Elle a l'air d'avoir du Caractère non ? Sa musique aussi.
Néanmoins je resterai plus modeste dans mes propos que sur le fil playlist : son discours est un peu rébarbatif à la longue dirait-on... cela dit sa musique est suffisamment caractéristique pour en faire une compositrice notable et il reste assez étonnant que cette femme compositeur soit inconnu de la plupart des membres de cet éminent forum.
Madame est une violoniste polonaise, auteur de musique orchestrale (Concerto pour piano(s), alto, violoncelle, Symphonies) et de musique de chambre (Notamment des Quatuors à cordes, 2 Quintettes avec Piano, Musique pour violon et piano etc.) et.... je n'en sais pas plus.
Je ne peux pas tellement comparer à d'autres musiques finalement, elle a son propre style mais il est probable que cela ressemble à du XXème que je ne connais pas.
On ressent parfois des harmonies alla Dutilleux ou Koechlinesques (même Scriabiniens ?), parfois des rythmes bartokiens... mais la synthèse ne ressemble à aucun de ces compositeurs.
En tout cas elle apprécie énormément deux
techniques qu'elle développe pour son
discours musical : les Glissandi et les Staccati.
Le premier souvent pour le discours onirique, néanmoins souvent parsemé de tension ;
le deuxième pour un discours plus animé, plus espiègle, avec de brêves apparitions... certainement plus difficile à comprendre... ça partira ici un peu dans tous les sens mais Bacewicz arrive néanmoins à décrire une unité, une évolution dans les mouvements emprunts de ce discours et c'est ce que j'apprécie dans sa musique... je ne m'y perds pas... peut-être que beaucoup ne s'y retrouveront pas...
Les mouvements lents exploitent donc en partie le Bacewicz onirique... des cloches lumineuses peuvent ouvrir le bal ou alors des cordes pianissimo aux harmonies Koechlinesque rendront le rêve plus tendu... mais celui ci se fera toujours plus tourmenté dans la partie centrale pour finalement s'éteindre comme le rêve à commencer... une sorte de A-B-A.
Pour se familiariser avec ce discours il suffira d'écouter le très beau
Pensieri Notturni, une sorte de rêve éveillé mais qui exploite également l'espièglerie, les brèves apparitions évoquées, comme des Ombres fugitives qui présagent la partie centrale plus tourmentée.
Les mouvements rapides exploitent également souvent le A-B-A
Le A c'est la partie la plus violente, on retrouvera d'ailleurs une signature notable souvent dans le début de ses oeuvres orchestrales : un accord plaqué noir et violent (un peu à la Escaich) qui s'éteint doucement et qui présage un argument souvent violent.
Le B étant une partie moins violente, plus espiègle et taquine voire plus méditative mais quasiment toujours tendu.
Je conseille de commencer par
le Pensieri Notturni qui est une oeuvre courte et permet de s'accoutumer avec le langage et le discours de Bacewicz (notamment son discours onirique, on n'aborde jamais la violence à plein pot malgré la tension).
Les glissandi des cordes qui ouvrent le bal annoncent la tension onirique, profilée ensuite par la harpe, les cloches, un solo de flûte, col legno etc. Cette tension augmentera au fil de l'oeuvre (crescendi, staccati au nombre plus important, phrases de plus en plus fugitives comme l'ombre d'êtres espiègles).... Puis séteindra : on finit le rêve avec un solo de plusieurs instruments (Violoncelle, Basson, Hautbois, saxophone puis la cloche qui referme le rêve paisiblement)
Pour découvrir les autres facettes de Bacewicz
le Concerto Pour Orchestre Symphonique est je pense une bonne approche. (même si les deux derniers mouvements me parlent moins que les deux premiers).
Puis par
le Concerto pour 2 Pianos (on approche dans quelques microfragments des sonorités plus scriabinienne ici) ou
le Concerto pour Alto. peut-être plus lyrique... plus évident.
Si le passage est difficile avec ces deux oeuvres, on pourra toujours tenter
le Divertimento pour cordes : moins fou, plus concis.
La Musique de Chambre il faut s'adonner aux
quatuors à cordes (le 3ème faisant état de référence car Bacewicz a gagné une récompense du ministère de la culture polonais... pas forcément le meilleur...) et surtout les
2 quintettes avec Piano.
Je ne connais pas les musiques pour violon et il paraîtrait qu'il s'agirait de sa meilleure musique.
Ah si
Oberik pour violon et piano qui est une œuvre arborant un thème populaire, avec un accompagnement assez simple mais efficace (un peu alla Bartok). C'est court (1min30) simple et répétitif.
Le Gros défaut des oeuvres que j'ai pu entendre : le discours semble se répéter à la fin et peut finir par lasser...
Je parlerai des oeuvres évoquées un peu plus tard.