tout dire, l'arpège majeur qui symbolisait Billy est subitement étiré à l'extrême, chaque note est harmonisée par un accord parfait d'une tonalité différente... sur le papier ça ne ressemble pas à grand-chose mais alors à l'écoute... il y a un immense souffle qui se dégage...

Les passages nocturnes au premier acte sont magiques, sans compter les ressources infinies que Britten semble tirer page après page de son matériau.

Vraiment, si on aime Britten, ça vaut le coup de réessayer. Je n'ai pas écouté autant de versions que Benedictus qui en a commenté beaucoup sur le sujet discographique mais je trouve celle d'Hickox très belle.
( et si tu aimes les prises de son Chandos, rien ne devrait t'y gêner ).

Désolé pour le HS, j'arrête.