Viktor Kalabis (1923-2006)

N'ayant rien trouvé sur le forum; son nom ne figure d'ailleurs pas dans le sondage du sujet sur les tchèques de l’époque soviétique… :

Viktor Kalabis
[27 Février 1923 à Čeverný Kostelec - 28 Septembre 2006 à Prague]


«Lorsque j'ai découvert la musique de Bohuslav Martinů, j'ai éprouvé la même sensation qu'en lisant l'équation d'Albert Einstein exprimant sa théorie de la relativité. Comment était-il possible de susciter tant d'émotions avec des moyens aussi modestes ?»

Martinů n’étant alors plus présent sur le territoire tchèque c’est avec Jaroslav Řídký qu’il étudiera la composition au conservatoire de Prague. Il prendra aussi des cours de piano auprè!s de Zuzana Růžičková, claveciniste rescapée de Terezin et plus jeune que Kalabis, avant qu’elle ne devienne son épouse.
À partir de 1953 il travaille à la radio de Prague dont il sera évincé en 1972, ayant toujours été en opposition avec le régime. (Il n’obtiendra son doctorat de musicologie qu’en 1991, après la chute du régime, sa thèse sur Stravinsky et Bartók ayant été refusée pendant ses années d’étude pour raisons de « formalisme » et « décadence »)

Outre Martinů, sa musique se ressent des influences de Bartók, Honneger et Stravinsky.
Sur les opus d’une première période, à l’écoute de sa 2è symphonie inspirée par le contexte de la guerre froide, outre les influences que j’ai citées, plus personnellement le traitement motorique du rythme et certaines harmonies  m’ont irrésistiblement évoqué la musique de Ginastera. (2e mouvement).
Le 1er concerto pour violon peut passer de prime abord comme l’avatar abordable d’un concerto de Bartók, mais riche d’une inspiration constante (2è mouvement), dénué de toute virtuosité vaine pour un concerto de violon, et j’ai retrouvé dans le final à l’orchestration luxuriante ces réminiscences de Ginastera.

Si l’esthétique évoluera, le lyrisme mélodique est toujours présent dans sa musique et Kalabis garde toujours le souci de la clarté de la forme et de la structure, avec un esprit cartésien. Il se défendra de n’être pour autant qu’un ingénieur, et aura plus tard un intérêt pour la musique de Berg dont il salue le fait de «sacrifier le système au profit de son sentiment musical»
Du reste j’ai trouvé dans le 4è quatuor Op. 62 une évolution vers un langage plus atonal, mais où demeurent des pôles. Après, on écrit des choses plus avant-gardistes en 1984, mais est-ce la question ?

Je suis loin d’avoir exploré toute sa musique enregistrée, mais dès que j’ai commencé à écouter Kalabis, sa musique m’a immédiatement parlé et je me suis retrouvé à enchaîner plusieurs œuvres avec toujours le même plaisir, et je vais continuer à découvrir son œuvre.

Pour ma part, j'avais beaucoup aimé le concerto pour clavecin, dont j'avais un peu parlé ici
https://classik.forumactif.com/t9209p150-anthologies-et-recitals-de-clavecin?highlight=clavecin#1237776

Ainsi que les œuvres pour piano, dont on avait un peu parlé, en playlist je crois

Kalabis/Piano/Kahánek:

Aimé le second quatuor également.

Merci d'avoir ouvert le sujet, j'étais un peu étonné comme toi, que (presque) personne n'en parle

xoph a écrit:

Merci d'avoir ouvert le sujet, j'étais un peu étonné également que (presque) personne n'en parle

C'est parce que le Kalabis n'a pas encore été légalisé en France... (désolé, j'ai pas pu résister).