MERCREDI 20 ET JEUDI 21 SEPTEMBRE 2023 – 20 H
Grande salle Pierre Boulez, Philharmonie de ParisDaníel Bjarnason —
Inferno, Concerto pour percussions et orchestre, création française
Isaac Strauss —
Quadrille (d’après
Orphée aux Enfers de Jacques Offenbach)
Nikolaï Rimski-Korsakov —
SchéhérazadeOrchestre de Paris
Elim Chan, direction
Martin Grubinger, percussions
Ji-Yoon Park, violon solo (invitée)
Un mot sur ce concert qui pourrait passer inaperçu dans la saison de l’OP : un concerto pour percussions, la fête orchestrale insouciante de Rimski, des interprètes peu connus, c’était un programme plutôt clinquant et léger.
Considérable instrumentarium percussif pour le concerto de Bjarnason : le soliste dispose de sept tambours taïko, d’une « txalaparta » (des planches de bois basques), d’un kit de batterie, d’une série de mini-gongs, d’une grosse caisse, de timbales viennoises classiques. Et les percussionistes ne sont pas reste au fond de la scène. L’un d’entre eux joue paraît-il de la bouteille de vin mais je n’ai pas su l’entendre (peut-être la consommation de l'instrument doit-elle avoir un effet sur le jeu du musicien).
La musique : ne m’a pas semblé très structurée. Trois mouvements dont le second est une transition qui réunit Martin Grubinger et deux musiciens de l’orchestre autour de trois timbales, dont ils modifient l’accord en direct. Rythme d’ensemble agité, beaucoup de riffs percussifs, quelques moments plus suspendus, de fréquentes montées en tension, quelques pépiements de bois qui rappellent Hillborg. C’est clairement une pièce de démonstration pour le soliste. Il faut se laisser emporter mais j’ai trouvé ça décousu et ça m’a plus fatigué qu’autre chose.
Le bis de Grubinger, morceau de bravoure qui apparemment se fonde sur un rythme de marche écossaise (« Planet rudiment »), a été enchaîné directement au Quadrille de Strauss d’après Offenbach.
La vraie réussite de la soirée fut pour moi une remarquable
Schéhérazade : Elim Chan a d’emblée imposé sa patte par un tempo plutôt retenu et une sonorité d’orchestre absolument limpide, hyper-colorée, parfaitement étagée. Dans une pièce assez répétitive, elle maintient toujours l’attention par son soin des équilibres et apporte à chaque fois un éclairage différent sur les thèmes. Jamais aucune tonitruance, pas même dans le 4e mouvement. Les percussions restent à leur place et font vibrer l’action sans agressivité. Dans l’ensemble tout est d’une douceur, d’une fluidité, d'une liquidité presque, d’un chatoiement enchanteurs.
Bien entendu c’était la fête des solistes : Ji-Yoon Park au violon, Giorgio Mandolesi au basson (ses deux grands solos lui ont valu une belle ovation à la fin), Philippe Berrod à la clarinette. Les spécialistes auront noté que Nicolas Drabik a tenu la première partie de trombone plutôt que son chef de pupitre Guillaume Cottet-Dumoulin.
Bref je retiens cette cheffe hong-kongaise, qui m’a surpris (la volonté de mettre en avant des femmes cheffes fait qu’on ne sait pas toujours à quoi s’attendre quand on va les écouter) et enthousiasmé.
Le concert de mercredi était enregistré, je ne sais pas par qui.