Messiaen Olivier - Quatuor pour la fin du temps

Bon j'ouvre un topic puisque je vois que celui du fil général commence à être long et qu'on y parle peu discographie...
Je viens d'écouter le Quatuor pour la fin du temps et j'aimerai vraiment trouvé une version meilleures que les deux que je possède: Barenboim et cie chez DG et Messiaen et cie chez Accord.
J'ai eu l'occasion d'entendre Romain Guyot en concert jouer de façon quasi inégalable l'Abîme des Oiseaux. J'aimerai savoir s'il a enregistré l'oeuvre ou si il existe au disque quelque chose d'aussi abyssal et phénomenal.
Par parenthèses cette oeuvre me laisse toujours dans un état pitoyable... les deux louanges à Jésus sont parfois difficilement supportables à écouter... Bref c'est une oeuvre admirable qui prend aux trippes avec une immédiateté confondante. Peut-être une oeuvre idéale pour débuter avec la musique contemporaine.
Donc si vous aviez des versions spécialement réussies à recommander...

J'ai assisté (en compagnie de Felyrops ) à ce concert.

C'était merveilleux.

A prolonger en CD

Il ne me semble pas qu'on ait parlé de ce quatuor dans le sujet Messiaen.

Quelqu'un connait-il cette version ?



Lien vers Amazon

Ou existe-il une autre version à recommander ???

Merci d'avance.


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Tel est le message que j'avais mis dans le sujet relatif au concert en question. Je le déplace ici suite à la bonne initiative de Sauron

J'ai commandé le double CD cité mais je l'attends...

Je te serai toujours reconnaissant, Steph, d'avoir découvert cette oeuvre grâce à toi. Ce quatuor inhabituel (clarinette, violon, violoncelle, piano) a vu le jour dans un camp de concentration en Silésie en 1941, avec les instruments dont Messiaen disposait.
Pour la discographie, l'incontournable ouvrage de Claude Samuel "Permanences d'O.M." (Actes Sud, 1999, ISBN 2-7427-2376) donne pas moins de 25 enregistrements, bien sûr sans commentaire. Et depuis '99 il y en a d'autres.
Il faudrait les essayer tous, mais, pour les archéologues-discophiles (dont je suis) je cite celle avec Messiaen au piano: J. Pasquier (v), Messiaen (p), A. Vasselier (cl), Et. Pasquier (vcelle), Club français du disque. (à noter que le premier enregistrement d'O.M. -Quatre études de rythme pour piano- date de 1951, Columbia, LFX 996-9).

felyrops a écrit:

Ce quatuor inhabituel (clarinette, violon, violoncelle, piano) a vu le jour dans un camp de concentration en Silésie en 1941, avec les instruments dont Messiaen disposait.

Dans un camp de prisonniers de guerre, pour être précis, le stalag VIII A situé à Görlitz.

Citation :

pour les archéologues-discophiles (dont je suis) je cite celle avec Messiaen au piano: J. Pasquier (v), Messiaen (p), A. Vasselier (cl), Et. Pasquier (vcelle),

J'ai ça mais le clarinettiste me laisse sur ma faim... en revanches les deux louanges me donnent la chair de poule...

Pourrais-tu donner les coördonnées de cela, ça m'intéresse...

Le cd avec Messiaen au piano et les Pasquier? C'est un cd Accord 461 744-2... un label Universal.

J'ai en son temps écouté quelques unes des nombreuses versions de ce quatuor. Les deux que je conseillerais sont, d'une part, la vélèbre version de l'ensemble Osiris chez Q DISC, couplée avec les Sept romances d'après Alexander Blok de Chosta qui ne gâchent pas la spendide réussite que constitue cette version :



Mais ma version préférée reste celle du quatuor Olivier Messiaen chez CYBELIA :



C'est une version plus lente, plus méditative et donc qui ne pourrait pas plaire à tout le monde. Pour moi, c'est une version totalement habitée et fort homogène ; un texte très intéressant de Messiaen figure dans le livret de cet album, et force est de reconnaître que les musiciens se sont appliqués, dirait-on, à respecter la lettre et l'esprit des quelques recommandations (?) adressées à Messiaen à ses interprètes. Bref, une très belle réussite à mon sens, - qui ne doit pas dispenser de l'écoute de l'oeuvre par Messaien et les Pasquier.

Pour le quatuor, essayez ce disque qu'on nous donne presque chez EMI.... Avec Yvonne Loriod (piano), Christoph Poppen (violon), Manuel Fischer-Diskau (violoncelle), Wolfgang Meyer (clarinette).

Version un peu oubliée, jouée d'une manière très détachée par rapport aux enregistrements d'avant 1980 dans Messiaen. Un peu comme si on avait voulu sortir du cliché du camp de prisonnier - même si la partition ne peut en être dissosiée. Moi, j'aime beaucoup le piano à la fois sobre et léger de la femme du compositeur. Poppen et Fischer-Diskau lui donnent très bien la réplique, dans le même ton. Excellente clarinette de Meyer.

j'ai une version chez DG je ne me souviens plus laquelle

Poulet a écrit:

j'ai une version chez DG je ne me souviens plus laquelle

Cours-y vite, cours-y vite

Moi je ne suis pas un fan de Messiaen, mais j'avais trouvé ce quatuor, en solde il y a bien une douzaine d'années, dans la version Marcel Couraud chez Erato.
Mais après l'avoir écouté quelquefois, je demeure allergique à cette musique, et le CD est relégué au fin fond d'un placard...

Et la Turangalila fait partie des rares CD que j'ai revendus chez Priceminister...

J'ai reçu fin de semaine passée le double CD cité plus haut.

Bonne surprise : la Turangalila-Symphonie que je ne connaissais pas.

Petite déception (relative) : encore imprégné du concert auquel j'ai assisté, la version CD du Quatuor m'a paru terne de premier abord. Je l'ai donc réécouté plusieurs fois et, tout compte fait, je reprends plaisir à l'écouter.

Petit bonus (que je n'avais pas vu quand j'ai commandé) : Le merle noir (pour flûte et piano).

Philippe a écrit:

J'ai en son temps écouté quelques unes des nombreuses versions de ce quatuor. Les deux que je conseillerais sont, d'une part, la vélèbre version de l'ensemble Osiris chez Q DISC, couplée avec les Sept romances d'après Alexander Blok de Chosta qui ne gâchent pas la spendide réussite que constitue cette version :

Mais ma version préférée reste celle du quatuor Olivier Messiaen chez CYBELIA :

C'est une version plus lente, plus méditative et donc qui ne pourrait pas plaire à tout le monde. Pour moi, c'est une version totalement habitée et fort homogène ; un texte très intéressant de Messiaen figure dans le livret de cet album, et force est de reconnaître que les musiciens se sont appliqués, dirait-on, à respecter la lettre et l'esprit des quelques recommandations (?) adressées à Messiaen à ses interprètes. Bref, une très belle réussite à mon sens, - qui ne doit pas dispenser de l'écoute de l'oeuvre par Messaien et les Pasquier.

Ce disque n'est plus disponible. Le catalogue Cybelia a été racheté ; savez-vous par qui ?

A paraître cette année:

Kia a écrit:

A paraître cette année

Tu n'as pas une idée plus précise... ?

Juin-Juillet je pense...

Que du beau monde. Enfin ma version de référence ?

Avec Paul Meyer, Chung, Jian Wang, et Gil Shaham.
Quelqu'un connait cette version ?
Je me lancerais bien dans la musique moderne avec cette oeuvre...

En tout cas ça me semble plus facile d'accès que Wozzeck.

... et Paul Meyer est une valeur sûre

Oui, c'est très accessible et c'est très beau, tu peux foncer !

UP !
Je relance le topic sur ce quatuor car je l'ai découvert il y a deux jours en concert, dans une abbaye. J'ai été subjugué par cette oeuvre et j'ai vraiment envie de la réécouter.
Adoncques je viens de voir le site de la Fnac, et il y a un nombre de versions absolument vertigineux. S'il ne doit en rester qu'une laquelle serait-ce ?

Réponse un peu "gratuite" car je ne connais pas pléthore de versions (même si j'en ai croisé quelques-unes), mais enfin: la réunion Chung / Shaham / Meyer / Wang (DG 1999), dont parlait Niko un peu plus haut, me semble un excellent choix. Chung me semble être, en tant que chef d'orchestre, l'un des meilleurs connaisseurs et défenseurs au disque de l'œuvre de Messiaen, Shaham et Meyer sont des valeurs sûres dans leur instrument (je ne connais pas Wang par ailleurs), et la réunion des quatre "fonctionne" parfaitement. Le résultat est tout simplement magnifique. Le point noir concerne non le contenu mais le contenant, je veux dire par là que ce n'est clairement pas la version la moins chère du marché... Alors, je ne dis pas que c'est LA version absolue, ne serait-ce que parce que l'œuvre est riche et que d'autres pistes d'interprétations sont toujours possibles (un peu plus "psychodramatiques" notamment, par exemple, j'imagine...), et puis je ne connais pas les interprétations "historiques", mais toujours est-il que c'est la version que je conseillerais.

Merci Octavian !

Je suis assez emballé par ce quatuor que je viens de découvrir, suite à un article de Diapason. Un tour chez un disquaire et hop, je ramène la version Béroff-De Preyer-Pleeth-Gruenberg, plutôt bien noté dans l' article.
Tout ça est très beau, très expressif. Les deux Louanges prennent bien aux tripes. Le mouvement à la clarinette solo (j' y craignais un peu d' ennuie, des longueurs!) passe tout seul.

J' ai content... une bien belle découverte que j' ai fait là.

joachim a écrit:

Moi je ne suis pas un fan de Messiaen, mais j'avais trouvé ce quatuor, en solde il y a bien une douzaine d'années, dans la version Marcel Couraud chez Erato.

Couraud n'est ni clarinettiste, ni violoniste, ni pianiste...

Je pense que c'est le CD que j'ai moi aussi, où il y a les Rechants dirigés par Couraud.
Le Quatuor y est interprété par Huguette Fernandez, Guy Deplus, Jacques Neilz et Marie-Madeleine Petit, c'est d'ailleurs une excellente version.

Version Joshua Bell, Steven Isselis, Michael Collins et Olli Mustonen chez Decca.

Tout est très bien, mais le clarinettiste manque de ferveur dans le 3è mouvement.

Xavier a écrit:

Version Joshua Bell, Steven Isselis, Michael Collins et Olli Mustonen chez Decca.

Tout est très bien, mais le clarinettiste manque de ferveur dans le 3è mouvement.

On le sent plus à l'aise dans le répertoire classique ou romantique (même si je ne l'ai pas entendu dans ce Quatuor)

Bonne surprise avec cette version, à mettre tout en haut du panier. C'est précis, les timbres sont très beaux ; les effets instrumentaux (abîme des oiseaux, notamment) très bien captés vous laisseront une forte impression acoustique ; on peut dire que l'espace sonore est bien rempli.
Et l'on sent une cohérence et une direction constante, y compris lors des passages d'un épisode à l'autre (comme les 3 qui font corps à la sortie de l'abîme des oiseaux).
Et bien sûr, les deux mouvements lents : épais, passionnés, hédonistes ; ça nous change de beaucoup de versions soit un peu stérilisées, soit d'un mysticisme souvent raté (du moins, comparé à l'excellence de la version Barenboim-DG par exemple). C'est toutefois vraiment rigoureux, pas de sortie de route ou de too much ; mais c'est là une vision très terrestre/charnelle, moins mystique, j'aime beaucoup.

La version du trio Wanderer avec Pascal Moraguès (clarinette) est excellentissime (Harmonia Mundi). Prise de son à tomber, timbre superbe ; aisance, hédonisme maximal avec un mysticisme tout à fait retenu ; virtuosité et justesse des effets (mais là encore ... la prise de son tout simplement).

Bref, dans mon top 3 donc ; avec Eschenbach mentionné juste ci-dessus ; et la première à ébranler l'évidence et la réussite de Barenboim.

Dans le 3ème mouvement (Abime des oiseaux): on y entend bien le son un peu criard de la clarinette (partition très difficile au demeurant).

Je possède cette version là. Quelqu'un a-t-il un avis dessus ?

J'ai cet enregistrement HM, je n'ai pas dû l'écouter plus de deux fois mais dans mon souvenir c'est très bien. En fait je possède pas loin d'une dizaine de versions de ce chef-d'oeuvre de Messiaen et je dois dire qu'aucune ne m'a jamais paru insatisfaisante et encore moins loupée. C'est une musique difficile à abîmer dès lors que les interprètes l'abordent de manière préparée, ce qui va de soi avec une telle partition. A partir de là il me semble difficile d'établir une hiérarchie convaincante entre les versions. Le seul critère discriminant que je peux à la rigueur prendre en compte, c'est la qualité de la prise de son, pas négligeable surtout en ce qui concerne Abîme des oiseaux.

Nouvelle version à paraître :

https://www.amazon.fr/Quatuor-pour-Fin-Temps-allemand/dp/B074XGP489

Mélomaniac a écrit:

Nouvelle version à paraître :

https://www.amazon.fr/Quatuor-pour-Fin-Temps-allemand/dp/B074XGP489

Mazette ! Peu ou prou les quatre meilleurs instrumentistes du temps, et de grands chambristes en sus. Si la sauce prend, ce sera grand.

Pöntinen, ça n'aurait pas été assez vendeur chez les pianophiles?

Oui, ça aurait été la bande-à-BIS.

À part Thedéen, un peu plus moins mis en valeur, ce sont quand même plutôt des vedettes…

Et Debargue est tout sauf anodin, il est même intéressant dans les gros concertos, c'est dire.

DavidLeMarrec a écrit:

À part Thedéen, un peu plus moins mis en valeur, ce sont quand même plutôt des vedettes…

C'est pourtant de lui que j'ai le plus de disques. (À l'inverse, je n'ai jamais dû entendre Janine Jansen.)

DavidLeMarrec a écrit:

Et Debargue est tout sauf anodin, il est même intéressant dans les gros concertos, c'est dire.

Possible. Je n'ai dû n'entendre que la moitié de son premier disque-récital (Scarlatti, Chopin et Liszt, il me semble): si je me souviens bien, j'avais trouvé ça très bien, mais pas vraiment pour moi.


De toute manière, pour avoir un peu collectionné les versions, il me semble que, s'il y a des versions meilleures que d'autres, il n'y a pas d'enregistrement vraiment mauvais du Quatuor (enfin, musicalement mauvais: les seuls ratages relatifs relèvent de la prise de son).

Benedictus a écrit:

C'est pourtant de lui que j'ai le plus de disques. (À l'inverse, je n'ai jamais dû entendre Janine Jansen.)

Elle est chouette, pourtant. Une violoniste concertiste intéressante (répertoire / personnalité), ce n'est pas si fréquent !

Et elle s'entoure toujours des meilleurs.

Citation :

De toute manière, pour avoir un peu collectionné les versions, il me semble que, s'il y a des versions meilleures que d'autres, il n'y a pas d'enregistrement vraiment mauvais du Quatuor (enfin, musicalement mauvais: les seuls ratages relatifs relèvent de la prise de son).

Oui, c'est tellement écrit que la différence ne saute pas aux oreilles. Mais pour moi qui l'écoute finalement rarement (alors que je l'apprécie beaucoup), c'est assez stimulant d'y voir des gens dont j'aime le timbre ou les manières.

Janine Jansen est ordinaire dans son répertoire aussi bien que dans sa musicalité. Il y a que ses disques de Bach qui sortent un peu du lot.

Tiens, on en parlait récemment (cf supra).
Alors, c'est une bonne version ?

Rav-phaël, in playlist, a écrit:

— Olivier Messiaen
Quatuor pour la fin du temps
Martin Fröst, Lucas Debargue, Janine Jansen, Torleif Thedeen

J'aurais aimé m'endormir avec, malheureusement je suis toujours éveillé et il va bien
me falloir trouver quoi faire maintenant, après ça, ...

Spontanément, c'est même carrément celle qui me ferait le plus envie… (mais il est vrai que la discographie de l'œuvre est hallucinante)

Enfin écouté:


• Martin Fröst (clarinette), Lucas Debargue (piano), Janine Jansen (violon), Torleif Thedéen (violoncelle)
Berlin, VIII.2017
Sony

Très, très belle version. Il est vrai je n’ai jamais eu l’impression d’en entendre de version vraiment mauvaise, mais celle-ci a tout de même pour elle d’énormes atouts.

D’abord, une mise en place superlative (la virtuosité et la précision sont époustouflants: on est à des années-lumières de la version de Messiaen avec les Pasquier - par ailleurs d’une telle ferveur...) et une prise de son remarquable de naturel, d’équilibre et de précision (et ce n’est pas secondaire: les rares versions qui ne m’ont pas absolument convaincu pêchaient le plus souvent par une captation déséquilibrée.)

Ensuite, une remarquable cohérence. Cette cohérence est d’abord instrumentale: la dimension chambriste de l’œuvre est ici pleinement restituée (beaucoup de naturel dans les dialogues, la circulation des thèmes, les tuilages, les unissons), jamais on n’a l’impression d’avoir à faire à une juxtaposition de solistes (si je me souviens bien, c’est le léger défaut que j’avais trouvé la version Béroff / de Peyer.)

Une cohérence, aussi, dans la conception de l’œuvre: si une lecture mettant en avant les discontinuités, les ruptures et le pointillisme de l’écriture se justifie tout à fait (voir par exemple la version des solistes de l’EIC des années 80, Le Dizès / Damiens / Aimard / Strauch), on est ici dans la perspective inverse; une attention remarquable est ici portée à la fluidité du discours et à la logique d’ensemble: les transitions sont remarquablement travaillées (même les mouvements en duo ou en solo s’inscrivent dans une continuité), les procédés cycliques mis en évidence avec soin et, quoique détaillé, le flux musical semble toujours conçu dans la perspective de la longue durée de l’œuvre.

Enfin, la qualité des sonorités est exemplaire de clarté et de richesse. C’est tout particulièrement vrai pour la clarinette de Martin Fröst, dont l’habituelle sonorité cristalline semble idéalement faite pour la Liturgie initiale, et qui sait, dans l’Abîme des oiseaux, trouver une variété hallucinante de couleurs et d’accents. C’est vrai aussi pour le piano de Lucas Debargue, qui possède un art remarquable des effets de strates (la façon dont il crée un sentiment de profondeur organique en nuançant et en variant le grain et la densité des textures, par un jeu incroyablement subtil sur les attaques, le jeu de pédale, les touchers...)

La seule infime réserve que j’aurais à formuler tiendrait plutôt au vibrato assez présent de Thorleif Thedéen et, surtout, de Janine Jansen (moindre, cependant, que celui qui caractérise la version du Trio Wanderer avec Pascal Moraguès - mais j’aime tellement ici la sonorité «droite» des baroqueux Vera Beths et Anner Bylsma dans la version de Reinbert de Leeuw...) Mais le violoncelle de Thedéen confère ainsi à la Louange à l’Éternité de Jésus une respiration si profonde, une sorte de plénitude fragile si touchante que, finalement... Ce vibrato m’a toutefois moins convaincu, je crois, dans la partie de violon (même si l’espèce de dissolution dans l’aigu aux toutes dernières notes est d’une grande beauté.)

Au total une version magnifique, très fouillée dans sa lecture de l’œuvre, et d’une grande beauté. Il est vrai que la discographie foisonne de grandes version: ma préférée reste probablement Beths / Pieterson / Bylsma / de Leeuw (mais je garde aussi un excellent souvenir de Loriod / W. Meyer / Poppen / M. Fischer-Dieskau, malgré une prise de son peu satisfaisante); mais je crois que je reviendrai souvent à celle-ci, qui me paraît en outre assez idéale pour découvrir l’œuvre (davantage que Shaham / P. Meyer / Wang / Chung, tout aussi accomplie techniquement, mais plus lisse, du moins dans mon souvenir.)

Très longtemps que je n'ai pas réécouté ce bijou… ça fait très envie ! (De Leeuw aussi.)

Qui est ce Fischer-Dieskau, au passage ? Jamais entendu parler.

DavidLeMarrec a écrit:

Très longtemps que je n'ai pas réécouté ce bijou… ça fait très envie !  (De Leeuw aussi.)

Oui, deux très, très belles versions (et assez faites pour te plaire, il me semble.)

DavidLeMarrec a écrit:

Qui est ce Fischer-Dieskau, au passage ?  Jamais entendu parler.

Manuel, violoncelliste - membre du Quatuor Cherubini, comme Poppen qui tient la partie de violon de cette version:

C'est chose faite – les deux versions, hier avant d'aller chanter du Desenclos.

Très bien. La version de Leeuw est un peu désavantagée par la prise de son. Version Debargue très sobre, très équilibrée (effectivement le vibrato de Thedéen, un artiste plutôt intéressant pour son éloquence que pour son timbre, quoique très beau, a un côté un peu solistes et formel, plutôt qu'intense comme d'autres, dans sa grande section de bravoure).

Comme d'habitude, je trouve ça splendide, sans ressentir très fort l'injonction d'y revenir – alors que l'Ascension ou la Nativité, voire certaines pages de la Pentecôte, des Regards, des Livres d'oiseaux, envie immédiate de rempiler.

J'ai grandement progressé dans mon approche de la musique de Messiaen par le biais de mes écoutes de musique contemporaine et à force de remettre ses 20 regards ou la Turangalila sur la platine.

Le quatuor qui me semblait à l'origine très dur à écouter m'apparaît maintenant comme évident, une musique ample, des timbres très beaux que Messiaen laisse résonner, plus du tout le patchwork que je percevais alors. Je me rends compte que je n'avais même pas laissé le temps à l'œuvre de se dérouler, à l'écoute de la Louange à l'éternité ça me semble bizarre de ne pas avoir ressenti la beauté de la musique, ces accords simples de piano avec la plainte du violon... (on dirait à ce moment une sonate romantique passée au tamis).

J'ai écouté la version des Wanderer avec Moragues, et je n'ai pas de critique à faire sur cette performance, très belle prise de son. Mais je sens que je vais avoir envie d'écouter d'autres versions, notamment celle avec Debargue dont Benedictus parle en bien un peu avant.

Il y a des versions qui permettent de bénéficier d'approches différentes ?
(sinon je rappelle que j'avais acquis cette version des Wanderer pour apprivoiser l'œuvre en vue d'une écoute proposée en son temps par un certain monsieur...)
*sifflote*

Un vrai plaisir en tous cas de re-découvrir une œuvre et enfin d'y percevoir la grandeur.
Je me demande s'il n'est pas temps de réessayer les catalogues d'oiseaux.

Tiens, c'est marrant, en ce qui me concerne j'ai pas mal éclusé Messiaen depuis quelque temps maintenant (quand j'avais demandé des conseils ici même !), et mon appréciation varie vraiment énormément selon les oeuvres. J'ai par exemple bien apprécié Saint-François découvert il y a peu (même si 4H sur un sujet pareil c'est un peu dur pour moi), mais curieusement, ce Quatuor, il n'y a pas moyen (au point que, si l'écoute comparée prévue à un moment avait eu lieu, j'aurais probablement finalement renoncé à y participer tellement l'oeuvre ne me parle pas...). Je n'ai pourtant pas l'impression que ce soit l'oeuvre la plus inaccessible de Messiaen, les Oiseaux notamment c'est nettement plus hard il me semble (bon courage puisque tu veux t'y remettre ). Je ne suis donc pas le mieux placé pour te répondre, mais je peux juste te dire que j'avais testé la version Frost-Debargue-Jansen-Théeden, qui avait recueilli pas mal d'éloge ici-même (il y a d'ailleurs un message de Benedictus qui l'encense un peu plus haut).

Ah oui c'était toi la demande de conseils sur Messiaen, je me souviens que ça m'avait amusé parce que tout le monde te conseillait au final des choses assez différentes montrant bien la pluralité de sa musique, malgré des inspirations communes et ses modes étranges.

Oui, si j'ai bien aussi une critique à faire sur ce bon Olivier c'est qu'il fait souvent trop long. J'ai beau aimé la Turangalila j'appréhendais un peu de l'écouter d'une traite en concert (mais le virus en aura décidé autrement). Pareil pour les 20 regards qui sont très longs.

Je ne connais pas Saint François (je dois en être à un quart de son œuvre découverte...)