Festivals de l'été 2009

Le principe, c'est une joyeuse camaraderie où des interprètes aux moyens immenses (enfin, j'ai au moins une exception en tête, mais je ne veux pas être désagréable ), se rassemblent pour déchiffrer devant un public, une sorte de mégaschubertiade.

C'est assez sympa comme concept ; après, si on le vend au public comme un festival d'excellence, c'est peut-être un peu de tromperie sur la marchandise. Quels sont les prix, déjà ?

Cela dit, je n'ai jamais vu que le résultat soit indigne, très loin de là. On sent juste qu'avec un peu de temps ça aurait pu être mieux que très bon ou excellent. Pas un scandale non plus.

Autant je suis parfaitement d'accord avec toi concernant les pièces à 4 pianos, autant les concertos pour piano ne sont pas ce qu'il y a de plus adapté à une schubertiade...

Entendre le chef d'orchestre brailler comme en répétition, merci bien! Et vu la rénommée du festival et les musiciens qui s'y représentent, j'imagine que les places ne doit pas être gratuites, loin de là...

Un scandale, non, mais ça ne fait pas sérieux.

DavidLeMarrec a écrit:

j'ai au moins une exception en tête, mais je ne veux pas être désagréable

C'est qui ? c'est qui ? Encore le pauvre Kissin qui va faire les frais des foudres de l'infââââme ?

Wolfgang a écrit:

Autant je suis parfaitement d'accord avec toi concernant les pièces à 4 pianos, autant les concertos pour piano ne sont pas ce qu'il y a de plus adapté à une schubertiade...

Entendre le chef d'orchestre brailler comme en répétition, merci bien! Et vu la rénommée du festival et les musiciens qui s'y représentent, j'imagine que les places ne doit pas être gratuites, loin de là...

Un scandale, non, mais ça ne fait pas sérieux.

Mais c'est normal que ça ne soit pas sérieux, c'est aussi ce qui fait partie du charme du festival...

Morloch a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

j'ai au moins une exception en tête, mais je ne veux pas être désagréable

C'est qui ? c'est qui ? Encore le pauvre Kissin qui va faire les frais des foudres de l'infââââme ?

Non, pas du tout - j'ai des doutes sur les capacités de déchiffrage de Kissin (mais il joue peut-être les Variations de Schönberg en réduction piano lorsqu'il rentre à la maison...), mais c'est clairement un grand technicien.

C'est d'autant moins charitable qu'il s'agit de quelqu'un qui fait carrière malgré de très lourds problèmes de santé (et peut-être aussi un majestueux poil dans la main si j'en juge par sa dernière prestation verbiesque...). Dans ce cas toutefois, le déchiffrage sur scène n'est pas franchement une réussite...

Ne retenir de la Turangalila que son gigantisme (qui plus est de façon négative), c'est comme ne retenir de Wagner, Strauss ou Mahler que leur orchestre imposant. Dans le répertoire symphonique c'est ma 2° ou 3° oeuvre préférée

Oui, tu as certainement raison. Mais pour moi, chez Wagner, Strauss et Mahler, il se passe plein de choses musicales en dépit du gigantisme.

Et j'aime beaucoup le piano de Messiaen, et d'autres ouevres orchestrales comme des Canyons aux étoiles, que les amateurs de Messiaen du forum semblent trouver trop contemplatives.

Mais cette Turangalila, beuuuh, faut vraiment que je m'adapte au bruit et à tous ces effets que je trouve datés. Je ferai un autre essai (et j'irai aussi jeter un oeil sur ce qui s'est dir sur le fil en général, je ne m'en souviens plus).

Morloch a écrit:

Et j'aime beaucoup le piano de Messiaen, et d'autres ouevres orchestrales comme des Canyons aux étoiles, que les amateurs de Messiaen du forum semblent trouver trop contemplatives.

Contemplatives non... mais hétérogènes disons, entre les passages inspirés, les passages vides, les passages zoziaux...

Il faut être clair aussi : les ondes Martenot, ce devrait être interdit.

DavidLeMarrec a écrit:

Il faut être clair aussi : les ondes Martenot, ce devrait être interdit.

Sauf quand c'est Messiaen qui compose, là ça devient génial.

Cololi a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Il faut être clair aussi : les ondes Martenot, ce devrait être interdit.

Sauf quand c'est Messiaen qui compose, là ça devient génial.

Ou Koechlin ou Jolivet ou Landowski.
C'est un très joli instrument les Ondes Martenot, voyons !

oui et l' immortel concerto "alla francese" de Jacques Charpentier ...

Je regarde le concert de Yuja Wang sur Medici.TV!!

Je comprends les commentaires dithyrambiques de certains!!!!

Quelle fluidité dans le jeu!!! Pas un accroc; cela semble couler de source!!!

Avec ça, de la poésie, des variations de toucher, de couleur!!! Magnifique!!!

Pour la première fois, Scarlatti ne m'ennuie pas!!!!

Et sa sonate de Chopin: magique!!!

Quelle belle découverte (Morloch m'avait déjà ouvert les oreilles avec cette pianiste, elle semble confirmer)!!

Euh, par contre, comment elle voit les touches? On ne voit pas ses yeux!!!!

DavidLeMarrec a écrit:

Le 4, ça m'étonnerait fort ; non, c'est qu'il n'y a pas de répétitions je pense. Masur est pourtant capable de faire sonner un orchestre en une ou deux répétitions, de lui transmettre en quelques instants ses conceptions générales et précises... c'est un peu en ça aussi que consiste le métier de chef international. Et à Verbier, c'est manifestement le sport local, l'improvisation interprétative degens doués.

J'exagère peut-être en parlant de ça, je ne sais pas comment ça se passe ailleurs. C'est juste que j'ai très souvent des grosses frayeurs en entendant les répétitions.....

La symphonie alpestre de Strauss au concert d'ouverture était super (c'est facile pour moi de dire ça vu que j'écoute quasiment jamais d'orchestre).
Je sais pas ce qui est passé par la tête de Kurt Masur pour le concerto de Mendelssohn...

Wolfgang a écrit:

A cause de l'entracte, je m'étais trop éloigné ce qui fait que j'ai raté toute la sonate de Chopin, je suis arrivé au moment de la marche funèbre, qui était très bien exécuté, sacré crescendo au moment du retour du premier thème!

C'est un détail, mais rythmiquement il y a un problème, elle met pas assez de poids sur la double croche, ça donne un côté léger, enfin je sais pas, ça m'a frustrée.

Wolfgang a écrit:

Il y a une absence de risque totale dans le programme de Kissin, Roméo et Juliette de Prokofiev, Etudes et Concerto No.2 de Chopin, c'est incroyable ça .

Mouais, ça le regarde si il a envie de jouer des trucs hyper connus non? Le problème c'est surtout que le son était à la fois faiblard et dur, le phrasé inexistant, la palette sonore réduite à son stricte minimum, du Kissin en toute petite forme quoi.

Morloch a écrit:

Le retour de petit bouchon

Oui

J'ai aussi fini par écouter le concert Yuja Wang, et je n'ai pas le même ressenti que ce qui est dit.

Les sonates de Scarlatti sont bien jouées, mais c'est de l'échauffement digital. Le morceau de résistance du concert ce sont les impromptus de Shchedrin : même joué avec la partition, c'est hallucinant. D'abord parce que l'oeuvre elle-même est magnifique, et ensuite parce qu'elle est jouée avec une maîtrise incroyable et un véritable engagement. Il y a tout. Son truc c'est le 20ème siècle à cette pianiste, et elle confirme avec la suite Petrouchka de Stravinsky. Mais même si le reste est plus anecdotique, c'est tout aussi génial, cette sonate de Chopin sans pathos lourdingue et les variations de Brahms avec un discours construit.

Demain débute le festival de Lucerne!

Le concert inaugural, retransmis sur la Radio Suisse Romande-Espace 2, à 1930, propose le concerto pour piano n° 3 de Prokofiev et la 1ère Symphonie de Mahler par Yuja Wang, au piano et Claudio Abbado à la direction d'orchestre.

En tout, plus de 100 concerts avec pléthore de chefs et orchestre prestigieux!

A noter que le second concert de Claudio Abbado, avec au programme les Rückert-Lieder et la 4ème symphonie de Mahler (soliste:Magdalena Kozena), sera diffusé en différé sur Arte le dimanche 30 août à 19h00.

De beaux concerts en perspective!

Étant de passage dans le sud, je serai normalement à La Roque d'Anthéron, avec ma mère et ma Sophie, pour la nuit du piano de mardi soir avec l'intégrale des sonates pour violon et piano de Beethoven par Renaud Capuçon et Frank (dit "mon chouchou") Braley. Je songe également, dans le cadre du même festival, à aller à Lourmarin le lendemain, en solitaire cette fois, écouter l'intégrale du Catalogue d'oiseaux de Messiaen interprété par Momo Kodama. Mais je ne connais pas cette pianiste: quelqu'un peut-il m'éclairer?

Et accessoirement, y aura-t-il par hasard des membres du forum présents à l'un et/ou l'autre de ces deux concerts?

Octavian a écrit:

Je songe également, dans le cadre du même festival, à aller à Lourmarin le lendemain, en solitaire cette fois, écouter l'intégrale du Catalogue d'oiseaux de Messiaen interprété par Momo Kodama. Mais je ne connais pas cette pianiste: quelqu'un peut-il m'éclairer?

Je ne connais pas du tout.
Mais honnêtement, je pense que quand on joue ça en concert, c'est qu'on est prêt et qu'on sait ce qu'on fait.
Maintenant, il faut avoir envie d'écouter l'intégrale d'une traite...

Bon, je renonce à Messiaen pour raisons essentiellement logistiques... Pour info tout de même Momo Kodama a enregistré les 20 Regards (je me souviens maintenant avoir croisé ce disque) et s'apprête à enregistrer l'intégrale du Catalogue.

En revanche, hier soir, j'y étais! Un des plus beau concerts qu'il m'ait été donné d'entendre à La Roque depuis des années que j'y vais!

Renaud Capuçon et Frank Braley égaux à eux-même: c'est du très très grand. C'est ensemble (avec le frère Gautier) que je les avais découvert il y a deux étés de ça - je connaissais les Capuçon's bros de réputation mais absolument pas Braley qui m'avait alors sidéré... Ces trois là se fréquentent de longue date, avec plusieurs enregistrements en commun à leur actif (Ravel, Schubert, Saint-Saëns). On ne change pas une équipe qui gagne. Sur scène l'alchimie fonctionne, fusion harmonieuse entre les deux tempéraments, Capuçon plus "strict", Braley plus "poétique".

Interprétation fabuleuse donc pour un cycle d'œuvres jouées dans la continuité de leur composition, s'éclairant l'une l'autre au fil de l'évolution du compositeur, chef-d'œuvre après chef-d'œuvre. 18h: ouverture des amicalités avec les trois premières sonates op.12, suivies de la 4e. Une musique qui sonne souvent encore très "classique", XVIIIe, mais laisse déjà apercevoir dans certains mouvements des apparitions de ce qui sera le style de la maturité (car déjà Beethoven perçait sous Ludwig van). 21h, après une heure de pause-repas, nouvelle séquence, des volutes sans fin de la Sonate n°5 "Le Printemps" au final implacable de la 7e, avec entre les deux l'apparition de traits de modernité étonnants. 22h45: après un petit entr'acte, c'est le dernier virage, la 8e comme une montée vers le Monument, la désarçonnante Sonate à Kreutzer. Et la 10e pour terminer en douceur, redescendre dans la nuit...

Hier soir les conditions météo étaient idéales dans le parc du château de Florans, pourtant les roulements de tonnerres d'applaudissements étaient impressionnant. Quant à moi qui me plaignais de la brièveté du concert de Braley l'an dernier, au terme de cette Nuit de piano de six heures, j'en aurais volontiers repris pour encore deux ou trois...

Pourquoi ça s'appelle Nuit du piano alors qu'ils jouent les sonates pour violon de Beethoven?

Sonate pour { violon ET piano }. Ça se joue à deux, dont un piano.

A La Roque, les "Nuits du piano" sont le nom donnés aux soirées reposant sur une succession de trois concerts (pour le prix d'un). Dans l'immense majorité des cas c'est du piano solo (il y a quelques années j'avais assisté comme ça à l'intégrale des Années de pèlerinage de Liszt, par exemple), mais ça peut être aussi concertant, ou de la musique de chambre, comme ici.

Ce que j'aimerais qu'on m'explique, c'est pourquoi ces sonates pour {violons ET piano} sont parfois cataloguées comme "sonates pour violon". Exemples sur Wikipedia:

Article BEETHOVEN a écrit:

Sonates pour violon
À côté des quatuors, Beethoven a écrit de belles sonates pour violon et piano, les premières étant l’héritage direct de Mozart, alors que les dernières, notamment la « Sonate à Kreutzer » s’en éloignent pour être du pur Beethoven, cette dernière sonate étant quasiment un concerto pour piano et violon.

ou mieux encore:

Article SONATE POUR VIOLON [sic] n°9 DE BEETHOVEN a écrit:

La Sonate pour violon n° 9 en la majeur de Ludwig van Beethoven, op. 47, est une sonate pour violon et piano en trois mouvements

C'est complètement absurde.

Autre question subsidiaire: pourquoi le récital d'aujourd'hui de Momo Kodama, présentant le Catalogue d'Oiseaux également sous forme d'une série de trois concerts, commence-t-il une heure plus tôt que les autres, "échappant" ainsi à la qualification de Nuit du piano? Parce que Messiaen c'est pas assez vendeur?...

Octavian a écrit:

Ce que j'aimerais qu'on m'explique, c'est pourquoi ces sonates pour {violons ET piano} sont parfois cataloguées comme "sonates pour violon"

C'est simplement un raccourci.
C'est pourquoi on dit sonates pour violon seul quand c'est le cas, parce que c'est quand même plus rare. (Bach, Ysaÿe, Bartok... et puis?...)

Allez, pour faire envie aux quelques pucciniens du forum, un petit compte rendu des représentations du 55è festival Puccini de Torre del Lago que je me suis offertes cet été.

Quelques mots d'abord du théatre, tout récent, en plein air de T. del Lago. Plus style Stade de France que Scala ou Fenice ! Mais confort acceptable, de la place pour les jambes, acoustique convenable même si le son se perd un peu dans l'éther toscan...

TURANDOT
Giovanna Casolla dans le rôle titre. On ne peut pas être et avoir été... Si elle tenait sa place, il y a plus de 10 ans à la Cité Interdite, sous la baguette de Z. Mehta (et dont j'ai dit le plus grand bien sur ce forum), ici la prestation était quelque peu aventureuse. Graves fatigués et aigus mal contrôlés, tout en force. La puissance sans la nuance.
Mima Briganti dans le rôle de Liu, bien plus de contrôle et de nuances. Fragile, émouvante. Toutefois, quelques doutes sur la portée de la voix au fond du théatre. La nuance sans la puissance.
Sung Kuy Park dans le rôle de Calaf. Voix vaillante, brûlante et sans faiblesse, comme le personnage. Je ne connaissais pas ce ténor, mais voilà un sacré athlète !
Très bons seconds rôles (Timur, Atoum et surtout Ping, Pang, Pong) et direction vigoureuse (M. Roveri).
Mais je suis sans doute trop toqué de cet opéra, l'un de mes préférés, pour le regarder avec objectivité.
Mise en scène ordinaire, ni originale, ni franchement mauvaise, assez luxueuse, mais (vous le savez), je m'en fous ! Globallement, une belle soirée.

TOSCA
Moins enthousiaste. Un Cavadarossi (E. Ferrer), beau gosse selon les dames, mais au vibrato excessif (ça je n'aime vraiment pas, c'est comme une sauce trop épicée qui masque la saveur des aliments) et mal contrôlé, une Tosca (Olga Romenko) manquant de "gnac", diction quelque peupâteuse, plus mezzo que soprano, ce qui ne me gêne pas, mais trop juste pour atteindre les rangs du fond, un Scarpia (S. Zanon) débonnaire, manquant de la noirceur qui lui sied (mais il doit pouvoir progresser), une direction routinière.