Et la chanson française?

Ah Mama Béa, c'est géniale en effet, une autre Catherine Ribeiro à la voix puissante

Dans les années 80, elle remplissait les salles, il y a dix ans, je l'ai vu en concert devant quinze personnes

Je ne la comparerais pas a Ribeiro. Celle ci a peu écrit. Mama Béa elle, nous a pondus des textes plus que géniaux. Je pense en particulier a " 48 kilos".
A chaque fois que j'entends ce texte, je n'en peut plus!!!

Mais Ribeiro est quand même bien aussi. J'aime tout particulièrement ses reprises de Barbara, Danielle Messiat (la main gauche) et Brel.


Elle ne remplis plus les salles et son site ne dépasse pas 10000 visiteurs...
VIVE LA STAR ACADEMY!!!

Ribeiro, peu écrit?

Depuis la fin des années 60 - et malgré une époque où elle a effectivement fait beaucoup de reprises: Manset, Brel, Ferré, Magny, Barbara, Leclerc, Piaf, Sardou ( Christian, t'énerves pas ) elle a tout de même laissé de nombreux textes déclamatoires avec son groupe Alpes qui 30 ans après mes premières écoutes ( juillet 76 ) me laisse toujours pantois
Mama Béa est en prise directe avec Ribeiro avec ces textes incantatoires et incendiaires

Le site officiel de Ribeiro qui vient de réenregistrer avec le groupe Alpes, sa meilleure époque:

http://www.catherine-ribeiro.com/

Toutes mes excuses, je ne connais pas Ribeiro sous cet angle la et je vais d'ailleur y remedier.

Je ne savais pas non plus qu'elle avait repris du Sardou.... C'est honteux!

Un autre disparu que je réécoute à l'instant

Son site officiel:

http://mornelune.free.fr/castelhemis/

http://www.chansonrebelle.com/decouvertes/Castelhemis.htm

Ha c'est ma mère qui me faisait écouter ca etant plus jeune!!!
J'en ai de bon souvenirs, quoi que vagues...

du genre "non mais non mais qu'est ce que vous croyez?
Que je suis une fille déguisée, ou que je suis un peu pédé..."

Et d'ailleur un souvenir si vague que je ne suis pas sur , "Vie monotones" c'est bien de lui????

Nin, vies monotones, c'est de Gérard Manset, repris par Catherine Ribeiro par ailleurs

Tiens donc, mais je ne connais pas ce monsieur la.... Enfin sauf cette chanson que j'ai entendue par Ribeiro. Va savoir pourquoi je l'attribuée a Castelhemis...

Juste pour le plaisir et pour ceux qui ne connaissent pas Mamabéa, voici le texte de "48 kilos". Ca n'est pas une chanson, elle le récite simplement, mais d'une manière qui vous fait froid dans le dos....

Je pèse quarante-huit kilos,
Peut-Être un peu plus, un peu moins,
Ca dépend si j’ai du chagrin,
Ou pas.

Je pèse le poids de mes mots,
Mes mots qui valent ce qu’ils valent,
Mais en tout cas,
Ce sont les miens.
Et ces mots, quand je te les lancent
Et que tu les attapent pas,
Je pèse le poids…de l’absence.
Avec ma rage, au bout des doigts…

Je pèse le poids de la peur
Qui me tiens éveillée la nuit
Les membres raidis sous le drap comme une dalle de béton
Les yeux tournés vers l’interieur
A me demander qui je suis.

Je pèse le poids de mes actes,
Qui ne sont pas toujours a ma taille.
Qui se barrent sans prévenir,
Sans demander la permission
Pour allé faire un peu plus loin quelques enfants adultérins,
Que j’ai du mal a reconnaître

Je pèse le poids d’un chien mort,
Comme meurent les animaux,
Avec ce regard qui s’étonne, qui dit :
« Pourquoi tu m’abandonne ? »
Ce regard insoutenable
Qui vous fait cracher vers le ciel un dernier refus misérable
Et qui fait qu’a jamais
Je pèse la toute impuissance des hommes.

Je pèse le poids de l’amour,
Que je ne parviens pas a vivre,
Ou de façon si maladroite,
Que ma mère sûrement ne sais pas la tendresse que je lui porte.
Mais je pèse le poids de l’amour,
Qu’ont rencontre si peu souvent,
Qui pourtant, doit nous délivrés.
Mais voilà, ont à pas le temps,
Ou alors, ont est fatigués.
Et je pèse le poids de l’amour
Qui est si difficile a donner et tout autant a recevoir…

Alors, ont restent la tout seul…
A peser le poids de l’orgueil.

Et je pèse quarante-huit kilos,
Peut-Être un peu plus, un peu moins,
Ca dépend si j’ai du chagrin,
Ou pas.

Je pèse quarante-huit kilos.
Toi, ca te fait ni chaud ni froid.
Tu te dis : la fille elle flippe,
Dommage mais c’est pas mon tripe.

Daccord.
Mais quand ont se retrouve la tout seul,
Avec deux trois spots dans la gueule,
Faut bien raconter quelque chose.
Pour essayer de se trouver.
Pour pas rester des étrangers.

Toi tu paye,
Et moi, je te baise !
Non ?
Alors raconte-moi,
Combien tu pèse ?

Béatrice Tekielski

J'aime bien Juliette aussi, elle était passée au Rex il y a peu...

Eiffel a écrit:

J'aime bien Juliette aussi, elle était passée au Rex il y a peu...

je ne connais pas ce qu'elle fait maintenant mais ses débuts avec Pierre Philippe étaient fracassants !! (l'album "Rimes féminines" par ex)

Louise attaque
Laruketanou

des perles de la chanson française:
https://www.youtube.com/watch?v=8lIIdS8VOxs
https://www.youtube.com/watch?v=c382YP1Jqcw

Brel: pas tout, loin s'en faut, mais des morceaux comme Le Plat Pays, Amsterdam, Les Vieux ou la Chanson des Vieux Amants me font frissonner à chaque coup.
Brassens: mon frère est un fan acharné. Il m'a fait découvrir pas mal de morceaux moins connus. J'aime moins que Brel mais c'est quand même quelque chose.
Barbara: j'ai adoré pendant tout un temps, maintenant, nettement moins. Cela dit, Göttingen , Vienne et Nantes sont fantastiques.
Yves Simon: je suis très content de l'avoir vu cité dans ce sujet. Des textes excellents et des musiques plutôt originales. Il a un univers que j'aime vraiment bien.
William Sheller: là par contre, je suis déçu de ne pas le trouver ici. Ses textes tiennent la route mais ce sont surtout ses musiques qui sont deux ou trois crans au-dessus de ce à quoi on est habitué dans le domaine. En plus, pour l'avoir vu en concert, il a un humour pince-sans-rire que je trouve irrésistible et un vrai talent de conteur.

pour tous ceux qui ne sont pas encore tombé desus, je vous recommande très chaudement le premier album de Bab'x, (il y avait déjà eu un maxi quasiment introuvable avec une version à tomber de Mes petites amoureuses de Rimbaud qui n'est malheureusement pas sur le disque commercial). Tant musicalement que pour les textes, je n'ai rien entendu de plus fort depuis Ferré (recooanîtrez-vous les citation de 2ème scherzo à la guitare électrique, les allusions à Bartock?) Ce type devrait être le grand génie de la chanson française si, au contraire de Bénabar, les petits cochons et le succès ne le mangent pas

J'étais en train de me dire : « tiens, et si je créais un topic sur la chanson française et francophone » et je réalise en parcourant la rubrique autres styles pour éviter les doublons que cela existe déjà. Tant mieux, quand je crée des topics ça part généralement en quenouille...

Tout ça parce que j'avais envie de vous parler de Richard Desjardins... Et plus particulièrement d'un album de lui :



Pourquoi celui-ci ? Parce que je connais fort mal les autres, et ne serait dés lors pas très à l'aise pour en parler... Desjardins est moyennement connu en France, mais très célèbre au Québec. Il compte parmi les grands noms de la chanson francophone. Mais hélas, dans l'Hexagone, nous préférons Céline Dion...

Enregistré dans une église, ce qui lui donne un son très singulier et magnifique, Boom Boom propose des chansons de Desjardins accompagné soit de sa guitare, soit de son piano. Ses textes tour à tour lyriques et ironiques sonnent comme autant de prouesses vocales. La prouesse est aussi parfois dans l'oreille de l'auditeur français, car l'accent de Desjardins, qu'il n'hésite pas à exagérer d'ailleurs, n'est pas toujours évident...

J'ai du mal à sortir une chanson en particulier de cet album qui forme un tout d'apparence disparate mais finalement tout à fait logique. le morceau Charcoal apparaît comme une splendide charge anarcho-jouissive quand Y va toujours y avoir lui répond dans un texte d'une rare simplicité tendre et émouvante, ou citons encore Lomer qui raconte un homme condamné à mort au moyen-âge pour homosexualité...

Alors je préfère vous proposer quelques extraits de textes...

« Une colère lente roule sans bruit
sur la Principale nord.
Le fusil brûle encore.
Personne
ne sait ce qui arrive,
si le sang rougit la terre
ou s'il s'en va aux archives.
Les radios de la contrée
du vaste ciel
font tourner
la première position. » (Première position)

« La caissière populaire relève sa robe
et me montre son guichet automatique.
Elle m'avertit que j'ai besoin de deux pièces d'identité.
Bon !
Je baisse mes pantalons , et je lui montre ma carte de guichet.
Elle la tourne et la retourne dans ses mains. Elle dit :
" Elle est très belle mais ce n'est pas assez. "
Bon !
J'enlève mon chandail
et je me plonge la main droite dans la poitrine.
Je m'arrache le cœur
que je dépose encore chaud et battant sur son comptoir.
Elle le prend dans ses mains, le tourne, le retourne, me dit :
" Il n'y a pas de signature.
Il me faut quelque chose avec une signature. " » (La Caissière populaire)

« Vous prenez mes empreintes, ok!
Pis moi je vous étampe
mon poing dans l'front
La compagnie du no future
Charcoal, demain la guerre, yes sir.

La vie est belle, la vie est bébelle
À ras du sol, à rat d'égoût.
Veuillez agréer monsieur, l'expression
de mes sentiments les plus révoltés.

Bouddha est gros, Allah est grand.
Que Dieu vous garde moi j'ai pas l'temps. » (Charcoal)

« Quand tu souris,
le monde entier respire.

Ô quel plaisir,
d'aller me montrer orné de toi
aux ruelles de la terre.

(elle m'a dit)

"S'cuse-moi je m'en vais,
je reviens dans une heure,
faut qu'j'aille changer le monde." » (Boom boom)

Mettre les textes en entier serait trop long et fastidieux, d'autant qu'ils appartiennent à leur auteur... Mais j'espère juste donner envie, ne serait-ce qu'à une personne, d'entendre cet album merveilleux, et puis les autres à l'occasion, que j'ai moins eu l'occasion d'écouter mais qui m'ont paru tout aussi bons !

Voili voilou... Et plus tard, je vous parlerai d'Arno tiens, dans un autre style...

Pour ceux que cela interresse, j'ai ouvert un compte dailymotion avec beaucoup de chansons françaises et souvent des raretés que je qualifie de sympathiques:


https://www.dailymotion.com/Leboc

En train d'écouter Les Corons, de Pierre Bachelet, que je n'avais finalement jamais pris la peine d'écouter et dont je ne connaissais que le refrain. On peut naturellement faire acte de cynisme vis à vis de cette chanson en la taxant de soupe populaire, mais ça demeure une très belle composition nostalgique et émouvante, à l'image de Mon vieux de Daniel Guichard ou d'autres airs populaires de la chanson française...

Picrotal a écrit:

une très belle composition nostalgique et émouvante, à l'image de Mon vieux de Daniel Guichard.

Rha la la, tu viens de me foutre le blues pour le restant de la journée...

Picrotal a écrit:

Richard Desjardins

Vrai que les chiens de gardes de la boite noire à raconter des histoires, ces sales chiens qui substituent à nos regards un monde qui s'accorde à nos désirs comme disait l'autre, ces loqueteux narcissico-télévisuels (donc!) se gardent bien de nous le proposer cet artiste. Non, à la place, on nous ingurgite jusqu'à la nausée de Boulaytte, Loup Garou et toute la panoplie variétoche trisomico-pouilleuse!

Bon, cela dit, je suis peu intelligent et peu cultivé et donc je dirai que je ne comprends pas tout, et que je connais très peu l'oeuvre du bonhomme. Un album à dire vrai : Les derniers humains. Un ami m'avait fait écouter ce Boom boom dont tu parles: en cherchant un peu sur Google (pub inside), je me suis souvenu de ceci:

Où as-tu mis ton cœur ?
Tu es parti, propre, propre
comme un poignard
Lavé.

Qui m'a fait découvrir cet artiste? Avec quelle chanson? L'IndispensablE (le dernier des hommes, bouffon?) le cite dans son Meilleur roman du MondE ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Je_gagne_toujours_%C3%A0_la_fin ), roman entièrement lisible en jouant, ou, en ne jouant pas. A savoir que son prochain spectacle est disons prêt ( http://www.crevez-tous.com/ ) et qu'un mp3 est disponible (Right Click / Save as) ici

Tout ça pour dire que, oui, du peu que j'en connais, ben, j'aime bien ce Desjardins!

Maintenant, je m'auto-fesse car je suis doucement fou et incorrigible!

2 personnes qui connaisse Desjardin ici

Je pensais qu'en France il n'était connu que pour la mauvaise reprise d'une de ces chansons par Cabrel (Cabrel rajoutant un couplet autant inutile que malhabile)... Pourtant Il en avait fait des efforts le type des francofolies sur France Inter pour nous le faire découvrir.
Bon tout ça pour dire que j'aime beaucoup ce gus et ces poèmes mis en musique. Je l'ai découvert pendant mon premier post-doc au Canada lors d'un concert retransmis sur la radio québécoise. Quelques années plus tard j'ai failli le voir en concert mais celui-ci fut annuler (officiellement pour problème de santé mais vu le nombre de place vendue j'ai peur que la vrai raison était le manque d'enthousiasme). Si vous avez l'occasion visionnez son DVD, avec une autoparodie dans le style de Renaud de "Couché dans mon char" (intitulé de fait "couché dans ma bagnole")

JF a écrit:

Picrotal a écrit:

Richard Desjardins

Vrai que les chiens de gardes de la boite noire à raconter des histoires, ces sales chiens qui substituent à nos regards un monde qui s'accorde à nos désirs comme disait l'autre, ces loqueteux narcissico-télévisuels (donc!) se gardent bien de nous le proposer cet artiste. Non, à la place, on nous ingurgite jusqu'à la nausée de Boulaytte, Loup Garou et toute la panoplie variétoche trisomico-pouilleuse!

Vrai et même Rivard dont Desjardin se moque dans l'une de ces chansons est méprisé sur nos côtes et pourtant....

Sans parler du statut d'inconnu total de Jean Leloup dans l'Hexagone (dont je connais moi-même très mal la discographie d'ailleurs...)

Je suis allé lundi soir voir un chanteur vraiment génial, il s'appelle Vincent Baguian.
http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendid=163954387

on passe vraiment un très bon moment à l'écouter!

sud273 a écrit:

le cul des dames sur les vélos d'Amsterdam?

Ouiii c'est ça!

éh ho de la goualante du pauvre

il y a aussi Hubert Tieffaine, Mama Béa Tiekelski, Maxime Leforestier, Henri Tachan, Serge Reggiani, Pierre Barouh, Antoine Candelas, Robert Charlebois, Georges Chelon, Jacques Douai, Charles Dumont (j'en raffole depuis 30 ans), Giani Esposito,Pierre Haralambon Jean Jonas,...

je m'arrête là car il y a une foule de bonnes chansons à textes et à mélodies, souvent totalement inconnues qui contrastent d'avec le sirupeux rakhat loukoum de Star'Ac, Graines de Stars et autres niaiseries manoukiennes

Dans la chanson française, j'aime Brel, Brassens mais PAS Ferré.
Nougaro, Gainsbourg, Higelin, Dick Annegarn, Le Forestier, Barbara, Jacques Dutronc, Yves Montand, Edith Piaf, Jean Ferrat, Graeme Allwright, Michel Polnareff (que personne n'avait encore cité) ainsi que Alan Stivell.
Pour le fun, j'aime bien Pierre Perret et Renaud. Ils n'ont pas une grande voix mais ça colle bien avec leur style.
Par contre, je n'aime pas la variétoche genre Clo-Clo, Delpech etc. avec leur manie de massacrer tous les hit anglo-saxons.
Quelqu'un a cité "Mon vieux" de Daniel Guichard ; le compositeur de cette chanson est... Jean Ferrat.

Quel bonheur de s'écouter cette chanson, et son couplet final tellement d'actualité :

hé bien voilà, madame la Marquise
Apprenant qu'il était ruiné
A peine fut-il rev'nu de sa surprise
Qu' Monsieur l'Marquis s'est suicidé

Et c'est en ramassant la pelle
Qu'il renversa toutes les chandelles
Mettant le feu à tout l'château
Qui s'consuma de bas en haut
Le vent souflant sur l'incendie
Le propageant sur l'écurie
Et c'est ainsi qu'en un moment
On vit périr votre jument
Mais à part ça, madame la Marquise
Tout va très bien, tout va très bien !

Bon j'aime et je "consomme" beaucoup de chanson francaise en géneral je n'en parle pas...

Mais j'ai découver il y a peu un jeune chanteur que j'ai trouvé sympa, il s'apel Manu Galure et sur son myspace on peut écouter 4 chansons de et par lui qui selon moi valent bien chacune qu'on les écoute au moins une fois.

Le Forestier est à bien des égards un auteur-compositeur attachant, avec de vraies grandes et belles chansons (albums), à côté d'autres étonnamment plus faibles et aux arrangements pas toujours heureux.
En ce jour du 11 novembre, hommage à une de celles que je considère comme un chef-d'oeuvre, un peu oubliée, que l'on retrouvera pas dans les "Best of", et qu'il n'interprète plus. Elle date de 1975, album entièrement acoustique, et dont la pochette était dessinée par Cabu.

LES LETTRES
Paroles et musique: Maxime Le Forestier.


Avril 1912, ma femme, mon amour,
Un an s'est écoulé depuis ce mauvais jour
Où j'ai quitté ma terre.
Je suis parti soldat comme on dit maintenant.
Je reviendrai te voir, d'abord de temps en temps,
Puis pour la vie entière.
Je ne pourrai venir sans doute avant l'été.
Les voyages sont longs quand on les fait à pied.
As-tu sarclé la vigne?
Ne va pas la laisser manger par les chardons.
Le voisin prêtera son cheval aux moissons.
Écris-moi quelques lignes.

Hiver 1913, mon mari, mon amour,
Tu ne viens pas souvent, sans doute sont trop courts
Les congés qu'on te donne
Mais je sais que c'est dur, cinquante lieues marchant
Pour passer la journée à travailler aux champs,
Alors, je te pardonne.
Les vieux disent qu'ici, cet hiver sera froid.
Je ne sens pas la force de couper du bois
J'ai demandé au père.
Il en a fait assez pour aller en avril
Mais penses-tu vraiment, toi qui es à la ville,
Que nous aurons la guerre?

Août 1914, ma femme, mon amour,
En automne au plus tard, je serai de retour
Pour fêter la victoire.
Nous sommes les plus forts, coupez le blé sans moi.
La vache a fait le veau, attends que je sois là
Pour le vendre à la foire.
Le père se fait vieux, le père est fatigué.
Je couperai le bois, prends soin de sa santé.
Je vais changer d'adresse.
N'écris plus, attends-moi, ma femme, mon amour,
En automne au plus tard je serai de retour
Pour fêter la tendresse.

Hiver 1915, mon mari, mon amour,
Le temps était trop long, je suis allée au bourg
Dans la vieille charrette.
Le veau était trop vieux, alors je l'ai vendu
Et j'ai vu le vieux Jacques, et je lui ai rendu
Le reste de nos dettes.
Nous n'avons plus un sou, le père ne marche plus.
Je me débrouillerai, et je saurai de plus
En plus être économe
Mais quand tu rentreras diriger ta maison,
Si nous n'avons plus rien, du moins nous ne devrons
Plus d'argent à personne.

Avril 1916, ma femme, mon amour,
Tu es trop généreuse et tu voles au secours
D'un voleur de misères
Bien plus riche que nous. Donne-lui la moitié.
Rendre ce que l'on doit, aujourd'hui, c'est jeter
L'argent au cimetière.
On dit que tout cela pourrait durer longtemps.
La guerre se ferait encore pour deux ans,
Peut-être trois ans même.
Il faut nous préparer à passer tout ce temps.
Tu ne fais rien pour ça, je ne suis pas content,
Ça ne fait rien, je t'aime.

Ainsi s'est terminée cette tranche de vie,
Ainsi s'est terminé sur du papier jauni
Cet échange de lettres
Que j'avais découvert au détour d'un été
Sous les tuiles enfuies d'une maison fanée
Au coin d'une fenêtre.
Dites-moi donc pourquoi ça s'est fini si tôt.
Dites-moi donc pourquoi, au village d'en haut,
Repassant en voiture,
Je n'ai pas regardé le monument aux Morts
De peur d'y retrouver, d'un ami jeune encore,
Comme la signature.

Et ben moi je m'écoute Voyages, voyages de Désireless, et autant cette chanson pue les années 80 comme pas permis, autant je maintiens que cette bonne femme a une vraie voix.

Une chanson que je ne me lasse jamais d'écouter : Ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine...

On a la triste habitude
De couper la queue des chiens
Des gens plein d'sollicitude
Trouvent que cela n'fait pas bien
Cette p'tite queue que l'on mutile
Dit quelqu'un, c'est pas joli,
Mais d'une façon subtile
Blumenthal dit à Lévy:

Ça vaut mieux que d'attraper la scarlatine
Ça vaut mieux que d'avaler d'la mort-aux-rats
Ça vaut mieux que de sucer d'la naphtaline
Ça vaut mieux que d'faire le zouave au Pont d'l'Alma.

De jolies chansons, une voix caressante (très) et diseuse, de jolis textes mélancoliques, des rencontres qui ne se sont pas faites, des regrets et peu de remords. Quelques musiciens l'entourent parfois un peu insistant dans quelques chansons au goût 'métal'.

Cruel comme Avant l'enfer : "Si nous nous croisons en enfer, espérons qu'on ait mérité que toutes les horreurs qu'on a faites aient toutes été bien recensées, des fois qu'on en ait oublié parmi celles dont on était fiers..."

Nostalgique comme Le détour: "Souviens-toi de ce détour qu'on faisait, de cette fille qui attendait, n'attendait que nous. Souviens-toi de ce que tu venais. Non, ne dis pas que ce détour n'était rien pour nous..."

Triste comme Surestimé: "L'amour est très surestimé..."

Je ne dirais pas métal, quand même... je dirais un peu "noisy", par endroits.
Un autre texte que j'aime beaucoup :
(...)
Nos pères n'ont jamais su nous détester vraiment
Attachés par amour à tout nous pardonner
Et même quand c'était trop, qu'on était trop présent
Ils ne luttaient pas trop avant de s'effacer

Et à tant s'effacer nos pères ont disparu
Et quand on a compris on a regardé la terre
Qui ne recracherait rien, on a regardé nos mères
Qu'on avait jamais vues si éloignées de nous
On les a regardées peinant à évoquer
Ces hommes tels qu'ils étaient avant notre arrivée
Avant qu'ils ne s'assoient pour mieux nous reconnaître
Pour bien nous regarder avant de disparaître

Oui, elle est vraiment jolie celle-ci.


...19 !

Ça sera mieux rangé ici quand même:

Picrotal a écrit:

Quand j'essaye d'écrire des chansons, des fois, ça donne ça :


J’ai dévoré des univers
J’ai ravalé mes océans
J’ai fait chanter toute la Terre
J’ai fait pleurer tous les enfants

Révolution de la misère
Braises luisant d’incandescence
Où se consument tous mes frères
Depuis l’aube de l’existence


Moi qui n’ai jamais vu de femmes
Jamais vu de corps dénudés
Moi qui ne produis de mon âme
Que des images fatiguées

Moi qui poursuis à travers monde
Une ombre en nombre décroissant
Légendes d’un passé qu’inonde
Les flots des verbes au présent


Ici la vie a perdu pied
S’est affolé dans des histoires
Mon corps perdu mon corps entier
Qui tremble encore tous les soirs

Lune roussie dedans le ciel
Révolution de la misère
Aux paradis superficiels
Voyez comment tourne l’Enfer


J’ai parcouru des marécages
Où se sont noyés tant de gens
Tant de douleurs et tant d’images
Qui me pourchassent à présent

Mains émergeant des ondes brunes
Tels des roses roseaux bizarres
Des corps qui flottent sans rancune
Et des cheveux en nénuphars


Etoiles blanchies sans sommeil
Anges jolis démons obscènes
Mauvais coucheur face au soleil
Ravale tes couleuvres vaines

La rime sombre et délétère
Le bateau sobre de mes rêves
Révolution de la misère
Où chaque année n’est que trop brève


Pourquoi pleurer larmes immenses
Et faire chanter des regrets
Pourquoi ravaler vos silences
Pourquoi dévorer vos palais

Vermines pâles de décence
Qui chante la vie n’est pas mort
Mon univers a moins de sens
Mais mon univers est plus fort


Entrez toujours et plus jamais
Je n’attends rien de l’avenir
Mamelles débordant de lait
Qui n’auront personne à nourrir

J’ai la patience des absents
J’ai rendez-vous avec l’hiver
J’entends mourir ce que j’entends
Révolution de la misère


Et quand refleuriront les tombes
En des saisons à découvrir
Depuis le temps que Satan tombe
Il finira par atterrir

Planète lourde au crâne chauve
A mon image serviteur
Avant qu’un Judas ne nous sauve
Il s’en ira se pendre ailleurs


J’ai trop vu d’assassins la nuit
Qui souriaient aux ménagères
Je pense être ce que je suis
Révolution de la misère

natrav a écrit:

De jolies chansons, une voix caressante (très) et diseuse, de jolis textes mélancoliques, des rencontres qui ne se sont pas faites, des regrets et peu de remords. Quelques musiciens l'entourent parfois un peu insistant dans quelques chansons au goût 'métal'.

Cruel comme Avant l'enfer : "Si nous nous croisons en enfer, espérons qu'on ait mérité que toutes les horreurs qu'on a faites aient toutes été bien recensées, des fois qu'on en ait oublié parmi celles dont on était fiers..."

Nostalgique comme Le détour: "Souviens-toi de ce détour qu'on faisait, de cette fille qui attendait, n'attendait que nous. Souviens-toi de ce que tu venais. Non, ne dis pas que ce détour n'était rien pour nous..."

Triste comme Surestimé: "L'amour est très surestimé..."

Tiens, c'est un album que j'aurais pu présenter aussi!

Ses autres albums sont tout aussi intéressants!

C'est un album que m'a fait découvrir Jérôme.

Ca peut paraître bizarre mais je n'aime pas les belles (dans une certaine mesure, c'est pas de l'opéra) voix en variété, au contraire j'aime qu'on chante avec SA voix et ses défauts, du vrai qui a fait la guerre. De plus, de par une enfance traumatisante car ma mère adorait Nana Mouskouri, j'associe inconsciemment ces voix à une musique de (censuré), Mireille Mathieu, Michèle Torr, Luis Mariano et Jean Passe.

La voix pourrie de Renaud, ça ne me gêne pas du tout. Un des meilleurs album de la galaxie "l'homme a la tête de chou" est, pour la plupart des morceaux, parlé.


Dans les oubliés de la liste :

Boby Lapointe (la rime qui n'a pas servi était "ponge")
Gotainer, homme à lunettes.
Couture et sa voix nasillarde.
Le bonheur des dames, ça c'est de la variété, 10 styles différents par album. Un groupe important, de mon avis et de celui d'Hadji-Lazaro.

Citation :

Et chez Brassens, je trouve que ça manque de poésie, d'images.

On va dire que j'ai rien vu.

Joe Dassin sort son nouvel album (il a une sale tête maintenant !):

Spoiler:

Je sais que je vais m'attirer des quolibets, peut-être mérités, en vous avouant cela, mais voila : après avoir écouté quelques chansons, je suis obligé de l'admettre, j'aime Pierre Bachelet. Les mélodies sont jolies, si l'on fait fi de l'orchestration années 80 tout ce qu'il y a de dégueulasse (mais après tout, les enregistrements studios de Regianni ne valent guère mieux) et les textes (de Lang ou de Queffélec) sont très réussis.

Petit bonhooooooooooooooomeuh

On chante et entend les Corons quasiment tout le temps ici, pour n'importe quelle occasion.
D'autant plus depuis sa mort... un véritable Hymne.

Picrotal a écrit:

Je sais que je vais m'attirer des quolibets, peut-être mérités, en vous avouant cela, mais voila : après avoir écouté quelques chansons, je suis obligé de l'admettre, j'aime Pierre Bachelet. Les mélodies sont jolies, si l'on fait fi de l'orchestration années 80 tout ce qu'il y a de dégueulasse (mais après tout, les enregistrements studios de Regianni ne valent guère mieux) et les textes (de Lang ou de Queffélec) sont très réussis.

Même le Zim et Leonard Cohen ont difficilemnt résisté au goût douteux en matière d'arrangements durant les eighties, donc il n'y a vraiment pas de quoi avoir honte !

j'écoute ce disque tous les jours depuis 2-3 semaines : des morceaux à tomber par terre (La Superbe, ton héritage, night shop, Brandt rhapsodie,...)



Je ne veux pas en dire plus, je crains de ne pas être objectif du tout. En tout cas, ça faisait longtemps que je n'avais plus entendu de chanson française réellement intéressante.

http://www.deezer.com/fr/#music/benjamin-biolay/la-superbe-392891

Mes chanteurs, chanteuses :

Alain Barrière, Yves Montand, Jacques Brel, Joe Dassin, Edith Piaf, Michel Delpech, Gilbert Becaud, Marcel Amont...

Il était cinq heures du matin
On avançait dans les marais
Couverts de brume
J'avais mon fusil dans les mains
Un passereau prenait au loin
De l'altitude
Les chiens pressés marchaient devant
Dans les roseaux

{Refrain:}
Par dessus l'étang
Soudain j'ai vu
Passer les oies sauvages
Elles s'en allaient
Vers le midi
La Méditerranéeeeeeeeeeeeeee...

Arf, mince, c'était mes chanteurs de quand j'avais 7 ans, ou 10, ou 12.
C'est pas moi qui les avait choisis.

Quelques madeleines de Proust musicales en quelque sorte.

Ouf, j'ai échappé au pire, Vincent Delerm n'était pas né, à cette époque )

athos a écrit:

Alain Barrière

MaaaaaaAAAAAA viiiiiiiiiiiie

J'adore cette chanson

Tout est parfait ici.

Léo Ferré: L'espoir

Rubato a écrit:

Léo Ferré: L'espoir

Un chef-d'oeuvre absolu. Sans doute mon album préféré de Léo.
Et ceux qui croient que ce sont les textes qui dominent chez un artiste comme Ferré et que la musique est secondaire doivent écouter ce disque en priorié pour se laver les oreilles.
Ici Léo signe et dirige lui-même ses arrangements et on peut dire que ça touche au sublime. Gitlis vient donner un coup de main pour "Les étrangers". Et surtout il y a ces vocalises inoubliables de cette chanteuse lyrique dont le nom m'échappe.

Manuel de Falla ! Manuel de Falla !