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| Paul Creston (1906-1985) | |
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+4christophe21 benny Jules Biron Tus 8 participants | Auteur | Message |
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Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Paul Creston (1906-1985) Dim 23 Nov 2008 - 19:26 | |
| De ce compositeur américain, je n'ai le plaisir que de connaître ses trois premières symphonies, disponible sur le disque Naxos: ...qui n'est disponible que pour quelques euros sur Amazon et que je vous recommande très vivement (interprétation magnifique) Pour le reste, ces trois oeuvres, toutes assez brèves (25 minutes), s'inscrivent bien dans une esthétique américaine post-romantique lyrique et généreuse. La musique de Creston m'a plu parce qu'elle est sincère et recèle une vraie profondeur, une intensité et une hauteur de vue étonnament troublantes, bien plus que chez Harris par exemple. On peut penser à Barber, en moins moderne, mais c'est le nom (qui risque de n'être pas très éclairant) de Howard Hanson à qui je pense immédiatement. Datant de 1940, la Première symphonie (quatre mouvements, 23 minutes) est la moins intéressante des trois. Elle déploie souvent un langage pseudo-moderniste en fait très librement romantique, qui me semble d'une inspiration inégale: le premier mouvement, avec ses grandes envolées de cuivres façon Copland dissonnant, n'est pas inoubliable, et le scherzo, bien que plus séduisant (Stokowski, apprend t-on dans la notice du CD, l'aimait particulièrement et adorait le placer en bis dans ses concerts), n'a pas de véritable génie: la première section est gentiment sautillante, le trio dégouline sauvagemment sans grâce particulière. Les deux autres volets me paraissent bien plus inspirés, le troisième mouvement est absolument magnifique: une cantilène de cordes très joliment orchestrée dont les enchaînements et certains aspects de l'instrumentation évoquent irrésistiblement Debussy (par exemple Nuages). Extrêmement beau et contemplatif, bien sûr un peu sirupeux mais pas franchement larmoyant. Le finale, qui emploie de façon caractérisée et franche des rythmes jazzy syncopés, est plein d'humour et de bonne humeur, ça ne casse pas la baraque mais j'aime bien, c'est léger et insouciant. Ca n'a rien à voir, tout de même, avec la puissance de vue des deux symphonies suivantes.
Dernière édition par Spiritus le Dim 23 Nov 2008 - 19:31, édité 1 fois |
| | | Jules Biron Noctambule
Nombre de messages : 12381 Age : 32 Date d'inscription : 23/02/2007
| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) Dim 23 Nov 2008 - 19:31 | |
| Je ne connais que la sonate pour saxophone, très sympathique. C'était [je crois, à vérifier] un élève de Hindemith, et on reconnait, dans cette sonate, quelques harmonies assez austères, presque pesantes parfois, pas dans cette veine post-romantique dont tu parles, pour moi. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) Dim 23 Nov 2008 - 19:33 | |
| Damned erreur et confusion! je confonds avec Cowell. Bon je vais essayer de réécouter ce disque Creston entre deux symphonies de Miaskovsky. Je l'ai depuis longtemps et je ne m'en souviens plus du tout...
Dernière édition par sud273 le Dim 23 Nov 2008 - 19:57, édité 1 fois |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) Dim 23 Nov 2008 - 19:41 | |
| je continue avec la Deuxième symphonie, qui date de 1944 (deux mouvements, 22 minutes), dans laquelle je vois - j'espère que sud sera un tant soit peu d'accord - un chef d'oeuvre remarquable, l'une des plus belles symphonies américaines jamais composées. D'une unité, d'une cohérence qui forcent l'admiration, elle se déploie dans un style lyrique mais jamais complaisant, sans tournures très faciles, avec un lyrisme qui à mon avis est inoubliable. Elle s'ouvre sur une cantilène de violoncelles qui se distingue de toutes les autres cantilènes de violoncelles de la musique américaine (c'est véritablement un topos) par ses modulations, son chromatisme et son atmosphère inquiète, méditative mais sans véritable sérénité, à l'inverse de ce qu'on trouve chez Roy Harris. Puis des sections plus animées, en étroit lien avec ce qui précède, se font jour et propulsent plus ou moins violemment le discours de l'avant, avec comme je l'ai dit une puissance de vue et d'inspiration impressionnantes. Le deuxième mouvement, s'il n'atteint pas toujours les sommets du premier, s'affirme dans une veine dansante agitée, refusant toute facilité et tout effet gratuit, pour permettre à l'oeuvre, bouleversante pour moi, de se conclure dans le climat méditatif trouble et sans repos qui l'avait introduite. Je vous engage à écouter cette oeuvre si vous aimez la musique moderne lyrique et doucement interrogative, qui n'exclut pas, d'ailleurs, une certaine animation ponctuelle. |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) Dim 23 Nov 2008 - 19:45 | |
| Composée et créée par Ormandy en 1950, la Troisième symphonie (3 mouvements, 26 minutes) est presque aussi belle et émouvante que la deuxième. Elle emprunte cette fois un argument clairement programmatique au mythe biblique, puisqu'elle est constituée de trois "épisodes" de la vie du Christ: Nativité, Crucifixation, Résurrection. Cela donne une indication sur le caractère très lyrique et intériorisé de la symphonie, dominée par des thématiques issues du Dies Irae grégorien et par un climat de ferveur qui me semble très touchant. La pureté et la joie innocente du premier mouvement sont merveilleusement rendues par une orchestration limpide et agréable qu'agrémentent de superbes mélodies, facilement mémorables; la Crucifixation est bien sûr plus sinistre, mais pas gratuitement violente ni complaisante en quoi que ce soit: au contraire, ses textures doucement dissonnantes et ses très marginales explosions de douleur créent une ambiance que j'aime beaucoup, entre la marche funèbre et l'élégie (c'est finalement la marche qui triomphe dans une violence non dissimulée à la fin du mouvement). Le troisième mouvement, qui refuse tout triomphalisme, est le plus déroutant: malgré ce que la thématique et le précédent mahlérien laissaient attendre, on n'a droit ici à aucun pompiérisme: pas de choral, pas d'éclats de cuivre, pas de longues cadences, pas d'orgue et de bondieuseries; la musique avance doucement, dans une belle plénitude, vers une conclusion rassérénée. |
| | | benny Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 72 Date d'inscription : 14/11/2008
| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) Dim 23 Nov 2008 - 20:16 | |
| Sauf pour l'étude du piano et de l'orgue, Creston (né Giuseppe Guttoveggio) et un autodidacte. Il identifia ses principaux enseignants comme étant Bach, Scarlatti, Chopin, Debussy et Ravel. |
| | | Jules Biron Noctambule
Nombre de messages : 12381 Age : 32 Date d'inscription : 23/02/2007
| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) Dim 23 Nov 2008 - 20:29 | |
| - benny a écrit:
- Sauf pour l'étude du piano et de l'orgue, Creston (né Giuseppe Guttoveggio) et un autodidacte. Il identifia ses principaux enseignants comme étant Bach, Scarlatti, Chopin, Debussy et Ravel.
Donc Hindemith n'est qu'une influence ? Pas professeur ? |
| | | benny Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 72 Date d'inscription : 14/11/2008
| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) Dim 23 Nov 2008 - 23:34 | |
| - Eragny a écrit:
- benny a écrit:
- Sauf pour l'étude du piano et de l'orgue, Creston (né Giuseppe Guttoveggio) et un autodidacte. Il identifia ses principaux enseignants comme étant Bach, Scarlatti, Chopin, Debussy et Ravel.
Donc Hindemith n'est qu'une influence ? Pas professeur ? Je ne vois pas d'enseignement par Hindemith. Creston trouve sa voie assez difficilement, c.a.d., au fil de plusieurs années. Si vous pouvez lire en anglais, voici un article de Steve Schwartz qui explique le style à la fois très personnel mais d'un envergure limité de Creston (dans le sens qu'il ne tente pas de plaire à différents groupes d'auditeurs. Creston ecrivit des oeuvres, dont des pièces néo-classiques, qui sont toujours l'expression de l'artiste et non l'expression de ce que l'on désire de l'artiste). http://www.classical.net/music/recs/reviews/a/alb00737a.php |
| | | benny Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 72 Date d'inscription : 14/11/2008
| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) Dim 23 Nov 2008 - 23:45 | |
| Vous n'entendez pas l'influence de Ravel dans Creston? |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) Lun 24 Nov 2008 - 19:31 | |
| j'y entends plus du post-Debussy, pour ma part, de façon ponctuelle. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) Lun 24 Nov 2008 - 19:41 | |
| oui mais c'est parce que tu connais Debussy, qui dans les années 30 n'est connu que des parisiens du 8ème (et d'un bout du 17ème) arrondissement. Ravel est à la fois pré et post-debussyste -et un peu mieux que ça tout de même! |
| | | Tus Gentil corniste
Nombre de messages : 15293 Date d'inscription : 31/01/2007
| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) Lun 24 Nov 2008 - 19:57 | |
| donc mettons Ravel, oui, en effet: si on veut, c'est le plus français des symphonistes américaines que je connaisse. |
| | | christophe21 Mélomaniaque
Nombre de messages : 753 Date d'inscription : 20/05/2008
| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) Mer 3 Déc 2008 - 19:47 | |
| j'ai acquis le cd des 3 symphonies, elles sont très belles, merci Spiritus, depuis je réécoute mes dernières acquisitions de compositeurs américains, c'est très agréable à écouter. Sur Amazon, il y a vraiment de la découverte à faire, sans le forum, je serai passé à côté. |
| | | FLORENT SCHMITT Néophyte
Nombre de messages : 19 Date d'inscription : 05/12/2008
| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) Ven 5 Déc 2008 - 6:13 | |
| Il ya aussi d'autres enregistrements de ce compositeur que je possède : Choregraphic suite op 86a SeattleSymphony-NewYorkChamberS-Schwarz Symphonie N° 5 SeattleSymphony-NewYorkChamberS-Schwarz Toccata op 68 SeattleSymphony-NewYorkChamberS-Schwarz sonate (saxo+piano) Suite op 6 (ext : toccata) Coffret 4 CD Jean-Marie Londeix 2006 - pas mal du tout ! Claude - Spiritus a écrit:
- De ce compositeur américain, je n'ai le plaisir que de connaître ses trois premières symphonies, disponible sur le disque Naxos:
...qui n'est disponible que pour quelques euros sur Amazon et que je vous recommande très vivement (interprétation magnifique)
Pour le reste, ces trois oeuvres, toutes assez brèves (25 minutes), s'inscrivent bien dans une esthétique américaine post-romantique lyrique et généreuse. La musique de Creston m'a plu parce qu'elle est sincère et recèle une vraie profondeur, une intensité et une hauteur de vue étonnament troublantes, bien plus que chez Harris par exemple. On peut penser à Barber, en moins moderne, mais c'est le nom (qui risque de n'être pas très éclairant) de Howard Hanson à qui je pense immédiatement.
Datant de 1940, la Première symphonie (quatre mouvements, 23 minutes) est la moins intéressante des trois. Elle déploie souvent un langage pseudo-moderniste en fait très librement romantique, qui me semble d'une inspiration inégale: le premier mouvement, avec ses grandes envolées de cuivres façon Copland dissonnant, n'est pas inoubliable, et le scherzo, bien que plus séduisant (Stokowski, apprend t-on dans la notice du CD, l'aimait particulièrement et adorait le placer en bis dans ses concerts), n'a pas de véritable génie: la première section est gentiment sautillante, le trio dégouline sauvagemment sans grâce particulière. Les deux autres volets me paraissent bien plus inspirés, le troisième mouvement est absolument magnifique: une cantilène de cordes très joliment orchestrée dont les enchaînements et certains aspects de l'instrumentation évoquent irrésistiblement Debussy (par exemple Nuages). Extrêmement beau et contemplatif, bien sûr un peu sirupeux mais pas franchement larmoyant. Le finale, qui emploie de façon caractérisée et franche des rythmes jazzy syncopés, est plein d'humour et de bonne humeur, ça ne casse pas la baraque mais j'aime bien, c'est léger et insouciant. Ca n'a rien à voir, tout de même, avec la puissance de vue des deux symphonies suivantes. |
| | | Glocktahr Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4707 Date d'inscription : 22/03/2009
| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) Lun 16 Oct 2017 - 9:33 | |
| - greg skywalker a écrit:
- Creston Symphonie n°2 (1944) Kuchar/Ukraine
J'écoute régulièrement cette belle symphonie US (comme la symphonie n°3 de Copland) Plus qu'à Copland j'ai pensé à "la mer" de Debussy dans le premier mouvement et à Prokofiev dans le deuxième, une sorte de "Suite Scythe" en plus agréable. |
| | | greg skywalker Mélomaniaque
Nombre de messages : 1013 Date d'inscription : 06/08/2010
| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) Lun 16 Oct 2017 - 21:21 | |
| - Glocktahr a écrit:
- greg skywalker a écrit:
- Creston Symphonie n°2 (1944) Kuchar/Ukraine
J'écoute régulièrement cette belle symphonie US (comme la symphonie n°3 de Copland) Plus qu'à Copland j'ai pensé à "la mer" de Debussy dans le premier mouvement et à Prokofiev dans le deuxième, une sorte de "Suite Scythe" en plus agréable. J'ai cité Copland comme le symphoniste américain que j'écoute le plus avec Creston et Rouse (plus moderne et plus fun ) et Barber (plus néo-romantique ) |
| | | starluc Mélomaniaque
Nombre de messages : 951 Date d'inscription : 13/08/2013
| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) Mar 17 Oct 2017 - 11:17 | |
| J'avoue que, pour moi, c'est un peu l'inverse : je trouve la 1ère symphonie très convaincante et les deux autres plus filandreuses...Mais bon!
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| | | greg skywalker Mélomaniaque
Nombre de messages : 1013 Date d'inscription : 06/08/2010
| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) Mar 17 Oct 2017 - 22:05 | |
| j'écoute ce disque Janus (1959) concerto pour violon n°2 (1960) Symphonie n°4 (1951) J'aime la musique de Creston , assez "neo-classique" heureux (comme un Haydn moderne ) mais c'est bien fait : ça coule , bien huilé , musclé si nécessaires , sentimental sans sucré ajouté ( par exemple comparer le mouvement lent du concerto de violon de Creston avec le Barber !) , filandreux ? non , je crois pas , je ressens une musique directe , bien construite sans chichi . Des détracteurs diront c'est plat , obsolète en 1960 , peu profond , voire anecdotique....(c'est pas faux c'est pas la Symphonie N°11 de Chosta ) |
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| Sujet: Re: Paul Creston (1906-1985) | |
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| | | | Paul Creston (1906-1985) | |
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