Strauss - Salomé

Bon, moi ça me gêne quand même un peu.
Il faudrait que j'écoute une autre version pour voir (écouter) si ce rôle est tenu différemment.

C'est souvent comme cela, mais Riegel est particulièrement pénible un peu partout. En effet, Patzak à Covent Garden est très sage et plein vocalement (mais le son est sans doute pas très agréable pour toi).

Je te recommanderais plutôt Hiestermann chez Sinopoli, qui trouve un équilibre parfait : des effets expressifs, mais sans jamais sacrifier la ligne.

Merci pour la recommandation

Bon, j'ai relu le topic et il est évident que de par mon niveau, j'ai rien de très intéressant à rajouter par rapport à ce qui a déjà été dit sur cette oeuvre et sur cette version.

Cependant, dans le livret du Dvd, on trouve quelques commentaires assez bien faits et notamment un extrait d'une lettre de Wilde à un de ses amis, Harry Marillier en 1886. Ca reflète assez bien l'ambiance de cette rencontre entre l'oeuvre de Wilde et la musique de Strauss.

"L'amour de l'impossible (quel nom les hommes lui donnent-ils?). Un jour tu comprendras, comme je l'ai compris moi même, qu'il n'y a pas d'histoire d'amour (romantic experience);il y a des souvenirs d'amour et il y a le désir de l'amour. C'est tout. Nos moments d'extase les plus brillants ne sont que l'ombre de ce que nous avons déjà éprouvé ailleurs ou de ce que nous rêvons d'éprouver un jour. Du moins c'est ce qu'il me semble. Etrangement, in ne ressort de tout ceci qu'un singulier mélange d'ardeur et d'indifférence. Je sacrifierais tout pour une nouvelle aventure, et je sais qu'il existe rien de tel. Je crois que je mourrais plus volontiers pour ce en quoi je ne crois pas que pour ce que je tiens pour vrai. J'irais jusqu'au bout pour une sensation et resterais un septique jusqu'a la fin ! Une seule chose demeure, qui me fascine: Le mystère des humeurs (moods). Etre le maître de ses humeurs est délicieux, être leur esclave plus délicieux encore. Il me semble parfois que la vie d'un artiste n'est qu'on long et ravissant suicide, et je n'en suis pas le moins du monde désolé.
Et je suppose que tu as déjà ressenti beaucoup de ces émotions: il te reste encore beaucoup à ressentir. Il est un pays inconnu plein de fleurs étranges et de parfums subtils, un pays dont il suffit de rêver pour connaître la joie la plus haute, un pays où toute chose est parfaite et empoisonnée."


La préciosité, de la langue de Wilde dans Salomé n'est pas vain artifice de dandy; elle recrée, d'une manière analogue au symbolisme de Maeterlinck, un univers sans repères de valeurs, un monde tissé de reflets insaisissables - l'éclat trompeur des joyaux - où les personnages errent solitaires comme en un labyrinthe, où les yeux sont porteurs de musique et les voix sont parfums ineffables, un monde impitoyable aussi, où sous le miroir de la lune, la mort frappe avec la vitesse d'un regard.


Sinon j'ai adoré cette musique, ses couleurs, ses textures, sont chromatisme, son intensité !
Ayant vu Elektra avant, j'ai trouvé l'oeuvre tout a fait tonale et abordable, plus dans la lignée wagnérienne que de l'avant garde de Berg.

Mise en scène très réussie, sobre mais avec un réel climat et une atmosphère "wildienne"...
J'ai trouve la prestation de Malfitano (Salome) impressionnante d'investissement, de justesse, d'intensité. Que ce soit pour son chant et son jeu. J'aime bien son timbre, ses nuances. C'est très beau et très convainquant d'un point de vue scénique.
Celui qui m'impressionne, comme d'habitude, c'est Terfel ! Une voix superbe, un présence et un charisme extraordinaire. Il fait parti de ces rares chanteurs qui me ravissent à chaque fois que je les entends. Un peu comme un Salminen.
Voilà, les autres chanteurs sont au niveau, Kenneth Riegel (Herodes) est inssuportable, mais c'est ce qu'on attend de lui. Putain ça coupe de cheveux est vraiment atroce ! Sa voix pas très agréable (mais c'est fait exprès je pense..).

En tout cas un nouveau trésor musical déterré hier soir, qui rentre directement dans mon top 5 d'opéra. Un chef d’œuvre.

Je ne crains que vocalement ce soit tout de même assez catastrophique, hormis pour Terfel, même si le jeu des acteurs compense énormément.
Mais je me suis rendu compte après avoir vu ce DVD que j'avais adoré l'oeuvre mais que je n'en avais retenu pas spécialement de passages magnifiques. Jusqu'à entendre une version vocalement correcte (Böhm) où pour le coup tous les thèmes et motifs sautent aux yeux.
M'enfin ce n'est qu'un ressenti, peut être que j'exagère...

Wolferl a écrit:

Je ne crains que vocalement ce soit tout de même assez catastrophique, hormis pour Terfel, même si le jeu des acteurs compense énormément.

Oui, de façon très diplomatique, Niko a omis de parler de Silja.

Xavier a écrit:

Wolferl a écrit:

Je ne crains que vocalement ce soit tout de même assez catastrophique, hormis pour Terfel, même si le jeu des acteurs compense énormément.

Oui, de façon très diplomatique, Niko a omis de parler de Silja.

Et Malfitano ?

Ben si il en a parlé...

Xavier a écrit:

Wolferl a écrit:

Je ne crains que vocalement ce soit tout de même assez catastrophique, hormis pour Terfel, même si le jeu des acteurs compense énormément.

Oui, de façon très diplomatique, Niko a omis de parler de Silja.

Oui, bon...En même temps on s'en fou un peu d'elle ! Moi j'ai aimé les personnages principaux et j'aime ce qu'ont fait Malfitano et Terfel.

@Wolferl : Je pense que tu y vas un peu fort quand même !

Fallais bien que quelqu'un brise mon enthousiasme !

Et puis n'oublions pas qu'il s'agit d'un spectacle en DVD et que dans l'ensemble c'est excellent !

Au disque, les critères sont un peu différents et on exige plus des voix forcément...

Il faut reconnaître que Malfitano c'est pas terrible vocalement... Mais je trouve ça quand même plus que supportable et la scène fait passer les choses.

Ah oui oui, c'est tout à fait supportable, et même plus que ça d'ailleurs puisque comme je l'ai dit le jeu d'acteur compense. Je précise que j'adore ce DVD, la mise en scène est excellente et la direction également, mais je pense que d'un point de vue uniquement vocal (Malfitano est loin d'être irréprochable), on perd quand même quelque chose...

Xavier a écrit:

Il faut reconnaître que Malfitano c'est pas terrible vocalement... Mais je trouve ça quand même plus que supportable et la scène fait passer les choses.

Je devais être sous le charme de ma découverte de l'oeuvre. Je serais surement plus attentif à sa voix la prochaine fois...

Xavier a écrit:

Ben si il en a parlé...

Ah oui, mal vu...

J'ai quelques enregistrements notamment au début de sa carrière, et sa voix était franchement pas mal. Après, ça s'est vite gâté (et dans l'opéra italien, ça ne pardonne pas).

Wolferl a écrit:

Ah oui oui, c'est tout à fait supportable, et même plus que ça d'ailleurs puisque comme je l'ai dit le jeu d'acteur compense. Je précise que j'adore ce DVD, la mise en scène est excellente et la direction également, mais je pense que d'un point de vue uniquement vocal (Malfitano est loin d'être irréprochable), on perd quand même quelque chose...

Oui il faut écouter Behrens chez Karajan ou bien Stratas dans le DVD Böhm.

Xavier a écrit:

Wolferl a écrit:

Ah oui oui, c'est tout à fait supportable, et même plus que ça d'ailleurs puisque comme je l'ai dit le jeu d'acteur compense. Je précise que j'adore ce DVD, la mise en scène est excellente et la direction également, mais je pense que d'un point de vue uniquement vocal (Malfitano est loin d'être irréprochable), on perd quand même quelque chose...

Oui il faut écouter Behrens chez Karajan ou bien Stratas dans le DVD Böhm.

Et par-dessus tout Studer chez Sinopoli...

Mais Behrens et Welitsch, ça fait partie des grandes réussites, oui.

Petites impressions sur le film de Friedrich...
D'abord évidemment, comme ça a été dit, le jeu de Stratas qui est assez impressionnant : complètement dans le ton de la pièce et donc pas spécialement "original", mais dans ce genre là c'est superbement incarné. Elle fait bien ressortir le caractère de princesse capricieuse au départ, puis comme absente, pensive après avoir vu Jokanaan et à l'entrée d'Hérode et Hérodiade mais avec toujours ce côté borné qui la pousse a demander la tête du prophète. Stratas passe ensuite d'une expression complètement froide et fermée à un désir brûlant, c'est génial.

J'ai trouvé ça de manière général plus subtil que Malfitano qui, elle, est franchement effrayante. Mais elle a de son côté le gros avantage de la caméra qui permet d'adopter un jeu beaucoup plus fin qu'à la scène.

D'ailleurs la réalisation n'est pas mauvaise, ça reste très littéral comme on peut s'en douter mais peu de choses ont mal vieillit, le décor a cet espèce d'étrangeté qui correspond bien au drame, à mi chemin entre la rocaille et le faste du palais. Certains gros plans ne sont pas toujours très heureux, c'est le côté très "daté" de ce genre de film, un peu rétro, pas désagréable. En tout cas c'est bien mieux que les espèces d'horreurs ponnellesques...
La danse des sept voiles commence un peu de façon ridicule, Stratas fait trois mouvements de tête ais ce sont plus les esclaves autour d'elle qui dansent. Au final c'est plutôt bien rendu, les mouvements de caméra font oublier le relatif statisme et le fait que la chanteuse n'a pas voulu prendre trop de risques à danser réellement.

Côté musical c'est très bien, Stratas, rien à redire, c'est aussi envoûtant vocalement que visuellement. Weikl est pas mal mais sans plus, certains moments magnifiques ne sont aussi intense qu'ils le pourraient, c'est dommage. Beirer c'est merveilleux de platitude et de ridicule, parfait pour le rôle. Quant à Varnay... hum, et bien c'est Varnay... fidèle à elle même.
Sinon la direction de Böhm m'a semblé très bien, j'avoue ne pas m'être beaucoup concentré sur l'orchestre qui fait un peu trop toile de fond (même si dans Salomé c'est difficile de se cantonner à ça), comme généralement dans les film-opéras.

Wolferl a écrit:

Sinon la direction de Böhm m'a semblé très bien, j'avoue ne pas m'être beaucoup concentré sur l'orchestre qui fait un peu trop toile de fond (même si dans Salomé c'est difficile de se cantonner à ça), comme généralement dans les film-opéras.

J'avoue ne pas trop comprendre cette remarque...
C'est un enregistrement de studio, l'orchestre est bien mis en valeur... Pourquoi tu dis que ça fait toile de fond dans un film-opéra?

Bah on a tendance à plus se concentrer sur les images, plus encore que dans un live filmé je trouve. Chez Strauss c'est quand même difficile de faire abstraction de l'orchestre, je ne remets pas du tout en cause la qualité de l'interprétation non plus, mais à certains moments on en est presque à l'oublier...

Allez, je passe à l'étape supérieure... Quelle Salomé ? Je veux que ce soit potable vocalement. Si je n'ai pas des voix bien timbrées, ça va être dur. (je suis bien tombée pour Elektra, Marc était très bien)

Dvd ou pas, qu'importe...

Studer ou Behrens ? Même si ce ne sont pas mes versions préférées elles sont excellentes.

Salomé n'est pas l'étape supérieure...

Studer ou Behrens?

Ah oui, en plus, ce sont deux chanteuses que je connais un peu, et que j'aime assez.

(oui, oui, Xavier, j'aime assez Behrens, malgré ses cris horribles dans Tosca )

MickeyZeVrai a écrit:

Salomé n'est pas l'étape supérieure...

Studer ou Behrens?

Liszt n'a pas écrit d'opéra.

Si, mais tu es HS.

Ce n'est pas grave, ça ne m'intéresse pas.

DOnc, je vais voir pour Behrens et Studer.

Ce sont à peu de choses près les deux meilleures versions, en tout cas à mon sens.

Il y en a pas une qui vaut mieux que l'autre ? Parce que bon, une me suffira...

Elvira a écrit:

Il y en a pas une qui vaut mieux que l'autre ? Parce que bon, une me suffira...

Les deux sont superbes...
Après, pour l'orchestre, Karajan me semble bien meilleur.

le live de Böhm avec Jones est la meilleure version complète de Salomé en allemand oui je sais que je suis le seul à le penser, mais c'est une certitude inébranlable (je l'ai déjà dit plusieurs fois mais Elvira a la flemme de lire les fils du début, elle se contente de les remplir)

Pourquoi pas mais Elvira a dit qu'elle voulait que ce soit bien chanté, donc Jones c'est pas possible.

c'est vrai j'oubliais que Strauss préférait qu'on n'entende pas les chanteuses... donc Studer fera ça très bien

Studer c'est un studio et on l'entend remarquablement bien et elle chante juste.

Je connais Caballé dans la scène finale (version de studio de Leinsdorf) et c'est très lyrique, donc cela manque de dramatisme mais c'est très beau. Elle laisse tranparaître la fragilité du personnage. Elle n'a pas la voix assez sombre pour laisser transparaître le côté sombre et perverse du personnage. Je connais aussi Varnay dans cette scène (entendue sur youtube) et j'adore, la voix est très métallique mais elle donne beaucoup de relief au mots, elle est une vraie tragédienne et est une vraie furie. Bizarrement, elle a peu chanté le rôle comparé à Elektra. Elle a plus chanté Hérodias dans la partie de sa carrière consacrée aux rôles de mezzos.

Moi, je recommande plutôt Studer, parce que c'est vraiment invraisemblable aussi bien pour le chant que pour le texte, mais c'est vrai qu'orchestralement, il y a un vrai plus pour Karajan.

D'après les extraits que j'ai pu entendre, Behrens m'a bien plu.

DavidLeMarrec a écrit:

…c'est vrai qu'orchestralement, il y a un vrai plus pour Karajan.

Je pensais que tu n'aimais pas le Strauss de Karajan… un revirement ?

Il n'avait pas écouté.

C'est un réel problème, le temps qu'on gagne à lire on le perd à écouter

Zoilreb a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

…c'est vrai qu'orchestralement, il y a un vrai plus pour Karajan.

Je pensais que tu n'aimais pas le Strauss de Karajan… un revirement ?

Je parlais du Strauss galant de Rosenkavalier et dans une moindre mesure d'Ariadne. Son Elektra ne m'avait pas non plus tellement convaincu, mais elle se tient fort bien.

Dans Salomé, il n'y a rien à redire et je n'y ai jamais rien trouvé à redire...

Après, par goût, ce n'est pas l'esthétique que je préfère, les couleurs très personnelles et les plans bien différenciés de Krauss sont plus à mon goût.


(Par ailleurs, vos allusions sont un peu lourdes, mais enfin...)

DavidLeMarrec a écrit:

Dans Salomé, il n'y a rien à redire et je n'y ai jamais rien trouvé à redire...

[...]

(Par ailleurs, vos allusions sont un peu lourdes, mais enfin...)

Roh...

Si tu reviens quelques pages en arrière, tu verras que tu dis qu'on entend pas les bois, que tout est mélangé, que ce n'est pas clair... Et un peu plus tard, alors que je te soutiens le contraire, tu confesses que tu ne sais plus si tu l'as écouté et que tu ne t'en souviens plus...
C'était pas dit de façon perfide, on a le droit de changer d'avis ou bien de faire un pronostic sur une interprétation et éventuellement de se tromper.

DavidLeMarrec a écrit:

(Par ailleurs, vos allusions sont un peu lourdes, mais enfin...)

La mienne surtout mais c'était pour plaisanter… il n'y a que tonton sofro qui peut faire ce genre d'allusions ici…

DavidLeMarrec a écrit:

Après, par goût, ce n'est pas l'esthétique que je préfère, les couleurs très personnelles et les plans bien différenciés de Krauss sont plus à mon goût.

Ah oui, Krauss c'est très très fort aussi, quoique personnellement je donne ma faveur à Solti: c'est du Solti, certes, mais ça a de la gueule et de l'énergie!!

Solti ? la version avec Nilsson ? rien que de penser à Nilsson en Salome, brrrrrrr

Sinon, c'est la version Karajan que j'ai pris. J'ai hâââte !

Après ces sucreries en stéréo tu écouteras Welitsch, une vraie Salome.

Une version me suffit amplement.

Ce n'est pas Verdi tout de même !

Tu pourrais être surprise...

J'en ai déjà écouté un bout.

bon c'est vrai, après, j'ai écouté le bal masqué...