[jazz] Miles Davis

Je suis surpris de ne voir aucun sujet sur l'un des monuments du jazz qu'est Miles Davis, d'autant plus que celui-ci s'est attelé à des réarrangements de thèmes classiques avec son pote Gil Evans (cf l'album "Sketches of Spain"). A ce propos, il y aurait certainement beaucoup à dire également sur les rencontres amoureuses entre jazz et classique. Je pense notamment à Gulda que beaucoup d'entre vous doivent connaître mais également à de nombreuses vocalistes telle Barbara Hendricks qui réalisé un très beau "Tribute to Duke Ellington" enregistré au célèbre festival de jazz de Montreux.

En fait, la question sous-jacente consiste à se demander si le jazz ne fait pas partie du patrimoine classique, tel Wynton Marsalis qui milite activement à ce sujet au sein du Lincoln Center Jazz Orchestra. Gershwin est-il un compositeur classique ou jazz ? Les 2 mon capitaine. Et Debussy, n'a-t-il pas écrit de nombreuses pièces aux accents jazziques ? Nous pourrions aussi citer Chostakovitch et beaucoup d'autres.

Cet échange, ce partage peuvent aussi se rencontrer dans l'autre sens tel Miles Davis que j'évoquais au début ou encore Jacques Loussier qui en a même fait sa marque de fabrique (cf enregistrements Play Bach 1 et 2). Coté jazz vocal, j'apprécie les arrangements de Bach réalisés par les Swingle Singers. A ce propos, je trouve que Bach se prête très bien au jeu, il y a une réelle musicalité jazz dans son écriture, ne serait-ce que par la scansion qui la caractèrise.

Au fil de mon message, je me rends compte que le sujet serait plutôt interactions entre jazz et classique. Peut-être me faut il lancer un autre post. A vous de me le dire, cela fait bien longtemps que je n'ai plus posté ici par manque de temps.

Classica a écrit:

Au fil de mon message, je me rends compte que le sujet serait plutôt interactions entre jazz et classique. Peut-être me faut il lancer un autre post.

Effectivement, ça serait très intéressant. Je vote pour !

La question de savoir "qui influence qui" au fil du XXe siècle est par exemple particulièrement riche et épineuse.

Concernant tes propos sur Bach, on va faire comme si on n'avait rien entendu...

Revenons à notre sujet de départ : Miles Davis. Le son de sa trompette est tout de suite reconnaissable comme celui de certains trompettistes classiques. Parmi les albums à écouter de toute urgence, il y a l'essentiel "Kind of blue" qui nous offre aussi le plaisir d'entendre John Coltrane avant qu'il ne s'envole vers d'autres horizons, ces horizons qu'il commence à visiter dans ses solos du concert à l'Olympia en 1960 (plus ou moins appréciés par les spectateurs de l'époque d'ailleurs, cf les applaudissements inégaux du concert). Ca aussi c'est la force de Miles, savoir prendre le temps d'écouter et maîtriser l'art du silence. D'où une autre question essentielle à mon sens tant en classique qu'en jazz : de l'importance du silence dans la musique.

Tout musicien s'enrichit au contact des autres musiques. Miles est de ceux-la qui jusqu'au bout a essayé de mélanger les styles. Ecoutez l'album "On the corner", n'est-il pas révolutionnaire par la fusion qu'il opère entre jazz, rythmes africains et musique funky ? Ou plus récemment "Doo Bop", qui augurait d'une nouvelle percée stylistique. De même certains albums des années 70 ont défriché le terrain du mix entre jazz et rock, on peut d'ailleurs se demander si ces albums ont bien leur place dans le registre jazz des bacs des disquaires.

jerome a écrit:

Concernant tes propos sur Bach, on va faire comme si on n'avait rien entendu...[/size]

Pourquoi faire comme si on n'avait rien entendu au sujet de mes propos sur Bach ? Je persiste et signe. J'adore Bach et je trouve que sa musique se prête assez bien au jeu, peut être est-ce du au caractère très mathématique de son écriture. Ce qui est curieux chez Bach, c'est que malgré ce caractère mathématique affirmé, aux dires de nombreux spécialistes et musicologues, il n'en conserve pas moins une authenticité et une richesse émotionnelle rare. Après, choisir entre les versions originelles (classiques) ou arrangées (jazz) est un autre débat. Je trouve que les 2 ont leur mot à dire et se complètent.

jerome a écrit:

Classica a écrit:

Au fil de mon message, je me rends compte que le sujet serait plutôt interactions entre jazz et classique. Peut-être me faut il lancer un autre post.

Effectivement, ça serait très intéressant. Je vote pour !

La question de savoir "qui influence qui" au fil du XXe siècle est par exemple particulièrement riche et épineuse.

Concernant tes propos sur Bach, on va faire comme si on n'avait rien entendu...

Entendu, je crée le sujet.

C'est vrai que l'absence de sujet sur Miles Davis était criante.

Alors, oui, bien sûr Kind of Blue est indispensable même s'il s'agit d'une forme de jazz assez particulière. J'aime aussi beaucoup E.S.P. avec son deuxième quintette qui prolonge un peu cette esthétique modale mais avec un son plus moderne, pas si loin d'un proto-funk, je trouve. Et puis, Porgy and Bess avec les arrangements très expressifs de Gil Evans.

Côté live, je suis fan depuis très longtemps de My Funny Valentine. Cinq standard usés jusqu'à la corde mais transfigurés ici au point de prendre un nouvelle vie. J'ai aussi quelque part un étonnant concert avec Thelonious Monk où l'entente entre les deux ne semble pas être au beau fixe: je me souviens d'un long moment de silence lorsque le pianiste refuse obstinément de prendre son solo, silence interrompu par une exclamation de la trompette de Miles qui indique clairement ce qu'il pense de cette attitude.

Chez Miles, les arrangements de Porgy and Bess sont effectivement de toute beauté. A vrai dire, la paire Davis-Evans a fait des merveilles. Je pense aussi à un autre enregistrement mythique : le fameux live at carnegie hall. A quoi l'on pourrait ajouter l'inoubliable "Sketches of Spain" et le superbe "Miles Ahead" ou encore "Quiet nights". La période Coltrane est aussi de très belle facture : li faut absolument écouter les enregistrements de "Someday my prince Will come" ou encore "Round Midnight" . Je me souviens de l'entrée en matière de "Someday", toute en finesse, contrebasse, batterie, piano puis la trompette comme suspendue du grand Miles et les réponses de Trane.

Concernant l'époque "ESP", c'est une très belle formation qui réunit autour du maestro Tony Williams, Herbie Hancock, Ron Carter, Wayne Shorter, la plupart ayant d'ailleurs réussi par la suite de très belles carrières solo. Ce qui est curieux chez Miles c'est cette capacité à se remettre en piste, à se remettre en cause, à évoluer. Il constitue d'ailleurs l'un des rares jazzmen à avoir acquis le statut de pop-star.

En complément, j'ajouterai que coté Porgy and Bess version jazz, la version de Mederic Collignon renouvelle bien le genre.

BITCHES BREW!
IN A SILENT WAY!
ON THE CORNER!
AT FILLMORE!
DARK MAGUS!

Je ne me lasse pas du Miles électrique (69-75). Sauvage, sensuel, minimaliste, psyché.....de la très grande musique, indémodable!
(et trop méconnue. Dire qu'à l'époque ça se vendait comme des petits pains... )

et Jack Johnson, alors !

Louison a écrit:

BITCHES BREW!
IN A SILENT WAY!
ON THE CORNER!
AT FILLMORE!
DARK MAGUS!

Je ne me lasse pas du Miles électrique (69-75).

Avec Bitches brew,j'ai plus de mal. "In a silent way" et "On the Corner" sont 2 petits bijoux.
Quant au tribute to J.Johnson, il vaut le détour. Je vous conseille le coffret collector qui regorge d'alternate takes sympa

http://www.allgorythm.com/catalog/product_thumb.php?img=images/Image%201.png&w=150&h=134

En parlant de la période électrique de Miles Davis, il y a aujourd"hui des musiciens français comme Marc Ducret qui renouvellent le genre "jazz-rock" avec beaucoup de bonheur : du groove, de l'imagination, de la liberté, de l'humour, et ça balance fermement. Je conseille ce disque à tous. Enorme.

D'autres pistes du même genre à conseiller ?

Tiens, j'avais écrit ça… c'est complètement HS…


Bon, reprenons :

Le disque de Miles électrique le plus "classique" : AURA. Composé sur une harmonie basée sur des notes-couleurs correspondantes au nom du trompettiste lui même : le thème fait : "M" "I" "L" "E" "S" "D" "A" "V"" I" "S"… c'est beau hein ? arf!

Bon, c'est tiré par les cheveux mais parfois, ça sonne ! Un disque avec du mauvais, du bien, voir du très bien (le thème syncopé "blue" ou "violet" je ne sais plus, très planant).

A écouter tout de même.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Aura_(album)

phAx a écrit:

D'autres pistes du même genre à conseiller ?

Médéric Collignon a repris Porgy and Bess. A voir avec son quartet Jus De Bocse, hommage à Miles, c'est vraiment grand.

phAx a écrit:

Tiens, j'avais écrit ça… c'est complètement HS…

Bon, reprenons :

Le disque de Miles électrique le plus "classique" : AURA. Composé sur une harmonie basée sur des notes-couleurs correspondantes au nom du trompettiste lui même : le thème fait : "M" "I" "L" "E" "S" "D" "A" "V"" I" "S"… c'est beau hein ? arf!

Bon, c'est tiré par les cheveux mais parfois, ça sonne ! Un disque avec du mauvais, du bien, voir du très bien (le thème syncopé "blue" ou "violet" je ne sais plus, très planant).

A écouter tout de même.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Aura_(album)

Oui, je me souviens de ce disque. Toutefois, cela ressemble plus à une pseudo arnaque commerciale car le projet est un projet du trompettiste Palle Mikkelborg ou un truc dans le genre. Idée originale mais l'album ne restera pas dans les annales.

BenBen a écrit:

phAx a écrit:

D'autres pistes du même genre à conseiller ?

Médéric Collignon a repris Porgy and Bess. A voir avec son quartet Jus De Bocse, hommage à Miles, c'est vraiment grand.

D'accord avec toi. Je continue à écouter régulièrement ce disque d'ailleurs. Mederic et sa trompinette, ça déménage.

Y a une exposition sur lui en ce moment à la Cité de la Musique.

Vient de sortir:

The Complete Columbia Album Collection (Coffret 70 CD + 1DVD)



http://www.amazon.fr/Complete-Columbia-Album-Collection-Coffret/dp/B002EOF7U8/


Qu'en pensent les spécialistes ?

Apparemment ce ne sont que les albums originaux, donc on ne devrait pas retrouver dans ce coffret les précieux bonus/alternative tracks et autres sessions complètes, déjà édités en de luxueux coffrets...
Est-ce un problème ?

Bah, si on a des sous, c'est magnifique. Je pense que tous les coffrets édités depuis des années sont passionnants pour les connaisseurs, mais pas forcément pour le grand public. Là, ce sont les grands albums, bien remasterisés, packagés, de la belle ouvrage comme on dit.

Il a fait 70 albums chez Columbia ? :shock
Ou il y a des alternate, des live, etc...

adriaticoboy a écrit:

Apparemment ce ne sont que les albums originaux, donc on ne devrait pas retrouver dans ce coffret les précieux bonus/alternative tracks et autres sessions complètes, déjà édités en de luxueux coffrets...
Est-ce un problème ?

Je ne pense pas mais ça dépend de ce qui n'a pas été inclu. Si ce sont des alternate takes personnellement, je m'en fous. Ca ne m'a jamais passionné de réentendre le même morceau sur le même album. Si ce sont des bonus alors, oui, il se peut qu'on y perde des trucs chouettes.

Mais globalement, si ça t'intéresse, vas-y car il y a quand même quelques-uns des plus grands albums de l'histoire du jazz là-dedans.

Cet enregistrement de deux deux soirées à Chicago en décembre 1965 est un monument. Pas facile à écouter, 8 CD quand même. Et une équipe en parfaite fusion, sans heurt, sans violence, c'est rare avec Miles d'après mes quelques écoutes.

Miles Davis
Wayne Shorter - sax tenor
Herbie Hancock - piano
Ron Carter - bass
Tony Williams - drums

natrav a écrit:

Cet enregistrement, pas facile à écouter

Pas facile à acheter surtout ! ça fait un moment que je l'ai dans ma liste d'attente et que je guette un bon plan, mais il reste hors de prix ce coffret. Comme son intégrale à montreux d'ailleurs.
Aujourd'hui, j'ai fini le coffret deluxe de kind of Blue. Un vrai régal pour aller au coeur de l'album, de sa création, de l'univers de l'époque... J'avais déjà lu que bill evans était pétri de classique, adorait rachmaninov notamment, mais là ils soulignaient l'influence de ravel et debussy sur lui, sur son approche dans blue in green par exemple. Le DVD bonus comporte également l'émission TV de 59 The sound of Miles Davis où il joue live avec l'orchestre de gil evans. A la croisée des chemins entre Kind of Blue et Miles Ahead. Superbe document d'époque.

Frère Elustaphe a écrit:

Y a une exposition sur lui en ce moment à la Cité de la Musique.

Cette expo, j'y ai passé 3h30 à l'intérieur (le minimum qu'il faut pour faire une expo de fond en comble ), mais en ressortant, j'ai été un peu contrarié de constater : "je n'ai pas appris grand chose que je ne savais déjà". Quelques video sympa, des photos, des objets perso... mais c'était quasi exclusivement centré sur miles le musicien, j'aurais aimé un peu plus de choses sur miles l'homme...

Oui, une rareté de luxe le Plugged Nickel ! Et une ambiance de folie. J'ai eu de la chance de tomber dessus.
Oui, j'avais lu que Debussy et Ravel avaient participé à l'album avec l'aide de Bill Evans qui avait eu une formation classique.

Donc Bitches Brew


Disque mythique s'il en est, qui attire immanquablement les dithyrambes les plus enfiévrées.

Ben je dois dire que je ne partage pas totalement cet enthousiasme(il va de soit que je ne nie en rien l'importance historique de ce disque dans la naissance du courant Jazz-Rock, genre qui m'est très cher ).

Mes griefs se concentrent surtout autour du 1er disque.
Pharoah's Dance et Bitches Brew trainent trop en longueur à mon goût(surtout le 2ème)...je sens un certain manque de substance thématique apte à nourrir des pièces d'une telle etendue, à l'image d'un Miles n'en finissant pas de jouer avec son Echoplex tout au long de ce Bitches Brew.
Bien sûr,esthetiquement les climats crées sont tres prégnants dans leur inquietante etrangeté, il n'empêche...je sens des baisses d'inspiration de ci de la.

Le 2ème disque m'enthousiasme plus à l'image d'un Spanish Key surpuissant de tension rythmique...une vraie transe vaudou.Et bon dieu que ça groove!!!!

J'imagine que le morceau "John Mac Laughlin" se passe de commentaire:sa vacuité ne fait pas honneur à son dedicataire adepte notoire du trop-plein.

Miles Runs The Vodoo Down est d'une tout autre trempe: sur un tempo retenu et funky, Miles irradie littéralement de lyrisme.Une merveille.

Sanctuary conclut le disque dans une atmosphére mystérieuse, meditative et recueillie.

Bref, à l'image de beaucoup de double-albums, le disque aurait gagné à voir la quintessence de son materiau musical reuni dans un seul disque.
(mais j'imagine que ça va contester ).

Ca ne conteste pas du tout, c'est exactement ce que je pense.

Sinon que globalement, ça a quand même vieilli. Chose que je en ressens pas du tout avec un album comme In a Silent Way, par exemple.

Je partage exactement le même sentiment.
In a Silent Way est un inaltérable joyau.

Quel génie, ce Miles.

Je suis totalement d' accord avec vous pour Silent Way. En revanche, j' ai un avis moins sévère que le votre pour ce qui est de Bitches Brew. Il est très bien comme il est et puis c' est tout !


Je suis passé à:

Je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi Arnaud. Pour moi, Bitches Brew est un tout indissociable et cosmique. Le premier disque est particulièrement inspiré justement, je crois que je le préfère au second. Certes, Miles ne joue pas vraiment la carte de la richesse thématique mais l'intérêt de l'album ne me semble pas insister là-dessus : c'est un chef-d'œuvre de transe et de magie de studio. Le mix et les effets sont d'une richesse incroyable et l'utilisation du montage, des delays et de la stéréo dépasse largement le gadget. Teo Macero fait partie de ces producteurs de génie qui élèvent leur rang au statut de créateur à part entière, de directeur artistique.

Et j'irai même jusqu'à considérer Bitches Brew comme un gigantesque quadruple album, parce que je l'ai découvert - et c'est dans ce format que je l'écoute depuis - via la réédition des Complete Sessions. La réussite totale de ce virage esthétique est d'autant plus frappante, il y a les formidables expérimentations indiennes en plus, cette ambiance sensuelle, étrange, moite presque qui transpire. Et le son, encore une fois, y est d'une beauté époustouflante, au-dessus de quasiment toutes les productions psychédéliques de l'époque. En cela, Bitches Brew est bien plus universel que beaucoup de disques rock de l'époque - et je suis pourtant fan de rock psychédélique.

Bien sûr, on peut toujours faire la fine bouche en disant qu'il y a toujours des moments plus inspirés que d'autres (John McLaughlin, le morceau, n'était sûrement pas indispensable), mais de la part de quelqu'un qui considère Tarkus comme un chef-d'œuvre, malgré les gros ratés honteux de la face b, je crie au scandale, à la posture !

J' acquiescerais plutôt dans ce sens. Merci Duck Feeling de trouver les mots lorsqu' ils me font défaut !


Mais j' aime bien Tarkus, pour ma part !

Hein ? a écrit:

Je suis totalement d' accord avec vous pour Silent Way. En revanche, j' ai un avis moins sévère que le votre pour ce qui est de Bitches Brew. Il est très bien comme il est et puis c' est tout !


Je suis passé à:

Il est super ce disque!
Dans mon souvenir Corea y fait des merveilles avec son Rhodes dopé a l'Echoplex!!!

@Duck Feeling:Oui, je sais bien qu'on a pas les mêmes attentes et connaissant tes goûts, j'imagine que cette premiere face te met en transe.
Mais bon tant que tu reconnais que John mcLaughlin n'est pas un ineffable chef d'oeuvre(le morceau, pas le guitariste bien sûr ) tout est pour le mieux.

Petite precision:lorsque je parle de chef d'oeuvre pour Tarkus, je parle bien evidemment de la suite eponyme, pas du reste (..la ridicule ritournelle de saloon "Jeremy Bender", je t'en fais cadeau )

arnaud bellemontagne a écrit:

Donc Bitches Brew

Je découvre cet album. Premier CD seulement cette nuit, on verra la suite demain.
Pharaoh' Dance et Bitches Brew Je suis vraiment saisis par cette musique de transe, l'heure peut-être tardive ? C'est simple mais très raffiné. Assez difficile de décrocher quand ça s'interrompt; J'adore l'écho, les timbres acidulés et gras à la fois, cette fausse froideur.

Tu ne connaissais pas Bitches Brew?
C'est une blague?

Pas du tout, j'ai du mal avec Miles Davis. J'écoute depuis peu en fait. Le timbre de sa trompette me heurte. Dégoûté une première fois il y a 15 ans par la BO de L'Ascenseur pour l'échafaud" Carrément douloureux physiquement.

J'ai redécouvert ici en fait sur les conseils d'Emmanuel et Jérôme des trucs plus doux, ça passe mieux aujourd'hui. La révélation a été de plonger dans The complete Live at The Plugged Nickel. Suis un peu moins suspicieux à la découverte de ses albums désormais.

Ah oui, de merveilleuses decouvertes en perspective!

N'hesite pas a demander si t'as besoin de conseils(la production du bonhomme epouse les contours de la quasi-totalité des idiomes du jazz moderne).

Je le considére personnellement comme un des plus grands artistes de la seconde moitié du XXème siècle.

Miles Davis:Live-Evil(1970)



Comment pourrait on appeler cela? du Funk Psychedelique?

Intense.
Mais je ne suis pas satisfait à 100%, les morceaux reposent souvent sur des trames elementaires un peu trop itératives...je pense à What I Say par exemple...je ne sais pas moi c'est pas interdit d'ecrire des interludes, de composer des transitions...bref de rendre le tout un peu plus contrasté,consistant et narratif qu'une simple jam que l'on fait tourner pendant des heures.

Bref, je vais encore me faire taper dessus.

Disons que ça me semble être un peu logique que ce soit abrupte du fait qu'il s'agisse d'un live. J'ai vu plein de vidéos de l'époque et j'étais, au contraire, très impressionné par le fait que les musiciens jouent comme un seul homme par blocs de transe : ils envoient les thèmes ensemble, quelques solos, et là-dessus, Miles fait le chef-d'orchestre par des gestes de la main en stoppant net le groupe pour le faire repartir.

Donc effectivement dans l'absolu, il y a peu de transitions, mais je dirais que c'est vraiment la version brute et sauvage de la musique de Miles Davis. Le but ou l'objet de sa démarche ne consiste pas vraiment à soigner les interludes et les transitions. Et, personnellement, ça me plaît parce que la musique qui en résulte est très directe et instinctive, très éloignée des montages et des structures plus sophistiquées des albums. Pour moi, l'intensité de la musique et de l'interprétation des albums lives vient aussi du fait qu'elle soit totalement épurée et squelettique.

Je suis tout à fait d'accord avec Duke Feeling : cette musique s'écoute comme un moteur de Ferrari (je ne m'interesse pas du tout aux voitures…) : quelle machine !



Je ne connais pas Fillmore West (pas taper... ) et celui là est une tuerie sans nom. Les musiciens sont complètement furieux là dessus... A côté le black post thrash prog métal-core fait figure de musique pour nouveaux nés... (j'essaye de m'y mettre tout n'est peut-être pas perdu…)

Lequel est le meilleur ?

Il faut que je me précipite sur l'autre c'est ça ?

Intéressant ça, je ne connais pas (encore !) ce live !

Pour ceux qui ne connaissent pas Médéric Collignon (oui, j'insiste), grand hértier de Miles, sachez qu'il vient de remporter sa 2° victoire du jazz...
La vidéo de sa superbe prestation (et surtout laissez jusqu'au bout) se trouve ici : http://www.pluzz.fr/les-victoires-du-jazz-a-juan-2010-07-20.html

Sa prestation est à 1h09mn30s

Beaucoup de belles choses à écouter pendant cette soirée.

BenBen a écrit:

Pour ceux qui ne connaissent pas Médéric Collignon (oui, j'insiste), grand hértier de Miles, sachez qu'il vient de remporter sa 2° victoire du jazz...

J'ai vanté ici les mérites et les disques-hommage à Miles de ce très grand jazzman français. Il a de plus des qualités humaines qui dénotent dans un milieu parfois sans concessions…

S'il ne fallait garder qu'un disque de la période électrique le mien serait celui là :

In a Silent Way pour moi.


Le théme-titre de Zawinul...

Un peu trop calme pour moi, même s'il est magnifique. Je l'ai revendu il y a 15 ans… Je le regrette quand même… J'avais aussi revendu Jack Johnson… J'aimais surtout le 2nd quintet acoustique ! Et le jazz-funk débridé qu'il a produit à partir de Live Evil… ! Enorme !

Et s'il ne fallait garder qu'un disque de son 2nd quintet ?



L'hyper-tendu Miles Smiles ?

C'est plus dur… me passer de Nefertiti ou d'ESP… oui, dur !

Très heureux de trouver ce fil dans un forum consacré à la musique classique...

J'ai en mémoire la réaction d'un jeune beur il y a deux ou trois ans qui disait, à l'occasion de le fête de la musique, que pour lui le classique et le jazz c'est pareil, tout aussi soporifique! je lui laisse bien entendu la responsabilité de ses propos, mais quelque part je trouve aussi qu'il y a complémentarité.

Je vais aller voir le nouveau fil sur la convergence, c'était un des dadas de John Lewis, qui s'est essayé à jouer le clavier bien tempéré, comme Keith Jarrett je crois. Ce qui n'en fait pas forcément de bonnes versions, mais enfin c'est méritoire.
Benny Goodman n'était pas le dernier non plus à jouer du Mozart, et plutôt pas mal.

Sûr que Birth of cool est un grand classique, j'y mettrais aussi la musique de "Ascenseur pour l'échafaud" qui me donne des frissons. On est très loin ici de la caricature du noir inculte et naïf, Miles Davis savait

Suite du message...
Miles savait exactement ce qu'il voulait, et aussi ce qu'il valait d'ailleurs, et c'est très bien comme ça.

phAx a écrit:

Un peu trop calme pour moi, même s'il est magnifique. Je l'ai revendu il y a 15 ans… Je le regrette quand même… J'avais aussi revendu Jack Johnson… J'aimais surtout le 2nd quintet acoustique ! Et le jazz-funk débridé qu'il a produit à partir de Live Evil… ! Enorme !

Et s'il ne fallait garder qu'un disque de son 2nd quintet ?



L'hyper-tendu Miles Smiles ?

C'est plus dur… me passer de Nefertiti ou d'ESP… oui, dur !

T'as revendu In a Silent Way et Jack Johnson? Ben c'est du joli!!!


Concernant le second quintet, je serais comme toi tenté de choisir ce magnifique Miles Smiles(le vaporeux Circle, la funky Freedom Jazz Dance, le fabuleux et legendaire Footprints...), mais il y a Sorcerer qui me fait de l'oeil(Masqualero, Prince of Darkness, Vonetta...) sans parler des deux exceptionnelles perles pré-electriques que sont Filles de Kilimandjaro et Miles In The Sky(2 chefs d'oeuvre absolus!!!!... les constantes accelerations/decelerations de Tony Williams dans le morceau Black Comedy ).Impossible de faire un choix en fait!!!

Je crois que celui qui me pose le plus de problème d'assimilation est ESP, je le trouve assez austère pour tout dire.


@Droopyvert:il y a un topic consacré au Third Stream, ta contribution est la bienvenue!

J'ai le Clavier bien tempéré par Keith Jarret, c'est loin d'être ridicule. Je crois même que c'est le disque où je le préfère ^^

Alors là c'est une position originale ! Je trouve qu'il joue les notes, point. Pour ce répertoire, à ce point, c'est quand même limite je trouve. Mais bon pourquoi pas, transformer ce chef-d'oeuvre en musique d'ascenseur, il fallit le faire.
Et je suis un fan de Jarrett... Dans sa musique.

Sinon, tu as posté vraiment HS du coup, et moi j'aggrave notre cas !

Justement j'ai beaucoup de mal avec sa musique. Et je trouve que jouer le Clavier de manière aussi sobre, c'est pas plus mal, les lignes et le contrepoint apparaissent encore mieux.

Ben pour moi ça reste surtout le concert de Cologne, en 75, j'étais comme pas mal de monde je suppose hypnotisé par ce disque, surtout la 1ère face, après c'est un peu monotone, mais ce n'est peut-être pas ce qu'il a fait de mieux...
Marrant, en jetant un coup d'oeil sur la disco, je vois qu'il a enregistré plein de fois avec Miles Davis.