Cristobal Halffter

n'ayant pas trouvé son nom dans l'index des compositeurs, j'ouvre de petit post, pour savoir si quelqu'un sur le forum connaît ce compositeur, et si oui, j'aimerai avoir vos avis sur l'une de ses compositions : "tiento del premer tono y batalla imperia" que j'ai eu l'occasion d'entendre à la radio lors d'un concert live.

Est-ce que vous l'avez entendu sur un cd ? Il ne semble pas y avoir beaucoup d'interprétation différentes.

J'ai trouvé ça sur Deezer:
http://www.deezer.com/fr#music/result/all/Cristobal%20Halffter

merci pour le lien, mais il n'y a pas le titre dont j'ai parlé plus haut, en revanche je ne connaissais pas certaines œuvres. J'aurai voulu connaître les avis de ceux qui ont déjà écouté le titre dont je parle, mais ça ne semble pas être le cas.

J'ai 2 CD de musiques de ce compositeur.
-un Erato avec son 2eme concerto pour violoncelle et une œuvre appelée "Parafrasis"- avec Rostropovitch au violoncelle et l'Orchestre National de France dirigé par Halffter lui-même.

-un "Auvidis" avec le 1ere concerto de violon et une œuvre envoutante appelée "Mural sonante".

2 CD que j'aime beaucoup.

en cherchant sur le net hier, j'ai découvert qu'il avait composé pas mal d'œuvres en fait, j'étais surtout resté sur celle dont je parle au début du post, car elle m'a fait grand effet, je ne connais pas du tout le concerto pour violoncelle.

Je vais essayer d'acquérir le disque en question sur la "bataille", on le trouve sur amazon.

pour ceux qui pourraient être intéressés, voici le lien qui conduit à ce cd, c'est assez détaillé (label COL LEGNO) :

http://music.barnesandnoble.com/Crist-bal-Halffter-Orchestral-Works/Cristobal-Halffter/e/675754968526

Je viens de réécouter les deux CD évoqués ci-dessus, et me dois de préciser que, même si j'aime beaucoup, il ne s'agit pas de musique "facile".

Les œuvres enregistrées sur le CD Erato sont un peu plus accessibles.

Mais ce compositeur mérite d'être connu.

Merci à Christophe de l'avoir rappelé.

Cristobal, pour moi, est trop "moderne" ; je lui préfère nettement ses oncles Ernesto et Rodolfo Halffter...

j’aime assez le concerto pour piano (1953).

Le derniére, et un des meilleurs Cds:



https://www.stradivarius.it/scheda.php?ID=801157033946100#

Je commence à connaitre un peu mieux, même si j’ai encore beaucoup de choses à découvrir à son sujet (et de sa musique).
Pour situer grossièrement, il faut dire que Cristóbal Halffter fait partie de la Generación del 51, qui marque plus ou moins l’entrée de l’Espagne dans la musique contemporaine européenne, avec l’importation des techniques de l’avant-garde d’alors. J’espère ne pas me tromper en affirmant qu’il fait partie des membres les plus importants de ce groupe avec Luis de Pablo, né la même année, c’est-à-dire en 1930. Sa vie et son activité fut partagée principalement entre l’Espagne et l’Allemagne, selon ses occupations et les circonstances politiques, et fut donc en contact avec les grandes personnalités musicales de l’époque. S’il me semble que Luis de Pablo reste relativement fidèle au (post)séralisme, avec un faux air de Donatoni (et avec beaucoup de pulsation ! et beaucoup de couleurs !), Halffter ne s’enferme pas dans une esthétique ou un dogme, évite le formalisme stérile, et garde un œil sur (voire un pied dans) la tradition. Il puise chez Varèse, chez Stockhausen, chez Ligeti, auprès de l’école polonaise (Lutosławski, Serocki, etc.) « mais en poussant très loin les raffinements d’une harmonie à base de micro-intervalles et d’un contrepoint prodigieusement complexe magnifiant l’héritage de la Renaissance ». C’est une musique très personnelle en fait ; ce matin je réfléchissais à qui on pourrait le comparer, sans trouver de réponse adéquate, et j’ai pensé à Maderna et à Denisov, bien que leurs styles soient différents. Denisov chez qui une écriture largement sérielle sert un propos romantique (et souvent spirituel ou religieux) de plus en plus explicite au fil des années. Maderna pour cette tendance à la fresque monumentale ou dramatique (genre Ausstrahlung et Quadrivium), et parce qu’il conserve cette inclinaison pour le lyrisme et l’expression même dans les langages les plus abstraits. Halffter en effet est tout entier tourné vers l’expressivité, et fréquemment vers la violence et la noirceur. La comparaison est en fait surtout valable... jusque la mort de Maderna environ, car dans les années 60 la musique de Halffter est encore relativement conforme au canon de l’avant-garde germano-polonaise. Pas de rupture nette, mais il me semble qu’elle évolue peu à peu pour devenir plus intériorisée, toujours aussi intense, et son style plus continu et mélodique. Il utilise aussi fréquemment comme matériaux des œuvres du passé, comme par exemple Haendel et Beethoven. Il est encore actif aujourd’hui, et je le tiens pour un des compositeurs les plus importants du vingtième siècle.

Cristóbal Halffter - Nuit passive des sens / Inspiré de la Noche oscura del alma (Nuit noire de l’âme) de Jean de la Croix.
Noche pasiva del sentido, pour voix, 2 percussionnistes & bande (1970)
Sigune Von Osten, soprano
John Dvorachek, Markus Steckeler, percussions


Une belle oeuvre originale,on reste toujours dans un certain mysticisme.Rien de mieux que la voix pour inspirer le mysticisme,comme le plaisir sexuel, qui n'est pas si éloigné du premier ,parfois.Magnifique soprano ,Sigune Von Osten.

Pour l'écouter/
www.youtube.com/watch?v=YfFzVyF2xBI

Je tombe sur ce fil, dont j'ignorais l'existence, à la recherche d'infos sur Halffter, après avoir écouté son "Homo electricus" (Jose Ramon Encinar, Orquesta de la Comunidad de Madrid & Gregorio García Karman).

Ce disque est remarquable. On pense à Stockhausen, celui de "Mixtur" notamment, à cause de l'utilisation de la modulation en anneau, mais un Stockhausen qui n'aurait pas oublié de prendre ses gouttes : moins loufoque et beaucoup plus centré émotionnellement.

J'ai beaucoup apprécié la subtilité de la recherche sur les timbres, la lisibilité de l'approche formelle, ainsi que la grande poésie qui se dégage des différentes ambiances sonores.

gluckhand a écrit:

Rien de mieux que la voix pour inspirer le mysticisme,comme le plaisir sexuel, qui n'est pas si éloigné du premier ,parfois.

J'ai plus ou moins évoqué (avec lulu) ses quatuors à cordes, mais où?

C'était là : le quatuor à cordes dans la musique contemporaine

Merci Roupoil.

Téléporté depuis le sujet "le quatuor à cordes dans la musique contemporaine".

Rubato a écrit:

Cristobal Halffter

The strings quartet vol.1

Arditti Quartet

• Trois pièces pour quatuor à cordes / 1955
• 3. Streichquartet / 1978
• 6. Streichquarter / 2001/2

Après un univers plus ou moins sous l'influence de Bartok dans "les 3 pièces", on passe avec les quatuors 3 et 6 à quelque chose de plus radical.

C'est âpre, c'est dense, c'est parfois violent (limite chaotique), mais aussi langoureux...parfois.
On entend les cordes gémir sous les coups d'archets, gémir de douleur, gémir de plaisir...

Je ne sais pas si l'écriture est sérielle, dodécaphonique, mais une certitude, c'est atonal.

Difficile de rester indifférent à l'écoute de ces quatuors.

J'avais dit un mot, un peu plus haut, sur le volume 2 de cette intégrale, que je vais réécouter.

DavidLeMarrec a écrit:

Il n'y a pas un autre Halffter ?  J'ai le souvenir de quatuors au contraire plutôt tradis-accessibles ?

Rubato a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Il n'y a pas un autre Halffter ?  J'ai le souvenir de quatuors au contraire plutôt tradis-accessibles ?

Si, Ernesto Halffter...
...mais je ne suis pas certain qu'il ait composé des quatuors.

DavidLeMarrec a écrit:

Ah, merci !  J'étais confusionné.

lulu a écrit:

Rodolfo et Ernesto doivent avoir écrit des quatuors à cordes oui...
à moins que par tradi-accessible David veuille dire ligeto-bergien avec allusions beethovenniennes.

mais j’aime beaucoup les quatuors de Halffter.
malheureusement les deux volumes Arditti ne couvrent pas tout : il manque le 2 (qu’on trouve sur un très beau disque MDG par le Leipziger) et les quatres derniers.

Rubato a écrit:

lulu a écrit:

Rodolfo et Ernesto doivent avoir écrit des quatuors à cordes oui...
à moins que par tradi-accessible David veuille dire ligeto-bergien avec allusions beethovenniennes.

mais j’aime beaucoup les quatuors de Halffter.
malheureusement les deux volumes Arditti ne couvrent pas tout : il manque le 2 (qu’on trouve sur un très beau disque MDG par le Leipziger) et les quatres derniers.

Il y a bien le 2 sur le vol.2 des Arditti. Streichquartett (Mémoires 1970).

Du coup il me semble bien que ce soit une intégrale.
C'est à dire que certaines pièces n'ont pas de n°.

lulu a écrit:

ah oui tiens... pourquoi étais-je persuadé qu’il manquait...
du coup c’était bien complet à l’époque de sa parution (les derniers sont très récents) !

Rubato a écrit:

lulu a écrit:

ah oui tiens... pourquoi étais-je persuadé qu’il manquait...
du coup c’était bien complet à l’époque de sa parution (les derniers sont très récents) !

Oui, c'est bien ce que je pense...comme je le disais au-dessus, certaines pièces n'ont pas de numéro, mais si je les compte, j'arrive bien à 7.

J'ai eu du mal à trouver le volume1.

En fait, en faisant des recherches, je vois qu'il y a un n°8 (2012), et aussi un "Finale pour quatuor à cordes" (2020) d'une durée de 4mn.

lulu a écrit:

tout à fait, même s’il en a encore écrit quatre après ça.
ce qui nous donne :

Tres piezas para cuarteto (1955)
2. Streichquartett (Mémoires 1970) (1970)
3. Streichquartett (1978)
Con bravura y sentimiento (1991)
Zeitgestalt (1996)
6. Streichquartett (2001–2)
Cuarteto de cuerda no. 7 “Espacio de silencio” (2007)
Ausencias (2012)
9. Streichquartett (2015–16)
10. Streichquartett (2018)
11. Streichquartett (2019)

Rubato a écrit:

Là je pense que c'est complet (je suis passé à côté des 9,10 et 11.)

Je ne sais pas s'il existe des enregistrements pour ces derniers quatuors.

On peut quand même compter le "Finale" de 4 mn, puisque le Con bravura y sentimiento quatuor à cordes n°4 n'en fait que 2 (mn)

Ce qui ferait un total de 12!

lulu a écrit:

Rubato a écrit:

Je ne sais pas s'il existe des enregistrements pour ces derniers quatuors.

le 11 est en vidéo sur youtube.
j’ai la création allemande du 9 par le Leipziger Streichquartett.
pour les autres je cherche encore...

Rubato a écrit:

Rubato a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Il n'y a pas un autre Halffter ?  J'ai le souvenir de quatuors au contraire plutôt tradis-accessibles ?

Si, Ernesto Halffter...
...mais je ne suis pas certain qu'il ait composé des quatuors.

J'en ai trouvé un autre...Rodolpho!

C'est une histoire de famille: Cristobal est le neveu de Ernesto et de Rodolpho.
Ernesto est l'auteur de deux quatuors.

Cristobal Halffter. Quatuor à cordes n°7 - Espacio de silencio. Leipziger Streichquartett.

Trois mouvements entrelacés d'hommage à J. Cage, sur des citations des Coplas por la muerte de su padre (Stances sur la mort de son père), de Jorge Manrique (j'ai l'air de faire le malin, comme ça, mais c'est grâce à Google ...).

Comme écrit plus haut, c'est râpeux, rugueux, difficultueux ...

Le second mouvement semble faire des clins d'oeil à Ligeti et à Schnittke.

D'impressionnants effets dans le dernier mouvement.

Que nul ne se leurre, non,
Pensant que ce qu’il attend
Durera
Plus que dura ce qu’il vit,
Puisque tout s’écoulera
Mêmement.

https://www.lesvraisvoyageurs.com/2020/08/16/jorge-manrique-vers-1440-1479/