Leif Segerstam

C'est un compositeur que j'admire, mais aussi un très grand chef d'orchestre, trop méconnu sur les deux aspects selon moi.

Citation :

En ces premières années du 21ème siècle, Leif Segerstam apparaît comme l'une des personnalités musicales les plus éclatantes et incontournables de notre temps! Echappant aux classifications traditionnelles autant comme interprète que comme compositeur, il nous apporte un espace unique de liberté artistique, d'inventivité, et d'énergie dionysiaque, toujours fidèle à son esprit à la fois romantique et cosmique. Cette vitalité coexiste avec une nostalgie contemplative et même une profonde gravité, la présence de ces deux pôles étant l'une des caractéristiques de la richesse intérieure du Maître finlandais.

Né en 1944 en Finlande, Leif Segerstam a étudié le violon, le piano, la composition et la direction à l'Académie Sibelius d'Helsinki puis à la Juilliard School de New York de 1963 à 1965. C'est par la direction d'orchestre qu'il s'est fait connaître dès la fin des années 60, d'abord à l'opéra, avec des postes à Helsinki, Stockholm et Berlin Ouest. Il dirige à l'Opéra Metropolitan de New York, à Covent Garden, à la Scala, au Treatro Colón, au Staatsoper de Vienne et au Festival de Salzbourg, etc…Il accompagne déjà les plus grands artistes comme Montserrat Caballé, Birgit Nilsson ou comme David Oïstrakh et Arthur Rubinstein. A partir de 1975 il se tourne également vers le répertoire symphonique, étant chef principal de l'Orchestre Symphonique de la Radio Autrichienne (ORF Vienne) jusqu'en 1982, puis de l'Orchestre Symphonique de la Radio Finlandaise (YLE Helsinki) de 1977 à 1987. Il devient Directeur musical de l'Orchestre Philharmonique du Rheinland-Pfalz de 1983 à 1989 et chef principal de l'Orchestre National Symphonique de la Radio Danoise de 1988 à 1995, restant depuis chef honoraire de ces deux formations. Il est ensuite chef principal et directeur musical de l'Opéra Royal de Stockholm de 1995 à 2000. Ses tournées l'emmènent partout dans le monde (notamment USA, Canada, Australie, Nouvelle-Zélande, Japon, Chine, URSS et Russie, Israël et toute l'Europe) et il est l'invité de nombreux orchestres célèbres.

Actuellement, Leif Segerstam est chef principal et directeur musical de l'Orchestre Philharmonique d'Helsinki, et dirige aussi régulièrement aux Festivals de Savonlinna et d'Helsinki. Depuis 1997, il enseigne la direction d'orchestre à l'Académie Sibelius d'Helsinki. Son engagement au service de musiques plus rares (Charles Koechlin, Florent Schmitt, Max Reger, Hans Rott, Erich Wolfgang Korngold, …) ou contemporaines (Alfred Schnittke, Krzysztof Penderecki, Luciano Berio, Witold Lutoslawski, Luigi Nono, Bernd Alois Zimmermann, Karl Amadeus Hartmann, Poul Ruders, Einojuhani Rautavaara, Toru Takemitsu, Heinz Holliger, Per Norgard, Allan Pettersson, Magnus Lindberg,…), lui a valu au même titre que ses interprétations toujours très attendues de Sibelius, Mahler ou des classiques du 20ème siècle, l'admiration générale et de nombreux prix internationaux, comme le Prix musical du Conseil des Pays Nordiques en novembre 98 pour l'ensemble de sa carrière.
Compositeur reconnu et joué dans le monde entier y compris par des solistes ou orchestres prestigieux (comme l'Orchestre Philharmonique de Berlin, Heinrich Schiff, Gidon Kremer, Heather Harper, Ralf Gothoni…), auteur de plus de 350 partitions - dont certaines de très grande envergure - ses œuvres sont remarquables par l'originalité créative, la fraîcheur de l'écriture ainsi que pour la variété de ton et d'atmosphère. Segerstam a écrit pour les formations instrumentales les plus diverses ou inhabituelles, depuis le solo jusqu'au grand orchestre et chœur. On dénombre parmi ses œuvres 150 symphonies (!) ( 171 à ce jour, il en compose environ 10 chaque été ), 30 quatuors à cordes, 11 concertos pour violon, on peut trouver aussi des séries aux appellations plus personnelles comme Noëm, Episode, Epitaphe, Thoughts (pensées), Feuilles de journal orchestrales, Moments de paix, Bouquet de fleurs, etc… Segerstam, compositeur depuis son enfance, trouve un langage de plus en plus personnel au cours des années 60 (par exemple le Concerto serioso pour violon), écrivant à partir de 1970 dans le style de "pulsation libre", abolissant notamment la "barre de mesure" et donnant parfois une grande liberté d'interprétation. Parmi ses œuvres "phares" on peut citer Patria, la Symphonie de mouvements lents (n.1), les Symphonies n. 15, 17, 20, 21, Pensées Monumentales Martti Talvela in memoriam, les 12 Mois pour orchestre, Six songs of experience pour voix et orchestre, le Concerto n.1 pour piano, Two…onwards pour deux pianos et orchestre, le Concerto pour orgue, Epitaphe n.6-VI pour violon et violoncelle, Pensées 1990 pour quatuor à cordes solistes - tous avec orchestre, et dans la musique de chambre, les 6ème et 7ème Quatuors à cordes, Three Moments of Parting pour violon et piano (ou voix de basse et piano), At the border et le Noëm n.1 pour violoncelle et piano, et Thoughts 76 et Tensions pour piano.

Plus récemment, il a franchi une nouvelle étape en créant une musique organisée en sections à l'intérieur desquelles les diverses parties se superposent ou s'entrecroisent au hasard de reprises et variations (tempi, parfois dynamiques) qui, impliquant les interprètes complètement, leur permet de s'exprimer plus librement. Le résultat est un organisme sonore très vivant, toujours différent…et tout à fait mystique! Ceci lui a permis d'écrire par exemple la plupart des Mois comme April, March, le Concerto n.4 pour piano July ou bien des œuvres récentes comme Electric Confrontations et désormais toutes les Symphonies depuis la 20ème pour orchestre sans chef !
"…Enfant terrible, toujours prêt à jouer un bon coup au sage rituel du concert" (Pierre Gervasoni, Le Monde), Segerstam s'est expliqué souvent sur sa volonté de recréer l'esprit de la musique de chambre au sein de l'orchestre par le biais de cette écriture du "hasard contrôlé", nécessitant une écoute accrue entre les musiciens; expérience passionnante donc, non seulement pour l'orchestre mais aussi pour les formations plus réduites, et biensûr pour l'auditeur, avec la perspective d'une nouvelle perception du son et de la respiration expressive relativement éloignée des conceptions occidentales de la construction musicale. De fait, si l'on peut dire que par certains aspects la musique de Segerstam appartient à la "famille" scriabinienne (comme c'est un peu le cas pour d'autres raisons en ce qui concerne Takemitsu ou Stockhausen) ou même mahlerienne (à l'instar de Schnittke), son style d'écriture reste extrêmement personnel, à l'écart des grands courants. Segerstam crée souvent des merveilles avec un matériau très simple, en véritable prestidigitateur, utilisant souvent les couleurs tonales en "ombres chinoises", sans qu'une perception tonale puisse vraiment ressentie. Ses œuvres (notamment les grandes partitions pour orchestre) sont à la fois intemporelles - se prolongeant naturellement les unes après les autres comme une nouvelle variante de l'idée "d'œuvre ouverte", tout en créant chacune un microcosme en soi et rappelant un peu un organisme végétal "amazonien". En 1990, Henk Maarten écrivait dans le Dictionnaire des Compositeurs contemporains (St. James press, Chicago - London, édition préfacée par Brian Ferneyhough) que, de Segerstam, "Monumental Thoughts: Matti Talvela in memoriam, l'imposante Première Symphonie, et les 2ème, 3ème et 5ème Symphonies en un mouvement sont parmi les plus magnifiques œuvres [en Finlande] pour orchestre depuis la mort (ou silence) de Sibelius et semble contenir cette balance délicate d'expression et d'intériorité qui fut le plus profond legs de Sibelius à ses compatriotes."; H.Maarten évoquant aussi auparavant "le sublimement bel arrangement pour basse des Three Moments of Parting de Whitman". Segerstam reste un compositeur parfois violemment controversé (et il lui est certes arrivé de rater quelques œuvres, fait assez excusable sur une production totale aussi vaste), mais il est rare que sa musique suscite l'indifférence, tout autant que sa personnalité humaine hors du commun, truculente, "débordant de vitalité, son apparence de prince de la Renaissance, son âme semblable à un volcan toujours en activité" comme l'écrit Kimmo Korhonen.

Copyright 1996/2006 Christophe Sirodeau

Connaissez-vous ?
Quels sont les enregistrements que vous appréciez ?

Ses Koechlin chez Naxos (Les Heures persanes, le Buisson ardent) sont des merveilles.
En concert j'avais été déçu par ses Sibelius et une de ses symphonies, de la musique au mètre dans mon souvenir.
En DVD, son Vaisseau fantôme est tout à fait correct.

Je viens de voir qu'il a écrit 171 symphonies... ça confirme ce que je disais sur la musique au mètre!

P.S: comme ça en passant, les titres de sujets en majuscules, ça me paraît pas utile.

Pour les patronymes, c'est plus lisible, je trouve. Mais ça peut se discuter.

Et pour le reste, cent soixante-et-onze symphonies, pour sûr, ça fait peur. Sachant que lui a un gros répertoire et travaille comme chef très sollicité (des partitions complexes qui plus est), souvent avec bonheur... il a dû passer aux quarante heures.

Désolé, j'écris les noms de famille en majuscule..., je rectifie de suite.

Il existe une très méconnue intégrale Mahler par lui, et ses Rautavaara sont vraiment excellents.

Et son Wozzeck !

Xavier a écrit:

171 symphonies

DavidLeMarrec a écrit:

cent soixante-et-onze symphonies

Informez vous un peu les mômes, les papys, les moins mômes et les moins pappys. Il en était à 215 au 18 septembre 2008. Sûr quand on laisse l'orchestre tout faire pour soi : trop faciiile!

http://www.fimic.fi/fimic/fimic.nsf/mainframe?readform&segerstam+leif

J'ai tout en CD, ça intéresse?

Je plaisante

Ben oui, mais notre discussion date de 2006, et manifestement il écrit plus vite que nous écoutons...

Il a récupéré un versificateur après la chute de l'Oceania, ou quoi ?

DavidLeMarrec a écrit:

Il a récupéré un versificateur après la chute de l'Oceania, ou quoi ?

Il y a eu tout un lot en salle Drouot, récemment. Il suffisait d'être là au bon moment.

Bah je crois qu'il vomit plus qu'il ne boit. Enfin bon, libre à lui de continuer de parler plus vite à nos tripes que plus lentement à nos cerveaux. Je sais, c'est un peu binaire comme raisonnement, mais bon, c'est Noël, ça excuse tout, comme en 40

jerome a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Il a récupéré un versificateur après la chute de l'Oceania, ou quoi ?

Il y a eu tout un lot en salle Drouot, récemment. Il suffisait d'être là au bon moment.

Je me souvenais bien que je l'avais faite en privé, je voulais la rentabiliser, je me suis dit : 50% 15% de chances qu'il soit sur sa table de travail à accoucher douloureusement de pensées géniales, je tente.

Elle vaut quoi sa symphonie 239 ?

Edit:

Seigneur, pardonnez-moi...

nugava a écrit:

Elle vaut quoi sa symphonie 239 ?

Edit:

Seigneur, pardonnez-moi...

C'est un peu comme la 238 mais en pareil!

Je découvre ce compositeur/chef d'orchestre un peu par hasard. Je sors de l'écoute de sa symphonie nº81 (appelée sobrement «after eighty»). Ma foi, c'est plutôt bien ! Des couleurs orchestrales variées (parfois, un peu kitsch, certes), des climats réussis, un langage atonal coloré. Bref, ça se laisse écouter !

Pochette du CD:

La 18 est pas mal. Je ne sais pas pour les autres. Sachant qu'en août, il a atteint les 312 symphonies. Après, ce sont des symphonies de 20 minutes en un mouvement. En plus, il ne semble pas très perfectionniste. Ca se répète pas mal, je trouve.